the drunk nights are more fun than sober ones
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C'était le réveillon de Noël et Presley venait de passer deux heures à faire des blagues - certaines plus drôles que d'autres - devant les clients du bar The Joker. Bien qu'elle commençait à bénéficier d'un certain statut depuis qu'un des plus populaires journal de Brighton l'avait mis en tête de liste des humoristes à suivre pour 2018, elle appréciait toujours ces petits spectacles intimistes. Elle avait commencé ici même, dans ce bar, il y avait deux ans de cela et c'est donc avec plaisir qu'elle avait accepté l'invitation du propriétaire pour un spectacle bénéfice au profit des plus démunis. Elle avait grandi dans un certain confort matériel et ses parents avaient pris soin de lui rappeler à chaque fois qu'ils le pouvaient qu'elle était privilégiée et qu'il était important de redonner à ceux qui n'avaient pas autant de chance qu'elle. Bien contente du déroulement de la soirée, elle alla remercier le propriétaire de l'invitation et ils échangèrent quelques mots avant de se donner la bise entre deux rires. Presley avait été approvisionnée de plusieurs cocktails au cours de la soirée et elle était déjà dans l'ambiance alors elle décida de rester un peu au bar plutôt que de retourner directement chez elle. Étonnamment, il y avait pas mal de monde ; le comptoir était rempli presque en entier et il ne restait presque plus de tables de libres. La blonde qui n'aimait pas être loin de l'action, préféra se diriger vers le comptoir où elle avait aperçu une place libre à l'extrémité. Le fait qu'une brune plutôt jolie se trouve juste à côté avait évidemment influencé sa décision. Vêtue d'un simple jean ouvert au niveau des genoux, d'un t-shirt blanc et de sa veste de cuir favorite, elle prit place sur le tabouret et sans gêne - comme toujours - elle se tourna légèrement vers la jeune femme et lui dit, amusée : « J'espère que c'était pas la place de ton petit-ami parce qu'il l'a perdu. » Ahhh Presley et ses façons tordues de savoir si elle avait des chances de conclure ou pas. Elle se passa la main dans ses cheveux en bataille et fit signe au barman d'approcher d'un signe de la main. Elle pouvait se permettre un tel geste puisqu'elle le connaissait bien, ayant travaillé avec lui quelques années auparavant. « Je vais te prendre une bière s'il te plait et pour la demoiselle ici, ce sera...  » laissa-t-elle en suspend en tournant la tête vers l'inconnue à nouveau, un sourire au coin des lèvres. Presley l'observa longuement, essayant de se souvenir si elle l'avait vu auparavant, mais non. Elle devait être nouvelle en ville ou bien elle n'avait pas l'habitude de sortir dans les bars parce que la blonde connaissait presque toutes les têtes dans ces établissements à cause de son métier et la sienne ne lui disait rien du tout.

Ce réveillon de Noël avait une saveur toute particulière, pur Mina, et ce gout qui lui restait en bouche était plutôt amer. Sa mère n’était plus, et son père… à vrai dire, elle s’en fichait. Elle passerait donc cette soirée en solitaire, faute de mieux. Ce qui ne l’enchantait guère. Heureusement pour elle, une affiche à la porte d’un bar attira son attention, annonçant une soirée d’humour afin de récolter des dons pour les plus démunis. La belle brune sourit, et nota le lieu ainsi que l’heure dans son calepin, avant de rentrer chez elle, afin d’aller se faire une beauté, et se mettre de quoi sous la dent. Elle trouva le bar comble à son retour, à son grand étonnement. À croire qu’il y en avait d’autres, comme elle, qui n’avait aucun plan pour cette veillée festive. L’humoriste qui investit la scène, quelques instants plus tard, ne mit pas grand temps pour charmer son public avec ses nombreuses histoires, et si parfois les rires étaient plutôt timides, la physiothérapeute se surprit à rire aux éclats à d’autres moments, à l’instar des autres spectateurs dans la salle. Preuve que la blonde qui faisait son show avait visé juste. Accoudée au bar, la brunette sirotait sa bière distraitement. Divertie, elle ne remarqua pas que deux heures venaient de s’écouler, et lorsque la femme à la chevelure dorée quitta la scène sous les applaudissements, Mina s’y joignit d’emblée. Les discussions reprirent peu à peu leur cours et, tournant le dos à la salle, l’anglaise attrapa son portable qui trainait dans la poche de son manteau, afin d’y lire les messages qu’elle aurait pu recevoir. Bash et Kieran lui avait écrit pour lui souhaiter une bonne soirée, Isveig aussi. Elle s’empressa de leur répondre, son attention se portant sur le téléphone entre ses mains plutôt que sur les personnes à ses côtés. Une voix attira cependant son attention, et elle releva les yeux pour se tomber face à face avec l’humoriste de la soirée. Sa remarque amusa la brune. – Le pauvre, il s’en remettra surement. – lui répliqua-t-elle seulement, avant de continuer sur sa lancée. – Enfin, c’est ce que je te dirais si seulement j’en avais un. – Ce qui était loin d’être le cas. Bash ne se classait pas dans cette catégorie, et le dernier homme qui portait ce titre s’était révélée être un menteur de première classe. Elle préférait encore être seule. La blonde demoiselle fit signe au barman de venir vers elles, et elle se commanda une bière avant de lui demander ce qu’elle désirait boire. – La même chose, merci. – Ça ne serait ni la première, ni la dernière de la soirée. À vrai dire, elle avait arrêté de compter après la deuxième. Par chance, elle avait une assez bonne résistance à l’alcool. Certes, elle devrait surement téléphoner à un taxi pour rentrer chez elle en fin de soirée, mais si c’était le prix pour s’amuser un peu, elle était prête à le payer. Se retournant vers sa voisine, elle lui offrit son plus beau sourire. – Tu te débrouilles pas mal, sur scène. Ça fait un moment que tu bosses dans le métier?  – chercha-t-elle à savoir, curieuse. Puis, réalisant que la jeune femme ignorait tout de son identité, elle se présenta. – Au fait, je suis Mina. Tu dois être… Presley, j’imagine. – Non, elle n’avait pas retenue le prénom de l’humoriste, disons seulement que son œil avisé avait vite fait de repérer une affiche de la soirée sur le babillard à l’arrière du bar.

