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 never too late (joshua)
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Victoria Walker

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MessageSujet: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 27 Jan 2019 - 20:12


trauma creates change you don’t choose. healing is about creating change you do choose.
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Perception. Sensation qui se trouve sans arrêt au centre de la réalité de chacun. Un réel, concret, qui au fond est une chose tellement mystérieuse. Flottante. Fluctuante. Quand l’un y pense réellement, sa réalité est tout aussi éphémère que ses pensées. Car la perception, c’est ce qui la contrôle. Et cette perception change, au fil du temps, au fil des expériences. Un ennemi peut devenir un ami, parce qu’on arrive plus à le percevoir comme un danger. Un complice peut s’éloigner, banni à tout jamais d’un quotidien qu’il partageait avec autrui, parce que la perception s’est métamorphosée. Parce qu’on arrive plus à le percevoir comme un être cher. Et dans le monde dans lequel chaque individu déambule, souvent sans un but palpable, sans un objectif fixe. Sans rêve et sans réalité logique à laquelle s’accrocher. Cette perception change plus qu’il ne voudrait l’admettre. Parfois même sans raison valable. Sans preuve concrète. Cependant, ce qui reste le plus dangereux, c’est que la manière d’apercevoir et discerner les choses n’est jamais similaire. Les interprétations sont diverses, dénotent la liberté individuelle de chacun. Et par nature, deux êtres humains sont rarement sur la même longueur d’onde, car incapables de visualiser la même réalité. Ainsi, un acte aussi banal qu’une invitation à manger un bout peut être comprise de diverses façons. Autant de manières que de personnes concernées.

Mais pas pour eux. Pas pour Josh. Pas pour Vicky. Parce qu’elle était suffisamment à l’aise en sa compagnie pour parler sans détour. Parce qu’il était suffisamment intelligent pour voir les faits tels qu’elles étaient. Elle toque à la porte et patiente. Elle entend les pas s’approcher et arbore un sourire apaisant. Pour une fois, ce n’est pas le jumeau habituel qui lui ouvre. La situation serait tellement différente autrement. « Chardonnay, côte de Beaune. Pour les esprits faibles. », lança l’Anglaise en abandonnant la bouteille entre les mains du brun. Vin rouge tout droit sortie de sa collection personnelle. Au bout du compte, Victoria n’en consommait pas souvent. Autant en faire profiter d’autres. « Et ça, c’est pour moi. », la deuxième bouteille, qu’elle agita sous le regard du journaliste. Le seul alcool qui l’emporte toujours. Choix favori en toute circonstance. Un whisky, vieux de plusieurs années, comme la psychiatre l’avait d’ailleurs promis quelques heures plus tôt. « Je te ferais goûter, si tes talents culinaires font leur preuve. », et un rictus illumine les traits de son visage avant que l’héritière Walker ne passe enfin le seuil de la porte. Accédant à ces lieux qu’elle connaissait de près.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 27 Jan 2019 - 21:36

Les murs exsangues. Un appartement étroit où le coeur palpite à la même la paroi. C'était vide ici. Vide partout. Je pliais les genoux sur le fauteuil. Des heures à contempler la vitre fermée. A imaginer les vacarmes de la rue à travers les rideaux. Solitude oppressante mal digérée dans ces entrailles qui se contractaient dans leur bile. Cela faisait huit ans que j'avais perdu l'amour de ma vie. Huit ans où la rupture s'étendait dans ma chair. Impulsion de violence sordide. Un appel à l'aide, formaté par les vices de la guerre. Je plissais les yeux en me redressant sur le siège. Mes pas s'emmêlaient dans la pénombre car la lumière était brûlante. La lampe dévoilait les plaies cachées sous la peau. Elle cramait les vestiges d'une existence enterrée dans les sables d'Afghanistan. Un silence difficile à déchiffrer. Une foudre qui frappait le cerveau et bloquait ses synapses. J'étais en état de choc — immuable dans la carcasse qui portait mes espoirs. Un message échangé et la promesse d'une rencontre absolue, bien loin des buissons verdoyants et des arcs sépulcraux du parc. Victoria, muse de jadis. Maintenant, nécessaire seulement. Un équilibre imposé par cette normalité que la société imposait aux rescapés. Le roman était à l'arrêt. Une inspiration passée à la trappe depuis que les cauchemars avaient repris. Je me noyais dans le noir. Dans une obsession de la mort qui dévorait mes poumons. Je me dirigeais vers la cuisine et exerçait mes mouvements avec une mélancolie immense. Un corps aux habitudes mécaniques. Ouvrir le jais d'eau, laver les légumes, éplucher et cuir sur la poêle. Une pincée de sel et des morceaux de viande mijotant dans une marre de sauce blanche. Je n'étais plus sûr de rien. Ni du temps de cuisson. Ni du temps entre la table dressée et l'arrivée de la jeune femme. Un espace figée entre les cadrans. Et mon âme suffoquant, suppliant presque, pour une harmonie où les sentiments trouvaient enfin leur place dans mon coeur. Je marmonnais en tirant sur la poignée. Son sourire était resplendissant. Une peau nacrée, auréolée d'une charme qui transcendait l'esprit. Je l'avais imaginé comme ça, durant les longues nuits afghanes. J'avais songé à sa démarche élégante au milieu d'une ville où les colonnes tremblaient pour accueillir sa magnificence. Et je ne comprenais plus ce lien. Je ne comprenais pas cette connexion de pensée en pensée. Cette alchimie rouillée dans la moelle. J'acquiesçais en immobilisant mes gestes. Une paralyse du muscle qui frémissait dans sa charpente. Puis sa voix rayonnait dans le vestibule et la glace se brisait à nouveau. Je tendis les bras et étreignait les nuances grises d'une amitié immaculée. Pas de sex. Pas de vice.  « Je n'aime pas le rouge. La couleur, probablement. Mais je boirais avec plaisir simplement pour faire honneur à l'attention. » Je sifflais en fermant mes griffes sur la bouteille. Je l'invitais dans mon antre. Un lieu où les goûts de Jude dominaient au détriment de ma présence. Une différence, si facile à percevoir. « Oh ça. Je dois avouer que mes talents se limitent au dessert. Bien sûr, il ne s'agit pas de franchir la limite insoutenable. C'est tout de même le lit de Jude! » Je raillais en prenant son manteau. Hôte convenable, aux éthiques oubliées. Je posais les verres sur la table et ouvrais les goulots. « Santé ! J'en ai bien besoin. » Ma bouche se serrait alors que j'avalais la première gorgée. L'aigreur des raisins fermentés roulaient dans mon oesophage. Symbole d'une ivresse à venir. Une quiétude tant attendue.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 27 Jan 2019 - 22:23


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L’antre qui est devenu habituel. Pas autant que la définition générale de ce terme, cependant, mais habituel dans la mesure où la vie de Victoria le lui permettait. Ce n’est pas comme-ci elle y siégeait continuellement, dans cet appartement. Pourtant, l’Anglaise connaissait assez l’endroit pour s’avancer sans grande surprise. Sans grande découverte à faire. Les iris fixés sur l’ami, plus qu’ils ne contemplaient les murs. Elle les connaissait. Le même décor judaesque. Le même décor ordonné. Très chill, très cosy. Des murs qui dégageaient une chaleur qu’on n’attendrait pas. Surtout en ne connaissant que d’un premier œil l’homme qui se cache derrière. « Je note pour la prochaine fois. », pensée sincère, qui se suit systématiquement d’une pique ironique. « Je ne te pensais pas intéressé par du rosé. Nous savons tous que c’est plus adapté aux femmes sans cervelles. », et par tous, il s’agissait principalement d’Andy et d’elle. Ainsi que tous ceux qui regardent les téléréalités barbantes, qui se multiplient sans raison et sans intérêt. Cette pensée arracha un sourire à la brune, qui se métamorphosa en un rire des plus sincères, en écoutant la suite. Un son pour raviver la pièce dans laquelle ils se trouvaient. « Ah, les desserts. Parce que tu t’appelles Baker, et c’est ce qu’un baker est censé faire ? ». Le whisky quittait finalement ses mains pour rejoindre la table, au même titre que son sac à main qu’elle balança sur le canapé. Libre dans ses mouvements maintenant. Elle préférait ce jeu de mots sur son nom de famille à l’allusion plus sexualisée du terme dessert.

