not over you (cissy/nic)

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river of tears
Les verres cognent les uns contre les autres. Les sourires illuminent les lèvres de la plupart des convives présents. Énième soirée en l'occasion de l'entreprise familiale. Vulgaire exposition sur ces maudits avions. Cissy, elle est venue. Pour la forme. Pas par envie. Là, plantée au milieu de la grande salle de réception. Une robe moulante mettant en avant ses courbes. Talons aiguilles qui claquent au sol dès qu'elle bouge d'un centimètre. Rhys n'est pas là. Une réunion tardive qui semble ne pas en finir. Tant mieux qu'elle pense, dépitée par la situation. Pour éviter son père, pour éviter le monde entier, elle file en toute discrétion vers le bar. L'alcool ne résout pas tout mais ce soir, il sera son meilleur allié. La brune s'apprête à passer commande avant d'entendre une voix bien trop familière. Nic. Elle est là. Plantée à ses côtés. Son regard brillant croise le sien. Son palpitant dégomme le creux de sa cage thoracique tant il bat vite. Elle ne sait pas quoi dire. Alors le silence reste roi. Silence brisé par les propos de la patineuse. Cynisme et moquerie dans la voix quand elle évoque les dites fiançailles. La mélancolie s'empare de Cissy. Oui, elle n'a rien dit. Oui, elle n'a pas osé lui annoncer son futur mariage. Elle ne l'a pas fait parce que cela serait revenue à rendre la situation réelle. Trop réelle. Peut-être qu'au fond, Narcissa espérait encore pouvoir revenir en arrière. Pouvoir retrouver la seule personne qu'elle aime réellement. Elle l'écoute et ne peut réprimer un rire cinglant. Elle hausse les épaules d'un air nonchalant. Un air qui sait si bien la caractériser par moment. « Qu'est ce qui te rends si amère toi ? » demande-t-elle en esquissant un léger sourire. Un sourire qui n'en est pas un. Une guerre stupide. Celle qui rendra le plus de coup à l'autre pour gagner. Mais gagner quoi ? Gagner cette sensation de tristesse. Cette sensation d'être si proche d'elle et pourtant si loin. « Mes fiançailles ? Ta blessure ? De ne plus pouvoir te tortiller sur la glace dans les bras de ton putain de partenaire ? » lle se montre égoïste, possessive et blessante. Elle cherche à appuyer là où ça fait mal. Et surtout, elle ne peut s'empêcher de montrer cette jalousie qui n'a jamais cessé d'exister. Celle ressentie envers le partenaire de Nic. Si la patineuse a toujours clamé qu'il ne se passait rien entre eux ; Cissy n'y a jamais cru à cent pour cent. Lasse du spectacle pathétique qui débute sous ses yeux, elle se rapproche de la demoiselle. À un tel point que leurs souffles se croisent. Que la seule envie qui persiste est celle d'attraper sa nuque et de dévorer ses lèvres. De s'abandonner à un baiser et de renaître sous la chaleur de sa peau. « Pourquoi t'es venue ici ? » finit-elle par demander en lâchant un soupire. Elle a besoin de comprendre. Elle veut savoir si Nic est là pour la forme ou parce son cœur lui a ordonné de se pointer. « Tu as toujours détesté ces soirées. Tu as toujours détesté cet étalage de richesse. » Cette fameuse différence de milieu qui pourtant n'a jamais empêché les deux femmes de s'aimer. De s'aimer au travers des épreuves.

