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Cecil Von Sydow

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MessageSujet: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyMer 29 Aoû 2018 - 19:34

words, how little they mean
when you're a little too late


l'engourdissement chronophage et chronophile, son corps et son esprit qui s'unissent dans l'aumône d'une fugue désespérée. tout sauf rester ici. le doyen s'éternise en recommandations que personne ne prend vraiment en compte, et ça fait un moment que cecil ne l'écoute plus. il n'est pas sûr d'avoir seulement commencé à l'écouter. lui, il attend juste la libération salvatrice, le moment où il ne sera plus obligé de s'interroger mélancoliquement sur ses choix de carrière en comptant le nombre de sièges dans l'amphithéâtre où ils sont installés. puis enfin, ça tombe, ça sonne comme un carillon à ses oreilles ; mesdames, messieurs, je vous remercie de votre attention et je vous souhaite bonne chance pour cette rentrée. le vieillard prononce ces mots avec une telle indolence qu'il est probant qu'il s'est ennuyé à mourir lui-même. cecil sourit, mais il s'agit alors plus d'un réflexe musculaire que de quelque politesse ou sincérité des sentiments. les professeurs les plus jeunes, les nouveaux, s'attardent un peu, dans l'espoir de discuter avec leurs collègues, de faire connaissance ; mais les plus expérimentés, étouffés autant par la chaleur familière de l'amphithéâtre que par leurs désillusions et leurs rancœurs accumulées en quelques années de travail, ont disparu avant même que le doyen n'achève sa phrase. cecil aurait aimé en faire de même, si seulement ses membres n'avaient pas été ankylosés par des heures d'inertie. il prend quelques secondes pour s'étirer, mais prend soin de ne croiser le regard de personne. hors de question de se faire harper par l’œillade pleine d'espoir d'un jeune enseignant. lui, il veut juste se barrer, parce qu'il en a rien à foutre des discussions enthousiastes sur les nouvelles méthodes éducatives. les chimères philanthropes de gamins qui pensent changer le monde de l'éducation à coup d'optimisme et de bonnes intentions l'amusaient au début, mais ne lui procurent à présent plus qu'un embarras cynique. déjà, il monte quatre à quatre les escaliers, et il aurait presque réussi à s'échapper de cet amphithéâtre sans adresser la parole à personne.
mais il y a nécessairement un mais, un obstacle qui se dresse sur la route d'un arrogant trop sot.
et comme l'exaspération que l'on ressent lorsqu'on se voit obliger de freiner brusquement pour éviter de rentrer dans quelqu'un, aurait été une pénitence trop douce pour cecil, elle est vite remplacée par une émotion plus âpre, plus térébrante.
il s'arrête, il est pris de court, parce que la personne en face de lui n'a pas l'air de l'être. il est perdu, et ça doit se voir dans son regard.
parce qu'en face de lui, c'est ivy, et ce n'est pas ivy.
la dernière fois qu'il l'a croisée entre ces murs, elle n'était qu'une étudiante. son étudiante. cette étudiante, dans les yeux de laquelle il avait tant aimé lire l'admiration et l'enthousiaste, celle qui avait été plus un défi qu'une personne. celle qui s'enivrait de belles-lettres et qui rêvait, lui semblait-il, de châteaux en espagne et de monts indomptables qu'elle dompterait. celle dont la légèreté ondulait dans les couloirs comme une orchestique. et maintenant, sa présence tombe lourdement sur la pièce comme un voile de velours, et cecil peut la sentir sur chaque membre de son corps. ce n'est pas un simple changement, c'est une métamorphose ovidienne de la brise qui devient mistral.
