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 he shakes at night (conrad)
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Lorenzo Farnese

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MessageSujet: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptyVen 2 Nov 2018 - 21:54

conrad et lorenzo
he wipes his hands on anything in reach, he never feels clean
he shakes at night because his nerve is gone, every muscle hurts
(inhale/stone sour)

L'air s'échappe entre tes lèvres, forme un nuage de vapeur au contact de l'air frais émanant du littoral. Tu jettes un coup d'œil en hauteur, en direction de la lumière sortant de ton appartement. Ta sœur reste à la maison avec une copine ce soir, t'as gentiment été dégagé de la place. T'as rien dit, t'as pas exposé le moindre refus ; ta sœur, tu la laisses décider (trop) souvent. Abandonné sur le trottoir dans ta rue, tu sers les poings dans les poches de ton blouson. Un geste de la tête en direction d'un voisin qui rentre chez lui, un vieil homme sans histoire. Y'a que ça autour de chez toi, à vrai dire. Le quartier endormi à 21h tapante tous les soirs, avec seulement ton logis pour animer les bruits de fond dans les couloirs. La colocation qui fait tâche parmi les autres ménages tranquilles. Le claquement de la porte du voisin est comme une frappe de rappel dans ton crâne : faut que tu dégages d'ici. Que tu t'installes ailleurs. Plus loin, plus grand. Plus tout.
La vibration de ton portable te sort de ta torpeur. Tu secoues la tête, te remets les idées en place. Ce nom qui s'affiche sur l'écran, il te noue l'estomac. Provoque en toi cette même peur idiote. Le rappel de c'que tu es, malgré toutes ces négations que tu t'imposes. Quelques secondes s'écoulent, durant lesquelles ton regard se perd entre les lettres du message de Conrad. Quelques secondes, avant que tu ne reprennes conscience. Tu pianotes rapidement une réponse, et tu quittes les lieux.
(…)
Tu coupes le moteur de ta moto, extirpes ta tête de ton casque. Le brouhaha ambiant empli la rue, réveille cette appréhension dans ta poitrine. Ces visages que tu détailles, en retrait. La mâchoire serrée, tu t'avances, te glisses entre les silhouettes, la tête baissée vers le sol. Le rythme cardiaque pareil à l'activité sur le terrain, tes doigts tremblants que tu sers dans tes poches. Mal à l'aise, envahi par un mélange de sentiments ingérables. « What's up, man? », tu demandes à Conrad en arrivant à sa hauteur. La main tendue pour claquer contre la sienne, allure assurée de façade. Un jeu d'acteur que tu mènes depuis des années. Un rôle qui s'est effrité contre la peau du brésilien, à la mesure de ses lèvres sur les tiennes. Un acte que tu maintiens pourtant. Même face à lui, face à cette facilité qu'il a de lire en toi. De déterrer tout c'que tu voudrais oublier. « I hope their drinks are good. », que t'ajoutes, enfonçant à nouveau tes mains dans tes poches.
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Conrad Steele

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MessageSujet: Re: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptyMer 21 Nov 2018 - 23:16