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Son attention se résume à leur petit bout de carrelage près du bar. Qu'elles monopolisent, sans la moindre chance d'excuse. Il n'y a pas grand chose qui peut se tenir entre elles. Pas maintenant, pas alors qu'elles sont là, réelles pour la première fois depuis longtemps. Trop longtemps, elle pense, alors que le parfum de la belle lui caresse les narines. Elle ne veut pas admettre, refuse d'avouer qu'elle lui a manqué, chaque jour durant. Elle ne veut pas lui dire, à Cissy qu'il n'y a jamais eut personne d'autre, juste elle et ses grands yeux sombres, son sourire angélique et ses courbes ravageuses. Et rien de tout ça ne sort et elle se retient de grimacer lorsqu'elle l'entend rire. Jaune. Nic estime que la question est rhétorique et laisse filer, attend la suite qui ne tarde pas. Et la grimace est réelle cette fois, le pli amer de ses yeux, la courbure négative de ses lèvres. Cissy dans toute sa splendeur, qui rend coup pour coup, qui attaque la jugulaire sans passer par la case départ. Et Ni elle avoue, elle avoue que ça lui a manqué. Et réalise à quel point c'est tordu. - C'est pour mieux pouvoir se tortiller dans un lit. Elle réplique, sans manquer une seconde, le tout agrémenté d'un clin d’œil. Coup pour coup, c'est son jeu favoris. Et Narcissa n'est pas la seule a savoir où tirer. Peu importe que Cam ne partage pas son lit, ou ne l'ait jamais fait. Les apparences ont toujours été contre elle et pour une fois, elles jouent en sa faveur. Son souffle se perd lorsque la brune s'approche, près, trop près. Beaucoup, beaucoup trop près et ses lèvres se font sèches, son souffle court. Ses doigts vibrent du besoin de se glisser le long de ses hanches, ses lèvres de s'avancer pour goûter les siennes. Et Nic se fait violence pour rester immobile. Pour résister. Fiancée, elle est fiancée elle essaie de se rappeler. La traitresse en embuscade. - Je ne vois pas l'utilité de cette question. Elle confesse, en un léger souffle, ses lèvres s'approchent de son oreille et leurs joues s'effleurent. Elle inspire, un nez fantôme contre un cou gracile. - Pour toi Narcissa. Toujours. Sa réponse glissée si bas ricoche et elle observe une chair de poule s'étendre sur un peau laiteuse. Elle aspire à la couvrir de baisers mais se retient de peu, une force féroce en action. - Mais tu m'as laissé devant l'autel. Celui de leur amour, de leur vie. Elle a abandonné Cissy, elle a renoncé. Trahison ultime. - Félicitations mademoiselle Berry, pour ces fiançailles. Ça sort de nulle part, juste un peu plus fort pour être capté par une audience, juste assez détaché pour paraitre honnête. Elle remercie le barman d'un vague geste de la tête et laisse son verre, et Cissy plantés là pendant qu'elle trouve une chaise pour y glisser son corps tremblant. Son genou lui fait un mal de chien. Son cœur lui fait un mal de chien. Et Nic regrette d'être venue. Presque. Pas vraiment mais ça fait mal. Bien plus mal que ce qu'elle pensait.

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La remarque acide de Nic fend le cœur de Cissy. Elle encaisse les coups. Guerre éternelle entre les deux femmes. Guerre qui n'en finit pas. Se blesser à chaque fois en oubliant à quel point elles ont pu s'aimer. La simple idée d'imaginer la patineuse dans les draps de son partenaire assombrit le regard de la brune. Elle fulmine – serre les poings et se retient de balancer son verre au visage de Nic. Alors elle demeure silencieuse. Elle l'observe et sent sa peau frissonner à sa remarque. Son palpitant s'emballe. Il s'emballe si vite que chaque mouvement est visible au travers du tissu fin de sa robe. Elle mordille même sa lèvre quand leurs corps se rapprochent – se frôlent. Elle ferme les yeux. Nic a raison. Cissy a cédé. Elle a abandonné. Elle a perdu foi. Elle a cru bon de dire oui quand son cœur criait non. Distance trop forte entre l'ancien couple. Rancune dessinant son pire voile. Sensation de plus exister assez. Sensation que Cam prenait trop de place. Alors oui, Cissy a été faible. Cissy a voulu se protéger pour ne plus souffrir. Douce ironie avec cette souffrance qui lancine tout son être. Chaque jour. Chaque heure. Chaque minute. Pas un moment ne passe sans qu'elle ne ressente cette douleur infinie de ne plus l'avoir à ses côtés. La demoiselle ne trouve rien à dire