T'enfiles ton t-shirt, tes boucles brunes encore trempées par la douche. Tu passes une main rapide dans ces dernières alors que tu quittes le vestiaire, tes affaires encore dans le casier. La plupart des gars rentrent chez eux, l'entraînement est terminé. Toi, t'es réclamé entre ces murs un peu plus longtemps. On t'a demandé de faire une séance de questions-réponses sur les réseaux sociaux, et tu t'en demandes bien l'utilité. T'es censé partir Lorenzo, t'es censé retourner à Londres et rejouer pour Arsenal, mais toutes tes demandes sont restées sans réponse. A croire qu'on t'évite au QG, à croire qu'on veut t'oublier. Et toi, ça t'rend dingue toutes ces histoires à la con.
Tu soupires alors que tu te balades dans les couloirs du centre d'entraînement. Tes yeux divaguent sur les murs, où sont parfois accrochées des photos des heures de gloire du club de Brighton. Des heures de gloire qui ne sont pas au goût du jour. Deux matchs, deux défaites. Et même si vous avez réussi à battre Manchester United, ça fait toujours mal. Tu peux pourtant essayer de te réjouir en voyant Arsenal galérer autant que vous, mais ça a l'effet inverse. T'as l'impression d'abandonner ton équipe en étant là ; t'as toujours cette loyauté pour le groupe londonien.
Tu pousses la porte de la salle de réunion, et tes yeux se posent directement sur la silhouette installée devant l'ordinateur. « Hey, tu vas bien ? », que tu demandes à Winnie en t'installant à ses côtés. Coup d'oeil vers la droite, et tu remarques la caméra qui tourne déjà. Tout montrer, toujours tout montrer sur les réseaux et internet en général. Tu vas répondre directement sur le pc avec la community manager en herbe, et tu seras filmé en train de le faire. A croire qu'on ne possède jamais assez de contenu sur l'équipe. Tu te racles la gorge, tu te balances sur ta chaise, tu réfléchis. Sûrement trop, d'ailleurs. Dans ta tête, ça se bouscule. Brighton, Arsenal, ta carrière. Bordel, t'es jamais foutu de garder la tête claire.