cause i can't keep up

with your turning tables under your
thumb i can't breathe.

Elle frissonne dans l'ascenseur, jette un regard noir à son attelle. Elle déteste devoir porter des jupes en hiver parce que ses pantalons ne passent pas. Elle resserre son écharpe autour de son cou, les jambes aussi serrées que possible. Elle se fraie un passage hors de l'ascenseur avec ses béquilles et frappe chez Andrew. Elle ne sait pas bien ce qu'elle fait là ce soir. Elle n'avait pas vraiment envie de sortir. C'était plus le genre de soirée enveloppée sous une couette qu'à siroter un verre de vie à parler de son ex qui fait l'erreur de sa vie. Elle en a marre de l'écouter parler de Rhys, Rhys, Rhys. Comme s'il ne comprenait pas qu'à chaque fois que son nom passe ses lèvres ça la fait frémir. Elle a rarement détesté quelqu'un comme elle le déteste lui. A part peut-être Leonie. Close call. Elle lève la main pour frapper de nouveau et manque le nez d'Andrew de peu. Elle ouvre à peine la bouche pour dire bonjour qu'il passe entre elle et le chambranle. - Rentre, rentre, j'ai oublié le vin, je vais juste aller le chercher vite fait. Il lance alors qu'il la pousse doucement dans son appartement. - Mais je viens d'arriver. Elle lance à la porte qui se referme. Elle fronce les sourcils Nic, avec l'impression d'avoir loupé un chapitre. - Ook. Il suffit qu'elle se retourne pour que tout s'éclaire. - Vraiment? Vraiment? Elle se tourne pour questionner la porte, comme s'il était stationné derrière et qu'il pouvait subir la rage qui lui est destiné. Et elle l'observe la porte, Elle pourrait partir. Ce serait simple, rapide. Aussi vite qu'elle est arrivée. Après la dernière fois, la perspective d'être seule avec Cissy ne l'emplit pas d'une joie profonde. Bien au contraire, son estomac déjà plombé rien qu'à la savoir dans la même pièce. Seule la perspective de regagner le froid ambiant l’empêche de faire demi tour. En un soupir, elle rejoint la chambre, se bat avec la couette pour l'arracher du lit, sans la moindre considération pour les affaires d'Andrew. Traitre. Elle se débarrasse de son manteau et de son sac dans un coin. Elle jette la couette sur le canapé, attrape un paquet de chips dans la cuisine et se laisse enfin tomber sur le canapé. Elle enlève une chaussure, remonte une jambe pour glisser son pied sous ses fesses et s'enterre sous la couverture. Le paquet de chips ouvert, elle en mordille une avant de se tourner vers Cissy. Elle espérait que le sentiment, ce sentiment qui la frappe à chaque fois qu'elle croise son regard se serait estompée. Ce n'est pas le cas. - Je propose qu'on achète le plus de films possibles et qu'on termine le plus de trucs possibles dans sa cuisine. Elle peut le faire, pas vrai? Rester forte. Neutre. Effacée. Elle peut le faire. Elles étaient amies, elles sont amies. Hm, hm.

