Maison vide, garçon laissé à l'abandon dans sa chambre d'adolescent. Il n'aime pas ça, le silence et l'ennuie qui règne, la seule occupation est de regarder les visages qui défilent devant sa fenêtre, petits êtres qui ressemblent à des fourmis de là-haut, Lyle se voit roi. On pourrait entendre la mélodie qu'il crée avec ses doigts fins, plongé dans la musique qui berce ses oreilles, la boule de chaleur bouge, vit, profite. Heureux, bon vivant. Les parents sont absents pour le weekend, c'est à peine si Lyle se demande s'ils sont partis ensemble ou séparément - il sent les choses, le brun, et ça sent pas l'amour entre papa et maman. L'odeur de l'amour est plus présente quand Lyle est face à de la nourriture que quand les parents sont face à face, et ça, ça l'attriste. Maman est fatiguée, papa aussi, mais il a encore la force de chercher pour de nouvelles aventures (les enfants ne sont pas dupes, loin de là, même). Lyle aurait aimé les voir s'aimer jusqu'à leur dernier souffle, mais leur amour s'est éteint avec eux. Il voit le bon côté des choses, ils se supportent encore. Lyle n'aurait pas supporté un conflit parental, il n'aurait pas eu le courage de prendre parti. Il n'aurait pas du. Lyle, il avait l'âge d'observer les dégâts se propager, mais pas de tout arrêter. On ne contrôle pas l'amour, on peut juste se laisser dévorer, abîmer, enivrer, mais c'est tout. C'est l'amour qui a le contrôle de nous, des petites fourmis. Parents partis, jumelle absente et garçon qui souffle dans cette maison trop grande pour lui. Il se balade, va dans la cuisine, grignote, harcèle sa soeur, mais n'attend aucune réponse - Il l'imagine sur la glace, cette pensée lui arrache un sourire. C'est drôle comme elle est la maîtresse de la glace et que lui est le maître du feu. Différence parmi tant d'autres, on ne peut pas y échapper.
Le jeune homme, porté par les notes de musique, vient se faire interrompre par la sonnerie. Sa tête se tourne directement vers la porte d'entrée et il courrait presque pour venir ouvrir celle-ci. Il s'imagine avoir de la visite, mais quand il tombe sur le visage de Cameron, il se doute bien que cette venue ne lui était pas destinée. Lyle n'est pas surpris de le voir, les visites de Cameron faisant partie du quotidien, c'est sans surprise qu'il se décale pour le laisser entrer. Tu risques d'être déçu mais Laurel n'est pas là. Il observe son ami en grimaçant. Elle te manquait de trop, c'est ça ? Qu'il lui demande, l'air taquin. Lyle voit les choses, il est loin d'être aveugle comme ces deux-là.

La relation entre Cameron et sa sœur jumelle avait toujours été un mystère aux yeux de tous. Lyle avait eu tout le temps du monde pour les observer et comprendre ce qu’il se tramait entre les deux. Il a toujours su que quelque chose se passait, il ne jouait pas l’aveugle contrairement aux deux. Lyle n’était pas un professionnel de l’amour, mais il était du genre à croire au coup de foudre, aux âmes sœurs, au destin. Et lorsqu’il les observait, il voyait une possibilité incroyable pour expliquer ce que l’amour était. Ils avaient beau ne jamais avoir officialisé quelque chose, le brun était certain qu’au moins un de ces deux cœurs battaient pour l’autre. Une certitude, qu’il se disait. Ces choses-là, il les sentait. Il avait sûrement été la première personne à tout faire pour les mettre ensemble. D’après lui, ils étaient parfait l’un pour l’autre et il avait passé son adolescence à faire en sorte qu’ils ouvrent les yeux, dans des manœuvres maladroites, mais tout de même discrètes. Lorsqu’il parle de connerie, le brun roule des yeux en souriant. Cameron est un homme intelligent et têtu, qui n’admettra jamais que le Kane a raison, pas concernant ce sujet. – Tu sais bien que Lyle Kane ne dit jamais de conneries. Ce n’est pas dans mon répertoire. Il hausse ses mains comme pour se défendre et appuyer ses paroles. Il a essayé pendant des années, ce n’est pas ce soir qu’il y arrivera. Le brun aurait aimé avoir une acolyte de la sorte, une personne avec qui partager ses passions, son passe-temps favoris. Laurel avait de la chance et Lyle ne faisait que l’envier de loin, lorsque les deux partageaient des moments inoubliables sur la glace. Il n’avait ni l’acolyte, ni d’activité qui le faisait vibrer de la sorte, si ce n’était que d’embêter le duo. Sourcils froncés, il ne lui faut pas longtemps pour réagir. – Tu peux l’attendre ici. Il lance, avant de se représenter face à Cameron. – Je m’ennuie, la maison est vide et puis, ça lui fera plaisir de te trouver ici lorsqu’elle rentrera. Il donne toutes les raisons au garçon pour qu’il reste car il n’a aucune envie de se retrouver à nouveau seul dans cette maison qui n’est pas faîte pour une personne. Un peu de compagnie ne lui fera pas de mal et celle du Blake est toujours la bienvenue. – Ce sera une agréable surprise pour elle, crois-moi. Il hausse les sourcils en souriant, attendant réponse de son ami. Au fond, il le supplie de ne pas laisser affronter solitude et silence. Puis, l’idée même de pouvoir l’embêter jusqu’au retour de Laurel semble alléchante. Il doit rester, que ce soit pour la santé mental du Kane ou rien que pour l’envie de faire une surprise à la belle.

désolée pour ce retard de malade