Une surprise et pourtant, le mot résonne à peine – plus qu’une surprise, l’étonnement qui s’esquisse sur ses traits alors qu’il scrute une nouvelle fois son téléphone. Peut-être qu’il a lu trop vite, Conrad. Peut-être que c’est une erreur, un oubli, une connerie. Il soupire en se passant une main sur le visage. Sa mâchoire se serre, sa barbe pique. Il arbore l’apparence d’un homme des cavernes – mal rasé, mal léché. Fatigué, ce soir.
Un peu trop, peut-être. Le coeur en berne, l’âme au fond des chaussettes. Pourtant, il s’extirpe de son canapé, Conrad. Il se lève malgré les miaulements courroucés des chats qui se servaient de ses jambes comme d’un dossier. Il flatte l’encolure des bestioles – d’Apples, de Butter et de Charlie – avant d’enfiler ses pompes et d’attraper son jeu de clés. Pour une fois, le silence l’oppresse. Pour une fois, il a besoin de bruit mais surtout de gens. Du monde, des ignorants – des naïfs, des inconscients. Des âmes pures peinturlurées par l’insouciance et enjolivées par des accents tranquilles. Lorenzo n’est pas une exception non plus – il comprend, il fait mine de comprendre. Il ne comprend pas, il ne comprendra jamais. Ses maux ne sont pas les siens – pas tous. Certains divergent, d’autres s’assemblent. Et c’est l’incrédulité qui remplace la fatigue, l’espace d’une seconde. Un message qu’il relit, alors qu’il déambule jusqu’à son bar favori. Musique tamisée, vulgaire bruit de fond qu’il parvient à ignorer. Qui gratte contre ses tympans, un peu – pas assez pour qu’il décampe, cela dit. Des murmures à la place de cris, dans la bouche des habitués. Ça chahute, parfois – pas assez pour que le sang bouillonne et éclabousse.
Il offre un sourire à la barmaid aux mèches arc-en-ciel et c’est une bière qu’elle fait glisser jusqu’à lui.
Est-ce qu’il osera, Lorenzo ? Est-ce qu’il se pointera, comme promis ? Ou est-ce qu’il se défilera encore une fois, une flopée d’insultes au bord des lèvres ? Les questions se dissipent lorsqu’il l’aperçoit, à l’entrée. Lorsqu’il s’avance jusqu’à lui, les mains dans les poches. Conrad s’accoude contre le bar alors qu’il arque un sourcil – une affirmation muette. Malgré tout, tu es venu. Conrad désigne un tabouret d’un geste emprunt de nonchalance. D’une tranquillité qu’il feint depuis si longtemps qu’elle pourrait presque basculer dans la réalité. Qu’il souhaiterait être vraie alors qu’il sait pertinemment qu’elle est fausse. « Their beer is my favourite, actually. » Répond-il dans un roulement d’épaules. Il hèle la barmaid et c’est une deuxième bière qui roule jusqu’à eux.
Conrad, il avale une gorgée de la sienne, les yeux clos. En semaine, le bar est presque vide – quelques couples, dans les coins. Une bande de potes, autour de la table de billard. Des jeunots de toutes les horizons, près des vieux jeux d’arcade poussiéreux. « Anything new? » Question innocente mais qu’il répète simplement après l’avoir formulé – celle de Lorenzo, ignorée.
Parce qu’il suffit de le voir pour savoir qu’il  n’a rien d’intéressant à raconter.
Parce que ses maux débordent et que tous les mots du monde ne suffiront pas à les essuyer.
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Lorenzo Farnese

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MessageSujet: Re: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptySam 8 Déc 2018 - 13:20