quand la patineuse s'éloigne. Lassée, endolorie par son genou. Elle prend place sur une chaise alors que Cissy reste pantoise. Quelques secondes d'un suspend amer puis elle s'avance. Elle s'assoit à coté de son ex petite-amie. Elle ne dit rien. Elle observe les alentours. Au loin, la silhouette de son père règne en maître. Peu importe. Cissy n'a jamais écouté les remarques acerbes de son patriarche quant à sa relation avec Nic. Alors d'une voix perdue, elle reprend. « Tu m'as laissée aussi. Des centaines de fois. » Elle sent ses lèvres se pincer dans une moue attristée. « Et ma seule façon de te garder un peu, c'était cet écran de télévision. Toi, sur la glace avec lui. Ces commentateurs qui vantaient votre fusion et cette alchimie. » Cissy n'avait jamais demandé à Nic de renoncer à sa passion. Ainsi, elles se retrouvaient, se quittaient. Toujours le même refrain. Même si ça attristait la brune. Même si son cœur se brisait à chaque fois. Elle ne disait rien. Elle se contentait de l'observer de loin – avec toute l'amertume que ça causait la plupart du temps. « Sans compter ceux qui parlaient de vous comme un couple. » Un rire sarcastique fait écho. Putain de remarque qu'elle avait entendu des centaines de fois. Elle détestait Cam à cause de ça. Elle le détestait pour lui avoir pris trop souvent la femme qui avait tout changé. « Alors que tu étais à moi. » Triste constat. Après quelques secondes, Cissy se lève et tend sa main à la patineuse. « Viens. » Dit-elle d'une voix calme en l'emmenant à l'écart. Elle attrape derrière le bar un sceau de champagne rempli de glace. Elle pousse la porte d'une petite salle et invite Nic à s'assoir. Silencieuse, elle se baisse et remonte ses doigts le long de sa jambe. Simple geste qui électrise sa peau. Elle l'effleure comme la plus belle des roses et place quelques glaçons sur son genou. « Çà va te faire du bien. » Son regard croise celui de Nic alors qu'elle mordille sa lèvre inférieure. Elle reste là. À genoux. À terre devant celle qu'elle aime. Le cœur en berne. Les sens en ébullition. « Il n'est pas toi. » Elle parle de Rhys évidemment. De son fiancé. De celui qu'elle veut abandonner. « Il ne le sera jamais. Personne ne le sera jamais Nic. » Aveu à peine déguisé de ses sentiments.

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Nic soupire, incapable de se retenir. Ça la travaille là haut et sa cage thoracique est en feu. Elle a envie de gratter, gratter n'importe où pour se séparer du fourmillement qui s'empare d'elle. Ça ne mène nulle part vraiment, ce dialogue. Deux sourds en mission. Et partout elles continuent, elles s'acharnent, à coup de semi-vérités et de non dits. Ça fait mal, et surtout ça frappe où ça fait mal. Mais Nic a l'avantage, si ce n'est celui du terrain, c'est pour une fois l'irréprochable. Ce n'est pas elle qui est partie, pas elle qui a fait passer sa passion avant sa relation. Ce n'est pas de sa faute, grand changement pour Nic. Elle aimerait pouvoir en profiter, au moins un petit peu. Se baigner dans la gloire de savoir qu'elle n'est pas responsable, et pourtant c'est pire. Presque. La vérité c'est que ça ne change rien. Elle ou Cissy, le résultat reste le même. Un coeur brisé et deux âmes séparées. - A la différence que moi je suis toujours revenue. Toi, tu prévois de partir pour toujours. Elle n'a même plus besoin de mentir, ou d'extrapoler certains faits. Après tout, il parait que rien ne blesse plus que la vérité. Et Cam revient sur le tapis. Encore. Le pire c'est que ça la tue Nic parce qu'elle a toujours été honnête. Elle n'a jamais vraiment donné de raisons à Cissy de douter d'elle. - C'est mon job Cissy! Qu'est ce que tu voulais que je fasse? Qu'on est l'air de se détester? Oui, je suis sure qu'on aurait été loin comme ça... Elle s'énerve presque, elle en a marre de constamment se justifier pour quelque chose d'hypothétique. - Oui, et dieu sait que les médias ont toujours raison. Elle raille, sèchement parce qu'elle arrive au bout de sa patience. Elle ne veut plus avoir cette discussion. Celle où on l'accuse perpétuellement d'avoir trompé pas une, mais deux personnes en ayant une relation cachée avec Cam. Sa tête reste neutre mais à l'intérieur elle pleure. Elle pleure ce passé utilisé nonchalamment, comme si elle avait jamais cessé d'être à elle. si loin, Cissy était si loin de la vérité.

