La carapace s'est écroulé. Putain, elle l'a laissé là avec sa peine l'autre connasse. Et si l'espace que quelques heures, il l'a detesté - on tue toujours le messager - il a finit par comprendre qu'elle souffre. C'est pas vraiment le genre d'épreuve qui endurcit bien au contraire. Ca ne fait que pousser un individu plus près du précipice. Il a passé deux jours à boire. Incapable de gérer sa peine, il l'a noyé mais croyez le ou non, une bouteille, c'est pas le meilleur moyen de prendre du recul et de panser les plaies. Puis il a repensé à Izie et ce qu'elle devait enduré. Qu'elle profite la branleuse putain, c'est pas dans ses habitudes de s'foutre dans la tête des autres. Seulement voilà, ça lui a vrillé le cerveau à lui. Il a mal putain. Pas seulement sa tête, son corps aussi. Et chez Izie, ce sentiment doit être décuplé. Il sait trop bien ce que les frères et soeurs représentent l'un pour l'autre. Alors il a fouiné, il a usé de ses contacts de boulot, de ses partenaires de jeu pour trouver son adresse. Quelques entourloupes plus tard et trois bières dans la tronche, il prend son courage à deux mains pour se rendre chez elle. Il s'en fout si elle l'envoie chier ou lui claque la porte au nez. Il insistera Rafe. Parce qu'il veut l'aider elle. Pour Sohan. Peut être un peu pour lui aussi dans le fond, comme si l'aider elle pouvait être considérer comme une étape de son propre deuil. Il appuie sur tous les boutons de l'interphone en se contentant d'un c'est moi quand on l'interpelle pour savoir qui il peut bien être à cette heure. Ouais, parce qu'il est pas loin de vingt trois heure quand il arrive. Puis, une fois devant la porte, il tambourine. J'sais qu't'es là branleuse. Sa main reste appuyé sur la porte tandis qu'il reprend : Faut qu'on cause. De la situation. Ou juste de Sohan. Simplement parler de lui comme s'il était encore là. Ce serait un truc qui ferait du bien. Devant le silence auquel il fait face, il pousse un soupire. J'm'en fous, j'ai toute la nuit. Alors le voilà qui s'installe contre la porte d'entrée, même pas sûre qu'elle puisse l'entendre. Si ça se trouve, elle est même pas là où il s'est planté d'appartement mais tant pis. Tu t'souviens de la fois où il a absolument voulu prouvé qu'il pouvait bouffer quatre piments ? J'garderai sa tronche en mémoire toute ma vie j'crois. clic. Et la chute ne se fait pas attendre, il se ramasse de tout son long alors qu'elle ouvre la porte.

Rafer a ouvert une brèche, une faille dans le système. T'as du mal à remettre le masque, t'es une pelote de nerfs malgré les joints que tu calcines à la suite les uns des autres. Tu n'as réussis à dormir que quelques heures en tout, chaque fois réveillée par la sensation de tomber dans le vide. Tu ne cauchemardes pas l'accident, tu rêves la tempête qui sévit à l'intérieur de ta poitrine. Alors, tu t'es pris la tête avec Baby et Asher, un peu parce qu'ils sont cons, beaucoup parce que tu l'es encore plus. Y a que Caleb qui te tolères dans tes mauvais jours. Ta mauvaise humeur lui glisse dessus, c'est ahurissant. Il prend jamais la mouche, et, ça l'ébranle pas d'un pet quand tu vrilles. Alors, souvent, vous pouvez rester ensemble sans rien dire. Comme ce soir. Il joue à la play et tu le regardes en t'enfumant le crâne alors que les deux autres sont sortis. T'as encore un oeuf sur le front, et, une belle entaille au milieu. Vestige de panique, résultat d'un duel contre ta lampe de chevet. Pourtant, c'est pas là que t'as mal. Vraiment pas. Tu revois Rafer tomber, parce que ça t'a marqué, ça t'a parlé. Tu dessines son désespoir tant ta propre mémoire. Et, ça t'énerve encore, t'as la rancune nourrie par la douleur. T'es un serpent qui se mord la queue parce qu'il sait plus quoi faire d'autre. Tu sursautes quand on frappe à la porte. Putain. -J'sais qu't'es là branleuse. T'es pas prête, merde. -Faut qu'on cause. Caleb t'interroge du regard. Tu lui fais signe de se taire, tu plaques ton index contre tes lèvres. Peut-être qu'il laissera tomber, qu'il rebroussera chemin. Ca t'arrangerait bien. Parce qu'y a Caleb, et, que tu peux pas mélanger ces deux mondes. T'es obligée de garder contenance. Tu fais mine d'attendre, tu réfléchis. -J'men fous, j'ai toute la nuit. Tu n'bouges toujours pas. Le problème, c'est que lui non plus. Tu l'devines aux bruissements contre la porte. -Tu t'souviens de la fois où il