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| Sujet: -- shades of cool (meryl) Dim 10 Juin 2018 - 21:40 | |
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- meryl ravencroft - with every word i’m blown away.i. harness your blame, walk through- âge et lieu de naissance: la petite meryl, âgée de dix-neuf ans, a vu le jour à brighton, au royaume-uni. - origines et nationalité: c’est une jeune anglaise jusqu’au bout des ongles, tout comme ses parents l’ont été, et ses grands-parents avant eux. - statut familial: c’est la benjamine d’une fratrie de cinq enfants, tous nés d’un couple qui a divorcé peu de temps après la naissance de meryl, en avril 1999. après la paperasse signée, leur mère s’est barrée du jour au lendemain, confiant la garde des enfants à son ex-mari. le pauvre homme a donc fait de son mieux pour les élever dans les meilleures conditions possibles, avec l’aide de ses amis, de sa famille et des voisins. - statut civil: elle appartient à tout le monde et à personne à la fois, c’est à la pluralité de ses passions qu’elle doit toute sa singularité. - occupation: elle suit une formation afin de devenir thanatologue. pour l’instant, elle n’en est qu’à sa première année. - cinq choses favorites: son polaroïd, sa paire de vieilles converse, le vieux rock, les années soixante-dix, le chocolat chaud. - saison préférée: elle est amoureuse de l’été, du soleil sur sa peau, du chant des grillons qui n’en finit plus, des longues soirées passées autour d’un feu de camp, des journées idylliques à la plage. - traits de caractères: idéaliste, calme, rêveuse, souriante, fragile, névrosée, hypocrite, introvertie, un peu déconnectée de la réalité, très nostalgique, romantique, old-fashioned, secrète, indépendante, incertaine, passionnée, imprévisible, perfectionniste, studieuse. - groupe: hellebore. - avatar: maisie williams. ii. swing wide your crane, run me
I / YOU'RE SO ART DECO, OUT ON THE FLOOR. Les premières années de sa jeune existence, Meryl Ravencroft les consacra à un seul but, une seule fin : comprendre, si telle curiosité – bien que légitime – put être assouvie, pourquoi la Main du Hasard, cruelle ineptie de l’homme moderne, succomba à son désir sadique de revêtir une fillette charmante et innocente du costume ô combien répudié du vilain petit canard. Si la gamine n’avait certes rien à se reprocher (comportement exemplaire, résultats scolaires irréprochables, bref le genre de fille en apparence si parfaite que l’on s’étonne que sa peau ne soit de plastique faite), son physique, selon elle ingrat, parlait de lui-même : à quatorze ans, sa taille la reléguait toujours au premier rang sur les photos de classe, elle qui détestait se retrouver ainsi sous les projecteurs, et contraignait quiconque lui adressant la parole à pencher non sans indulgence la tête vers elle, sans parler de ses cheveux courts et foncés qui juraient avec ceux, longs et pâles, de ses quatre sœurs aînées. Là où Maggie, Merry, Molly et Muriel étaient sveltes et élancées, Meryl était fragile et menue – une bien triste chose que la benjamine des Ravencroft, n’est-ce pas? Mais outre son apparence particulière pour qui porte l’élégant nom de Ravencroft, ce furent les événements suivant quelques mois sa venue au monde qui germèrent le sentiment de marginalité chez la fillette : au printemps 1999, ses parents divorçaient et réduisaient à néant, et pour de bon, les illusions miroitantes des contes de fées aux yeux de leur progéniture; qui plus est, leur mère décida de jouer la morte une fois la paperasse signée et classée, et aucun des enfants n’entendit parler d’elle par la suite. L’amour ne durait pas toujours, hélas! et cette fâcheuse séparation se produisait au moment même où la petite dernière éprouvait encore des difficultés à se tenir debout sans chanceler de bâbord à tribord, ce qui l’amena des années plus tard à se poser une question fort obsédante et épineuse : sa naissance avait-elle été le présage de la rupture imminente et inévitable de ses parents? En d’autres termes, méritait-elle – elle, l’enfant si différente des autres – vraiment le douloureux sobriquet du vilain petit canard?
II / LIGHT OF MY LIFE, FIRE OF MY LUNGS.