Elle suit Narcissa sans vraiment savoir pourquoi. Mouton obéissant, elles se retrouvent dans une salle silencieuse, seules. Sa présence n'en devient que plus envoutante, son odeur plus insistante. Assise, elle laisse ses béquilles glisser au sol et retient un juron de justesse. Le frisson, lui, lui échappe et son corps surchauffe. Ses pupilles se vrillent sur ses doigts et les suit avidement, l'implorant de continuer, d'avancer, toujours plus haut. Elle hisse lorsque la chaleur fait place au froid, appréciant néanmoins le geste. - Merci. elle murmure presque, incapable de la quitter des yeux. Des images flottant dans ses yeux, de plaisirs volés lors d'autres galas, de salles désanctifiées. Elle rougit, Nic et baisse la tête, gênée, se cachant comme elle peut derrière sa chevelure. - Je n'y connais pas grand chose en mariage Cissy, mais je suis à peu près sure que t'es supposée épouser, tu sais, celle au dessus des autres. Elle lève un sourcil, effrontément alors qu'elle plante son regard dans le sien. La tentation trop fort pour résister, elle glisse un doigt le long d'une joue, place une main contre celle ci, ses empreintes flirtant avec sa chevelure. Elle se baisse pour pouvoir l'embrasser. Presque. Presque, elle s'arrête, le cœur qui essaie de s'envoler. - Tu veux savoir le pire Cissy? Le pire c'est que j'ai toujours été à toi. Elle avoue, doucement, s'assurant que la brune l'écoute. Elle emmene son autre main pour tenir son visage, esquisse d'un baiser qui n'arrivera pas. - Tu me connais. Tu sais que pour tout mes défauts, je t'ai jamais menti. Je n'ai jamais rien fait avec Cam lorsqu'on était ensemble. Jamais. Je te respecte bien trop pour ça. Vérité nue, cartes sur table, Elle veut que Narcissa imprime, comprenne et passe à autre chose. - Et j'ai toujours été à toi Cissy. Personne d'autre. Elle répète, légèrement accentué pour qu'elle comprenne. Personne d'autre dans son cœur, personne d'autre contre son corps. Narcissa a été la seule a réussir à la détourner du patinage, des jeux olympiques, de la médaille d'or. La seule. C'est surement pathétique. Définitivement mais c'est comme ça. Et maintenant elle va se marier, tuant tous les espoirs de Nic dans l'oeuf. Elle baisse légèrement la tête de Narcissa pour déposer un baiser sur son front. Elle s'attarde quelque peu, les yeux fixés au plafond, essayant de retenir ces traitresses qui menacent de décorer ses joues. J'espère que tu seras heureuse, elle voudrait dire mais fuck, elle espère qu'elle sera malheureuse comme les pierres et divorcera dans les deux mois. Elle esquisse un sourire à l'idée et quitte la douceur de sa peau pour la froid de la pièce. Elle laisse son dos retrouver le dossier. - Je vais le faire, assieds toi. Elle prend le relais pour les glaçons, soulagée de sentir la douleur enfin s'atténuer. Elle indique la chaise en face de la sienne d'un léger mouvement de tête. - Alors, lys ou pivoines? Un sourire décore ses lèvres alors qu'elle essaie d'oublier la tension oppressante qui prend son cœur en otage. Ce n'est pas comme si elle avait envie de parler du mariage mais elle va devoir se faire à l'idée. Pour le moment.

Spoiler:

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C'est une suite illogique. Les phrases qui s'enchaînent. Les mots qui dansent dans l'air. L'une peste – l'autre lui rend bien. L'une donne un coup – l'autre double la mise. Cissy est lassée. Cette confrontation, elle n'y avait pas pensé. Trop bête pour se dire que la ténacité de Nicola finirait par la conduire ici. Elle s'était dit que la distance terminerait son œuvre. Que chacune passerait à autre chose sans aucun dommages collatéraux. Connerie profonde. Les voilà présentes dans cette salle exigüe. Elles se regardent. Elles se toisent. Y a cette tension qui est trop présente. Y a cette sensation d'être ici et pourtant trop loin. Cissy ne se sent pas prête. À affronter la patineuse. À assumer haut et fort que ses fiançailles sont une erreur. Qu'elle a craqué, qu'elle a cédé, qu'elle a flippé. Elle a eu peur. Peur de l'aimer encore plus fort. Peur de l'aimer à un tel point que son cœur finirait par exploser. Elle a dit oui bêtement. Pas par amour. Pas par envie. Juste à cause de cette angoisse féroce qui a nargué ses tripes. Quand Nic parle, la brune ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Regard qui capte le sien quand elle sent la distance se réduire. Un frisson dégomme son échine lorsque Nicola effleure sa joue du bout des doigts. Une caresse qui devient une empreinte alors que leurs lèvres gravitent l'une près de l'autre. Elle sent sa respiration s'accélérer. Elle sent le désir grimper. Elle sent la tentation venir lui prendre le cœur. Elle veut bouger. Elle veut saisir sa nuque. Elle veut que faire valser sa bouche contre la sienne. Lui prouver par des gestes à quel point elle est dingue d'elle. Pourtant rien ne se passe. C'est Nic qui reprend la parole. C'est Nic qui réitère des paroles qui suffisent à relancer les regrets. Cissy a toujours eu cette mauvaise impression. Celle que Cam comptait plus. Celle que Cam l'emporterait à coup sûr. Elle a tout accepté – même de voir sa petite-amie dans ses bras à chaque gala. Elle a fermé les yeux un tas de fois sur cette alchimie évidente et cette relation aussi forte qu'étrange. Elle a été aveuglée. Par sa jalousie, par ce mauvais ressenti, par cette sensation de voir Nic lui échapper.