C'est quand la brune la rejoint sous la couette que Nic se dit qu'elle est stupide. Elle aurait du partir, à la première occasion. Elle aurait du insulter Andrew dans toutes les langues, lui promettre moults rétributions et rentrer chez elle - chez Cam. Elle aurait du partir. Sans se retourner et ne pas y penser une seconde de plus. La vérité c'est qu'elle a su que c'était une mauvaise idée la seconde où elle a vu Cissy. C'est aussi le moment où elle a su qu'elle ne pouvait pas partir. Condamner à sombrer dans l'immensité de ses yeux. Elle n'a jamais rien pu lui refuser, à Narcissa. Sa fierté à demi ravalée en est la preuve. elle a beau dire que tout va bien. Elle a beau faire semblant, sourire jusqu'à n'en plus pouvoir, c'est difficile. Elle a l'habitude de travailler encore et encore, jusqu'à ce que chaque muscle de son corps demande grâce. Elle enchaine les heures d'entrainement, des heures de muscu, une volonté de fer dans un gant de velours. Mais ça elle ne sait pas vraiment faire Nic. Faire travailler son cœur, elle ne sait pas vraiment faire. alors elle en dit pas grand chose, elle s'installe et regrette. Son corps s'échauffe, brûlante lorsque leurs corps se rapprochent mais elle ne fait aucun commentaire. Elle ne tourne pas la tête, soldat en mission. Résister, prétendre, oublier. Ça ne fonctionne pas très bien mais elle le répète encore et encore, mantra qu'elle veut réalité. - Merci. Elle attrape le pot de glace par réflexe, dépose les chips entre elles pour ouvrir le pot, pour se donner quelque chose à faire. Un sourire étire ses lèvres, au moins elles ont le mot d'ordre de la soirée, vengeance. Si elles ne sont plus sur la même longueur d'onde, elles arrivent à trouver quelques points sur lesquels se rallier, naufragées refusant de jeter l'éponge. - Chinois? Elle demande, parce qu'elle mangerait bien des nems. - J'avais envie d'en tester plusieurs tu sais, pour pouvoir donner à Andrew le meilleur restaurant. La vengeance elle connait Nic, terrain connu sur lequel elle excelle. Elle joue à domicile et pas de toute sur le fait qu'elle a une équipière tout aussi performante ce soir. Parfait. Nic referme finalement le pot de glace, l'absence de cuillère rendant les choses plus compliquées. Elle refuse de demander à Cissy d'aller en chercher une et n'a pas la foi de se lever, elle pose simplement le pot sur la table, pique deux trois chips en compensation. Elle fronce le nez à l'idée d'une comédie romantique. Absolument pas. Impossible, elle refuse. L'horreur reste dans le même genre, un rapprochement bien trop conséquent, surtout que pour ça, Nic est une vraie trouillarde. - Action? Elle choisit, bien que sa décision ait des allures de question. Après tout c'est le choix le plus sage. - Je te laisse le choix du film en question, je ne suis pas franchement au point niveau sortie. Elle rétorque doucement. Elle ne veut pas avoir l'air de contester la fausse ambiance amicale qui règne entre elles mais Nic n'y connait pas vraiment grand chose en cinéma. Le temps libre qu'elle a se passe rarement devant un écran. - Je te fais confiance. Elle glisse, en compensation avant de se figer. Elle s'est tournée vers elle, comme muée par une entité imaginaire, les implications de sa phrase qui murissent dans l'air. - Pour le film. Elle se rattrape faiblement, trop rapidement. Des joues rosées qu'elle réfugie derrière une barrière de cheveux, Nic se demande, encore une fois si elle ne devrait tout simplement pas appeler Cam pour venir la chercher. - Cam va surement demander Leonie en mariage. Ça sort de nulle part, si ce n'est ses pensées. Elle hausse les épaules, comme pour s'excuser mais continue simplement ses explications. - Si je ne la tue pas avant. La cohabitation n'est pas exactement facile. Je pense que je vais commencer à chercher un appart. Tu connais des endroits? Ses lèvres continuent de bouger, muent par leur propre volonté, son cerveau trop lent pour les stopper. Trop tard, maintenant, toujours trop tard.

