(moodboard d'ashley )

bury all your secrets in my skin
come away with innocence and leave me with my sins
the air around me still feels like a cage
and love is just a camouflage for what resembles rage again

(snuff/slipknot) | avatar par perlman

Tu tires sur ton col, tentes en vain de chasser cette impression d'étouffer contre le tissu. Violence soudaine à l'arrière de ton crâne, et la voix de ta mère qui cogne contre tes tympans. « Stop that, Ash. You look good. », qu'elle te dit avant de coller une cigarette entre ses lippes. Tu hausses les épaules, arrange comme tu peux les étoffes autour de ta peau. « I know I do, mom. It's just kinda smaller. I should buy a new one. » Un costume vieux d'un an à peine, porté une seule fois pour le mariage d'une cousine. Et entre temps, le corps qui a changé. Les muscles se sont développés, gagnant une taille de vêtement au passage. Le résultat d'une année passée à l'écart de cette ville, à explorer les quatre coins du monde en solitaire, ton appareil photo et ton sac à dos pour seuls compagnons. Douze mois à l'écart, loin de tout. De ta famille, de tes potes. De lui. L'amant abandonné du jour au lendemain pour l'aventure. Des nouvelles données de moins en moins souvent, alors que tu te perdais toujours plus loin. Des photos adressées à tout le monde et plus seulement à lui seul. Des regrets que t'as accumulé. « Alright, let's go see those fuckers. » Deux décennies écoulées, et l'amour de ta mère pour les forces de l'ordre est toujours le même. Chez les flics, elle n'y bosse plus depuis tes six ans ; mais y'a toujours ton beau-père dans leurs rangs, le service dans le sang. « Is Jax already there ? » Simple hochement de la tête de ta génitrice. Toi aussi, tu glisses une clope entre tes lèvres en rentrant dans la voiture.
Tu serres des mains, lancent des sourires à tour de bras. Des mots, toujours les mêmes. Qu’est-ce que tu as grandis ! Alors les vacances ? C’est bien toi Ashley ? T’es un beau jeune homme maintenant. Des répliques auxquelles tu réponds d’un simple rictus, d’une poignée de main des plus basiques.
Une nouvelle cigarette entre les doigts, la fumée emplissant tes poumons. Tes yeux se perdent sur les visages, ne s'arrêtent jamais plus d'un court instant sur les traits vaguement familiers. Puis son visage, pareil à une agression contre tes rétines. Ce sourire adressé à sa sœur, il soulève ton palpitant dans la seconde. Et tu t'étouffes presque sur le nuage cancéreux qui s'échappe de tes lèvres. Of course he's here. Bal annuel des flics de la ville, t'allais pas y échapper, Ashley. T'écrases ta cancerette contre le premier cendrier venu, et tu te diriges en leur direction, les mains enfoncées dans les poches de ton pantalon. « Hey Mathilda. », que tu dis en souriant à la jeune femme. Les yeux ne tardent pas à se tourner vers ce visage que tu n'as que trop observé, que tu n'as que trop cajolé de tes mains rugueuses. « Philip. » Le regard se perd sur ses traits, ses lèvres. Se noie dans son regard. Et ton cœur qui explose au même instant.

moodboard de philip
avatar par midnight blues

the stars twinkled in his eyes
and the sun itself warmed his smile
i knew i might burn
but i just had to inch a little closer