Quand la patineuse dépose un baiser sur son front, Cissy ferme les yeux. Elle scelle ses paupières si fort – comme pour se détacher de cette scène sordide. Et elle revoit le bonheur à sa porte. Leurs fous rires. Leurs regards taquins qui se croisent. Leurs lèvres qui s'arrachent à un baiser passionné. Leurs corps qui ne font plus qu'un. Les soupirs. Les mots d'amour. Elle revoit tout et quand son regard croise le sien à nouveau – il y a cette émotion. Cette émotion si forte. Cette émotion capable de stopper le monde. Elle veut continuer. Elle veut parler. Mais ses lèvres sont bloquées. Autant que les mots au fond de sa gorge. C'est Nic qui reprend le fil de la discussion. Causer de fleurs. Causer du mariage comme si de rien n'était. Cissy lâche un soupire en l'observant de la chaise où elle prend place. « Je laisse à ma mère le plaisir de s'occuper des arrangements floraux. Elle a toujours été...une maniaque du contrôle. » Elle laisse faire cette dernière parce qu'au fond ça n'a aucune importance. Rose, lys, orchidée, les fleurs peuvent bien faner avant l'heure que Cissy n'y prêtera pas la moindre importance. « J'ai jamais été une grande fan des mariages de toute façon. » Quelle ironie. Mais pourtant c'est la vérité. Cissy a toujours été certaine que l'union sacrée demeurait une belle connerie. À ses yeux, pas besoin de mariage pour prouver son amour. Pour savoir rien qu'en regardant quelqu'un, que c'était la bonne personne. Comme ce qu'elle avait éprouvé avec Nic. « Sauf pour les coupes de champagne, les petits-fours et ce moment où on espère tous que quelqu'un va s'opposer à l'union pour pimenter un peu la cérémonie. » Dit-elle taquine en l'observant. Manière sûrement déguisée de lui dire fais-le nic. empêche-moi de l'épouser, empêche-moi de faire cette connerie. Pourtant les mots ne sortent pas. Au contraire. Un long silence s'appose dans la salle. Cissy joue nerveusement avec le diamant à son annulaire. Elle le fait rouler et l'observe par moment. Puis, elle se relève. Elle fait les cents pas et se colle contre un mur. Son regard ne quitte pas celui de Nic. Elle la regarde avec cet œil amoureux. Avec ce désir. Avec cette sensation de la laisser filer pour toujours. « Je suis désolée pour tout ça. Je suis désolée d'avoir eu peur. Et désolée pour ta blessure et tout ce que ça engendre pour ta carrière. » Elle sait à quel point le patinage compte. Tous les sacrifices qu'elle a fait pour en arriver là. Les rêves de médailles. Les rêves de voir le public acclamer son duo aux jeux olympiques. Tout ce qui doit aujourd'hui causer une amertume profonde. Elle se rapproche à nouveau de Nic. Elle se place à sa hauteur, les genoux à terre. La respiration rapide. Le regard brillant. « Mais je crois pas être désolée d'avoir envie de t'embrasser. D'avoir envie de sentir à nouveau le goût de tes lèvres. » Qu'elle ose dire avec une hésitation pourtant bien présente. Et c'est sa main qui glisse dans la nuque de Nic. Elle effleure sa chevelure et sa peau du bout des phalanges en se rapprochant. Elle ne l'embrasse pas. Malgré l'envie qui dévore ses entrailles. Malgré tous ses sentiments qui remontent à la surface. « Fiançailles ou pas. » Sa bouche se dépose près de la sienne pour un baiser bien trop chaste. Son front se colle à celui de Nic. Elle l'observe. Sourit bêtement. Ferme les yeux. Se délecte de son odeur. Et l'observe à nouveau. Comme si elle lui laissait à nouveau tous les droits sur ses actes, sur son cœur, sur son âme.