Elle n'est pas toujours très douée pour les relations humaines Nic mais elle sait pourquoi. elle comprend ses propres faiblesses, les connait mieux que personne. Mais trouver le problème ne veut pas dire avoir la solution. Et vraiment, ça n'a jamais été problématique. Il y avait le patinage. Le patinage c'était sa vie, toute sa vie. Elle pouvait se concentrer sur ça, oublier le reste, compartimentaliser. Elle est très douée pour ça Nic. Elle sait que ce n'est pas sain, loin de là. Elle ne règle pas ses problèmes, jamais, elle les pousse, loin, aussi loin qu'elle le peut et arrive presque à les oublier. Elle a enfouit la mort de sa mère, sa rupture avec Cissy, ses sentiments pour Cam. Le but était d'être efficace sur la glace, pas dans la vie. Elle fonctionne correctement, elle parle, elle danse, elle ressent, mais elle ne résout rien, jamais. Et sans la glace, tout ce qu'il lui reste c'est tout un tas de problèmes, problèmes qu'elle traine depuis dix ans. Mais elle n'y arrive pas Nic, à la regarder comme un problème, ou à trouver une solution. Parce que c'est juste Cissy, juste l'amour de sa vie. Son coeur manque un battement lorsqu'elle reçoit un de ses messages, un sourire se glisse sur ses lèvres lorsqu'elle entend sa voix. Entendait, vraiment, sourire maintenant éteint, cœur qui manque, tout simplement. Et elle ne peut enterrer le problème Nic, elle n'y arrive plus. Maintenant que la glace est partie, elle a perdu la recette, les problèmes flottent autour comme autant de bactéries dont elle n'arrive pas à s'extirper. - C'est juste qu'elle est différente. Différente de ce qu'il pense. Elle se souvient de répondre, un peu plus fort pour que sa voix flotte jusqu'à Cissy. Nic ferme les yeux, le film à l'abandon, la tête sur le canapé. Elle ne veut pas vraiment discuter de ça avec la brune, elle en sait même pas pourquoi elle a emmené le sujet. Elle ne peut pas vraiment dire je ne l'aime pas, taper du pied pour toute explication. Elle voudrait pourtant, vérité pure. Ça et le fait de la voir avec Cam lui fait toujours quelque chose. Une palpitation au niveau du cœur, un gout d'amertume au fond de la gorge. Mais ça non plus, elle ne peut pas le dire. alors elle ne dit pas grand chose, elle appuie une main sur ses yeux, peut-être que si elle appuie assez fort elle va se réveiller, quitter ce cauchemar, partir loin d'ici, loin d'elle, loin de ce maelstrom de sentiments qu'elle ne sait pas gérer. Elle ouvre les yeux en la sentant de nouveau la pièce, attrape la cuillère après un vague remerciement. - Ce n'est pas qu'elle. Elle secoue légèrement la tête, les mots refusant de lui venir, les explications qui l'éludent. -C'est juste... Compliqué. Elle termine finalement, lamentablement. Sans aucun autre argument que son incapacité à accepter Cam avec quelqu'un d'autre. Elle voudrait se tourner vers Cissy, lui dire qu'elle est désolée, pour ça, pour Cam, pour eux mais elle n'y arrive pas. Après tout elle va se marier, non? De l'histoire ancienne, pour elle, rien qu'un vieille histoire poussiéreuse, un conflit désormais inutile. Alors elle reste silencieuse, ses yeux ancrés à la télévision pour ne pas qu'elle voit les excuses qui voilent son regard. Son corps relâche une tension qu'elle n'avait pas conscience de subir et Nic est