« Oh, mais nous en avons tous besoin. », son verre claquait légèrement au sien. Santé. Concept basique. Droit inscrit dans toutes les constitutions planétaires. Pourtant, il n’est souvent que chimère. Et quand l’un court après une illusion le résultat ne peut être qu’une catastrophe, sans mesure, sans nom. Santé. Mot prononcé qui fait systématiquement penser au physique. Carcasse corporelle, maintenable et facile à faire prospérer, dans la plupart des cas. Mais qu’en est-il de l’esprit, bouffé de part et d’autre par mille et un maux. Douleur indescriptible, souffrance d’un extraordinaire inexprimable. Parce ce que personne n’ouvre son âme facilement aux autres. Autrement, le monde serait bien meilleur. Personne n’ose prononcer ses peines, par incapacité de les décrire exactement. Par peur de sentir les regards indiscrets l’épier au moindre propos. Par crainte d’être la risée d’une attention beaucoup trop pesante pour être supportée. Une gorgée que la brunette dégusta avant d’abandonner le Crystal sur la table. « Montre-moi le carnage. », elle faisait référence à ses plats cuisines. Taquinerie habituelle. Josh l’a oublié, peut-être. Si tel est le cas, Victoria le lui rappelait avec ses mots. « Peut-être qu’à deux, il y a moyen de sauver la mise. », des ingrédients à mariner pour redonner du pep et du goût au résultat final. Mais aussi, c’est souvent accompagné, que l’on peut la retrouver… La fameuse santé.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 27 Jan 2019 - 23:23

Le vide dans la gorge. Des mots assemblées dans la muqueuse rongée par la nécrose. Il n'y avait pas de vérités à murmurer. Pas de secrets à confesser. Le silence entourait la plaie. Je me raccrochais à l'illusion d'une liberté qui berçait l'esprit. En éveil, les cauchemars disparaissaient. Il n'y avait pas de cris. Pas de douleurs. Les cadavres sommeillaient dans l'espace entre réel et imagination. Je me redressais face à la silhouette de Victoria. Quelques mois de séparation, une ébauche d'amitié à présent illuminée par les ondoiements de la lampe. Jude m'avait prévenu. Off limits, l'héritière était dangereuse. Une mante religieuse prête à dévorer son amant. Des insultes graillées sur l'écran d'un téléphone qui vibrait d'indignation. Je haussais les épaules, ignorant les jérémiades d'un jumeau naquit de mon ombre. Nous étions identiques dans nos bêtises. Un caractère têtu et la frénésie d'une chasse qui ne prenait jamais fin. Je joignis les mains autour de ma coupe et faisais tourbillonner le vin entre les parois du verre. Une amertume à laquelle, le palais s'habituait. Louanges d'alcool et fragments d'ivresse. Je m'épandais dans l'univers édulcoré que la brune déployait sous mes yeux. Comme les autres, elle ne voyait que la façade flamboyante. Un retour d'entre les morts. Sourire en bouche et regard scintillant d'une passion qui se noyait dans les larmes visqueuses de ces iris troublés par l'horreur. J'en peux plus, Vic. Regarde moi et retrouve moi sur la premenade du parc. Là où l'allégresse enlace nos doigts. Je t'en supplie, sors moi de ce corps. De ces maléfices. Les médicaments ne faisaient pas effet maintenant que je ne les avalais plus. Et la distance se creusait dans mes côtes. Les organes se décomposaient dans le cercueil enseveli dans la boue. Je feignais mes joies et mes bonheurs. Un équilibre pour eux. Pour Jude et les parents. Pour le monde qui orbitait autour de l'astre à l'agonie. « En réalité, je suis un admirateur du scotch. Le vin est une boisson de hippies. » J'avais besoin d'une direction. D'un frisson pour électriser mon âme. Mes ongles glissaient sur le rebord de la table. « Non Baker parce que je sais satisfaire une femme.» Assomption rapidement établie. Une confiance qui se frayait un chemin entre les doutes et les peurs. Je lui adressais un clin d'oeil taquin, bien conscient des taquineries qui se profilaient. Je la suivais dans la cuisine, d'abord surpris de l'aisance de ses pas. Une nonchalance étrange. Elle semblait déjà familière avec les lieux. Le pincement au coeur. Le pincement d'anticiper la connerie de Jude. « Je pensais préparer un bouillon et au final, ce sont des grumeaux de viande trempés dans leur marmelade. L'odeur de l'échalote était douteuse. La carotte bien flasque en mains. Je me demande si Jude le fait exprès. » Je me moquais gentiment. Mais en réalité, mieux valait commander une pizza.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyLun 28 Jan 2019 - 0:30


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Joshua avait bon goût. Et la brunette ne pouvait qu’approuver. D’un signe de tête et d’un rictus complice. Whisky it is, pour la suite. Le vin rouge finira sa course sur le comptoir de l’espace cuisine, pour quiconque voudra le consommer. « Attention à ce que tu dis, Joshua. Le dernier à m’avoir affirmé cela, a fini par être beaucoup plus essoufflé que moi. » L’accent londonien prononcé, la voix dénotant son assurance. Victoria, elle s’assume. Aisance dans les propos. Aisance avec les mots qui franchissait les lèvres. Autant pour présenter des faits sérieux dans un cadre professionnels, que pour retoquer du tic au tac sur des sujets comme celui-ci. Il a commencé, Josh. Terrain glissant que l’Anglaise aurait tenté d’éviter, et pourtant. Les voilà en plein dedans. Sourire chafouin pour répondre à son clin d’œil, avant que la brune n’entame sa marche. Direction la cuisine. Elle savait où c’était, mais la trentenaire n’irait pas jusqu’à prétendre connaître chaque recoin de la pièce sur le dos de la main. L’appartement les accueillait, Jude et elle, pour autre chose que de mettre la table. Sauf la veille de son anniversaire, où la Walker n’était pas contre un remontant alimentaire. Corps et esprit trop épuisés par ses retrouvailles avec le passé. Mais soit. Vicky n’était plus dedans. Elle était dans l’instant présent. Avec le jeune homme qui lui présentait le résultat de ses rudes labeurs. « Hm. Tu l’accuses d’avoir compromis tes ingrédients ? », remarque amusée, alors que la psychiatre fouinait dans les tiroir pour récupérer un ustensile de cuisine. Une cuillère dont elle se servit pour goûter le résultat final. Mimique dessinée sur les traits du visage. Ne descellant aucun dégoût. « Tu tenteras le bouillon une autre fois. ». Ça manquait d’assaisonnement, et la texture finale ne ressemblait pas au résultat attendu, mais ce n’était pas immangeable non plus. « As-tu un paquet de nouilles sous la main ? Je vais les faire cuire dans la marmelade. Ça aura une meilleure forme, et nous aurons qu’à y ajouter le reste à la fin. » Pour éviter de voir la carotte se transformer en compote. Il devrait bien y en avoir dans un placard, des nouilles ou des pâtes. Et en attendant d’avoir la réponse positive du jeune homme, la psychiatre s’occupait déjà de verser le liquide pour le séparer du reste. « De retour en ville, hein. », au final, Vicky n’était pas ici pour manger et boire. Certes, le cadre n’en était que plus agréable, mais ce n’est pas la finalité. Ce n’était pas plus important que de converser avec lui, retrouver son esprit aiguisé et les conversations à ne plus en finir. « Comment te sens-tu ? Vraiment. ». Elle s’attendait à de la sincérité. Non pas qu’elle était en position de l’exiger, loin de là. Sa première discussion dans une allée du parc était avec un homme, qui se jugeait inintéressant. Vide de sens, ou d’histoire à conter. Mensonge déguisé pour voiler la réalité. Elle n’a jamais eu l’occasion d’aller plus loin que ça. Et ce soir, Victoria avait le même homme sous les yeux. La même nonchalance feinte, la même tendance à braquer les feux du projecteur sur elle pour éviter de parler.