( T E N U E )

Le barman regardait Presley avec une drôle de tête, devinant sans doute ce qu'elle avait à l'esprit en offrant à boire à cette jeune femme qui leur était inconnue à tous les deux. Pendant les quelques années qu'ils avaient bossé ensemble, il avait pu être témoin des succès et échecs de la blonde auprès de la gente féminine et ils avaient souvent passé des fins de soirée ensemble après la fermeture à rigoler de tout ça alors que leur taux d'alcoolémie frisait l'indécence. Il connaissait aussi le petit jeu auquel s'adonnait Presley et ses trois grand frères qui consistait à classer leur conquêtes selon un système de point bien précis. Il s’avérait justement que la jeune humoriste était dans le bas du classement ce mois-ci alors si elle ne voulait pas payer une tournée à ces trois grands buveurs, mieux valait qu'elle se mette à la tâche. Elle hocha la tête avec un sourire satisfait quand la brune lui confirma qu'elle n'avait pas de petit ami. "Donc, tu n'as personne pour te demander de rentrer bien sagement avant minuit," lança Presley en prenant la bière que venait de leur apporter le barman pour l'amener vers elle. "C'est bien." Elle tournait légèrement de gauche à droite sur sa chaise en regardant la jeune femme, toujours aussi intriguée. Elle avait du mal à figurer comment elle pouvait bien être célibataire. Peut-être était-elle folle. Comme l'avait déjà si bien dit Barney dans How I Met Your Mother, plus elles sont jolies plus elles sont cinglées. Il y a là une corrélation indiscutable selon le mythique personnage. La brune finit par tirer Presley de ses pensée lorsqu'elle lui demanda si elle était humoriste depuis longtemps en s'introduisant par la même occasion sous le prénom de Mina. "Presley, c'est ça oui," répondit-elle avec un sourire. Elle prit une gorgée de sa bière puis se tourna vers la jeune femme pour lui faire face. "Ça fait deux ans à peine, en fait," dit-elle alors pour répondre à sa question. "Avant ça, c'est moi qui t'aurais servi cette bière," poursuivit la blonde en faisant un signe de tête vers la bouteille que Mina tenait à la main. Presley n'avait pas quitté le métier par dédain de celui-ci, au contraire. Ça payait plutôt bien et ça lui permettait de faire la fête plus souvent qu'autrement, chose qu'elle adorait. Mais elle avait eu la piqûre pour la scène et ça marchait plutôt bien pour elle, alors hors de question de revenir en arrière. "Mais toi, tu viens d'où dis-moi ? Je crois pas t'avoir vu ici, auparavant. Je m'en serais rappelé, autrement, c'est sûr." Elle se mordilla la lèvre en plongeant son regard dans celui de Mina avant de prendre une autre autre gorgée. Presley la trouvait vraiment canon la petite nouvelle. Elle n'était pas certaine si c'était l'alcool ou la brune qui lui faisait cet effet, mais elle avait les hormones qui s'emballaient un peu trop.

Loin de s’imaginer la cible d’un jeu de charme, la brune demoiselle se laissa invitée par la vedette de la soirée. Elle ne se questionna pas à savoir le but derrière ce geste, ayant depuis longtemps cessé de s’attarder sur ce genre de détails. On lui proposait à boire, et elle acceptait, tout simplement. Il fallait savoir profiter des petits plaisirs gratuits de la vie. La remarque de jolie blonde lui arracha l’ombre d’un sourire, tout en la faisant grincer des dents, éveillant la féministe qui sommeillait en elle. – Et quand bien même que quelqu’un me le demanderait, je suis libre de faire ce que je veux. Petit ami ou pas. – Son caractère bien trempé transperçait dans ses propos, bien qu’elle n’ait pas levé la voix. Ce n’était pas contre cette fille qu’elle en avait, mais contre tous ces hommes qui avaient, par le passé, tenter de la contrôler. Plus jamais. Attrapant sa bière, elle la porta à ses lèvres pour en prendre quelques gorgées avant de la redéposer sur le comptoir, alors que l’humoriste ne cessait de la dévisager. Mina était prête à parier que pour une habituée de l’endroit, l’arrivée d’un visage inconnue éveillait les curiosités. Elle n’était ici que depuis un mois à peine, et même si elle ne s’était pas gênée pour sortir, autant dire qu’elle était loin d’avoir réussi à visiter tous les bars du quartier. Ils étaient beaucoup trop nombreux. Pour preuve, c’était bien la première fois qu’elle mettait le pied dans celui-ci, mais elle avait bien l’intention de retenter l’expérience, si l’occasion se présentait. La prénommée Presley lui indiqua faire carrière dans ce métier depuis deux années seulement, avant de lui mentionner qu’elle avait quelques antécédents de l’autre côté. Ce qui expliquait pourquoi les employés semblaient tant la connaître. – J’arrive de Bristol. J’ai emménagé en ville il y a un peu plus d’un mois, pour le boulot. – Et pour fuir cette vie de misère qu’elle laissait derrière, ce père absent et cet effronté qui s’était joué d’elle. – Disons juste que j’avais besoin d’un nouveau départ. – Question de bien enterrer les démons de son passé, tâche à laquelle elle avait échoué, puisque ce dernier ne cessait de venir la hanter. L’arrivée inopinée de Freyja dans sa vie le prouvait bien. Elle récupéra le breuvage ambrée pour faire couler le liquide le long de sa gorge, et son regard croisa celui de la jeune femme à ses côtés, dans lequel cette dernière s’ancra, sans chercher à s’en détacher. Ce genre d’attention flattait l’anglaise, même si elle avait plutôt l’habitude de voir ce genre de regard dans ceux des garçons qui tentait de la courtiser. – Tu es native du coin? – chercha-t-elle à savoir au sujet de son opposée, question de connaître un peu plus cette femme qui lui tenait désormais compagnie.