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Elle sait parfaitement que la mariage n'a que peu d'importance pour Narcissa. Une des nombreuses choses sur laquelle elles se rejoignent. L'amour parle de lui même, et tout les clichés qui suivent. Elle aimait ça Nic sur Cissy, qu'elle n'ait pas besoin d'un bout de papier pour aimer de tout son cœur, de toute son âme. Et Nic, elle pense que les yeux parlent plus qu'une bague. Et elle n'a jamais été très bijoux de toute façon. Elle avait raison, ça a l'air alien sur la main gracile de Narcissa. Ombre au tableau, boulet qui se traine, qui agresse le regard. Ses prunelles glissent sur l'objet du crime alors qu'elle essaie d'imaginer Narcissa dans sa robe blanche. Elle voit presque la scène. Extravagante. Qui ne lui ressemble en rien. Des centaines de personnes qui ne comptent pas, ceux qui comptent perdu dans une foule trop dense. Elle l'imagine lui, à l'attendre, au milieu d'une arche fleuri, choix audacieux de la mère Berry, plongée dans l'excentricité. Elle la voit elle, magnifique, corps enserrée dans des kilogrammes de tulle. Un spectacle navrant. Elle hume lorsqu'elle a besoin, elle sait, elle sait elle a envie de dire mais à quoi bon. Son imagination s'arrête violemment, des sourcils se froncent, des bras se croisent. Elle ne comprend pas vraiment Nic, ce qu'il se passe là. - Pourquoi t'as dit oui Cissy? Elle questionne doucement, l'incompréhension flagrante sur son visage. Elle sait que Cissy n'en veut pas de ce mariage, elle l'a comprit la seconde où elle a croisé son regard. C'est écrit en capitale dans ses yeux. Peut-être que lui ne le désire pas non plus. Mariage de convenance, farce arrangée. Elle se demande Nic, si c'est ce qui se danse ici, entre eux.

Nic laisse les glaçons retomber dans le seau, les mains endolories. Elle soupire doucement, massant sa cuisse. Aujourd'hui, elle a mal partout. Au genou, au dos, au cœur. Elle saigne de partout sauf des yeux. Elle suit vaguement des yeux les pas de la brune, un sourire en coin qui débarque en souvenir de toutes ces autres fois. Sourire qui s'évade face à leur situation actuelle. elle veut partir Nic, elle va partir lorsque Cissy brise le silence. Elle sursaute presque en entendant sa voix. Lève la tête pour l'observer, avec la puissante sensation d'être devenue proie. La pensée lui arrache un frisson, la passion de son regard allume un feu en elle, réchauffant tout sur son passage. Nic hausse les épaules. Elle n'a pas vraiment de réponse, sur rien. C'est du passé. Et sa blessure. Sa blessure c'est autre chose. Totalement, autre royaume, dommage collatéral dans leur histoire. C'est tout, tout pour Nic mais ici, avec Cissy, ici ce n'est rien. Et elle l'observe se déplacer, chasseur prêt pour l'embuscade et Nic se recule sur sa chaise, les pupilles explosées et le cœur qui s'agite. Le désir est tellement brûlant quelle le sentirait presque, être sentient qui s'étale entre elles. Il prend toute la place, jusqu'à les consumer. et Nic revit pour cette seconde, cette splendide, merveilleuse seconde où leurs lèvres se frôlent. Où son cœur rentre à la maison. Schisme total, l'ardeur commande le reste. Et elle s'écarte, ses lèvres brûlent, son front fourmille, son corps tremble. Nic se lève. Violemment. - T'as pas le droit Cissy. Putain t'as pas le droit. Sa voix tremble, ses larmes coulent. Elle recule, essaie, au premier pas, son genou plie sous la pression, la douleur explose et floute sa vision. Elle trouve le sol et recule encore. Elle maudit le monde. elle, son corps, cet amour, ces fiançailles, sa blessure. Ce n'est pas juste. C'était pas censé se passer comme ça. - T'as pas le droit de jouer avec mon cœur comme ça. Elle lève la tête pour croiser le regard de Cissy, les yeux flous et la voix qui tremble. - Je mérite mieux que ça. Je mérite mieux que d'être la maitresse qu'on prend avant de jeter. Elle s'énerve, elle ne sait plus où elle en est. Tempête tropicale qui règne en son cœur. - Pour tout mes défauts, je n'ai jamais joué avec toi. Jamais. Elle secoue la tête, elle veut se débarrasser de tout, tout oublier. C'est trop douloureux. Elle essuie désespérément le lac qui s'étale sur ses joues. - Je ne sais même plus qui tu es. Elle accueille la douleur physique avec plaisir. Au moins elle peut l'expliquer. Elle sait d'où elle vient, elle peut la toucher. Mais c'est trop. Pour ce soir. Pour une vie. ses mains survolent son genou, la douleur intenable. - Je veux juste rentrer chez moi. Elle murmure, gamine apeurée perdue dans le noir.