Ses opales le fixaient enfin. Iris qui cherchaient à desceller le vrai du faux. La grimace naissant d’une monotonie, et celle représentant une quelconque peur. Les yeux sondaient les traits. Visage dessiné par la divinité. L’Anglaise n’est pas si croyante que ça, if there ever was a god, he died a long time ago. Mais même elle, était incapable de nier l’évidence. Visage dessiné par la divinité. Sublime dans sa joie. Sublime dans sa peine. Sublime, même, dans sa plus douloureuse expression. Au bout du compte, ils le portaient bien, les jumeaux. La même belle gueule, bouille gracieuse pour séduire. Bouille angélique pour dissimuler les ténèbres.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyMer 30 Jan 2019 - 0:07

Une valse avec la mort. Des mots qui balançaient dangereusement sur la crevasse. L'attraction charnelle, distillée dans un regain de conscience soudain. Victoria, prise au piège d'un idéal qui se liquéfiait dans mes veines. Une muse de poussière, écrasée sous les visions de l'écrivain vagabond. Je ne savais plus écrire. Elle pouvait le voir à ces doigts qui tremblaient en tenant le goulot. Elle pouvait le sentir à ces gestes qui étouffaient sous la peau. Je me redressais et le monde chavirait entre mes pas. Equilibre rompu par l'extase d'une aventure sordide. La guerre, un fragment d'âme. Des entités qui se dissociaient dans un futur alternatif. Je me redressais en silence. Que dire sans la blague obscène et l'allusion grotesque ? Que devenir sans le sarcasme et l'éphémère ? Une identité qui se fracturait jusqu'au sang. Une part de moi que je retrouvais dans l'étreinte de Jude, seulement. Stupide à trente cinq ans de courir dans les sillages d'un jumeau. De s'attacher jusqu'à en perdre le souffle. Il était l'ancre qui retenait la chute lorsque les voiles se déchiraient sous le vent. Un bonheur triste. Une dyade d'émotions. « C'est que tu n'as jamais couché avec moi. » Un homme au souffle intenable. Une âme en apnée depuis l'Afghanistan. Je buvais le whisky et étouffait mes pensées dans une stase sentimentale. « Oh mais je l'accuse de beaucoup de choses.» D'être la plus belle chose qui me soit arrivé. De partager mes démons et mes blessures. De tendre la main pour contenir ma haine. Destinées indissociables. Le même physique, la même voix faisant des ricochets dans le temps. C'était bête. Ils ne voyaient que des identiques. Des yeux bordés de la même condescendance. Mais il y avait de la beauté dans nos fêlures. Une complémentarité de chair et de coeur. Je m'éloignais du comptoir et la laissais sauver le dîner. Des doigts de fées, exhalant leur magie sur un mélange d'ingrédients douteux. Puis l'espace s'arrêtait de tourner. Ma mémoire s'emballait lorsque ses opales transperçaient les miennes. D'azur et d'étoiles, elle transportait mon âme vers son échappatoire promise. « Je suis reconnaissant d'être en vie. » Ce n'était pas une réponse. Un bout de vérité pour maquiller la douleur. Un bout de moi qui s'extirpait de la réalité. Je me raclais la gorge en versant une nouvelle tournée d'alcool. « Victoria, j'ai vu des gens mourir. Juste comme ça. En un claquement de doigts. A quoi tu t'attends ? » Je me sentais minable et affligé par la fatalité des autres. J'avais peur, la nuit. Des cris. Des hurlements. Des fantômes qui revenaient dans mon esprit. Je rodais dans les couloirs, sillonnant les murs et les cloisons de l'appartement. Je tombais à genoux sur le carrelage de la salle de bain et priais pour ce Dieu qui n'existait quand dans les livres de foi. Une terreur imaginée. Des mirages. Des odeurs putrides. Je m'asphyxiais dans les sanglots qui ne descendaient pas. Dans chaque faiblesse qui s'enfonçait dans ma peau. Puis je passais devant la chambre de Jude. Je lui enviais son sommeil paisible. Je le fixais en imaginant mon cadavre près du sien. Etrange, comme nous étions nés ensemble. Mais il n'y avait pas de place pour deux dans un cercueil.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyMer 30 Jan 2019 - 17:43


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Ils ne partageaient pas que leur physique, les jumeaux. Ils avaient le même répondant. La même insolence qui roule sur la langue. La même surestime de soi quand il était question de séduire. Et Victoria avait cette même facilité à rétorquer. Avec l'un ou avec l'autre. « Facile à dire quand tu n'es même pas capable de le prouver. » Parce que Josh avait toutes les opportunités de faire un pas, et il ne l'a jamais fait. Désintérêt envers la brune qui arrangeait cette dernière. Sans quoi, elle éviterait ce genre de piques en sa présence. L'ambiguïté n'est pas sa tasse de thé. Elle se contente de lui adresser un sourire avant de porter la suite de la conversation à la cuisine. « Je ne m'attends à rien, Joshua. ». Personne ne devrait s'attendre à quelque chose non plus. Le jeune homme avait déjà un poids suffisamment lourd sur les épaules pour en rajouter d'avantage. Pour le forcer à supporter les attentes des autres et le risque de décevoir. « Ton vécu t'appartient. Tu es le seul à entièrement le comprendre. ». Même quand plusieurs personnes partagent la même expérience, leur vécu n'est jamais entièrement pareil. Chacun avait son caractère, sa manière d'assimiler ce qui lui arrive. Les événements sont similaires, sans jamais être exactement identiques.

La mort. Sordide et conquérante. Elle est partout. La guerre est partout. Au final, tout n'est qu'une mascarade. Un peuple perd ses enfants qui partent en guerre sans raison viable. Pouvoir et Avidité. On part en guerre pour des raisons futiles. On tue pour des raisons futiles. On massacre, écorche et blesse. Tout, pour des raisons futiles. Le plus tôt l'un est confronté à cette terrible réalité, mieux il se portera dans l'avenir. Sauf que, au lieu de présenter les choses telles qu'elle sont, les individus sont bercés d'idéaux pour leur faire croire à une fantaisie. Des idées décorées, détournées, pour justifier les actions les plus atroces des uns et des autres. Pour faire croire que la guerre est méritée. Inévitable. Obligatoire pour arriver à un avenir concluant. Pour être libre.