Mina lui avait paru plutôt sage et discrète aux premiers abords, mais visiblement sa première impression l'avait induite en erreur. La remarque de la blonde sur un possible couvre-feu semblait avoir touché un point sensible chez son interlocutrice qui lui avait répondu sans attendre qu'elle était maître d'elle-même, en couple ou pas. Voilà qui avait le mérite d'être clair. "C'était une blague, mais contente de voir que tu n'es pas une de ces femmes qui se laissent mener par le bout du nez, que ce soit par amour ou autre chose" lui répliqua Presley. L'humoriste avait toujours été foncièrement indépendante elle-même et elle avait encore du mal à comprendre aujourd'hui comment une femme pouvait s'effacer presque entièrement une fois en couple ou pour plaire, tout simplement. Il faut dire qu'elle avait eu un bon modèle en sa mère, une femme flamboyante qui connaissait sa juste valeur et la laissait savoir. Le regard toujours rivé vers Mina, Presley se croisa une jambe par dessus l'autre et esquissa un sourire lorsque cette dernière lui confirma qu'elle venait bel et bien de l'extérieur. Voilà qui expliquait tout. Elle était donc venu à Brighton pour repartir à zéro. Cela ne manqua pas de piquer sa curiosité, mais comme elles se connaissaient depuis quelques minutes à peine, Presley préféra de pas la questionner immédiatement à ce sujet. Elle leva plutôt sa bière en l'air et s'exclama : "À ton nouveau départ, alors. En espérant que Brighton se montre à la hauteur de tes attentes..." Un clin d'oeil puis elle cogna légèrement sa bière contre la sienne avant d'en boire une gorgée et de la déposer sur le comptoir. Avec étonnement, elle constata qu'elle était presque vide. Le barman devait lui avoir fait une mauvaise blague en la vidant à moitié alors qu'elle avait le dos tourné pensa-t-elle tandis qu'elle était déjà plutôt éméchée. Tant pis, elle avait d'autres préoccupations pour l'instant. Elle reporta son attention sur Mina qui l'interrogeait sur ses origines. "Oui et non." lui répondit Presley à savoir si elle était native de la ville. "En fait, je suis née à Austin au Texas, mais ma famille et moi on a déménagé en Grande-Bretagne quand j'avais 12 ans pour le boulot de mon père. Il bosse à l'ambassade des États-Unis à Londres. Mais comme ma mère ne supporte pas vraiment les grandes villes de ce genre, c'est à Brighton qu'on a finalement posé nos valises." clarifia-t-elle en envoyant une de ses mèches blondes vers l'arrière. "Mais toi, tu fais quoi comme boulot, exactement ?" la questionna-t-elle, avide d'en savoir plus sur cette jeune femme qui se révélait beaucoup plus complexe et intéressante qu'elle ne l'avait prévu.

Elle a du cran, la Mina. Elle redevient un peu plus elle-même depuis qu’elle a quitté Bristol, depuis qu’elle a laissé derrière cet abruti qui n’avait eu de cesse de se jouer d’elle.  Leur histoire idyllique avait connu un virage à cent quatre-vingts degrés, et elle s’était laissée enfirouaper par ce charmeur, ce menteur, ce beau parleur. Il lui en avait fallut du temps, mais elle avait fini par retrouver la raison – grand bien lui fasse – et reprendre le contrôle de sa vie. La réplique de cette femme l’avait piqué à vif, et cette dernière se sentit le besoin de lui rappeler que ce n’était qu’une blague, tout en soulignant sa force de caractère et son chien. – Il n’y a pas de quoi être fière. – lui avoua-t-elle en soupirant. – Cette fille-là est quand même tomber dans le piège d’un Don Juan… – Elle n’avait pas été infaillible face à un manipulateur chevronné, et elle n’aurait de cesse de s’en vouloir comme ça. Aveuglée par ses propres sentiments, elle lui avait cédé maintes fois avant de comprendre qu’elle valait mieux que cette vie-là. – Mais j’ai bon espoir d’avoir ruiner son mariage quand j’ai tout dévoilé à sa femme, dont il avait d’ailleurs évité de me parler. C'est curieux, non? – Elle récupéra sa bouteille de bière avant d’en prendre une longue gorgée, laissant le liquide froid s’immiscer en elle. Ça lui faisait un bien fou. L’alcool la rendait encore plus bavarde que d’ordinaire, la poussant à livrer un morceau de son passé à cette inconnue qui n’en avait surement rien à faire. Mais quand elle lui proposa de porter un toast à ce nouveau commencement, question de clore ce chapitre en beauté, la brunette acquiesça, cognant son breuvage contre le sien, avant de porter la bouteille à ses lèvres pour avaler une autre gorgée. Elle retint une grimace quand l’arrière-gout se fit plus présents, se souvenant soudain de la raison pour laquelle elle évitait de boire autant de bière. Elle détestait ça, et plus encore, elle la tolérait mal. Elle en était à sa deuxième… ou sa troisième, elle ne savait plus. Mieux valait pour Mina qu’elle évite de continuer sur cette lancée. Dieu seul sait ce qu’elle pourrait faire, sinon. Rapportant son attention à l’humoriste de la soirée, elle l’écouta lui parler de ses origines, de son parcours des États-Unis jusqu’à Londres, avant qu’elle ne termine finalement ici. Sa petite vie lui sembla bien insignifiante, elle qui n’avait connu que les beaux quartiers de Bristol avant d’emménager à Brighton. La discussion continua son bout de chemin, coulant à flot, comme l’alcool qui prenait d’assaut ses veines. – Physiothérapeute. Je passe mes journées à tâter des gens. Ça à ces bons et ces moins bons côtés. – Elle s’occupait avec plaisir des sportifs blessés, des policiers aux muscles tendus et de ces autres hommes musclés qui passait par son bureau. Les hommes plus âgés, ça dépendait toujours. Si certains avaient su se conserver, d’autre se laissant dépérir à vitesse grand V. Puis, il y avait les pervers, ceux qui se montrait un peu trop insistant, ceux qu’elle devait remettre à leur place, ceux qu’elle n’avait aucune pudeur à jeter dehors de force s’il ne comprenait pas le message. Quant aux femmes, elles ne lui causaient, pour la plupart, aucun problème majeur. Il y en avait de très jolies, au point où ça l’intimidait, parfois. Mais la plupart avait atteint la fleur de l’âge depuis longtemps. – Et je prendrai la direction du département de réadaptation à la mi-janvier, quand le grand patron prendra sa retraite. – Elle était fière, la Goldwater. Très fière. – J’attends ce jour avec beaucoup d’impatience. – Être à la tête d’un service, avant même ses trente ans, elle n’y aurait jamais cru avant aujourd’hui. Mais elle le méritait, elle le savait. Un peu de reconnaissance, sans ne faisant de tord à personne. Avalant ce qui restait dans sa bouteille en espérant se sauver des relents acres du breuvage, elle déposa sa bouteille sur le comptoir, faisant signe à l’homme derrière le bar de lui en amener une autre. Au diable les bonnes résolutions – il y avait longtemps qu’elle les avait abandonnés. Se tournant vers l’américaine, elle la scruta de la tête au pied, avant de lui dire, de but en blanc, la première chose qui lui traversa l’esprit. – J’aimerais avoir des clientes dans ton genre plus souvent. – Parlait-elle du physique avantageux de la jeune femme, ou de cette facilité qu’elles avaient de discuter ensemble, elle-même l’ignorait. Il faut dire que l’alcool commençait doucement à lui embrumer l’esprit. Mais c’était le réveillon de Noël, elle avait bien le droit de s’amuser, elle aussi.