il ne sait pas quoi dire, ne sait pas quoi faire, parce que qu'elle ne lui est plus inférieure. pas un mot n'a été échangé, et pourtant, le fait s'impose à cecil comme une évidence auto-suffisante ; elle lui est égale, sinon supérieure, mais l'idée est encore trop effrayante pour que cecil puisse l'envisager sérieusement. puis, il ne sait même pas ce qu'elle fait ici. elle est seule (ils sont seuls), se tient en ces lieux comme s'ils lui appartenaient déjà, et il semble évident à von sydow qu'elle n'est pas ici pour apprendre. elle n'est plus ici pour apprendre. elle ne dit rien, mais cette aura de virtuose semble lui être inhérente à présent. ivy. le prénom s'échappe de ses lèvres dans un souffle.
parce ce qu'elle avait été dans sa vie jusqu'à maintenant.
un spectre sybillin.
une culpabilité inavouée
intangible.
et à présent elle est là, elle réapparaît comme un fantôme, un ectoplasme, et il ne sait pas à quel point il doit s'en méfier. je ne m'attendais décidément pas à te voir... ici et maintenant. il est incertain, ça s'entend dans sa voix, ça se voit dans sa position corporelle, ça se lit dans ses yeux. et cette fois, c'est lui qui semble s'échapper dans une passivité nébuleuse.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyDim 2 Sep 2018 - 6:54

Les clichés s’étalent au sol. Ses phalanges graciles flirtent avec le papier glacé. Son index contourne chaque silhouette, chaque visage. Les moindres détails sont inspectés de son oeil curieux. Une quête perpétuelle pour se venger, pour obtenir des réponses aux questions assassines. Pour chasser les rêves qui s’assombrissent et deviennent cauchemars. Pour faire taire ce monstre qui rôde dans ses entrailles et fait de son quotidien un enfer sanglant.
Bang bang. Le même bruit. Cette détonation qui perle dans le silence.
Une flaque pourpre. Du sang coagulé avec le temps dont les effluves soulève son coeur.
Et ce clan aux mains salies par les enfers.
C’est une photographie qui termine entre ses doigts. Puis une seconde et une troisième. Sur chacun, un élément en commun. Un visage connu. Les traits du passé. La réminiscence d’émotions si fortes, si enivrantes. Une passion consumée du bout des doigts. Le coeur en retrait. Et le poids de son absence. De la déception qui est venue lui saisir la gorge au moment où la funeste vérité a étalé une énième vague. Cecil. Les cinq lettres de ce prénom qu’elle s’est imaginée soupirer. Prononcer d’un souffle rauque, brisée par les effluves du plaisir. Il était son professeur. Elle ne devait être que son élève. Elle a raté le coche. Éprise de ses écrits, de sa culture étalée à chaque mot prononcé. De son talent pour le drame et de ses rêves de grandeur posés sur papier blanc. Des traces d’encres qui feraient de lui le dramaturge le plus connu de la ville. Elle a cru en son talent, en sa conduite. Elle a avalé chaque parole comme des échos divins. La chute a été rude. Un coup d’éclat sur le pas de sa porte. Elle avait compris. La poupée devenant le pantin mal articulé du professeur. Pour abuser de ses écrits dramatiques. Des rêves bercés à l’encre de chine.
Des histoires où le sang coulait, où les émotions devenaient dominatrices. Ça lui a filé la nausée à Ivy. Le coeur soulevé par l’impression d’une trahison de l’infini. Des sentiments exacerbés pour une relation pourtant vouée à l’échec. Dès le départ. Le professeur et son élève. Un cliché ambulant au milieux des songes bien trop doux pour la voracité de l’homme.
Une catharsis assumée au fil des années. Et ce visage qui revient.
Le goût amer du passé bordant la courbure charnue de sa bouche.