Foutaises et âneries. Plus encore parce que la guerre est partout. Partout où l'humain pose ses pieds. Inutile de voler jusqu'à l'autre bout de la planète pour y être confronté. Et la seule raison : l'avidité humaine masquée derrière un voile de cruauté. L'avidité cruelle pour laquelle un pays en détruit un autre, efface des vies et fait couler du sang. Pour laquelle des monstres s’en prennent à des êtres faibles. Comme une adolescente d’à peine dix-sept ans qui n’a rien demandé de tout cela. Enlevée, abusée et confrontée à la mort. Parce que son père avait les poches pleines. Et en un claquement de doigts elle n’était rien d’autre qu’un objet. Monnaie d’échange. Une âme qui ne comptait plus. Tout comme les soldats tombés pour une guerre futile. Tout comme Josh qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Elle le comprenait, Victoria. Elle le comprenait plus qu'il le croit, et il n'a pas besoin d'en dire plus pour qu'elle le réalise. Et c'était le cœur du problème. Comment la psychiatre en était-elle capable ? Elle, qui est censée n'avoir rien vécu de tout cela. Elle, qui est censée avoir mené une vie extraordinaire tout au long. Comment faire un retour sur une expérience qui, aux yeux de la terre entière, n’a jamais eu lieu ? Joshua, lui, il était libre au moins. Il avait un choix : se taire ou en parler. Personne ne lui en voudrait s'il voulait s'exprimer. Vicky n'avait pas eu ce même luxe à l'époque. Ce choix d'en parler librement. Elle n'avait que le silence, et elle l'a encore aujourd'hui. À cause de ce mutisme que l'Anglaise se devait de conserver, il n'y a rien qu'elle puisse dire pour arranger les choses. Rien d'autre, à part la vérité qu'elle ne peut pas avouer. Les je ne peux qu'imaginer ta souffrance, les il faut rester fort, car le pire est derrière toi, ne servent à rien. Le brun a dû entendre ses phrases prononcées plus d'une fois. Et le fond de ses prunelles criait une seule chose : rien de ça, rien, ne marchait. Pourquoi cela marcherait ? Chaque mal avait sa propre solution. Les expressions toutes faites n'étaient utiles que pour les échanges superficiels. Rien d'autre.

Les opales bleutées de l'Anglaise cessaient enfin de le fixer. Temporairement, le temps pour elle de fermer le récipient pour le mettre sur le feu. Son téléphone pour enclencher un minuteur et elle s'approche enfin de lui. La main qui s'avance avec aisance pour lui retirer le verre de vin d'entre les doigts et le reposer sur la surface du comptoir de cuisine. « Viens. » A cet instant Vicky le prenait par le bras, le guidait jusqu'au petit salon de l'appartement où elle l'invitait à prendre place sur le canapé. « Regarde-moi, Josh. », puis avec ses mots prononcés, la psychiatre s'installait devant lui, assise sur la table basse pour lui faire face. « Regarde-moi attentivement, et dis-moi tout ce que tu vois. ». Elle était réelle. Plus réelle que tous ses cauchemars qui le hantent aujourd'hui.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 2 Fév 2019 - 15:18

Un cri de guerre pour remuer la plaie. Des images qui souvent, se décortiquaient entre les cils. Souvenir épais. Larme de sang. Qu'elle essaie de comprendre. Qu'elle essaie d'effacer l'horreur ! Un défi du coeur vaillant et de cette âme putride, ravalant sa colère et ses désillusions. Un avenir incertain entre les murs d'un appartement aux cinquante nuances de Jude. Une moitié pour en attraper l'autre. Le lien immuable dans les veines, dans les viscères, dans chaque cellule identique. Il était le héros d'une tragédie qui se jouait sur les sentiers d'Afghanistan. Une ombre se nuant autour de ma gorge pour crever dans un réflexe de déglutition. Les mots avaient taris. Les mots avaient disparus. J'étais muet face à la page blanche. Des secrets que je préférais enterrer en mémoire de l'écrivain qui s'essoufflait entre les dunes du désert. De village en village. D'explosion en explosion. Je repliais les genoux en m'installant sur le siège. L'alcool roulait dans mon gosier. Comme une dernière ivresse. Une dernière échappatoire. Car la nuit, l'univers se dessinait en ocre. J'esquissais un sourire en avalant le liquide. L'aigreur du malte créait l'illusion d'une euphorie qui s'injectait à tord. Je n'avais rien à prouver. Ni sur nos amitiés, ni sur ces jeux de séduction factices. Tout me semblait mensonger. Et Victoria, était loin d'être une passade. Elle était loin de toutes ces autres qui s'entortillaient dans mes chairs. Ces créatures vénales, dépoussiérées  au grand matin. Je vagabondais dans les bars, les rêves brisés par les vérités qui tranchaient le corps. L'amour en peine. La vie en peine. Des sentiments qui soulevaient l'estomac. J'étais vide sous ma carapace. Un regard des jais balancé sur les statures aigus d'une ville qui brûlait entre mes paupières. Je la suivais en silence. Une soumission à sa voix. A la douceur qui en découlait lorsque ses opales glissaient sur mon visage. Elle défilait dans l'appartement avec une aisance horrifiante. Une habitude à vagabonder dans l'antre du démon. Les pensées tourbillonnaient autour de ma tête. La distance se creusait entre nous. Le contact de sa main était un maléfice. Un frisson électrique qui repoussait le vice. Je la fixais avec stupeur. Des minutes qui s'allongeaient et un retour de flamme qui cramait mes lèvres. Ce que je voyais, personne ne pouvait l'imaginer. Ce que je voyais, n'était rien qu'un imagination. Le pire c'était les bruits. Les claquements. Les cris. Un cortège de cadavres marchant à l'unisson sur la corde raide. Je joignis les mains et soupirais. « Une femme attirante.  Les couleurs d'une muse qui se distille dans les cauchemars. La peur qui envahit le palpitant pour lui arracher sa grâce. Des battements arythmiques de la chair qui s'affole à chaque fois que tu approches. Parce que tu es humaine. Et que les humains meurent. Les humains explosent.» Survivant au milieu des imposteurs. Une jeunesse gâchée. Une vie effritée sous la pulpe des doigts. Je haussais les épaules en me redressant. Ma bouche se crispait sous le manque. Et dans un réflexe maladroit, mes doigts trituraient les poches de mon jeans. Paquet de cigarettes, satané poison moulu dans le tabac. Je tremblais en allumant la première tige. La fumée se mettait entre nous. « N'essaie pas, Victoria. Je ne veux pas être sauvé. J'ai juste envie que Jude soit là. » Quand la chute arrivera. Quand je perdrais pieds. J'étais fébrile et malsain. Atteint d'un mal incurable. Une violence qui faisait vrillait les phalanges. Une honte à bouger, à respirer. J'avais tout perdu à Kandahar. Mon inspiration. Mon équipe. La souffrance ne s'arrêtait pas. Jamais.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 2 Fév 2019 - 18:43


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Les prunelles de l'Anglaise s'accrochaient aux siennes. Cette scène pouvait se jouer de bien des manières, sauf qu'il n'y a qu'une version que la brune acceptait. Celle où elle promettait à Joshua de ne pas être jugé. Son regard se vouait à peindre une tendresse imprononçable. Un vœu tacite d'être là, le comprendre et l'écouter. D'être à nouveau sa muse. Une muse aux mille facettes. La Melpomène pour égayer sa tragédie. Les iris qui le fixent, sans pour autant attendre quelque chose de sa part. Les mots qui prennent du temps à venir, et les minutes qui s'écoulent tandis qu'ils restaient tous les deux assieds là. L'un en face de l'autre, au milieu du salon. Et puis les premières syllabes s'annoncent. Tragiques et lourdes de sens. Elles percent le silence qui les a bercé l'un et l'autre. Puis la cigarette pour créer la diversion, la fumée qui s'impose comme un voile pour les séparer davantage. « Je sais qu'il est impossible pour toi de concevoir un futur quelconque, Josh, mais ce n'est pas une cause perdue. ». Elle le savait. Pour avoir elle-même perdue cet espoir-là un jour. Pour avoir broyé du noir chaque jour, durant ce qui lui semblait être une éternité. Les jours qui se ressemblent, et s’enchaînent, sans pouvoir trouver sa place. Les secondes qui défilent et échappent d'entre les phalanges, alors que chaque souffle n'est qu'un supplice à surmonter. Des moments où le simple fait de respirer était une épreuve. Âpre et insurmontable. Comment exister dans un monde sanglant, drapé des ténèbres que personne autre ne semble voir. Alors oui, il l'excusera, Joshua. Il l'excusera de ne pas vouloir respecter sa volonté morose. Parce que Victoria refusait de le laisser se noyer. Âme morte dans une carcasse déambulant qui se laisse engouffrer dans les tréfonds des enfers.