Toute cette discussion rappelait à Presley l'époque du lycée où certains garçons avaient essayé de se l'approprier pour en faire leur trophée. Bien sûr, ils n'avaient pas réussi. Mais ils étaient plein de testostérone et se croyaient tout permis, comme si toutes les filles devaient être à leurs pieds parce qu'ils étaient sportif et beaux gosses. L'un d'entre eux avait même essayé de profiter d'elle à une soirée, la croyant trop enivrée pour se rendre compte de quoique ce soit - elle buvait déjà pas mal dans ce temps là -, en vain. Il s'était plutôt pris un coup de poing dans la gueule et avait été la risée de ses coéquipiers pendant quelques semaines. La blonde était déjà bien culotté du haut de ses seize ans. Les choses n'avaient pas tellement changé. Mina lui confessa alors qu'elle était elle-même tombée dans le cercle vicieux de la manipulation amoureuse auparavant, ce qui n'étonna pas tellement l'humoriste qui avait eu un doute à ce sujet en voyant sa réaction initiale. "Je parie que cette fille là ne referait pas la même erreur, aujourd'hui" lui répondit-elle en reprenant ses mots. "On doit tous faire notre propre chemin de croix" renchérit Presley avec un regard plus doux, plus empathique. Elle avait donc été la maîtresse de cet homme à son insu. Voilà qui avait de quoi mettre une femme dans tous ses états. "Il n'aura que lui à blâmer" clama la blonde concernant l'avenir du mariage de cet homme. "N'empêche, je peux comprendre comment il a pu succomber à tes charmes." Elle laissa cet aveu en suspend, prenant à son tour la dernière gorgée de sa bière avant d'en commander une autre à son ami derrière le comptoir qui avait peine à fournir à la demande. Un tel achalandage le jour du réveillon de Noël n'était pas habituel et les clients devaient bien s'en douter puisqu'ils semblaient se montrer plus patients qu'à l'habitude. L'esprit des fêtes devait y être pour beaucoup. Mina poursuivit la discussion en lui parlant davantage de ce qu'elle faisait dans la vie et de la place à la direction qui l'attendait d'ici quelques semaines à peine. Impressionnée, Presley l'écoutait avec une attention qu'elle ne réservait qu'à de rares personnes. Il y avait quelque chose d'incroyablement attirant dans cette femme et son parcours qui faisait que la blonde ne semblait pouvoir détourner le regard. Lorsqu'elle lui fit part de son désir d'avoir des clientes comme elle plus souvent, l'américaine haussa les sourcils et s'humidifia les lèvres avant de lui dire dans un sourire : "Et bien, j'ai l'habitude de me blesser assez souvent en faisant du sport alors j'irai sans doute te rendre visite à l'hôpital un de ses quatres." Puis, elle se rappela que Mina lui avait dit qu'elle serait directrice à la mi-janvier. "Quoique je doute que ta nouvelle position te permette de t'occuper directement des patients... Tu devrais peut-être me donner ton numéro au cas où j'aurais besoin de soins privés." Son regard parcourut lentement la brune de haut en bas avant de venir s'encrer à nouveau dans le sien. Presley était connue pour être entreprenante et elle ne dérogeait pas à sa réputation.

