Ce n'est pas un mensonge, le retour à la réalité après avoir été dans l'armée est vraiment très compliqué. Il est difficile de retrouver la vie civile lorsque vous avez connu pendant des années l'horreur dans des pays étrangés au votre. Là-bas, les jolies rencontres sont assez rare, mais fort heureusement il en existe quelques-unes qui vous marque, et notamment les enfants. Malgré l'horreur de leur pays ils arrivent tout de même à garder le sourire, à jouer avec un rien et vous redonner le sourire et l'envie de vous battre. Ça n'a pas été tous les jours facile, l'envie de toute abandonner m'est souvent venue à l'esprit et puis l'instant d'après envolé. J'ai trouvé une bulle de bonheur dans laquelle m'échapper le soir, sur mon téléphone connecté au reste du monde, là où l'horreur n'existe pas. Loin de tout, loin de ça. Je suis évidemment marqué par les horreurs que j'ai vues, que j'ai subi aussi, mais tout ça je le garde pour moi, un secret que j'emporterais jusqu'à ma tombe. Il y a de ça quelques mois maintenant, j'ai été renvoyer de l'armée à cause d'une grave blessure que j'ai subi, j'ai dû être hospitalisé pendant quelque temps, je ne suis pas pour autant hors de danger, mais j'essaie tout de même de vivre … Ou plutôt survivre serait le terme le plus approprié pour moi. Pour essayer de retrouver un semblant de vie social j'ai rejoint une coloc' je me dis que c'est peut-être quelque chose qui va m'aider à aller de l'avant, je l'espère en tout cas. Étant de retour de la vie civile, il faut aussi que je trouve de nouveau un boulot, et l'armée m'a alors conseiller la police. Depuis quelques semaines maintenant je passe des journées entière dans le poste de police de la ville afin de m'essayer à plusieurs domaines, c'est encore bien flou tout ça. Comme tous les soirs, je rentre à la coloc', mon seul chez-moi, ma seule intimité c'est ma chambre. Je rentre dans cet appartement, déposant mes clefs sur le petit meuble à côté de la porte d'entrée, puis c'est ma veste que je range dans le placard. Mes colocataires semblent être absents, tant mieux. Je m'affale alors de tout mon poids dans le canapé du salon, regardant dans le vide, probablement que le temps passe.

Aujourd’hui, tu avais commencé à travailler l’après midi. Cela signifiait donc que tu étais de fermeture. Cela ne te dérangeait pas et puis, ça te permettait également de dormir un peu plus le matin. Tu étais davantage du soir plutôt que du matin. Tu préférais dormir le matin et tu avais souvent du mal à sortir de ton lit mais peu importe. Tu avais servi les clients, tu leur avais donné ce qu’ils souhaitaient, les avait encaissées. Tu avais ensuite nettoyé les tables et fermer le bar. Tu n’étais pas toute seule bien sûr. Tu avais quelques collègues avec toi, normal.

Ta soirée étant terminée et le bar fermé, tu décidais de rentrer directement chez toi, à la colocation. Tu y vivais depuis quelques semaines avec deux autres personnes, deux hommes. Matteo et Julian. Tu t’entendais plutôt bien avec eux enfin, tu n’avais pas de soucis. En même temps, tu étais là depuis peu de temps mais quand même. Tu entrais chez toi, déposait tes clés dans l’entrée alors que tu retirais tes chaussures. Tu avais vu de la lumière. « Il y a quelqu’un ? » Tu demandais avant de retirer ta veste. Tu te dirigeais ensuite vers le salon où tu y avais vu la lumière. Tu remarquais ensuite que Matteo se trouvait là, sur le canapé. Il semblait fatigué. « Hey, ça va ? » Tu lui disais avec un sourire avant de t’installer à ton tour sur le canapé. « Tu es là depuis longtemps ? » Tu lui demandais donc en déposant tes pieds sur le canapé et le regardant, jouant avec tes cheveux.

Je suis dans mes pensées, je suis en train de me demander si j'ai vraiment ma place auprès des civils après avoir servi tant d'année auprès de l'armée américaine. Par moment je me dis que ça n'est peut-être pas ma vie et que je n'arriverais jamais à m'y faire à cette vie de civil, cette vie si calme finalement que j'ai très peu connu dans ma vie. Et si je repartais ? Je ne sais vraiment plus quoi faire alors je me perds tout simplement dans mes pensées, à tel point que je n'entends même pas que quelqu'un entre dans l'appartement. « Il y a quelqu’un ? » En réalité mes pensées sont tellement fortes que je ne vois et n'entends rien autour, enfin jusqu'au moment où elle vient se poser à mes côtés. Le poids de son corps sur le canapé me réveille enfin, d'un seul coup je me sens légèrement bête de ne rien avoir entendu. « Hey, ça va ? » Cette question j'ai du souvent y répondre et j'avoue que ça n'est pas celle que je préfère puisque si je devais être totalement sincère je répondrais que non, mais je n'ai pas envie d'avoir des pourquoi par la suite et surtout, je n'ai pas envie de faire chier les gens alors je réponds tout simplement, « Oui ça va et toi ? » à chaque fois, c'est bien plus simple comme ça. J'affiche aussi un petit sourire, ça passe toujours mieux. « Tu es là depuis longtemps ? » Je suis rarement à la coloc' alors ça doit être étrange de me voir là légèrement plus tôt que d'habitude du coup. « Non non, je viens juste de rentrer. Pas trop fatigante ta journée ? »