Après ces instants de stoïcisme, la brunette se mouvait enfin. D'une main délicate qu'elle remua dans l'air pour éloigner la vapeur de la clope. Cette odeur de brûlure macabre qui n'avait aucun lieu d'être. Mais ce n'était que son avis. Cette même main qui reposait finalement sur le genou du Baker. Silhouette penchée en avant pour s'imposer, bouffer l'espace et appuyer le sens de ses prochaines réflexion. « Sais-tu pourquoi ? », pourquoi rien n'était jamais une cause perdue ? Parce que lui, comme tous les autres, se contentaient de voir la façade. « Parce que cette femme que tu décris a été brisée plus de fois qu'elle ne peut compter. Parce qu'elle a vu plus de monstruosité qu'il n'est acceptable de voir. Et pourtant, elle est encore là. ». Humaine, comme il le disait. Ou presque. « Il n'est pas question pour toi d'être sauvé. Il est question pour toi de gagner. » Contre lui-même, puis contre les autres. Contre tous ces démons qui n'attendent que de le voir tomber. Danser autour de son cadavre, parce qu'en baissant les bras, le brun décidait de leur donner raison. Et il en était hors de question.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyLun 4 Fév 2019 - 20:04

Un murmure brisé. Coeur à coeur tourmenté par les valses de l'esprit. Des vérités régurgitées pour imbiber les chairs. Les images muettes de la guerre, drapées par les blessures de sang. Elle ne pouvait qu'imaginer. Les hurlements de la nuit. Le désert déplorant ses pertes alors que la Terre tournait dans le vide. Kandahar, un ciel où les étoiles brillaient encore. Avec cette intensité différente. L'éclat du pourpre pour entacher l'argent. J'avais besoin d'espace. J'avais besoin du silence. Un manque d'air dans les poumons. Des trous remplis par les vapeurs du tabac et les gorgées du whiskey. Tombé à l'envers. Tombé dans l'imagination septique. Journaliste enterré vif, avec les ecchymoses de l'être et les fractures de l'âme. Mes doigts tremblaient sur le cendrier. Un signe d'anxiété accru. L'insomnie qui creusait son chemin dans mon cerveau. Le regard vitreux, à moitié mort, posé sur les parois glacés de la salle de bain. Jude n'entendait rien. Un mal secret pour épargner ses démons — nos démons. Reflet de l'autre. Souffrance de chacun. Notre complicité se mourrait dans les reliefs de la céramique. Secret cousu dans la peau. Une honte de décevoir. J'avais frappé mon ex. Je l'avais poussé avec la violence de mes injustices. Réflexe qui revenait hanter ma conscience. Je pinçais les lèvres et réprimais le soupir. Je n'avais rien à lui dire. Je n'y arrivais pas. Les mots étaient là, enfoncés dans ma gorge. Ils se disloquaient dans une vase répugnante. Le frisson de dégoût qui secouait mes échines lorsque je me souvenais, lorsque j'aurais enlacer l'espoir des lendemains. Cauchemar sur cauchemar. Une couche noire, nécrosée derrière les paupières lasses. « C'est possible, Victoria. L'avenir, le meilleur. J'y crois mais je le rejette. Je n'ai pas envie d'être sauvé. Alors n'essaie pas. » Une crypte où le calme déliait mes muscles. Un enfer, où je me sentais chez moi. Triste désillusion. Une habitude à l'obscurité, aux gouttes d'eau qui glissaient dans les égouts. Le son couvrait le chagrin. La constance harmonieuse. La mélodie de la vie qui se dissipait dans les réseaux d'assainissements. Un flux continu, intemporel, dans lequel mon esprit se greffait pour exister. Sa main agitait l'écran de fumée. Un voile brisé par la vision, soudain, éclaircie par les ondoiements de la lampe. Ses yeux transperçaient la lumière. Victoria était le phare qui guidait les naufragés vers leur terre d'exil. Je souris en hochant la tête. « Je suis là avec Jude. C'est ma victoire. » De plonger dans ses sillages. De lier nos destinées comme au premier jour. Ma moitié d'âme arrachée de ma chair. J'effleurais sa main, comme pour la soulager du fardeau. « Ce n'est pas ton lot de t'inquiéter. Je suis malade de la guerre, je le sais. Et mes pulsions, celles qui ne se contrôlent pas, celles qui me poussent à me cacher dans la violence, c'est aussi mon identité. Avant, la colère me faisait peur. J'en pleurais. D'avoir osé cogner. D'avoir fait du mal à ma copine. Et maintenant, c'est tout ce qui me reste de l'homme que j'ai été. Un amoureux un tantinet espiègle et romantique. Une passion ravageuse et destructrice qui fait défaut au substitut de coeur. » Je voudrais aimer à nouveau. Je voudrais enlacer la flamme et me consumer dans les brasiers. Qu'il ne reste que des cendres de nous. Qu'il ne reste que le sentiment calciné par la ferveur magnifique. Je me redressais pour écraser le mégot.
Tout va bien, Vicky.
Il faut juste l'accepter.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyMer 6 Fév 2019 - 20:12


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Les ténèbres masquent le soleil, mais ce dernier ne cesse aucunement de briller. Étrange constat, d'ailleurs, car l'un ne vient jamais sans l'autre. Le mal n'a aucun sens sans l'existence du bien. Et l'enfer ne serait qu'une illusion sans la salvation. Le jeune homme avait les deux. Ses cauchemars et son samaritain. Ses plaies mentales de guerre et son jumeau. Duo infernal, indissociable depuis leur naissance. Telles l'ombre et la lumière ; deux entités à part entière, certes, sauf qu'ils n'ont un véritable sens que quand ils sont associés. Le yin et le yang. Victoria ne pose jamais des questions aux frères. Elle en a entendu assez pour savoir que leur monde tourne autour d'eux-mêmes. Deux constantes qui tiennent toujours face aux autres variables de la vie. « La romance est un concept surestimé, si tu veux mon avis. », le sourire discret, les phalanges qui ne remuent pas. La remarque pour alléger l'esprit et l'atmosphère. Pourtant, ce n'était pas un mensonge. Elle y a eu droit avant, Vicky. Cet amour qui s'inscrit dans l'histoire, qui trace la chair et ne quitte plus l'âme. Mais elle a aussi réussi à vivre sans. « Tes défauts ne suffisent pas à définir qui tu es, et ta flamme ne s'éteindra qu'avec ta mort. Il faut simplement te battre pour la retrouver. » L'essence de qui il est. C'est une chose encore présente, quelque part, entre tous les débris de son existence brisée. « Je n'ai aucun droit de te demander une faveur, mais peux-tu me faire une promesse ? ». Entre eux, c'était une amitié naissante et une profonde affection. Victoria n'était pas indispensable au monde des Bakers, elle en avait pleinement conscience. La trentenaire n'était pas en mesure d'imposer sa présence dans la vie du journaliste, encore moins maintenant que ce dernier exprimait clairement son ressenti. Âme damnée, vouée à la calamité éternelle. Prisonnier dans son propre esprit, condamné à revivre ses cauchemars sans vouloir en sortir. Parce que Joshua le pouvait, s'il le voulait. Et il se refusait ce droit. Il n'en voulait pas, de l'absolution. L'enfer n'est éternel qu'à cause de l'habitude. Quand l'un y trouve sa place, il n'ose plus jamais en ressortir. Si l'un y trouve sa place, il se dit qu'il le mérite quelque part. Il accepte le châtiment sans broncher, et observe le reste de son existence lui filer entre les doigts. Il ne voulait pas être sauvé, disait-il. Ce n'est qu'une excuse. Car la fierté de l'être humain se porte mieux comme ça, quand l'homme se berce dans l'illusion du choix. Josh a choisi. L'Anglaise respectait ce choix. Le jugement n'avait pas sa place dans cette conversation, peu importe les révélations faites, peu importe la gravité des faits avancés. Vicky respectait la conviction du brun, seulement, elle était dans l'incapacité d'étouffer sa propre volonté. Celle qui la poussait à essayer, sans aucune garantie d'y arriver. Celle qui la poussait à être au moins présente pour lui, s'il en voulait bien. « Si pour une raison quelconque ton frère n'est pas dans les parages quand tu en as besoin, je veux que tu m'appelles. ». La psychiatre ne pouvait pas remplacer Jude. Personne ne pouvait remplacer Jude. Ils étaient les deux faces d'une même pièce. Inséparables, à l'encontre de tout. Complémentaires, d'une certaine manière. Lien de sang, lien de vie, que la mère ne pouvait jamais comprendre. Cependant, même l'incompréhension ne l'empêcherait pas d'essayer. « S'il te plaît... », sa main insiste dans son étreinte. Supplication muette au fond de ses opales. Le mal est moins difficile à étouffer quand on ne se sent pas seul. Victoria aurait aimé voir une main tendue vers elle, à l'époque où elle combattait ses propres démons. Elle n'en avait pas eu. La brune n'avait eu que les excuses d'un père perdu face à la fatalité, et les mots qui se voulaient rassurant du médecin de la famille. Rien de plus. Vicky n'avait pas le soutien inconditionnelle d'une autre moitié. Pas de frère ou sœur. Des amis trop superficielles pour réaliser que quelque chose n'allait pas. Et le poids de secrets inavouables qu'elle portait encore aujourd'hui. Un sort qu'elle ne souhaiterait pas, même pour ses pires ennemis. Encore moins à Joshua. La peine de la solitude absolue.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 9 Fév 2019 - 13:28