reconnaissante que son regard soit loin de la belle lorsqu'elle réalise pourquoi. Proximité retrouvée avec Cissy, et la découverte que son corps est toujours en harmonie avec le sien. Ça la terrifie, à Nic, ça lui donne envie de s'enfuir en courant, de ne jamais revenir. Pas alors qu'elle ne peut plus, pas alors qu'elle ne peut se glisser de l'autre côté du canapé et de se perdre contre son corps. - Merci. Elle répond machinalement, essayant de réguler la panique qui menace de la submerger. Elle ouvre délicatement le poing enfermant sa cuillère pour y retrouver des demis lunes incrustées sur sa peau. Respire, elle s'exhorte, a bout de souffle, a bout de nerfs. Ses yeux se perdent sur l'écran, des doigts s'égarent le long d'une jambe. Ils effleurent du bout des doigts une cheville, glissent le long d'un mollet. Son cœur au bord des lèvres, tout ce qu'elle entend c'est son battement qui lui envahit les tympans. Une main s'étale sur son abdomen et un corps se glisse le long de l'autre, des lèvres goutent cette peau d'albatre, délicate, délicieuse. Un gémissement plus tard, des mains se glissent dans une chevelure brune, une langue se traçant un passage vers une poitrine fe -Hm? Elle sursaute Nic, les joues rosies, le corps en feu, le coeur qui essaie de s'envoler. - Le film, oui, oui, oui. Elle toussote légèrement, ses yeux faisant l'aller retour entre l'écran et Cissy. Elle rêve éveillée, de Cissy, de sa peau sous ses lèvres, de sa chaleur contre la sienne et. - Fuck. Elle n'y arrive pas, elle n'y arrive plus. Elle cligne des yeux et se retrouve à moitié sur elle, son genou valide entre les siens, le mort oublié sous une poussée d'adrénaline qu'elle ne peut gérer. Elle ne demande pas Nic, ses mains encadrent son visage et ses lèvres s'écrasent sur les siennes. Elle prend, elle conquiert, le sang qui boue, le feu qui rugit. Elle glisse une de ses mains sous le haut de la brune, ses empreintes caressant la bordure de son soutien gorge. C'est ce gémissement qui quitte ses lèvres qui la réveille, qui la secoue alors qu'elle recule aussi rapidement qu'elle s'est jetée sur Narcissa. - Fuck fuck fuck. Elle murmure, encore et encore alors qu'elle essaie de se rapatrier de l'autre côté du canapé, glace, chips, cuillères et couverture comme obstacle. Elle se réfugie contre l'accoudoir, animal peu certain de sa survie, en alerte maximale. - Je suis désolée Cissy. Je suis désolée. Elle souffle entre deux respirations, les yeux fixés sur cette poitrine qu'elle caressait quelques secondes à peine. Elle ne comprend même pas comment elle en est arrivée là Nic, comment son corps a pu s'échauffer, comment son esprit s'est déconnecté. Et le pire, c'est qu'elle veut recommencer, continuer. Jamais s'arrêter. - Je ne sais pas. Elle commence mais s'arrête, parce qu'elle sait, bien sur qu'elle sait. - C'était. Déplacé. Malvenu. Indécent. Et si, si enivrant. Sa langue frôle ses lèvres pour y trouver le gout des siennes, alimente d'autant plus le feu qui couve en elle. - Surtout après la dernière fois. Elle ne fait pas grand sens Nic, cerveau aux abonnés absents. - J'ai juste. Elle commence pour laisser filer encore une fois. Une main contre sa poitrine comme pour arrêter son coeur, elle arrache enfin ses prunelles de Cissy et les ferme. - Désolée.