Non, Mina ne referait pas la même erreur deux fois. Elle avait eu sa leçon et désormais, elle devait vivre avec cette histoire sur la conscience. Car s’il y avait bien une chose qu’elle s’était jurée de ne jamais être, c’était cette femme-là, celle qui vit dans l’ombre, celle qu’il embrasse dans un coin sombre, à l’abri des regards. Jamais elle n’accepterait de subir un tel affront de la part de son partenaire, alors pourquoi irait-elle volontairement jouer dans les plates-bandes d’une autre femme? Le jeu n’en valait pas la peine. Parfois, elle regrettait d’avoir informer l’épouse de Lance de ses agissements. Mais d’un autre côté, elle se savait incapable de garder le silence sur ses petites manigances. Elle ne la connaissait même pas, Mina, mais cette femme méritait mieux qu’un abruti de la sorte. Si ses aveux avaient pu lui ouvrir les yeux, au moins aurait-elle le sentiment d’avoir fait germer quelque chose de bien dans ce véritable merdier. La blonde ne sembla pas la juger alors qu’elle se confiait sur son vécu. Ni dans son regard ou ses paroles. La Goldwater n’était peut-être pas blanche comme neige dans cette histoire, puisqu’elle n’avait cessé de le voir, même en connaissant la vérité. Mais si quelqu’un devait vivre avec ce poids sur la conscience, ce n’était pas elle. Il était le seul responsable de ce qui lui tombait désormais sur la tête. La dernière remarque de l’humoriste fit rougir l’anglaise, peu habituée à ce type de commentaire de la part de la gente féminine. Venant des hommes, elle avait l’habitude. Mais d’une femme? Il devait bien y avoir une première à tout. – Tu as bon œil, ça se voit. – ironisa-t-elle, jouant légèrement le jeu, sans pour autant vraiment s’y plonger. Ça l’amusait un peu, de jouer ainsi avec le feu. Qu’avait-elle à perdre au change, de toute façon? Un peu de sa dignité, peut-être, mais rien de plus. Et puis, combien de fois avait-elle été tentée de franchir le pas, de se laisser charmer par les courbes des femmes et leur beauté. À ce niveau, la nature pouvait se vanter d’avoir été généreuse avec son opposée. Celle qui la graciait de sa compagnie n’avait rien à envier à personne. – Je m’assurai personnellement de m’occuper de ton dossier, si c’est le cas.  – Elle accompagna sa remarque d’un clin d’œil complice avant qu’un sourire énigmatique prenne naissance sur ses lèvres. – T’as raison, ça serait bête que tu n’es pas accès à l’excellence de mes soins. – Elle ignorait quelle mouche venait de la piquer, mais à ce point, elle avait cessé de réfléchir, laissant l'alcool qui coulait dans ses veines menés le bateau. Détachant son regard de la jeune femme, elle se mit à fouiller frénétiquement dans son sac à main, accrocher sur un crochet sous le bar. Elle en sortit l’une de ses cartes d’affaire, un stylo, avec lequel elle s’empressa ensuite d’écrire son numéro personnel. Elle tendit le tout à la plantureuse blonde à ses côtés, jouant avec la carte entre ses doigts. – On n’offre pas de cartes d’abonnement, par contre. Donc évite de te blesser trop souvent, quand même. – Ça serait malin, quand même. Et un brin masochiste. À moins qu’elle ne soit de ce genre-là. Qu’est-ce qu’elle en savait, Mina? Rien du tout. Voyant que les barmans derrière le bar semblaient sur le point de craquer sous les commandes, elle attendit que celui qui les servaient lui jette un coup d’œil pour lui faire signe d’annuler la sienne. La foule dans le bar semblait encore plus compact qu’une heure auparavant, et l’endroit devenait un peu trop bruyant pour qu’elle le supporte encore longtemps. Trop bruyant pour sa petite tête embrumé par l'alcool. – Il faudrait peut-être que je rentre. – mentionna-t-elle à sa voisine. Ça criait à côté d’elles, et elle dut se pencher un peu plus vers la blonde pour le lui répéter à l’oreille. Elle avait passé un bon moment en sa compagnie, c’était dommage de devoir ainsi y mettre fin, mais c’est à peine si elles pouvaient s’entendre parler, désormais. Et puis, si elle buvait un verre de plus, c'est à terre qu'elle se retrouverait. Autant l'éviter.

Presley avait toujours eu un faible pour les femmes hétéros. Ou du moins, pour celles qui semblaient l'être. Il y avait quelque chose en elles, une sensualité particulière, qui ramenait toujours la blonde vers elles. Elle ne cachait pas non plus le fait qu'elle aimait le défi que pouvait représenter la quête d'une femme qui n'avait rien connu d'autre que les hommes auparavant. Le problème avec elles, c'est qu'elles finissaient toujours par lui piétiner le coeur à un moment ou à un autre. Elles prenaient du bon temps avec l'américaine puis ça faisait son temps et elle retournaient vers les hommes et leurs petites vies rangées. C'était toujours pareil. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de recommencer à chaque fois. Comme si elle aimait avoir mal, quelque part au fond d'elle. Et voilà que Mina commençait à embarquer dans son petit jeu, à lui donner la réplique si naturellement. Presley ne savait pas dans quel camp jouait Mina, mais ça n'avait pas réellement d'importance. Elle lui était tombé dans l'oeil et maintenant la blonde en voulait plus. Mina lui tendit finalement sa carte sur laquelle elle avait pris soin d'inscrire son numéro et la blonde se félicita intérieurement en posant doucement ses doigts sur le morceau de carton, effleurant au passage ceux de la physiothérapeute. "Je ferai attention, mais je ne peux rien promettre" lui répondit-elle lorsqu'elle lui recommanda de ne pas se blesser trop souvent. Si c'était la seule façon de la revoir, elle allait pas se gêner. Bon, elle allait pas se casser une jambe non plus, mais elle trouverait bien de quoi se faire tâter un peu. Elle glissa la carte dans la poche intérieure de sa veste et observa la brune faire un geste en direction du barman pour lui indiquer de ne pas lui apporter la bière qu'elle avait commandé depuis un moment déjà. Presley se demanda l'espace d'un instant si elle ne l'avait pas effrayé en flirtant ouvertement avec elle. Elle était peut-être bien hétéro, en fin de compte. Puis, elle remarqua que le niveau de décibels dans le bar avait drastiquement augmenté et que les gens se bousculaient de plus en plus pour se rendre d'un endroit à l'autre. La blonde avait l'habitude de ce genre de scène, mais ce n'était visiblement pas le cas de Mina qui s'était penché vers elle pour lui dire qu'il était peut-être temps qu'elle quitte les lieux. Presley sentait la douce odeur du parfum de la brune l'enivrer à cause de cette proximité forcée. Leur soirée ne pouvait pas se terminer là. "Viens" lui répondit-elle en prenant doucement sa main pour la guider à travers la foule. Elle se retourna vers l'anglaise tout en se frayant un chemin. "On va chez moi." Elle ne lui laissait pas trop le choix. Mais quelque chose lui disait qu'elle en avait envie elle aussi. Elles finirent par sortir du bar et Presley lâcha la main de Mina, légèrement à contrecœur. "C'est à quelques pas d'ici, on sera plus tranquille" lui expliqua-t-elle en emboîtant le pas, suivit de près par la brune. Elles arrivèrent devant l'immeuble de l'humoriste au bout de quelques minutes à peine et furent à l'intérieur de son appartement en moins de temps encore. La lueur des lumières de la rue éclairant déjà suffisamment l'endroit au goût de Presley, elle laissa celles de l'appart éteintes et se retourna pour fermer la porte derrière Mina, les deux femmes se retrouvant alors nez à nez. "Ça te gêne pas si je..." Ce n'était pas vraiment une question, mais plutôt une annonce de ce qui allait suivre. L'américaine vint plaquer ses lèvres contre celles de Mina, l'adossant brusquement du même coup contre la porte. Son geste était vif de par le désir qui brûlait en elle depuis qu'elle avait posé ses yeux sur elle, mais dénotait malgré tout une certaine douceur, un respect envers ce qui était sans doute une première fois pour la brune.