a absolument voulu prouvé qu'il pouvait bouffer quatre piments ? J'garderai sa tronche en mémoire toute ma vie j'crois. En plein dans la brèche. Ca t'amuse, et, t'avais pas ris en repensant à Sohan depuis trop longtemps. Sauf que tu percutes quand tes yeux se reposent sur Caleb. -C'est qui? qu'il te chuchotes. -C'est rien. siflles-tu comme un coup de balais. Tu te dresses sur tes jambes d'un bond. Et, t'es allé trop vite pour ton cerveau sous thc, t'as eu besoin d'un instant devant la porte pour retrouver toute ta vision et n'pas perdre l'équilibre. Tu pensais pas qu'il serait appuyé contre la porte quand tu l'as ouverte. L'con. Il s'étale au sol, sous les yeux ronds de Caleb. Toi, tu te décomposes. Ô désespoir. Ta main se glisse devant ta bouche, t'étouffes un soupir nerveux en pressant Rafer à se lever. Tu veux pas rester là. Faut bouger, vite. -Je t'expliquerai, je reviens.. Vous savez tous les trois que tu n'expliqueras rien du tout. Mais, tu n'laisses le temps de répondre à personnes. Tu pousses Rafer dehors avec précipitation, tu claques la porte derrière vous. Il pue l'alcool, tu vois bien qu'il n'est pas net. Puis avances vers les escaliers, parce que tu comprends qu'il lâchera pas le morceau. Tu préfères aller n'importe où, ailleurs qu'ici. -J'me souviens. Il a eu la chiasse pendant une semaine. Qu'est ce que t'as pu te foutre de sa gueule. C'est déroutant d'y repenser. -Mais tu peux pas débarquer ici comme ça. Le ton de ta voix se fait sévère, tes yeux bruns sont ébène et tu enchaines. -Encore moins quand t'es déchiré et que tu veux parler d'ces trucs là. Tu tires sur ton joint nerveusement. Forcément, tu l'aurais pas laissé là-haut.

Personne qui le connait vraiment. Personne pour savoir qu'il est pas seulement ce p'tit con qui se la joue. Personne pour le comprendre vraiment. Rafe repousse toutes les personnes qui creusent trop profondément. Rafe, il veut plus de ça. De ces belles amitiés qui finissent dans le sang. La solitude a ses avantages. Puis y'a ce bout de femme qui revient comme une tornade dans son existence, Izie. Elle l'a bien foutu en l'air avec sa révélation la connasse. Et s'il a passé les premières heures dans une rage folle à lui en vouloir d'avoir redébarqué comme ça son sa vie, il a fini par dépasser ce stade. Dans l'espoir de l'aider elle à surmonter ça. Dans l'espoir de s'aider lui. Il sait pas encore comment il va s'y prendre. La vérité c'est qu'il s'est pointé chez elle sur un coup de tête. Il a pas tellement réfléchi. Les pupilles dilatés, les yeux rouges, le regard hagard. Faiblesse. Mal être. Rafe aimerait pouvoir lui dire que tout s'arrangera, qu'un jour elle sera heureuse et que tout ira bien mais ce serait mentir. Il n'y croit pas lui. Il sait qu'on oubli pas. Il sait que les personnes qui nous ont quittés laissent un trou béant au milieu du cœur. Pas sur qu'il soit convaincant. Elle cède. Sans doutes parce qu'elle sait qu'il est du genre coriace et qu'il peut rester là dans heures à parler à tort et à travers. La porte s'ouvre. Trop vite pour le cerveau ralenti de Rafe. Son regard vient s'accrocher au sien une seconde quand une voix masculine l'interpelle. Il a pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle le traine vers l'extérieur. Et elle commence à partir vers les escaliers, toujours en le trainant par la peau des fesses. Ce sourire. Voilà ce qu'il espèrait voir. Celui auquel il avait succombé y'a quelques années de ça alors qu'il aurait pas du. Putain s'il avait pas été si con, Sohan serait peut être la aujourd'hui. Ou peut être que lui ne serait plus. Merde j'avais oublié ça. Le con avait passé la semaine aux chiottes. J'm'en souviens, j'avais passé deux heures à lui causer à travers la porte. Dégueulasse. Oui. Mais c'était Sohan. Comme un frère. L'impression de la retrouver une seconde, celle qu'il connaissait. Oh ça va. Tu m'aurais jamais répondu si j'avais essayé d'appeler ou un truc du genre. Attend on s'assoit. Qu'il fait alors que le monde ne cesse de tourner autour de lui. Il prend place sur les marches et lui arrache le bédo des lèvres pour en saisir l'essence même. Il tire dessus, les volutes blanches qui s'évanouissent autour d'eux. Finalement il le lui rend. C'est ton mec l'autre ? qu'il sort, elle avait l'air si pressé de le faire sortir, comme si elle ne voulait pas que ces deux mondes entrent en collision...