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Leurs lèvres se frôlent. C'est le contact qu'elle attendait. C'est ce désir qui accroît et gagne sa chaire. C'est la sensation que le monde s'arrête de tourner. Il n'y a plus qu'elles maintenant. Elles et un tas de questions. Cissy se dit que c'est mal. Elle déconne. Elle doit s'arrêter et retrouver ses esprits. En vain. Impossible. Parce qu'il y a Nic en face. Et Nic a toujours eu la capacité de l'éloigner de la réalité. De l'éloigner de toute notion de bon sens. La folie au détriment de la raison. Refrain éternel pour leur relation. Elle laisse ses paupières scellées et se retient d'attraper fermement le creux de ses reins. Elle la désire. Elle la veut. Pourtant tout s'ébranle en une fraction de seconde. Nic qui se relève. Nic qui stoppe tout. Cissy reste là. Comme une vulgaire idiote. Le souffle encore court – haletant même. De son regard surpris, elle toise la patineuse. Elle l'écoute. Des mots qui semblent des lames aiguisées. Ça fait mal. Ça fait mal de voir à quel point Narcissa se fourvoie. À quel point, elle agit comme une idiote et ne semble pas se soucier des conséquences. Elle la regarde s'éloigner. Fossé se creusant. Douleur qui n'en finit pas. Elle voudrait lui dire de se taire. Elle voudrait remonter le temps et s'empêcher de dire oui. Mais ce n'est pas possible. Alors, Cissy se redresse. Elle passe ses deux mains dans sa chevelure ondulée. Plus loin, il y a Nic. Gamine perdue. Gamine blessée d'avoir pu être considérée comme une vulgaire maîtresse. Elle est tellement loin du compte. Elle est tellement loin de savoir sa véritable place. « Tu as raison. » Souffle-t-elle d'une voix chevrotante. Comme si ça suffisait. Comme ça allait effacer les perles salées qui doivent souiller le visage de poupée en face. Elle mordille sa lèvre et prend une profonde inspiration. « C'est n'importe quoi. » Qu'elle peste en repoussant la chaise non loin de là. Comme un accès de rage. Comme pour démontrer à quel point, elle perd le contrôle. Ça a toujours été le cas avec Nic. Et encore plus maintenant alors que Cissy semble plus perdue que jamais. Elle fait un pas vers la patineuse sans pour autant rompre l'espace entre leurs deux silhouettes. « Quand tu étais loin de moi...ça me paraissait simple. T'oublier. Effacer les souvenirs. Clore le chapitre. » Loin de Nic, elle avait cru bon de tenir le coup. De réussir à se reconstruire. D'avancer. De chercher un semblant de bonheur ailleurs. Mais elle réalise à quel point ça a été une connerie. Parce que son cœur est en alerte. Parce qu'elle n'a pas pensé une seule seconde à Rhys. Au contraire. Sa seule envie est de virer ce sordide diamant à son annulaire et de récupérer la seule qu'elle aime réellement. « Et il suffit que tu réapparaisses dans le paysage pour que je fasse n'importe quoi. » Dit-elle en riant nerveusement. Nic ou l'élément perturbateur. Nic ou la seule capable d'autant chambouler son âme. Elle baisse les yeux et se dit que cette soirée est une catastrophe. « Mais tu as pas à payer les pots cassés. » Elle ne sera pas la maîtresse dans l'ombre. Elle ne sera pas une distraction. Si Nic doit revenir dans la vie de Cissy, ce sera pour les bonnes raisons. Le silence résonne et Berry ne peut réprimer un soupire en voyant l'état dans lequel se trouve la patineuse. Elle fait quelques pas à son encontre sans oser la toucher. Sans oser la réconforter. « Calmes-toi Nic. » souffle-t-elle. Elle regrette. Elle regrette ses pulsions. Elle regrette ses sentiments inavoués. Elle regrette de ne pas la voir sourire. De ne pas avoir eu le cran d'attendre, d'accepter la douleur pour ses yeux. Pour son cœur. Pour son amour. « Est ce que tu veux que je te ramène ? » Même si elle n'est pas convaincue que ce soit une bonne idée. Cissy, incapable de se freiner à la voix de sa conscience avance un peu plus. Elle est maintenant tout proche de son ex petite-amie. Son buste presque collé au dos de Nic. Son souffle chaud parcourt sa nuque – sans même que ce ne soit voulu. « Je peux appeler un taxi aussi si tu veux plus me voir. » mais c'est pas ce que je veux. se retient-elle pourtant d'ajouter. Elle laisse le silence régner. Elle laisse la demoiselle se calmer. Puis, ses lèvres s'entrouvrent à nouveau. « Parles-moi. » C'est tout ce qu'elle veut. Entendre le son de sa voix. Voir qu'elle n'a pas tout gâché. Pouvoir rêver quelques secondes encore de cet amour qui la consume.