Il est toujours envahi d’un sentiment doux-amer, Philip, à l’approche de ce bal des flics qui se tient à chaque année. D’un côté, la fierté de savoir que son beau-père et sa sœur sont membres des forces de l’ordre, qu’ils sacrifient leur vie pour permettre aux habitants de Brighton de vivre en toute tranquillité. Mais d’un autre, le regret. Celui de ce père partit trop tôt. De cette douleur qui lui serre l’estomac lorsqu’on mentionne à quel point il lui ressemble. Un homme qu’il n’a jamais rencontré. Une ombre dans son sillage qui ne l’abandonne jamais vraiment.
Sa mère et sa sœur, qui se préparaient à l’étage, viennent finalement les rejoindre au salon. Layton ne rate pas l’occasion de complimenter sa génitrice et sa progéniture, et le fils sourit, acquiesçant à ses propos d’un hochement de la tête. Elles sont belles, les femmes de sa vie. Voir Mattie attriqué de la sorte lui parait toutefois bien étrange, à chaque fois. Lip, il a d’avantage l’habitude de la voir l’uniforme sur le dos plutôt qu’habillé en civil. La policière s’avance d’ailleurs à son niveau, son attitude un peu garçonne cassant avec l’image qu’elle projette avec ces chiffons aux couleurs pastels. – Remember, you’re my date tonight. – Il lève les yeux au ciel, le gamin. En l’absence d’un compagnon officiel, le pauvre se retrouve avec l’odieux de marcher dans les traces de ses prédécesseurs. Des types qui ne méritaient sans doute pas sa sœur, de toute façon. – I won’t forget, Math. You would’nt forgive me otherwise.  – Gentleman, c’est son bras qu’il tend à sa sœur, les deux frangins suivant le pas au couple qui se dirige vers la voiture, afin de prendre la direction des festivités.
Plus les années s’écoulent, et plus certains visages lui paraissent familiers, dans cette foule compacte. Entre les collègues de son beau-père et sa sœur, leurs conjoints et les nombreux enfants, jeunes et moins jeunes, qui foulent le sol de l’endroit, étrangers et connaissances s’amalgament parfaitement. Il est inconfortable, Lip. Il n’a jamais été friand des grandes manifestations publiques. Légèrement agoraphobe, assujetti à une anxiété sociale. Pas étonnant qu’il colle aux basques de son ainée. Qu’il marche dans ses pas, son bras fermement accroché au sien. Il manque presque de s’empêtré dans sa robe quand elle arrête brusquement, faisant volteface en sa direction. – Are you going to follow me all night long? – Bêtement, il sourit, une certaine culpabilité filtrant au bout de ses lèvres. Car à ce niveau, il est coupable sur toute la ligne. – If it allows me to avoid mingling with others, there’s a lot of chances that'll be the case. – C’est la même rengaine à chaque année. Le même refrain qui se répète inlassablement dès qu’il sent l’angoisse pointer le bout de son nez. Petit, c’est dans les jupes de sa mère qu’il ne cessait de se cacher. Sa sœur avait plus ou moins pris la relève depuis qu’il avait passé l’âge d’être couvé. – Oh, come on. You're not a child anymore. Where is my knight in shinning armor? – La grimace qui étire son visage fait naître un petit air victorieux sur celui de sa grande sœur. Il est vrai qu’entre ses nombreux personnages de jeux vidéo conquérants et confiants, et le minable gamin anxieux qu’il était réellement, le clash était flagrant. Mais ses lippes perdent soudainement de leur superbe quand dans son champ de vision, il capte une présence qu’il aurait préféré éviter. Un fantôme de son passé. Une chimère ayant marqué sa chair. L’insolent qui s’avance vers eux, et d’un sourire, salue sa parente avant d’oser lui adresser la parole. Son nom qui roule sur sa bouche, et son regard qui s’abime sur ses traits. Ça fait mal. Son palpitant, il s’agite dans sa cage thoracique. – Hey, Ash. – que l’autre à ses côtés lui répond, devant son manque de réaction. Puis, la bombe. – I’ll leave you two alone. See you later. – Et sans qu’il ne puisse réagir, s’insurger, protester d’un tel abandon, la traitresse n’est déjà plus dans son champ de vision, le laissant seul, face avec ses propres démons. Il déglutit. – So... seems you're back. – Une certaine amertume se perd au milieu de ses mots.

Un mot, puis elle s'évade. Mathilda s'échappe du champ de bataille qui se construit sous tes yeux. Et tu la remercies, dans un sens. Intimité brouillonne, au milieu de toutes les autres silhouettes. Les uniformes qui viennent se mélanger aux plus beaux habits. Certains qui en profitent pour cracher une certaine richesse à la gueule des autres. Tu tires sur le bout de tes manches, combats vainement ce tissu devenu trop petit pour ta stature. Le regard concentré sur cette affaire, plutôt que de se perdre à nouveau sur les traits de l'autre. L'oreille qui se veut distante et pourtant t'es là à boire toutes ses paroles. Les moindres mots qui passent ses lèvres. Celles contre lesquelles tu t'es abandonné de trop nombreuses fois, celles qui ont assez marqué ta peau pour que le souvenir reste ancré, même à des milliers de kilomètres à l'écart.
Tu hoches seulement la tête à ses paroles. A ce ton qui déchire un peu plus ce pauvre muscle dans ta poitrine. De retour, oui. Mais l'esprit toujours au loin, en toute honnêteté. Toujours sur un autre continent, dans ces contrées explorées. Tel un aventurier, avec ton sac sur le dos. Seul au milieu de l'inconnu, ta débrouillardise comme seule arme de défense. Des souvenirs par centaines, qui s'entassent dans ton crâne. Certains qui s'effacent déjà, pourtant. Trop insignifiants comparés au reste. Et même avec cet air sur les traits de Lip, cette animosité qui le ronge, tu ne regrettes absolument rien. Pas toutes ces beautés qui se sont encrées sur tes rétines, pas toutes ces découvertes faites dans le plus grand des hasards. « Yeah, it's been a few days. » Et peut-être que j'aurais dû t'appeler dès mon arrivée, peut-être que j'aurais dû envoyer un simple message. Une trop longue hésitation devant l'écran de ton portable, à de trop nombreuses reprises. Des idées formées dans ton esprit, des phrases qui ne paraissaient pas assez justes pour être envoyées. Alors un honteux silence radio, pour continuer l'autre.
T'oses enfin relever la tête. Enfonces tes mains dans les poches de ton pantalon plutôt que te continuer à martyriser ce pauvre costume. Tes prunelles viennent se perdre sur son visage, sans doute trop longtemps. Un court instant, ou de longues secondes. T'en as aucune idée, en réalité. Les yeux trop absorbés par cette vision qui ne t'avait que trop manqué, envers et contre tout. Tu te mords l'intérieur de la joue, Ashley. Tentes de trouver les mots justes. Et ce ne sont finalement que quelques lettres qui finissent par s'échapper sur un murmure. « I'm sorry, Lip. » Désolé, d'avoir arrêté de donner des nouvelles. Désolé, de m'être écarté de cette façon. Désolé, de ne pas avoir demandé comment ça se passait, ici. Sans moi. La mâchoire serrée, les idées qui se fracassent contre ta boite crânienne. Les mots qui y restent enfermés. Parce que c'est plus simple comme ça, c'est plus simple de faire comme si de rien était. Comme si tu n'avais pas fait cette énorme connerie. Un raclement de gorge, avant de reprendre la parole. Tentative stupide pour essayer de retrouver un minimum de prestance, de contenance. « How have you been, since ? » Depuis ce dernier message auquel tu n'as pas répondu. Quatre mois auparavant, alors que tu t'obstinais à traverser cet espèce de désert. Une aventure de courte durée, avant que tu n'appelles les secours. Pas l'épisode le plus glorieux de ton périple à travers le monde. Un message tout con, en somme. Un commentaire sur la dernière photo envoyée. Puis le silence total. Une décision que tu cherches encore à comprendre, en fait. Que tu regrettes amèrement.