Ses yeux se braque sur Cissy le moment où elle les ouvre. La question de la brune en suspend. Nic la regarde sans rien dire, sans la moindre idée de comment répondre. Le corps de Cissy l'a court-circuité, elle n'arrive plus à penser à autre chose. Obnubilée par la douceur de sa peau, la perfection que son corps contre le sien. Ça fait si longtemps, si longtemps qu'elle pensait que son corps n'en était plus capable. De s'échauffer, de s'emballer, mais elle est là, le sang en ébullition et les reins en feu. Elle est là et elle n'arrive pas à en partir. Aussi loin soit-elle, elle n'en ressent la distance que plus intensivement. Elle observe Cissy s'avancer, détecte le moindre mouvement, leurs corps en synchronisation. Elle cligne des yeux, les pose brièvement sur ce doigt, les remonte délicatement vers son visage. Elle devrait dire quelque chose, elle sait qu'elle devrait mais elle se connait trop bien pour savoir que rien de bon ne peut sortir de ses lèvres maintenant. Rien de sensé, rien de logique et surtout rien de raisonnable. Elle n'est pas vraiment sure de comprendre, pas certaine de le vouloir. Bien plus concentrée sur ce corps qui s'est infiltré entre ses jambes, sous sa peau. Elle hoche la tête, elle croit. Une lèvre attaquée par ses dents, ses poings serrés pour ne pas les glisser dans une chevelure ombrée. Elle sursaute, figée, le corps de Cissy sur le siens, ses cuisses enserrant les siennes. Ses lèvres contre les siennes et Nic elle lâche les armes. Elle est tellement épuisée de nager à contre courant. Elle et Cissy c'est l'évidence, c'est deux forces qui s'attirent trop pour se résister. C'est deux aimants dans la bonne position. Et ses lèvres contre les siennes elle ne réfléchit plus Nic. Elle ferme tout. Elle laisse les sensations prendre le relais. Elle lève les bras pour se débarrasser de son tee shirt et cambre les reins pour inviter la brune à l'explorer plus attentivement. Ses yeux se ferment un moment, incapable de supporter la délicatesse des lèvres de Cissy, l'affreuse anticipation qui tend ses muscles, réchauffe son corps. Elle secoue la tête, réponse silencieuse, elle ne partira pas, pas maintenant, même si elle le voulait, elle ne pourrait pas s'extirper des délicieuses tortures dont elle est l'heureuse victime. Ça fait bien trop longtemps, et c'est beaucoup, trop, bon pour qu'elle la stoppe, pour qu'elle fasse autre chose que l'encourager. Elle écarte un peu plus les jambes, l'euphorie grisant ses traits, la douceur presque trop insupportable. Elle veut sentir le corps nu de Cissy sous le sien, elle veut la voir se noyer de plaisir, la sentir exploser, glorieusement. Elle écarte les cuisses, toujours un peu plus, la tête contre l'accoudoir, le cou tendu, invitation gracile mais ce sont d'autres courbes qui retiennent l'attention de Cissy. Une langue s'insinue et Nic inspire, de surprise, de plaisir et (...)

(...) elle expire. Elle fait face à Cissy, observe les rougeurs s'estomper, des paupières s'abaisser. Elle tend la main pour repousser quelques cheveux du front de la belle, la laisse là, ses doigts glissant entre ses mèches, son pouce déposant une caresse sur sa pommette à chaque passage. Son cœur se calme, sa respiration s'apaise mais elle ne veut pas fermer les yeux Nic. Elle veut rester là, sur le sol inconfortable du salon, elle veut profiter de cette sensation de sécurité qui s'effacera bien trop vite. Elle écarte la douleur de son genou qui refait doucement surface, elle oublie le monde autour d'elle pour quelques minutes supplémentaires. Elle s'accorde ce moment de calme, de clarté. Elle voudrait lui dire à Cissy, lui dire qu'elle l'aime comme une dingue, qu'elle n'a jamais cessé. Elle veut lui dire qu'elle est encore plus belle que le premier jour, qu'elle a du mal à la regarder dans les yeux, parce qu'elle sait qu'elle pourrait s'y perdre, tout perdre. Elle veut lui dire qu'elle est la première personne à qui elle pense avant de s'endormir et la première en se réveillant. Elle veut lui parler de ce futur qu'elle avait imaginé, de cette maison aux murs rouges, de ce jardin dont elles ne sauraient comment s'occuper, des photos d'elles aux murs et des petits déjeuners au lit du dimanche matin. Elle veut lui expliquer à quel point ça l'a démoli de la savoir fiancée, et combien ça lui a couté de en pas débarquer chez elle et de faire un