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Non je n'ai pas raison, elle a envie de crier. Elle a envie de lui dire qu'elle fout sa vie en l'air avec ce mariage. Qu'elle ne sera jamais heureuse avec lui. Mais autant qu'elle ne le serait avec elle. Elle veut lui dire que si c'est ça qu'il faut pour être avec elle, qu'elle l'épousera. Elle accepterait même de mettre une robe blanche pour elle, Nic. Elle peut difficilement faire plus comme preuve d'amour. Elle veut lui dire que tout ce qu'elle désire c'est d'être avec elle. De l'avoir à ses côtés lorsqu'elle se réveille le matin. D'entendre sa voix lorsqu'elle rentre le soir. De sentir sa peau contre la sienne, bien au chaud sous une couverture. Elle veut tout ça Nic. Ça a toujours été son rêve pas de mari médecin, pas de maison blanche à la porte rouge, pas d'enfant et demi et soirées entre voisins. C'est Cissy son rêve. Juste Cissy. Mais elle ne dit rien. Comment pourrait-elle? C'est presque logique, que Cissy elle préfère se marier à l'autre. Il est riche. Il est important. Il est facile, surement. Là où Nic est difficile. Là où elle ne sait pas faire de compromis, là où passion est son seul langage. Elle n'est pas sure Nic, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Ce n'est celle qu'on choisit pour être en sécurité. Surtout pas maintenant. Boule de chair au sol, battue, ko. Elle a parié contre la vie Nic et elle a perdu. Lamentablement. tout perdu. Son corps, son identité, ses rêves. Mêmes Cissy. Cam. Plus rien. rien qu'un corps brisé et un cœur vide. Elle écoute Cissy, essaie d'arrêter de pleurer. Épave à l'abandon, elle ne trouve pas la force de répondre. De lui dire que c'est elle la victime. Qu'elle ne peut pas être victime et bourreau. C'est pas possible. Elle reste silencieuse, sur son petit bout de sol, respire douleur, expire désolation. Tout est trop brûlant, détresse évidente. Elle ne sait pas quoi dire, quoi faire. Elle veut juste... elle veut juste Cissy. Pas de fiancé, pas de mariage, pas de colère ou de ressentiment. Elle veut juste Cissy. Et elle ne peut pas l'avoir. Pas maintenant. Peut-être plus jamais. Elle essaie de se calmer, de canaliser la douleur, de réfléchir. La seule chose qu'elle sait, c'est qu'elle ne peut pas être avec Cissy, dans cette pièce, dans ce musée. Elle ne peut plus. Il a fallut de quelques secondes pour tout faire basculer. Pour libérer des sentiments trop longtemps enfouis, pour tout envoyer balader. Elle n'a pas confiance. En elle, en Cissy. Pas alors qu'elles ont baissé tous les murs, défenses à terre. Ce n'est pas sain, ce n'est pas possible. - Laisse moi s'il te plait. Elle implore, presque. Elle ne peut pas faire ça. - Je vais prendre un taxi. La perspective d'être coincée dans une voiture avec Cissy la terrifie. Elle refuse d'appeler Cam, elle ne veut voir personne. Elle veut pouvoir laisser place à la douleur. Elle ne veut pas parler, elle ne veut pas analyser. Elle veut juste fermer les yeux. Elle soupire lorsqu'elle entend la porte se fermer, se permets quelques précieuses minutes pour essayer de reprendre forme humaine. Échoue, au vu de la tête du chauffeur lorsqu'elle se glisse dans la voiture. Elle donne l'adresse de Cam, pose sa tête contre le dossier et ferme les yeux.

sujet clos.

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