Elle te ronge le crâne, cette anxiété à la con. Cette impression d'avoir une cible sur le dos, alors que t'as à peine mis les pieds dans ce foutu bar. Le regard fuyant, t'évites le visage des autres, te planque derrière ce masque de circonstance. Don't believe the mask, it adapts to any lie. Tu te glisses sur un tabouret ; entre celui de Conrad et un type qui te tourne le dos. Un simple remercie passe tes lèvres à la réactivité de la nana derrière le bar, un sourire plat pour Steele. « Let's see then. » La bouteille au bord des lèvres, le liquide pour teinter ta gorge. Et il a pas tort, le soldat. Une moue pour approuver, en silence. La main gauche toujours enfoncée dans ta poche, le poing serré et les ongles qui entrent dans ta propre chair.
Tes doigts tournent autour de la bouteille, les yeux plantés sur le goulot. Parce que c'est plus simple comme ça, parce que tu n'as pas besoin d'affronter un regard de plus. Et putain, tu sais qu'il ne te juge pas, Conrad. Tu sais qu'il ne va pas aller rire à gorge déployée de tes écarts de conduite. Parce que c'est ce que c'est, au final. T'essayes toujours de t'en persuader, de mettre tes idées en ordre pour te convaincre. Ces échanges brûlants dans tes draps, ils n'étaient qu'une erreur. Une faute dans le parcours. Le palpitant mise à mal simplement par l'adrénaline, et pas par des sentiments bien trop enfouis. Une passade, une tâche sur le tableau qui ne demande qu'à être effacée.
Les épaules se haussent à sa question. Qu'est-ce que tu pourrais dire, Lorenzo ? Par où commencer, quand tout part en couille autour de toi ? That's one way to put it. Nouvelle gorgée de la bière, avant que tes yeux ne s'autorisent un premier parcours des lieux. Et dans le fond, y'a rien qui représente un véritable danger, ici. Rien pour venir te sauter à la gorge et t'achever sur le bar. Hell, personne ne t'accorde la moindre attention. Tu peux pas dire que ça t'emmerde. Trop habitué à voir les visages se retourner sur ton passage, trop habitué à être arrêté au milieu de la rue pour une photo ou une signature rapide. Et t'en tirerais même une certaine déception, de voir que les pupilles des autres ne traînent pas sur tes traits. « Problems at work. » L'euphémisme étire tes lèvres dans un sourire de façade. Problems indeed. La nouvelle est tombée y'a quelques jours. Un contrat signé ce matin même, dans les locaux du club de Brighton. Le prêt prolongé pour deux saisons encore. Deux putains de saisons. Deux ans, coincé ici. Loin des hautes sphères du football, loin de pouvoir un jour soulever une coupe entre tes doigts. « I don't know if you follow the football, but breaking news for you tonight : I'm staying for two more fucking years. », que tu lui dis en secouant la tête, l'agacement encré sur tes traits.
Et dans tout ce joyeux bordel, t'as l'impression de coincer Renata. Elle s'obstine, ta sœur. Refuse catégoriquement de repartir à Londres pour y étudier. Tu détestes te battre avec, tu détestes lever la voix face à elle. Les souvenirs de la conversation houleuse de la veille encore trop présents dans ton crâne, malgré une situation redevenue normale quelques heures après, à peine. « Anyway, you're not ready to get rid of me anytime soon. » Un aveu à demi-mot, sûrement trop bas pour être entendu par quelqu'un d'autre que Steele. Don't give up on me, not now. Une aide dont t'as désespérément besoin, mais qui jamais ne vient se former sur tes lèvres.
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Conrad Steele

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MessageSujet: Re: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptyVen 28 Déc 2018 - 1:56

Sa bière pendue aux lèvres, Conrad se sent bien. Une impression, plus qu’une vérité. Une sensation volatile qui se dissipe malgré le soupçon d’éthanol qui s’emmêle à l’hémoglobine. Il se fout de sa propre gueule, Conrad – il se persuade d’être bien dans son corps et dans sa tête encore plus qu’il n’essaye de rassurer les autres. Un ramassis de mensonges parfaitement orchestrés depuis des mois – depuis des années. La feinte, érigé au rang d’art. Pourtant, il écoute vraiment. Son regard, tourné vers son ancien partenaire de jogging. Ils ne se sont plus croisés en train de cavaler depuis longtemps, maintenant qu’il y repense.
Rencontre banale, retrouvailles insolites. Le jeunot, il n’est pas à sa place. Il ne s’y sent pas – mal à l’aise, sur son tabouret. Il n’en dit rien, Conrad. Il n’en a pas besoin. Son regard perçant suffit. Il traverse la carapace, qui n’en est pas une. Les déboires du footballeur et les conséquences de ces derniers sont étalés dans les journaux et aux infos sportives. Il le sait, Conrad. Et pourtant, il ne s’y intéresse pas. Peut-être parce qu’il le connaît, maintenant. Lorenzo Farnese, ce n’est pas qu’un nom de starlette de la balle ronde, perdu parmi tous ses autres concurrents. Il est là, devant lui. Il est là, sous ses yeux. Humain, avant d’être reconnu par les médias. Et Conrad, il aurait pu l’oublier – il pourrait se moquer de la malchance dans laquelle le mioche s’est lui-même enrobé. Lui dire qu’on récolte ce que l’on sème. Qu’il l’a bien cherché. Et dans un sens, c’est le cas.
Il a joué avec le feu, Lorenzo. Il a joué à un jeu dont il ne maîtrise pas encore les règles. Conrad soupire, accoudé contre le comptoir. Yeux clos, tournés vers ses propres pensées. Vers son propre marasme sablonneux. Vers les dunes et la ville qui s’y appuie. Vers Marjah et sa propre naïveté. Sa précipitation et ses erreurs de débutant. Toutes les raisons qu’il se donne – la fatigue, la faim, la soif, les nerfs qui lâchent – ne sont que des excuses aux relents ridicules qui n’apaisent rien. Comme sa bière n’étanche rien. N’endort rien. Ce soir, cette nuit – Conrad ne dormira pas. Le sommeil du juste n’est plus pour lui. Ne l’a jamais vraiment été, en vérité. Élucubrations au sens absent ; Conrad, ce n’est plus un soldat. Ce n’est qu’un homme – ou ce qu’il en reste. Il rouvre les yeux, sa canette désormais à moitié vide. C’est une grimace qui s’étire sur ses lippes. « Is that so bad? » Souffle-t-il. « Staying here, I mean. » Il s’y est fait, Conrad.
Plus ou moins. Mais c’était Brighton, ou la maison. Une maison où il n’a plus sa place depuis l’adolescence. Une famille qu’il ne voit plus, des sœurs dont il ne sait rien. Un étranger au coeur de son propre foyer. Un inconnu aux yeux de ses propres parents. Un statut qu’il a obtenu sans l’avoir voulu, au début. Dont il se moque enfin, aujourd’hui. Ici. Un soupçon d’aise perdu au milieu d’un mal être qui ne peut plus être soigné. Et c’est ses épaules qui roulent. Autant en réponse à la réplique de Lorenzo qu’à ce qui le gangrène. « As if I wanted to get rid of you. I’m not as stupid as Arsenal. » I’m not giving up on you, kiddo. Comme s’il le pouvait. Comme s’il le voulait. Comme s’il y arriverait.
Sa bière, elle ricoche contre la sienne. Il trinque en retard, Conrad. Les sentiments sont là, pourtant. I won’t let you drown like I did.
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MessageSujet: Re: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptyDim 30 Déc 2018 - 16:40