Bonjour tout le monde! J’espère que vous vous êtes bien reposés cet été et que vous vous sentez d’attaque pour cette nouvelle année scolaire, lança gaiement l’enseignante aux cheveux poivre et sel. Ainsi furent accueillis la trentaine de visages rougis par le vent frisquet d’automne en ce matin de septembre 2009, dont celui de l’étrange Meryl Ravencroft, avec sa main sous le menton et son regard nébuleux fixé dans le vide de la vieille fenêtre. Lorsqu’elle était allée s’asseoir à sa place, aucun de ses camarades n’était allé lui parler ou même la saluer. On l’avait simplement dévisagée avec un sourire de connivence avec son voisin, l’air de vouloir dire regarde la folle, là, ouais, t’as vu ce qu’elle porte, oh mince elle nous regarde, attends ça veut dire qu’elle comprend ce qu’on dit? mais, comme le prouvait sa moue boudeuse – désintéressée –, ces propos immatures n’importunaient pas la principale intéressée. Que lui importaient les jeux débiles et absurdes de ses collègues de classe, qui tous marmonnaient un anglais truffé de tournures grammaticales incorrectes et qui ne savaient même pas calculer la plus basique des multiplications sans l’aide d’une calculette? Tous des abrutis sans cervelle, aussi incultes que cruels. Elle avait certes été tentée de demander à son père de l’inscrire cette année dans une école privée, mais s’en était abstenue à la dernière minute : les Ravencroft, bien qu’à l’aise financièrement, n’en avaient malheureusement pas les moyens, puis elle ne voulait pas être séparée de ses sœurs ou encore des deux ou trois amis qu’elle était parvenue à se faire. Bien. Avant de commencer la classe, je vous demanderais de vous présenter à tour de rôle, s’il vous plaît. Nommez-vous, puis dites-nous une chose sur vous, demanda alors la maîtresse. Meryl, à cet instant, détacha son regard de la fenêtre, une lueur de panique dans le regard. Se présenter? Qu’allait-elle bien pouvoir dire sur elle? Pourtant, tous ses camarades prenaient la parole, chacun ayant, semblait-il, quelque anecdote palpitante à raconter sur son jeu vidéo préféré ou sur ses vacances dans tel ou tel pays étranger, tandis qu’elle se creusait la cervelle pour remplacer Bonjour, moi c’est Meryl; mes parents ont divorcé peu de temps après ma naissance et, depuis, mon père nous élève seul, mes sœurs et moi par autre chose – n’importe quoi. Jeune fille? Quelques rires étouffés dans son dos. C’était déjà au tour de Meryl. Prenant une grande respiration, elle déclina son prénom ainsi que son nom, puis hésita quelques secondes avant de déclarer d’une voix frêle : J’aimerais aller en Égypte. Oh, et pourquoi? Le sourire avenant de l’adulte acheva de convaincre Meryl que la question était sincère, qu’elle ne contenait aucune malice; son enseignante ne pouvait pas savoir… Parce que je suis amoureuse de ce pays. Faites pas attention à elle, m’dame, elle est pas normale! lança un rouquin au fond de la classe. À cette boutade s’enchaînèrent une trentaine de gloussements amusés. Meryl soupira et reporta son attention sur la fenêtre tandis que l’élève derrière elle se présentait à son tour.
Pas normale? Oh, et beaucoup plus qu’ils le croyaient tous. Pas normale, à douze ans, d’écouter Janis Joplin plutôt que Lady Gaga, de regarder des Kubrick plutôt que des Burton. Pas normale de craindre les nouvelles technologies. Pas normale de développer ses photos dans une chambre noire plutôt que de les transférer sur son ordinateur. Pas normale, des années plus tard, de fuir Twittram, Facestram et Instagram comme la peste et d’acheter des vinyles plutôt que de s’inscrire sur Spotify. Pas normale de ne pas appartenir au XXIe siècle, tout simplement. Et, aussi, pas normale d’avoir déprimé tout l’été dans l’attente d’une lettre manuscrite ou même d’une carte postale qui n’était jamais venue. Pas normale de lire le dictionnaire avant d’aller au lit afin d’apprendre de nouveaux mots – des mots intelligents et compliqués d’adulte – dans le fol espoir de l’impressionner la prochaine fois qu’il reviendrait à la maison – s’il revenait à la maison; elle craignait l’avoir effrayé avec ses grands yeux plein d’admiration, l’autre fois.