Il tente encore de poursuivre du regard la silhouette de la félonne, vainement. Lip, il ne parvient qu’à repérer quelques éclats de couleurs au milieu de cette centaine de costards. Mais difficile de faire la différente entre toutes ses étoffes qui couvrent le corps des femmes qui les portent. Un soupir, un autre combat qu’il abandonne. Encore. Ses pupilles se distrayant autrement qu’en le regardant lui. Elles évitent soigneusement de s’interrompre sur son passage, de longer la carrure plus affinée que l’habit maintenant trop petit découpe avec zèle. Des mots qui trahissent la rancœur toujours aussi présente dans l’organe trépignant. Une moiteur au creux des mains qu’il préfère coincer sous bras, alors qu’ils les croissent sur son torse, se refermant peu à peu face à celui qui le connait pourtant par cœur. De corps et d’âme. Rien pour apaiser la douleur. Le sentiment d’abandon. La colère. Tant d’émotions qui cohabitent dans sa tête blonde et qu’il a trop souvent tenter d’étouffer en noyant ses sanglots dans le creux de ses oreillers. Une sensibilité à fleurs de peau qu’il refrène derrière une couche d’indifférence. Une maigre carapace qui cédera sans doute aux premiers assauts. Aux premières excuses. Même s’il s’entête à croire le contraire. À se prétendre plus fort qu’il en a l’air. Mensonge.
What am I supposed to do when the best part of me was always you,
And what am I supposed to say when I'm all choked up and you're OK.
L’aveu d’un retour plus que récent dans les parages. Un énième silence qui s’ajoute à tous les autres qu’ils cumulent. Une trahison de plus. Un poignard qui s’ajoute à ceux déjà enfoncer dans son cœur. Un désintérêt qu’il sous-entends, dans sa confidence. Un voyage à l’autre bout du monde pour découvrir une infinie de possibilité. Pour créer de nouveaux souvenirs et s’imprégner des gens, des cultures qui croiseraient sa route. Des souvenirs désormais encrés dans sa mémoire pour mieux remplacer les siens. Les leurs. Puis, des excuses, qui viennent trop tard. Qui se perdent dans les bavardages qui les entourent. Qui ne savent pas apaiser l’amertume qui sommeille en lui. Le fiel coule dans ses veines tel un poison, un venin qui se fraye un chemin jusqu’à son palpitant pour annihiler le moindre sentiment. Une vaste plaisanterie de mots qui lui puent au nez. – Because now, you care? – La question qu’il lui crache à la figure. Comme l’affable vérité. Des mois qu’ils baignent dans la plus grande ignorance. Quatre mois, plus exactement. Plus d’une centaine de jour à attendre. À espérer, en vain. Lamentable désenchantement. Véritable claque en plein visage. Son innocence l'avait convaincu qu'il parviendrait à l'attendre, aussi longtemps que ce fut nécessaire. Mais il avait été déçu. Ash l'avait déçu. Et il se considérait maintenant comme le pire des idiots, pour y avoir cru. Bêtement. Stupidement. – Sorry but I can’t… I can’t… –  Ses talons tournèrent sur eux-mêmes avant qu’il ne prendre la fuite à son tour. Imposant une distance qui lui semble désormais plus que familière. Voir même nécessaire. Philip, il se faufile entre les silhouettes qui tapissait la salle, bousculant par mégarde quelques gens sur son passage. Il ne souhait qu'atteindre la sortie. Urgent besoin de prendre l’air. De ravaler ce sanglot qu’il sentait se créer au creux de sa gorge.
Parce que ça faisait mal. Parce qu’il ne savait plus quoi faire.
Parce que s’il s’écoutait vraiment, c’est dans ses bras qu’il irait se réfugier.
Mais c'était rendre les armes, et il ne se le pardonnerait pas. 
I'm falling to pieces, yeah.
I'm falling to pieces.