Il est tard et tout tangue, les verres n'ont pas cessés de te parvenir ce soir, ton numéro a du plaire. Tu ne t'es pas gênée pour tous les boires jusqu'à la dernière goutte. Ce sentiment de toute liberté te fais du bien, tu n'penses plus, tu n'sens plus. Assise devant ton miroir tu démaquille les restes de ta triste soirée. Les rire raisonnent dans la petite pièce, tu n'écoute pas mais tu souris, tu t'sens floter. Les filles, elles te proposent d'aller ailleurs, de continuer la soirée continuer de se libérer. Et ce soir t'as pas envie de dire non, pour une fois tu veux te laisser aller et arrêter de tout contrôler, ça fera du bien. T'as jamais trop été une fêtarde sortir te stresse, tu ne sais pas comment agir, t'es le genre de fille qu'on qualifie de tranquille ui ne fait jamais vraiment dans l’excès, mais c'est fatiguant d'être toujours sois même. Tu te sens bien pour la première fois tu te sens vraiment bien.
Le bar il est bondé, tu t'en fou tu profiteras de cette foule pour disparaître. Tu danses depuis quelques heures peut être tu ne fais pas attention aux gens et eux non plus quel intérêt ? Personne n'est ici pour rencontrer une personne extraordinaire si ? En tout cas ce n'est pas ton cas. La chaleur t'enveloppe tu te sens comme dans un cocon à l'aise tes yeux brillent. T'as soif, ton état d’ébriété ne t’empêche pas de l'empirer, deux trois yeux doux à tes voisins, au serveur et tu n'as pas une seule fois à mettre la main au porte monnaie. Seule au bar tu sirotes ton verre, t'ignores les regards insistants, t'essaie en tout cas parce que ce genre de mecs, ceux qui se pensent tout permis parce qu'ils sont hommes, parce qu'ils t'ont offert un verre, parce que tu danses devant leurs yeux pleins de mépris, comme s'ils avaient plantés leurs drapeaux sur ton corps. Ces mecs là des verres en trop et le coup pourrait partir. Louisa est là, elle te sort de tes pensées floues, tu comprends pas trop ce qu'elle dit, t'essayes pas vraiment de comprendre non plus. Elle t'attire à votre table, les filles n'ont pas toutes l'air dans le même état et tu pourrais presque lire l’inquiétude dans les yeux de ta collègue. Mais t'es incapable de penser correctement, te trouver cette inquiétude rationnelle, t'as pas envie de rester assise, tes yeux se tournent instinctivement vers le bar. Tu vois un jeune brun il accroche ton regard, tu l'perçois pas de la même manière que toutes les autres personnes présentes. Il est accompagné, dans ta tête ça te parait étrange, mais rien ne sonne normal à ce moment là, il te dit quelque chose. Tu fouilles dans ton tête embrumée, rien ne te viens tan pis. Mais le hasard n'existe pas et il lâche rien, tu le vois s'approcher, l'inévitable arrive et bien trop vite à ton goût. Sans surprise c'est à toi qu'il s'adresse, tu voudrais lui répondre mais ta bouche est en coton t'es pas sûre de pouvoir formuler une phrase correcte, et tu n'parviens toujours pas à mettre un prénom ni une situation sur son beau visage. Tu le sens pas très à l'aise, en même temps toutes tes collègues le fixent, elles sont au courant, que personne ne connaît ton emploi, tu les sens retenir leurs respirations comme pour attendre ta sentence. Mais tu n'veux pas assister à ça. « Hey, oui ça va, toi ? Tu veux boire un verre ? » L'garçon il en vient du bar, toi aussi mais et alors tu préfères noyer le poisson plutôt que le regarder en face. Tu te faufiles jusqu’au bar sans regarder s'il te suit tu sais que oui. « T'as l'air gêné faut pas » Joues la cool, il posera peut être pas de questions.

Tu t'es levée vite, peut être un peu trop ça tangue et fixer un point sur le mur n'est pas d'une grande aide. Heureusement que le bar fait office de bon appui, tu t'y agrippes. L'alcool a carrément fait son taf, tu n'sens plus ta bouche comme après une piqûre chez le dentiste et tu te rends bien compte que tu vas avoir du mal a formuler des phrases claires. La seule réponse que tu trouves à ce problème c'est boire le verre que l'on vient de poser sur le comptoir, t'sais même pas s'il t'était destiné. Peut importe. Tu tournes la tête vers ton interlocuteur, tu dois vraiment te concentrer pour saisir les mots qui sortent de sa bouche, la musique ne facilite pas les choses. La situation ressemble fort à un début de cauchemar. Tu sais pas à qui tu parles, rien n'est fixe et t'entends mal, rien d'bon. À force de le regarder tu dois bien avouer qu'il ne t'es pas totalement inconnu, mais ton cerveau est bien trop embrumé pour identifier cette personne, sans qu'elle se présente. Il te parle de lui et du mec de tout à l'heure, tu n'vois pas trop en quoi leurs affaires te regardent, parce que t'es sûre d'pas avoir couché avec lui, ou quelque chose de la sorte. Tu n'dis rien, pas tant parce que tu n'sais pas comment réagir, surtout parce que tu ne te fais pas confiance, n'importe quoi pourrait sortir de ta bouche. Mais au fond t'as déjà vu ce mec ok, mais tu l'connais pas. Ça t'en es sûre le sais alors si tu dis des bêtises, quel mal ça pourrait faire ? « Tu sais ça m'regarde pas, moi heureusement qu'on me demande pas avec qui je suis venue » Tu rigoles, il ne comprendra pas. Qu'est ce que ça peut lui faire à lui aussi de toute manière. Sauf que quelques mots suffisent à venir gâcher ta désinvolture, ton taux d'alcoolémie n'y fera rien, cette dernière phrase ne peut dire qu'une chose. « Merde ! Raf ? » À la différence d'un autre jour tu n'sais plus comment agir, le mensonge qui t'est vital en temps normal, se fait plus lasse et plus difficile à se former dans ta tête. Tu ne sais plus vraiment quoi lui dire ou pas, mais tu connais son identité, sûrement que parler de ton frère retardera ton besoin de réfléchir à une solution. « Il va bien je crois.. oui il va bien enfin tu le connais il s’énerve un peu pour rien parfois mais rien de trop grave » Il te faut quelque chose pour continuer sur lui, mais la vérité celle où ton frère et toi n'parlez plus beaucoup, facilite pas trop les choses. « Il parle souvent de toi Renzo.. » T'es presque sûre qu'avec ça il mordra à l’hameçon et c'est même pas un mensonge, tu ne penses plus en être capable pour ce soir. Aussi saoule que tu sois, tu ne peux oublier la relation  entre ce garçon et ton frère, et il y aurait bien besoin d’honnêteté là-dedans aussi.