Pas normale d’être tombée amoureuse trop tôt, trop vite. Et, surtout, de lui.
III / MOTHER, YOU HAD ME BUT I NEVER HAD YOU.
Chère Maman,
Tu ne recevras probablement jamais cette lettre, non pas parce que je ne connais pas ta nouvelle adresse (Google fait des merveilles, à ce propos), mais parce que je pense ne jamais avoir le courage de te l’envoyer. Je pense néanmoins avoir besoin de l’écrire, quitte à ce qu’elle ne soit jamais lue.
Ça va bientôt faire dix-neuf ans que tu es partie. Que tu nous as abandonnés. Papa, qui t’aimait tant. Maggie, si mature et responsable. Merry, si attentionnée et protectrice. Molly, si têtue et explosive. Muriel, si rebelle et attachante. Et moi, Meryl, si bizarre et décalée – le (petit) mouton noir de la famille. Je me demande de qui je tiens cette touffe de cheveux foncés ainsi que cette taille de lilliputienne fort embarrassante; peut-être suis-je la seule à tenir de mes grands-parents maternels, mais je suppose que je ne le saurai jamais. En revanche, je crois savoir de qui je tiens mon insatiable besoin de liberté : de toi.
Suite à ton divorce avec Papa, tu t’es empressée de couper les ponts avec nous, et si une partie de moi t’en veut encore, je ne peux m’empêcher de te comprendre, Maman. Oui, je comprends que tu aies voulu aller voir ailleurs, aussi heureuse as-tu pu te sentir avec ton mari et tes cinq filles. C’est parfaitement humain. Tu n’es pas lâche ou égoïste; tu as simplement écouté tes besoins et tes envies plutôt que les diktats de la société moderne, et c’est assez extraordinaire et admirable en soi. Néanmoins, j’aurais souhaité apprendre à te connaître, si tu savais. Je t’imagine avec les qualités et les défauts de tes filles, un cocktail hétéroclite que seuls Papa et mes aînées ont pu savourer. Tu es partie sans demander ton reste, et je me demande si tu as déjà regretté ce choix.
Si on se ressemble un tant soit peu, je présume que ce n’est pas le cas. Car, vois-tu, je ne cultive pas de remords quant à ma façon de vivre mes amours épicènes à géométrie variable comme j’aime à les surnommer. Depuis que l’Amour – avec un grand A – s’est abattu sur moi en cette fatale année de 2009, je ne vois plus les relations amoureuses de la même manière. Je n’ose tout te dire de peur que des yeux indiscrets ne tombent sur cette lettre, mais sache qu’on m’a brisé le cœur et que je ne m’en suis jamais vraiment remise. Je n’ai plus voulu revivre ce que j’ai vécu, raison pour laquelle j’ai décidé que mes affections ne seraient plus sélectives, choix non seulement publiquement controversé en cette partie du monde, mais également naturel pour moi. Je crains que tu ne puisses me comprendre avec si peu d’informations, mais j’ose espérer que, si telle missive arrivait à ton adresse, tu ne me rirais pas au nez. Une mère peut, à défaut d’avoir été présente pour son enfant, respecter sa décision de vivre sa vie comme elle l’entend.
Sache que tu me manques, malgré tout, et qu’une partie de moi sera toujours incomplète sans toi.
Merci de m’avoir lue.
Ta fille,
Meryl Ravencroft iii. when eyes are all painted sinatra blue- pseudo/prénom: ange/lonely monster. - âge et pays: j’ai vingt-cinq ans et je vis au québec, canada. - type de personnage: ma meryl est une p’tite inventée. - votre avis sur le forum: la sobriété du design m’a tout de suite séduite, de même que le côté pas prise de tête. - où avez-vous connu le forum: bazzart. - autre: j’ai hâte d’être des vôtres
Dernière édition par Meryl Ravencroft le Lun 11 Juin 2018 - 17:12, édité 8 fois |
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