Il trône de son charisme avec les Burgess. Les sourires deviennent des étincelles de complicité. Et lui, il se fait une place au milieu d’êtres diaboliques. Comme lui, se plait-t-elle à penser. (…)
Elle n’a pas dormi, Ivy. Obnubilée par les questions, par la soif de comprendre. Cecil devenant son nouveau pion. Le cavalier à déplacer sur l’échiquier pour atteindre le roi. La manipulation galvanisant le rebond de chaque veine. Elles palpitent si forts et s’associent à chaque battement de son coeur. Boom, boom. Myocarde anesthésié par la douleur. Cicatrice venant lui rappeler l’atrocité de l’instant et le dégoût du présent. Alors la reporter capte l’instant. Elle saisit sa chance et ne semble plus prête à reculer. C’est le bruit de ses talons aiguilles qui claquent dans le corridor désert. Cette université fréquentée quelques années plus tôt suffit à faire remonter les souvenirs. Les discussions interminables avec le professeur. Les regards qui se croisent. Les peaux qui s’attirent. La distance qui chavire. Elle aurait pu se nourrir de ses paroles. Croire chaque mot, chaque lubie. Ce n’était qu’une idiote, un peu trop rêveuse, un peu trop accrochée. Une poupée au sourire figé en apprenante la défunte vérité.
Elle use maintenant de son charme, ses courbes moulées dans une jupe crayon et un haut mettant en avant le galbe sensuel de ses seins. Cecil est aimanté à la luxure. Accroc aux passions qui dévorent sur l’instant et s’estompent le lendemain. Comme si l’ennui ne paraissait pas acceptable. C’est en haut des marches de l’amphithéâtre qu’Ivy se stoppe. Un sourcil arqué en l’observant au loin.
Il n’a pas changé.
Elle aurait aimé que ce soit le cas. L’amertume n’aurait pas autant cogné le contour nécrosé de son coeur. Une gangrène attrapée avant l’heure avec le drame. Les secondes s’apparentent au temps qui file. Les silhouettes disparaissent une à une et c’est face à Cecil qu’Ivy semble vivre son plus grand rendez-vous. Elle garde le silence, bouffée par la colère non mesurée et les doutes dévorants. La brune bat des cils et esquisse un sourire à l’entendant. Ses lèvres s’agrandissent au détour de ce rictus mensonger. Comme si sa vie se résumait à un mensonge. Le fardeau de ce qu’elle sort, de cette vie qu’elle s’invente pour combler les peurs.
Ce monstre qui rôde, qui inspecte ses entrailles.
Ce monstre qui bouffe sa peau et réveille la douleur.
— Ce n’est pas étonnant. Nos chemins se sont séparés d'une manière…brutale.
Brutale comme l’impression de trahison. Une étudiante au coeur trop chagrin. Une étudiante qui a cru toucher les étoiles avant de venir goûter à l’asphyxie. Cette histoire lui a appris la méfiance. Elle lui a appris la nécessité de ne pas sombrer dans les bas-fonds du désir. Elle a saisi que les passions se vivaient dans les livres et mourraient face à la perfidie des hommes. Ivy ne se laisse pas bouffer par les angoisses et l’observe de ses yeux accrocheurs. En quelques secondes, l’endroit est désert. Il ne vit que par la gêne qui prend tous les droits.
— Le doyen semble apprécier mes écrits, lui-aussi. Il m’a demandé d’intervenir auprès d’un groupe d’étudiants.
La pique est versée sur un plateau doré.
Elle n’était bonne qu’à ça aux yeux du professeur. Nourrir son esprit de dramaturge. Nourrir son inspiration comme une muse déchue. Ivy rompt la distance en s’approchant de lui. Leurs corps ne se séparent que par une infime distance. Un passé qui remonte la surface et file la nausée à l’intéressée. Mais elle se mord cette lèvre couleur cerise dans une provocation pourtant sensuelle. Si elle veut des réponses, elle doit l’appâter. Et pour se faire, elle doit le séduire.
et tant pis, si ça crée le chaos.
— J’imagine que si tu es là devant moi, c’est que tu es encore passé à coté de l’oeuvre de ta vie.
Comme elle est passée à coté de ses rêves.
Comme elle a croulé sous le poids du fléau.
Comme elle respire à peine quand ses paupières se ferment.