scandale. Elle veut tout lui dire, tout lui montrer, les moindres recoins de son coeur noirci, de son âme meurtrie. Elle veut lui dire qu'elle a jamais cessé de l'aimer. Même quand elle était loin. Même quand elle savait qu'elle aimait Cam aussi. Même lorsqu'elle l'imaginait au lit avec Rhys. Elle veut tout dire, tout sortir, tout ressentir. Mais surtout elle la veut elle. Narcissa Berry. Son coeur, son corps, son âme. Ses thés matinaux et ses soirées télés. Ses sourires et ses larmes, ses chagrins et ses joies. Et elle ne dit rien Nic. Dos au sol, les yeux au plafond, elle glisse sa main dans celle de la brune, entrelace leurs doigts et respire. Elle respire ce moment qui s'efface déjà, cette plénitude qui s'échappe salement. Elle laisse une goutte salée lui rouler dans le cou et ferme les yeux pour éviter tout débordement. Elle l'aime tellement que ça la déchire, de bonheur, de douceur, de solitude. Ce mariage ça va la tuer Nic. Elle le sait, elle peut le prédire. Elle ne supportera pas. Elle ne pourra pas faire semblant, elle ne pourra pas rester l'amie, l'ex, la maitresse. - S'il te plait ne l'épouse pas. Elle murmure, en tournant la tête, ses yeux embués dans les siens, jamais aussi sincère, jamais aussi vulnérable. S'il te plait, elle supplie, s'il te plait. Elle pourra pas, elle voudra pas.

Le doute la ronge, et le soulagement n'en est que plus intense. Ses paupières se ferment et elle relâche un souffle qu'elle n'avait pas réalisé retenir. Son cœur se gonfle, ses épaules se détendent et le poids qui écrasait sa poitrine disparait. La laissant avec une poussée intense de bonheur. Rien n'est vraiment sauvé, elles sont les mêmes, elles reviennent avec des problèmes identiques et des personnalités qui s'interposent. Mais savoir, savoir qu'elle ne va pas la perdre, qu'elle ne va pas se marier, à ce moment là c'est tout. Tout ce qu'elle pouvait espérer, tout ce qu'elle désirait. Un sourire comme réponse, elle ouvre les yeux et vrille ses prunelles dans celles de Cissy. - Il a un front disproportionné Elle commente, sans autre raison qu'une vendetta infantile qui lui ronge la santé depuis quelques semaines. Et savoir qu'il va se retrouver seul, avec son front ridicule suffit à contenter ses envies de meurtres. - J'imagine que c'est là où je suis supposée dire que je suis désolée. Pour l'avoir croisé, pour ne pas avoir coupé les ponts, pour avoir infecter son cœur, ses pensées, sa peau. Mais au fond, ce n'est que justice, un renvoi d'ascenseur, un équilibre des forces. Nic se tourne lentement pour faire face à la brune et essaie de faire disparaitre le sourire qui refuse de quitter ses lèvres. Ça fait un moment qu'elle ne s'est pas sentie aussi légère Nic. Heureuse. Ça lui fout la trouille de savoir qu'elle a stoppé un mariage, une union a venir. Juste en existant, juste en étant là. C'est une pression supplémentaire qui plane au dessus de leurs têtes. C'est un j'ai quitté Rhys pour toi qui la transpercera à la moindre dispute. Mais c'est un risque qu'elle veut prendre. C'est une mission qu'elle accepte, tête baissée, cœur ouvert. Alors elle hoche la tête lorsqu'on lui demande si elle est d'accord. Elle l'est. Pour elles. Pour un saut dans l'inconnu. Pour une chance de bonheur. Et si elle ne lui dit pas, Nic la sent dire je t'aime d'une caresse de la main, d'un baiser sur son front, d'un doigt qui efface ses larmes séchées. De ses prunelles qui la touche là, tout au fond, de son cœur qui bat fort, trop fort pour elle. C'est juste là, au bout de ses lèvres, de ses doigts, de son yeux. Et Nic ça la transporte. Dans un autre monde, leur monde. Leur bulle, leurs instants volés, leurs regards à peine voilés. Leurs doigts qui se cherchent et leurs âmes qui s'attrapent. Ce monde où tout allait bien tant qu'elles étaient ensemble. Les cris, les disputes, les mails désastreux et les sorties dramatiques incluses. C'est ça aussi, Nic et Cissy, deux corps qui brulent trop fort l'un pour l'autre. Elles s'attirent, se repoussent pour mieux se retrouver. Toujours, et encore. Elle ne sait pas de quelles conneries elle parle mais elle peut deviner. Facilement, les mêmes problèmes les attendent, avec pour seul changement une maturité nouvelle, et ce savoir de ce qu'est la vie sans elles. Nic lit la détresse dans les yeux de Cissy, cet espoir qui devait briller dans les siens un peu plus tôt.