Le rire aux lèvres quand les mots de Conrad résonnent. You have no idea how bad it is. Carrière foutue en l'air pour des coups de reins qui ne valent rien. Stupidité éclatante. Des regrets, toujours plus. A quoi ça te servait vraiment, de mettre cette gonzesse dans tes draps ? Qu'est-ce que tu voulais prouver au reste du monde en agissant de la sorte ? Gamin guidé par ses instincts primaires, pas foutu de réfléchir deux secondes aux conséquences de ses actes. Cliché ambulant de tout ce qu'il se fait de plus abruti. Haussement d'épaule pour apporter les premières bribes de réponse. « I have nothing to say about the city. I like living here. » Brighton, elle a fini par se faire une place dans ton cœur, au final. Les soirées passées sur le bord de mer avec ta sœur, toutes ces petites habitudes que vous vous êtes créées ici. Cette baraque toute neuve, à peine sortie de terre. A home for the two of you. Des connaissances à la pelle pour égayer les journées moroses. De très bon potes sur lesquels t'as déjà pu compter à de trop nombreuses reprises. Autant de choses qui te raccrochent à ces terres éloignées de la capitale. Tout ça, sans compter une équipe. A band of brothers. Ces mêmes gars sous les couleurs du club, les coudes serrés dans les défaites et les bras levés lors des victoires. Rappel douloureux de ce que t'avais avant, aussi, sous un maillot rouge et blanc. « But for my career, it's awful. I love the club, I love my teammates but, this is below my level. » Honte passagère à cette façon que t'as de cracher dans la main qui te nourris. Always a little shit.
Tu souffles, passes une main lasse dans les boucles brunes avant de reprendre ta bière. « I still have the national team for glory. », que tu lâches accompagné d'un sourire. Là aussi, c'est la décadence. Italie absente du Mondial cet été, risée des journaux au pays. Un affront qu'on ne pardonne pas aux Gli Azzurri.
Un geste, le point fermé contre le bras de Steele. « That's what I wanted to hear. » Réaction abusée pour planquer le reste. Le myocarde qui se serre aux propos du militaire. Un type que tu ne connais qu'au travers de courses dans le froid, de rencontres fortuites dans les lieux insoupçonnés. Que tu connais que de manière encore brouillonne. Conrad, il s'impose et lâche les mots juste pour te garder la tête hors de l'eau. Les yeux baissés sur le verre qui s'entrechoque, pour éviter le regard. Fuyant, quand les lèvres se rouvrent à nouveau. « Thank you so much, Conrad. » De ne pas te laisser te perdre dans les méandres de ton propre crâne. De ne jamais porter le moindre jugement à voix haute. De répondre présent, même après ton comportement d'imbécile.
Le liquide dans la gorge, comme pour panser toutes les blessures. Not too much Lorenzo, last time was a total disaster. Souvenirs de ton arrivée entre ces murs, à la facilité avec laquelle la conversation a tourné en ton sens. Les prunelles plantées dans les siennes, avides de réponse. « You did not answer me earlier. You good ? » Parce que tu ne fais que parler, Lorenzo. Egocentrisme habituel. Faut que tu te mettes du plomb dans la tête. Comprendre que tout ça, ce n'est pas à sens unique. Que tu peux faire des efforts, pour une fois. Ecouter les autres au lieu de te plaindre à qui veut bien l'entendre. Serrer cette main que Conrad t'as tendu, au lieu d'y déposer ton linge sale.
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MessageSujet: Re: he shakes at night (conrad)   he shakes at night (conrad) EmptyLun 4 Fév 2019 - 0:08