Les hommes, c’est tout ce qu’elle connaissait, Mina, tant au niveau des sentiments que sexuellement parlant. Il y avait bien cette amie qu’elle avait embrassé lors d’un défi dans une fête étudiante, il y a de cela plusieurs années, mais jamais elle n’avait franchit cette limite-là. Hétérosexuelle jusqu’à preuve du contraire, aimait-il dire d’elle en rigolant. Mais ses amis savaient qu’il y ait peu de chance que ça change, vu ses fréquentations : des hommes. Et uniquement ça. Peut-être aurait-elle dû y voir un message, dans la façon que se terminait ses histoires.  Elle courtisa le partenaire d’affaires de son père, coucha avec lui, mais il restait trop vieux pour elle. Le second, le premier à qui elle s’attacha vraiment, la trompa à répétition et le troisième, n’en parlons même pas. Il était marié, père de famille et un foutu menteur. Cette histoire, elle l’avait toujours au travers de la gorge. La vérité avait été dure à avaler, mais désormais le mal était fait, et elle était prête à tourner la page. Et peut-être même à changer de chapitre, en y pensant bien. Les approches de Presley, qui manquait cruellement de subtilité, soyons honnête, l’amusait terriblement, mais elle se laissa prendre au jeu, laissant son instinct la guider vers cette frontière dangereuse entre la fiction et la réalité. Elles jouaient avec les mots, se donnant la réplique dans un échange qui n’avait pas de véritables issues. Du moins, c’est ce qu’elle croyait, Mina. Ce qui ne l’empêcha pas de griffonner son numéro au dos d’une carte d’affaire pour la tendre à la blonde, qui l’attrapa en frôlant sa main à la sienne. Tout ça n’avait rien d’un bête accident. Cette fille savait exactement ce qu’elle faisait, et la brunette assimila cette information sans toutefois la traiter. À ce stade-ci de la soirée, elle n’en avait plus la capacité. Elle se pencha doucement vers l’américaine, plus près qu’elle ne l’avait imaginé pour l’aviser qu’elle n’avait qu’une envie, et c’était de quitter les lieux. Pour rentrer chez elle, à première vue, jusqu’à ce que la femme à la chevelure dorée l’entraîne à sa suite en l’attrapant par la main, lui laissant juste assez de temps pour récupérer son manteau et son sac à main. L’anglaise se laissa guider parmi la foule, Presley dégageant le chemin de sa seule présence devant elle. Cette dernière proposa de continuer la soirée chez elle, et la Goldwater trouva bien peu à rechigner quant à cette proposition. À croire que son opposée avait lu dans ses pensées. Elle s’empressa d’enfiler son trench-coat, et sagement, elle la suivit jusqu’à son appartement. À peine quelques minutes de marches séparaient l’établissement de l’immeuble où elle était logée. – Tu n’as pas mentit quand tu disais vivre à proximité. – La marche jusqu'à son domicile aurait probablement prit le double, voir le triple du temps et elle n’osait même pas imaginer dans quel état elle se serait trouvée, à son arrivée chez elle. Encore aurait-il fallu qu’elle y parvienne, justement. Elles s’engouffrèrent à l’intérieur et la femme la guida jusqu’à son logement, où elle pénétra. Mina la rejoignit à l’intérieur et son visage manqua de rencontrer le sien. Elles se faisaient face, et le maigre espace qui les séparaient aurait pu mettre la brune mal à l’aise, mais elle ne réagit pas, ne cherchant pas non plus à s’excuser ou se reculer, afin de se dégager de son chemin. Cette promiscuité laissait plutôt la belle sans voix, et elle ne comprit qu’à la toute dernière seconde quelles étaient les intentions de l’ancienne barmaid. Sa bouche s’empara de la sienne sans lui laisser la chance de s’échapper, et dans sa précipitation, elle se retrouva coincé entre cette porte et le corps de la blonde qui se pressait un peu plus contre elle, alors que ses lèvres papillonnaient sur les siennes avec une ardeur contrôlée, mais pour combien de temps, encore. L’échange fit naître un frison tout au long de son échine, et elle ferma doucement les yeux, portés par les caresses des lippes habiles de son opposée. Elle ne chercha pas à réfléchir, Mina. Son cerveau embrumé ne lui aurait été d’aucun recours. Mais son corps répondit de lui-même aux avances de Presley, et bientôt, ses mains qui pendaient lamentablement à ses côtés cherchèrent refuge à la courbe des reins de la belle effrontée qui avait osé s’aventurer sur ce terrain glissant, l’entrainait avec elle dans sa chute. Le baiser, encore à la frontière de la chasteté, s’enflamma, et la jeune femme y mit un peu plus du sien, tout en laissant l’experte menée la danse.

