Travailler ici, c'est devenu de plus en plus rare pour Seth. Il a rendu le tablier le jour même où il a signé son contrat et pourtant, il n'arrive pas à se tenir loin des fourneaux – n'arrive pas à se tenir loin de sa famille. Il se sent le besoin de revenir, de temps en temps. Comme pour leur prouver que malgré tout, il reste le même. Ce garçon simple et un peu fêlé qu'ils ont élevé. Un garçon au sourire facile et au contact chaleureux, malgré l'image que veulent dépeindre certains critiques acerbes. Il le sait pourtant, Seth : on ne parlera pas toujours de lui de la meilleure des manières. Certains se donneront pour mission de le mettre plus bas que terre. Il se dit qu'il finira par s'y faire mais en attendant, il traverse la salle pour aller prendre la commande d'une énième table. S'arrête et se retrouve presque à vouloir faire demi-tour, mais c'est trop tard. Il le regarde déjà. « Salut, Noah. » Un prénom qui lui brûle presque les lèvres. Trop de souvenirs lui reviennent à l'esprit. Une relation compliquée, des hauts, beaucoup de bas. Des nuits à s'égarer dans son lit, pour le fuir dès le lendemain. « Heu, je. Je fais le service. J'aide mes parents. » Il réalise alors qu'il n'a jamais dû lui parler de ça par le passé, ou alors, que Noah ne l'a pas vraiment écouté quand il lui en parlé. Ça importe peu, aujourd’hui, de toute façon. Il hausse les épaules, Seth, joue nerveusement avec son carnet. « Ça faisait un petit bout de temps. » Il a peur pourtant, Abberline. Des mots que Noah pourrait prononcer. Que son petit secret éclate au grand jour, ici-même, dans cet endroit qu'il a pourtant toujours considéré comme un havre de paix. « Qu'est-ce que tu deviens ? » Une curiosité qu'il devrait peut-être oublier. Il ferait mieux de fuir, comme il l'a tant de fois fait avec lui par le passé.