Ça l’attriste plus que ça ne devrait.
Lorenzo, ce n’est – ce n’était qu’un partenaire de jogging. Une tête qu’il avait l’habitude de croiser et qui s’est petit à petit imposée. Une trogne minée, une gueule brisée. La sienne, elle est cassée. Mille morceaux éparpillés aux quatre coins de l’Afghanistan. Même s’il essaye, Conrad – même s’il s’oblige de tourner la page, il n’y arrive pas.
Il ne peut pas.
Parce qu’on ne lui en a pas laissé le temps, là-bas. Il se penche en arrière, sa bière au bord des lèvres. Son verre vide qu’il ne pense pas à remplir à nouveau. Don’t think about it, se souffle-t-il. Une phrase qu’il se répète, jour après jour. Nuit après nuit. Une phrase qui hante ses insomnies. Qui le hante tout court, elle et son opposé – think about it. Rappelle-t’en, Conrad. N’oublie pas. Ne nous oublie pas. Moi, et tous les autres. Moi, le mioche que ta dynamite a emporté. Moi, et tes frères que les talibans t’ont dérobé.
Il se perd entre les dunes, Conrad. Il se perd entre les briques, les balles et les fusils. Et si Lorenzo n’était pas là, peut-être s’y serait-il oublié.
Il reprend ses esprits lorsque sa voix s’accroche à ses tympans. Lorsque son regard s’encre dans le sien. Lorsqu’il retrouve le présent, l’espace d’un instant. Le sourire s’étire, toujours aussi faux. Le sourire aux coins meurtris par les affres d’une vie qu’il a pourtant choisi. Il a signé, Conrad. Les yeux fermés. Et c’est ça, l’erreur – il n’a pas su dans quoi il s’engageait vraiment. Il a pensé, comme tant d’autres, qu’il interpellerait la gloire. Qu’il tutoierait la renommée. À la place, on l’a écarté.
Comme Lorenzo. Mais si Conrad a su qu’il en avait finalement besoin, ce n’est pas son cas. Ça ne doit pas être son cas. Les milieux sont différents. Les circonstances sont différentes. Leurs passifs, ils se croisent à peine – ils ne se comparent pas. Mais il comprend, l’ancien soldat. Une compréhension exacerbée par un coeur trop gros. Un coeur qui déborde d’entre ses côtes – qui cherche celui des autres. « You’re welcome, Renzo. » Comme s’il avait besoin de le dire pour qu’il le comprenne.
Conrad, il est là pour les autres à défaut d’être là pour lui-même. Et lorsque l’attention se tourne enfin vers lui, il soupire. Trogne lasse qu’il s’efforce d’orner d’un sourire. « I’m fine, don’t worry. » Je m’en sors, c’est ce qu’il veut dire. Je m’en sors toujours, quoi qu’il arrive.
Et il y croit, l’espace d’une seconde.
Il y croit juste assez longtemps pour s’en persuader.
Et pour convaincre Renzo, c’est une autre bière qu’il commande.
Une autre bière qu’il sirote pour mieux feindre l’insouciance.
Et puis une autre qu’il pousse jusqu’au gosse.
À nous, une trinque muette. À nous et nos emmerdes.
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