Déjà toute petite, Presley était passionnée de tout. Curieuse de tout. Elle voulait tout savoir, tout apprendre. Elle avait soif de découvrir le monde et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. On lui demandait souvent ce qu’elle voulait faire plus tard et elle répondait qu’elle voulait devenir astronaute parce que ça lui semblait logique. C’était eux les explorateurs des temps modernes. Mais elle n’était pas particulièrement douée à l’école et elle se voyait mal mener à bout d’aussi longues études. Surtout qu’elle avait obtenu son bac du lycée de peine et de misère, elle qui n’arrivait pas à tenir en place plus de deux minutes sans être distraite par des futilitées. Soit, sa vie avait pris un autre chemin et elle ne s’en portait pas plus mal. Mais ce soir, là dans la noirceur de son appartement, avec cette presque inconnue au bout des lèvres, elle avait l’impression de découvrir une nouvelle planète sur laquelle nul n’avait encore posé pied. Personne du sexe féminin, du moins. Ça se voyait. Et Presley n’avait qu’une envie, c’était d’aller y ancrer son drapeau. Elle avait fait preuve d’une certaine retenue jusque là, mais lorsqu’elle sentit les mains de Mina venir se poser au creu de ses reins tandis qu’elle retournait son baiser avec autant sinon plus d’ardeur, il n’y avait plus de retour en arrière possible. La langue de la blonde alla valser avec celle de l’anglaise alors que les baisers se faisaient de plus en plus intenses. Presley n’en pouvait plus de tous ces vêtements qui la séparaient de Mina. De sa peau. Il fallait qu’elle s’en débarrasse. Au plus vite. Ses lèvres dévièrent de leur trajectoire pour se frayer un chemin jusqu’au cou de la brune tandis que ses mains aggrippaient le nœud de son manteau. Elle ne mit que quelques secondes avant de le lui retirer des épaules, le laissant tomber par terre sans grand égard. Ce n’était pas le dernier morceau de vêtement qu’y allait s’y retrouver, de toute façon. Ses lèvres parcouraient toujours frénétiquement le cou de la physiothérapeute, comme s’il fallait qu’elle laisse sa trace sur chaque parcelle de sa peau. Ses doigts allèrent retrouver l’extrémité de son haut près de ses hanches et le lui retira sans trop de difficulté avec la collaboration de Mina, dévoilant sa poitrine dans un soutien-gorge sans bretelles. -  Tu me dis si je vais trop loin - lui murmura Presley à l’oreille le souffle court en retirant elle-même sa veste de cuir et en la balançant loin derrière. Elle embrassa passionnément la brune à nouveau puis s’accroupit légèrement pour placer ses mains derrières ses cuisses. D’un mouvement rapide, elle la souleva et lui fit passer ses jambes autour de sa taille (comme ça). Presley n’allait pas s’entraîner au gym plusieurs fois par semaine pour rien. Elle était beaucoup plus forte qu’elle ne le parraissait et comme Mina était plus petite et plus légère qu’elle, ça ne lui demandait pas trop d’efforts.

LA SUITE C'EST PAS POUR VOUS LES COQUINS

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Presley, essoufflée, laissa échapper un soupir et ses lèvres se retroussèrent dans un sourire alors qu’elle prenait un élastique sur la table basse pour s’attacher les cheveux. Elle jeta un coup d’œil sur Mina qui avait légèrement roulé sur le côté et qui semblait toujours se remettre de ses émotions. – Je vais aller sous la douche. Tu peux venir me rejoindre, si tu veux. Enfin, si tu t’en sens capable, dit-elle suivit d’un léger rire avant de se lever du canapé et de disparaître dans la salle de bain. Elle retira ses vêtements un à un puis les balança dans le panier à linge avant d’ouvrir l’eau chaude et de se faufiler dans la douche.

La brune se replia un court instant sur elle-même, même si son regard, lui, ne pouvait trop s’éloigner de l’humoriste qui avait, visiblement, plus d’un talent. Cette dernière releva ses cheveux pour les attacher, et elle lui annonça, l’air de rien, qu’elle filait sous la douche, l’invitant du même fait à venir la rejoindre, si elle en avait encore la force. L’anglaise resta un moment étendu sur le sofa, tâchant de remettre de l’ordre dans ses idées. L’alcool coulait toujours dans ses veines, mais le brouillard semblait s’être éclipsée à l’éveil de zones sensibles de son corps, sollicités comme jamais elles n’avaient pu l’être. Se redressant finalement, elle avisa la porte de la salle de bain, hésitante. Elle pourrait aller la rejoindre pour continuer cette soirée, elle pouvait l’attendre là, sagement installée sur le divan, ou tout simplement prendre ses choses et partir. Mais l’appel d’une douche chaude se fit plus pressant, tout autant que celui de retrouver cette nymphe qui avait su l’ensorceler. Retirant sa jupe, le seul vêtement qu’il lui restait toujours sur le dos, elle prit la direction de la dite-pièce, d’où provenait les bruits d’une chute d’eau, signifiant que l’américaine n’avait pas lésiné une seule seconde avant de s’y glisser. Elle pénétra silencieusement dans la pièce avant de faire glisser le rideau de douche, profitant pour la première fois de cette divine vision, un léger sourire s’affichant sur ses lèvres. Sans même un mot, elle rejoignit la blonde sous l’eau, et bien que l’envie de l’approcher lui traversa l’esprit, elle garda une certaine distance entre elles, laissant le jet brûlant couler sur chaque parcelle de sa peau, déliant un à un ses muscles tendus.