Ce coeur valsant entre les côtes. Battement mécanique pour expulser les souvenirs. Rythme de mort lorsque la vie ne suffisait plus. Je la regardais  toujours, les prunelles percées par ses lumières. Boucles d'ébène car les ténèbres avaient léché les plaies. Cils courbés sous le poids des horreurs. Pouvoir de l'esprit. Culpabilité tranchante. Mes mains tremblaient sur la table. Fatigue morale. Fatigue insomniaque. Nuits éternelles entre les murs de la salle de bain. Le vide sidéral sous l'os. De honte et d'amour. De mal et de patience. Sentiment irreversible. Les soupirs brûlants la peau. La cigarette, trop vite consumée. Amalgame de tout. De rien. Mes yeux roulaient sur le cendrier. Poussières grises et cadavres de mégots. Les dunes imaginaires se dessinaient dans le décor. Lutte sordide pour la liberté. Mes ongles s'enfonçaient dans le bois. « Ree-viens. Donne moi la caméra! Jon ils arrivent ! Jon ...Cours ... » Fumée aveugle. Course effrénée entre les sentiers du village. La secousse violente. Les bouts de chairs ourlant le chemin vers la base militaire. Ils avaient attaqué le noyau. Ils avaient explosé en mille morceaux. Et sa chair giclée contre mon visage. Son odeur putride dans mes narines. Putain, putain, il est mort ! Sentence de l'éternel qui pétaradait dans les oreilles. Mon corps qui se rappelait des mouvements. Redressé. Paralysé. Ankylosé. Le choc de l'impulsion. Ma respiration sifflait dans ma gorge. Je me tournais vers la fenêtre. Victoria de retour dans la parallèle. Sa voix, litanie vivante. Elle, spectatrice des fêlures. Je me noyais dans les sueurs. Mes jambes arquées sous les frictions du pantalon. Bouche ouverte pour appeler l'air. Fuck l'oxygène ! Le feu enlaçait la trachée. Muqueuses abrasées. Muqueuses en détresse. J'esquissais les cent pas entre les meubles, bras agités pour effacer l'Afghanistan. S'il te plait ...  J'étais soudain revenu à ses côtés. « Qu'est que tu as dis ? » Incompréhension. Un moment englouti dans l'espace. Je n'avais rien entendu. Je n'étais plus là.  Les mots se fracturaient lorsque le souffle manquait dans les poumons. Je la fixais, les paupières nerveuses. Tord révélé au grand jour. Naïveté mensongère de croire qu'il était possible d'avancer sans thérapie. Sa main insistait dans son contact. Mes yeux rivés sur cette proximité de sang. Désir refoulé dans les ruines de Kandahar. Je m'éloignais brusquement. J'étais l'inconnu. J'étais tous les fantômes et tous les soldats. Evidence répudiée. Evidence necrosée sous la peau. « Tu peux me donner une seconde ? » Eclipsé derrière la porte. La baignoire pour havre de paix. L'eau glacée coulant sur la chair fiévreuse. Je me repliais sous le jet, les vêtements suintants de malaise. Âme en transe dans le ruissèlement continu. Je grommelais en laissant les minutes dévaler sur mes articulations. Attente interminable car le mal ne passait pas. Je vais bien. Je vais mieux. Echo insistant dans le coeur. Des perles qui s'enfonçait dans le dos. Je me levais maladroitement, retirais la chemise et les chaussures mouillées. Serviette pour étouffer l'instant quand le reste ne suffisait pas. Je regardais le miroir. Vapeur condensée pour éclaircir ma vision. J'étais piégé dans le tunnel. Je serrais les dents en sortant de ma cachette. « Désolé, quick shower. Je profite de mes privilèges. La douche, c'était un luxe la bas. » Sourire nerveux. Pas de questions. Pas remarques. Les yeux suppliants pour contourner le sujet. Je ne voulais pas en parler. Je ne voulais plus parler.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 9 Fév 2019 - 15:33


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Conflit entre morale et raison. Bataille dans l’esprit de la brune qui fixait Joshua, qui le regardait s’éclipser du salon. Chimère irréelle que de le voir ainsi, le corps physiquement présent, mais l’âme coincée ailleurs. L’âme qu’elle sentait filer entre les doigts. Intenable, et fantomatique. Conflit entre la raison ; rester là où elle est assise, l’attendre. Et entre la morale ; le suivre dans son enfer pour ne pas le laisser seul. Prisonnier de ses crises et de ses cauchemars incessant. Pour une fois, Victoria choisissait la raison. Retenue dans son pas par l’alarme retentissante de son téléphone. Son pour lui rappeler la raison initiale de sa venue. Un repas en cuisson, à partager entre deux amis qui se retrouvent. Un repas pour accompagner une discussion fugace comme toutes celles qu’ils ont pu avoir par le passé. Alors la brunette lui laissait ça. Lui laissait un moment de solitude avec lui-même et se contenta de précipiter ses pas vers la cuisine. Ils pouvaient avoir leur repas, Joshua pouvait jouir d’une dernière soirée anodine, parce que Vicky ne le forcera pas plus que ça. Pas ce soir en tout cas. Elle ne voulait aucunement prendre le risque de le briser plus qu’il ne l’était déjà. « Je ne savais pas que prendre une douche en étant complètement vêtu est à la mode. ». Ses iris se posent brièvement sur lui. Les quelques mètres pour les séparer. Une distance que la psychiatre bravait finalement, pour s’approcher. « Ton doigt, s’il te plait. », la politesse pour créer l’illusion, et la voix pour marquer le silence de la pièce par son autorité. Victoria ne lui laissait plus vraiment le choix. Pas après tout ce qui vient de se dérouler. Le seul choix que Joshua avait, c’était de la foutre à la porte. Rien d’autre. Parce que c’était le seul moyen de freiner l’Anglaise. Et même un acte pareil ne la dissuadera pas de l’aider. D’une main, la brune tenait le téléphone du brun, et de l’autre elle guidait son pouce vers l’engin, pour le déverrouiller. « J’ajoute mes coordonnées à ta liste de personnes à contacter en cas d’urgence. », l’affirmation sereine, l’affirmation inévitable. Encore une fois, le jeune homme n’avait plus le choix. « C’est ce que je te disais, toute à l’heure. Quand Jude n’est pas là, tu m’appelles. ». C’est tout ce qu’il devait retenir, Baker. Rien d’autre. Et par cette même facilité que la psychiatre avait guidé ses phalanges, elle le relâcha pour lui remettre l’appareil entre les mains. Le sourire rassurant qui orne ses lippes, faveur qu’elle cédait pour répondre à son supplice. Victoria ne voulait pas le brusquer. Pas tout de suite. Pas ce soir. Cela prendra le temps qu’il le faut. « Maintenant si tu veux bien aller te changer, le dîner est presque prêt. ». La nonchalance pour border ses mouvements, la brune s'afférait à la tâche en abandonnant l’ancien journaliste dans son coin. Les bras occupés à porter les assiettes, et les pas mouvants d’une pièce à l’autre. Tout comme ce repas sauvé à la dernière minute, l’âme de l’écrivain ne trouverait son chemin vers les terres promises qu’avec de la patience. De la volonté, aussi, mais énormément de patience. Personne ne peut résoudre ce genre de problèmes en un claquement de doigts. Malade de guerre, il le savait. Ses pulsions sont maîtresses, ses réactions le rendent esclave. Et tout le monde autour de lui espérait la solution miracle. Hélas, il n’y a plus de place au miracle quand l’un voit le pire. Quand il se rend compte du mal qui ronge le monde. La magie et les idéaux enfantins se brisent, pour être à tout jamais perdu dans les débris. Ses peines étaient siennes, et la seule aide que Victoria pouvait lui apporter ce soir, c’était un instant de paix. Aussi fugace soit-il, pour l’apaiser et le préparer à tout ce qui allait suivre. Elle était là, et elle l’était pour rester.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 9 Fév 2019 - 17:07