D'un mouvement qui aurait pu être un peu plus gracieux, elle se positionne au dessus de la brune, un coude la retenant de l'écraser, une main enfouie dans sa chevelure. - Je veux la même chose. Elle répond sans attendre, parfaitement consciente de l'attente qui doit l'angoisser. Ses prunelles glissent vers ses lèvres, qu'elle capture d'un baiser langoureux. Sa langue retrace la lèvre supérieure de Cissy, s'achetant quelques secondes avant de plonger. Grandir, elle doit grandir si elle veut leur donner une chance. et ça veut aussi dire s'ouvrir, être honnête. - Je ne veux pas arrêter le patinage Cissy. Je ne sais pas si je vais pouvoir. Revenir. Elle murmure, le cœur étreint de tout avouer à voix haute, pour la première fois. - Mais je veux pas arrêter. J'arrive pas a me projeter, sans la glace, sans la compétition, je ne sais pas quoi faire de moi. C'est toutes ses peurs qu'elle étale entre elles, qu'elle avoue, la confiance aveugle qu'elle projette en Narcissa. - Ça veut dire des mois de rééducation, et des mois d’entrainement pour revenir au même niveau. Elle inspire, cache son visage dans le cou de Cissy et inspire, dépose un baiser à la jonction de sa mâchoire. - Ça veut dire que ça peut pas faire comme la dernière fois. Ce sera assez difficile sans que je ... Sans qu'on... Ça peut pas être pareil. Elle sait déjà que le coach verra Narcissa comme une distraction des plus malvenues mais il a tord. C'est une motivation. Son visage, de lire la fierté dans ses yeux, de l'avoir dans ses bras chaque nuit. C'est sa force. Tout autant que sa faiblesse. C'est pour ça qu'elle ne peut pas sauter sans garanties. - Ok? Elle demande, se déplaçant pour capter son regard? - Je veux que ça marche Cissy. Elle dépose un baiser au creux de son cou. - Tu peux me reconstruire. Sa langue sillonne sa peau, tourmente sa poitrine, mordille, apaise, embrasse, continue sa descente. - Mais tu peux me briser. Elle avoue entre deux baisers, alors que ses lèvres goutent sa peau, que ses empreintes caressent la fine peau de ses cuisses, entre lesquelles elle se niche. - Fais moi confiance d'accord? Elle demande, presque rhétoriquement alors qu'elle n'attend aucune réponse intelligible. Pas alors que les seuls sons qu'elle requiert sont ceux de plaisirs. Pas alors que ses mains caressent, explorent, exigent, et que sa langue joue, extrait, satisfait. Et Nic non plus, elle ne lui dit pas qu'elle l'aime. Elle lui montre dans la façon dont elle explore chaque recoin de son corps. Dans ses lèvres qui dépose un baiser sur son aine alors que son corps tremble encore d'un plaisir trouvé. Dans cette main qui attrape doucement sa joue une fois remontée. Dans ses yeux qui cherchent les siens, qui s'assure que tout va bien, qu'elles sont biens. Dans ce sourire, satisfait, paisible, libre.