Presley était de ces gens qui prenait plus de plaisir à donner qu'à recevoir. Ainsi, après avoir fait trembler Mina jusqu'à épuisement, elle n'avait pas jugé nécessaire de poursuivre la chose davantage. La brune n'aurait sans doute pas survécu à un deuxième round, de toute façon. La jeune humoriste avait donc pris le chemin de la douche sans attendre. Elle avait laissé libre choix à Mina de la rejoindre, mais n'y comptait pas trop. À vrai dire, elle croyait qu'elle allait s'endormir sur le canapé, comme la plupart des autres avant elles l'avaient fait. Presley avait ainsi profité de son temps seule dans la douche pour se brosser les dents - oui, elle faisait partie des gens qui faisaient ça dans la douche - et se mousser le corps. C'est alors qu'elle commençait à se rincer que l'anglaise fit son apparition à ses côtés, contre toutes attentes. Presley ne put s'empêcher d'hausser les sourcils d'étonnement en esquissant un sourire en coin. Elle continua de se rincer et observa Mina commencer à se savonner du coin de l'oeil. Elle était d'une beauté dont il était difficile de détourner le regard. - Donne, dit-elle après un moment en lui prenant doucement le savon des mains. Elle lui frotta le dos avec une délicatesse qui contrastait drôlement avec l'intensité avec laquelle elle l'avait touché quelques minutes plus tôt. Une fois qu'elle eut terminé, elle remis le savon à sa place et sorti de la douche, laissant Mina se passer une dernière fois sous l'eau. Pendant ce temps, elle alla s'emparer d'une serviette qu'elle s'enroula autour du corps puis en pris une seconde qu'elle tendit à la physiothérapeute qui venait de pointer le bout de son nez hors du rideau. Presley lui laissa un moment d'intimité et s'éclipsa dans sa chambre. - Il est super tard, fit remarquer la blonde après avoir vu l'heure sur le cadran posé sur sa table de chevet d'une voix plus forte qu'à l'habitude pour se faire entendre jusqu'à la salle de bain. - Mon lit est assez grand pour deux, si jamais tu préfères dormir ici, continua-t-elle. À vrai dire, son lit king était même assez grand pour quatre. - Une seule règle, pas de pyjama, dit-elle avec un rire tout en replaçant les draps.

Cette soirée avait eu son lot de surprise, et Mina ne réalisait pas encore totalement l’impact que cette dernière aurait sur elle. Son corps éprouvé par les caresses intimes de l’américaine, elle ne pouvait s’empêcher de songer à quel point aucun homme n’avait su la combler de cette façon, sauf une infime minorité – un ou deux, tout au plus. Est-ce qu’une petite remise en question s’imposait, possiblement. Mais inutile d’y songer à cette heure avancée de la nuit. Elle parvenait à peine à tenir une conversation dans son état actuelle, alors pour l’introspection, on repassera. Optant finalement pour rejoindre la douche où l’humoriste se trouvait déjà, elle se glissa sous le jet d’eau sans rien dire de plus, remarquant tout de même l’étonnement sur le visage de la blonde. Avait-elle été la seule à prendre cette invitation au sérieux? Peut-être bien. Peut-être pas. Elle savait bien peu de chose au sujet de cette femme, constata-elle, et pourtant, elle lui avait tout de même offert son intimité sur un plateau d’argent. Et elle se surprit à ne pas être incommoder par une telle pensée. Elle le faisait sans cesse avec des hommes, pourquoi ne pourrait-elle pas partager ce même plaisir avec des femmes? Presley avait ouvert une boîte de Pandore, sans même le savoir. Entreprenant de se nettoyer avec ce qui lui tomba sous la main dans la douche, l’autre s’approcha pour lui donner un coup de main, et Mina ne refusa pas l’aide, se laissant dorloter tout en douceur par l’humoriste, avant que cette dernière ne lui cède toute la place, afin de terminer sa toilette. La brune laissa l’eau couler sur son corps un peu plus longtemps, avant de finalement couper l’eau et de repousser le rideau. Elle attrapa la serviette que lui tendait la femme, la remerciant d’un signe de tête. À nouveau laisser seule, elle prit bien son temps pour se sécher entièrement, récupérant un élastique à cheveux qui trainait là pour s’en faire un chignon désordonné. La voix de Presley l’interpela à partir de la chambre, et quittant la salle de bain, elle suivit cette dernière jusqu’à la pièce en question, pile au moment où elle lui proposait de rester pour dormir. – Ça serait peut-être plus… sage. – lui répondit-elle, trouvant tout de même ironique sa propre utilisation du dernier mot. Sage n’était pas vraiment un synonyme de cette soirée. Encore moins quand la blonde l’informa de la seule règle en place pour partager sa couche. Au point où elle en était, Mina songea en souriant qu’il serait bien stupide de sa part de se la jouer prude à ce niveau. – Ton lit, tes règles. – obtempéra-t-elle sans opposition, avant de pénétrer dans la chambre, afin de rejoindre le côté opposé d’où se trouvait l’américaine. Elle retira la serviette qui la couvrait pour la déposer sur la table de chevet, et frissonnant légèrement, elle se glissa sans trop tarder sous les draps.

Sage. Voilà qui était effectivement à dix milles lieux de ce qu'elles venaient de faire un peu plus tôt. L'ironie de la chose vint arracher un sourire en coin à la blonde et elle se mordit la lèvre en repensant au corps cambré de Mina sur le canapé. La perfection incarnée. - On te trouveras bien un Uber pour rentrer chez toi demain matin, dit-elle. Elle avait tenté de le dire avec un certain détachement parce qu'elle n'était pas du genre à vouloir éterniser ses coups d'un soir, mais ça avait sonné faux. Un peu. Elle sentait qu'elle aurait envie de la revoir. Pas qu'elle était en train de s'amouracher de la brune, mais il y avait quelque chose chez elle - les phéromones ? - qui rendait Presley complètement dingue. Elle afficha un sourire satisfait quand Mina se plia à sa règle du pyjama sans offrir quelque opposition que ce soit et se glissa sous les couvertures à son tour. Son lit était digne des meilleurs hôtels ; des draps soyeux d'une lourdeur réconfortante et des oreillers moelleux comme des nuages. Il y avait de quoi squatter au petit matin. - Fais de beaux rêves, lâcha-t-elle en lui lançant un bref regard avant d'étirer son bras pour éteindre sa lampe de chevet, les plongeant aussitôt dans une obscurité presque totale. La nuit allait purger leur système de l'alcool qui les avaient tant enivrées et ne laisserait de cette aventure qu'un doux souvenir.

HJ : Sujet terminé pour Presley, je crois bien. À toi de voir s'il est pertinent d'y rajouter quoique ce soit, kaka.