L'attente cruelle d'une absolution qui ne venait pas. Des mirages éparpillés sous le coeur. Laissez moi en paix! Les images tranchaient mes paupières. Une seconde réalité, déferlant sur la conscience. Vie étouffée sur la céramique de la baignoire. L'accalmie refusée par le sommeil et les longues heures d'insomnie. Le sang affluait dans mes bronches, imposant ses poisons dans chaque fragment de chair. La guerre omniprésente. La guerre, ombre défectueuse incrustée dans la peau. Je la respirais partout. Je sentais son odeur dans l'air autour de la pièce. Cette fragrance putride de la mort. La gangrène des tissus nécrosés sur le sable. Des carcasses agglutinées au fond du trou. Ma gorge se serrait alors que je fixais Victoria. Je m'approchais en titubant, les muscles engourdis par le choc, les gestes alourdis par les vêtements entortillés sous la serviette. Ses mots tombaient comme une sentence. Des coups de fouets sur l'âme. Des supplications silencieuses, faisant écho aux hurlements des soldats. Ma poitrine était paralysée. Ses mains encerclaient mon doigt mais je ne bougeais pas. Ses mouvements conditionnaient les miens. La bouche muette, c'était mes prunelles qui acquiesçaient. Mes prunelles qui répondaient lorsque ma voix se noyait dans ma gorge. Que voulait-elle vraiment ? La contacter en cas d'urgence ? Il était trop tard. Le danger était déjà là. Il infectait ma chair. Il pétrifiait mon coeur. J'avais peur d'exister. J'avais peur de crever dans l'ombre de Jude. Et de me rendre compte qu'il ne suffisait pas. Que la moitié d'âme ne pouvait pas rendre ce que j'avais perdu là bas. Une chance que je lui refusais pour préserver notre idéal. Cette complicité malsaine. Cette similitude des corps et des esprits. Je crispais la mâchoire, comme si la douleur était réelle. Comme si le mal tétanisait mes os. Je ne pouvais pas diffamer notre lien. Je ne pouvais pas le décevoir aussi. Victoria ondulait dans mes songes. Elle voulait s'éloignait, me rendre ma liberté. Mais je la retenais dans un sursaut d'angoisse. Mes bras la piégeaient dans l'étreinte forcée. Etaux de chair pour une prison morale. Mon souffle se fracturait dans son cou, dans son parfum. Soupir gémissant. Halètement bestial. Une lamentation qui échappait de mes lèvres alors que je me perdais dans les cauchemars. Quelques secondes de plus. Quelques instants volés. Puis je la relâchais pour disparaitre dans le couloir. La porte ouverte. La fenêtre ouverte. La pièce étalée sous la lumière. Comme si l'enfermement me guettait. Comme s'ils pouvaient me condamner. C'est la fin. Les tissus glissaient sur le sol, remplacés par des vêtements plus denses, plus chauds. Je repliais les genoux et m'installais sur le lit. Je n'avais pas faim. Mon ventre était tordu par la douleur. La fatigue me rattrapait. Le whiskey qui montait dans le nez. L'ivresse qui assommait les fantômes. Je fermais les yeux en tombant sur le matelas. Un cessez-le-feu apaisant. Le silence, magnifique mélodie au creux des oreilles. Je ne bougeais pas. Le dîner pouvait attendre. Comme la guérison. Comme mes amours. Comme le monde qui s'effondrait sous mes pieds.
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptySam 9 Fév 2019 - 19:16


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Et les phalanges de la brune qui suivent le mouvement. Étreinte consolidée par la douceur d’une main posée sur le dos de l’homme. Un murmure que Vicky n’osait pas prononcer. Everything is going to be alright. Car elle ne savait pas si c’était le cas. Car elle savait au fond d’elle que plus rien ne sera jamais pareil. Une partie s’arrangera, oui. Des bribes de sa vie rentreront dans l’ordre, sans que Josh retrouve la personne qu’il était avant l’Afghanistan. Ses crises, cette maladie, tout n’était qu’une manière atroce de faire son deuil. Il ne le sait peut-être pas encore, mais l’ancien Joshua Baker y est resté. Mort tragique, destin brisé. Il n’est plus. Ce qu’il est, c’est un nouvel homme. Perdu dans ses tortures, peinant à remonter à la surface de son existence. Et Victoria ne disait rien, elle se contentait d’apaiser. Par la douceur d’une main posée sur le dos de l’homme. Une robe entachée d’eau, et une sensation troublante pour lui parcourir l’échine. Une sensation troublante de déjà-vu. Et puis l’éloignement soudain et le silence pesant. La brune lui laisse ça, encore une fois. Les quelques instants de répits, nécessaires pour reprendre ses esprits. Les quelques minutes pendant lesquelles elle s’occupe de dresser une table, inutilement. Avant de suivre les pas menant jusqu’à la chambre de Joshua. « Au moins tu sais donner une bonne raison à une femme de retirer sa robe. ». La tenue mouillée par son étreinte, elle demeurait là, Victoria. Debout au pied de la porte, silhouette appuyée sur le cadrage à le fixer. Court moment de déjà-vu. La carcasse de l’homme qui jonche le matelas, l’air solennel, pour un instant seulement. Sans la lueur dans leurs regards, il était difficile de les dissocier. Les jumeaux. Difficile de reconnaître qui est qui. Dans la scène actuelle, le protagoniste n’était pas Jude. L’heure n’était pas au péché et aux ébats sans repos. Là, il n’y avait qu’un homme, le dos craquant sous le poids incommensurable des atrocités dont il était témoin. Des monstruosités qu’il a vécues. Les mains de la brune glissaient dans ses poches, l’esprit tourmenté dans l’incapacité d’agir, ou de l’apaiser. « Je ne peux pas te laisser maintenant. Tu le sais, pas vrai ? ». L’Anglaise pouvait, pourtant, si le trentenaire ne lui accorder d’autre choix que de partir. S’il décidait sur un coup de tête de la mettre à la porte. Dîner avorté par les cauchemars insoutenables. Elle ne s’y attendait pas, et lui non plus. Vicky ne pensait pas en arriver là, et lui non plus. Mais les voilà. Complicité scellée par la souffrance éternelle. Celle qui ne quitte jamais l’être, même après guérison. La psychiatre en était le plus bel exemple. Joshua pouvait vivre, pouvait dépasser ses crises et ses angoisses, sauf que ces souvenirs mortels feront à tout jamais partie de lui. Parce qu’il est impossible de tout effacer par un simple souhait, par de simples mots. L’existence serait bien trop clémente, sinon. « Je serai dans le salon si tu as besoin de moi. » S’il éprouvait le besoin de se recueillir sans la crainte du jugement, s’il voulait exprimer ses horreurs qui tournaient en rond dans sa tête. Ou s’il voulait simplement fermer les yeux en ayant la conviction qu’il n’était pas, entièrement, seul. La solitude n’est pas un remède, mais en elle-même une majeure partie du problème.

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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 10 Fév 2019 - 10:11

Visions du tunnel qui se fermait sur la lumière. Le bruit immaculé dans le désert, sifflement strident des balles qui traversait les dunes granulées pour échouer dans les oreilles. Il y avait un temps pour mourir, un temps pour s'élever. Mes yeux s'agitaient dans le silence de la chambre. Paix retrouvée sur le creux du matelas. Les instants, les mirages, l'univers fracturé sous ma peau. Comme si l'irréel était plus fort. Comme s'il était possible d'y retourner. Ma bouche se crispait douloureusement. De trop ressentir. A trop imaginer. Je sentais les larmes entre mes cils. Liquide incolore, saignant sur les joues. Les cris enlaçaient les fluctuations du rideau. Grâce virevoltant sur les encadrements de la fenêtre. Une liberté fluette, ponctuée du vice qui drainait le coeur. Je repliais les bras sur ma poitrine. Les images filaient entre mes paupières. Une torture infinie des corps qui s'agglutinaient dans les tombes militaires. Soldats apatrides, soldats orphelins, des familles déchiquetées par les bombes. Et la culpabilité de tuer. La frénésie d'une chasse qui pourrissait les chairs. Tous, condamnés par la même maléfice. Tous, genoux ployés face aux chars de guerre. Les généraux aboyant les ordres venus d'ailleurs. Des sièges d'ivoire et des sols de velours. Le pouvoir décisionnel pour voiler l'horreur politique. Mon souffle s'embrasait dans mes poumons. Un manque d'air. Un manque de nicotine. Difficile de faire la différence lorsque l'organe s'affaissait dans ses bronches. Je ne me redressais pas, injustement piégé dans mes pensées. Des fantômes peignant leurs tragédies dans ma tête. Des ombres diaphanes, gémissant dans une spirale de sang noir. Les mots ne servaient à rien. Les poésies ne sauvaient personne. Abandonnons tous. La voix de Victoria vibrait autour de la pièce. Elle le savait aussi. Ma flamme était mise en interdit. Une honte du sentiment, une emprunte écorchée sur les plaies de l'âme. Sa sollicitude n'égalait pas le vide. Je ne répondais plus, submergé par les échos d'une conversation à sens unique. La force manquait. Le souffle s'enflammait. Je gardais les yeux fermés. Larmes de sels infectées sur les muqueuses oculaires. Cette faiblesse, ce supplice qui rejetait les thérapies et les médicaments. Pour une raison que j'ignorais. Pour un idéal qui me détruisait. Et Thalia, ma douce Thalia, brûlée vive par la passion qui jaillissait de ses propres lèvres. Amour putride. Amour poison. Je revoyais le choc, la collision de ma main. Impulsion de violence pour retrouver l'équilibre, pour taire les voix qui tourbillonnaient dans mon crâne. Je sifflais entre mes dents. Non Victoria, pas le salon ! Reste. Me laisse pas je t'en supplie. Prières étouffées dans la gorge. Je grognais en tendant le bras, les doigts écartés dans le vide. Un résidus d'énergie pour la sommer d'approcher, de prendre place sur la grand lit. Détresse du coeur, vague à l'âme qui frissonnait sous les coups du plomb. Elle était psychiatre, elle comprenait. Je n'avais pas besoin d'un médecin. Je voulais quelqu'un, n'importe qui. Une épaule. Une clavicule. Un support pour la prochaine chute. Parce qu'il y en aurait d'autres, j'en étais certain. « J'ai besoin de toi ici. » Des paroles intelligibles, balbutiées à bout de souffle. L'eau ruisselait encore sur mon dos. Des perles glacées, enfoncées dans la chair. Des souvenirs que la serviette n'effaçait pas. Je soupirais, le coeur en suspens. Qu'elle vienne, maintenant. Qu'elle prenne place dans ce cercueil pour un. Tombeau de silence pour épargner Jude. Pour lui éviter mes failles et mes rechutes. Ce frère, ce reflet de lumière souillé par mes ratures.
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Victoria Walker

Victoria Walker
the road to hell is paved
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MessageSujet: Re: never too late (joshua)   never too late (joshua) EmptyDim 10 Fév 2019 - 21:46


trauma creates change you don’t choose. healing is about creating change you do choose.
— w/@joshua baker




Les secondes qui semblent être une éternité. Une décision que Victoria trancherait sans y penser deux fois, d’habitude. Pourtant, elle restait là. Au pied de la porte, immobile. Sentant sa souffrance dans sa propre chair. La logique qui lui échappait à chaque instant qui défilait, depuis que Joshua s’est confié à elle dans le salon. La raison qui laisse place à l’attention sans bornes et limites. Parce qu’elle est comme ça, Vicky. Elle offre sans se restreindre. Et elle reprend, également, sans se restreindre. Les secondes qui semblent être une éternité. Et qui se finissent par un premier pas de la brune dans la chambre. Réponse à un appel de détresse totale. Incapable de l’abandonner à ses cauchemars, ou de le laisser seul dans sa souffrance. When she cares, she gives it all. « Shhh. », la main pour tenir la sienne. La caresse pour le soulager de son chagrin, ne serait-ce que pour quelques brefs moments. Et la voix pour le rassurer. « Ne dis rien. ». Le jeune homme n’en avait pas besoin, pas maintenant. L’heure de la parole viendra plus tard, ce soir ou un autre jour. Les phalanges soutiennent cette étreinte, tandis que sa poigne libre atterrit sur son bras. Les paroles pour l’inciter à se mouvoir. « Allons. Il faut te mettre au lit. ». Qu’il délaisse sa position actuelle, qu’il laisse à son corps la paix que Joshua n’arrive plus à goûter de son âme. L’Anglaise sera là, elle n’avait nulle part où aller, plus maintenant. Coincée dans ses propres idéaux et sa propre moralité. Peu importe le regard externe, il n’y avait à ses yeux qu’une seule solution. Et la brune s'acharne à l’appliquer. Ce qu’il fallait faire. Incapable de l’abandonner à son sort, et de laisser l’ancien journaliste se noyer dans sa détresse totale. Patiente jusqu’à ce que Baker y arrive, jusqu’à ce qu’il s’installe sans l’inciter plus que de raison. Le corps visiblement las, victime de ses tourmentes incessantes. Lenteur des gestes que la psychiatre accompagnait. Ses doigts féminins en appui, et les bras pour le soutenir dans ses mouvements. « Je suis là. », murmure pour éteindre l’agonie, ou du moins l’apaiser, alors que la trentenaire le couvrait finalement des draps. Linge soyeux pour le couvrir d’une étoffe de douceur et de confort. Peut-être qu’il n’arrivera pas à le sentir tout de suite, Joshua, mais elle était là. Finissant par franchir le pas, et de grimper finalement sur le lit, elle aussi. Par-dessus la couette, allongée à ses côtés. Les opales azur qui fixent les traits du visage du jeune homme. La même gueule d’ange que Jude. Les traits identiques. Pourtant, un monde pour séparer les jumeaux. Ce soir, c’était plus visible que jamais. Derrière les paupières closes de Joshua, c’est une autre dimension qui s’ouvrait. Des ténèbres que Victoria n’a jamais distillé dans le regard de son jumeau...

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