Parce qu’il fait noir. Et que le noir, ça l’effraye.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyDim 28 Oct 2018 - 20:19

un regard et une bombe. cecil se retrouve dos au mur et face à un passé lourd de remords muets et d'erreurs éclatantes. ivy – la manifestation ecchymosée de son entendement hypocrite. devant lui, sépulcrale, comme le spectre d'une incartade inassumée, elle s'impose à lui plus qu'elle ne lui apparaît. aucune fuite possible – l'aporie nécessaire se referme sur lui. c'est donc dans les corridors mal éclairés de l'université que ressuscitent les lémures de cette histoire macabre – cette affaire tordue, tragique, libertaire. cette même affaire qui avait ironiquement vu le jour ici-même et s'était terminée systématiquement au même endroit. le cercle vicieux qui se referme autour de la gorge de cecil – un étau. il n'a jamais été doué pour affronter les conséquences de ses commerces pernicieux et de ses coups d'éclat macabres. cecil est un agent, pas un responsable. et jusqu'ici, il est parvenu à se dérober aux contrecoups de cette aventure. c'est tellement simple de faire du mal de nos jours – surtout lorsqu'on est un homme, surtout lorsqu'on est respecté. écorcher les coeurs, scarifier les âmes et asphyxier les yeux,
il avait tout fait,
parce qu'il lui est tellement simple d'étouffer sa culpabilité au berceau. il lui est tellement simple de s'effacer et de rendre les accusations ineffectives. et ses victimes, il les laisse s'étrangler face à l'écho de ses propres sacrilèges. seules. et il se plait à penser qu'elles ne goûteront jamais à la satisfaction vindicative. ça fait partie intégrante de l'extase de ce genre d'affaires.
alors quand ces écorchés vifs parviennent à remonter jusqu'à lui,
qui plus est, sur un tel pied d'égalité, avec une telle assurance,
il peut sentir son propre piédestal s'écrouler sous lui.
parce que cecil n'a des puissants que l'attitude. il n'est en rien forgé pour la guerre – sa physionomie est celle de la trahison, de l'hypocrisie, du coup-bas. un prestidigitateur qui disparaît une fois que l'assistance a une épée enfoncée dans l'estomac – c'est ce qu'il est. alors, son second réflexe est de se méfier, de se reculer, peut-être de se défiler sans un regard de plus en arrière. mais le problème – ce problème fondamental qu'il décèle dès les premiers mots de son ancienne étudiante – c'est que la chose qui régit ses sens en ce moment même, c'est l'attraction. cette attirance très certainement fatale pour ce qu'il n'a pas pu terminer, des années auparavant. ivy, ça avait été l'échec. un échec terriblement beau à la place d'une victoire qui s'annonçait splendide. d'un coup de poignet traître, il l'avait brisée bien trop tôt. elle l'avait percé à jour, s'était enfuie pour préserver ce qui restait de sa dignité de jeune fille trop naïve, trop pressée de croire en la bonté d'un homme qui savait manier les mots, qui lui disait ce qu'elle voulait entendre. cecil avait fait du mal, et, plus que tout, avait refusé d'admettre sa culpabilité. devant la détresse d'ivy, il avait accusé sa crédulité, il avait blâmé toutes les choses qui l'avait rendue si attirante dès le départ, et s'était parfaitement contenté de son attitude ingrate.
alors il est nécessairement, fondamentalement, radicalement ironique que cette fois, ce soit cecil qui fasse preuve d'une ignorance sans borne. lui, est à mille lieux de se douter qu'ils sont liés par autre chose que cette histoire immorale. il ne sait pas que son rôle dans la vie d'ivy est soudainement devenu profondément ancré dans sa chair, comme la balle qui lui a perforé l'aorte. un emploi sombre, macabre, que cecil aurait surement préféré ne pas avoir à jouer, si seulement il en avait eu conscience. certes. j'ai toujours dit que tu avais une plume remarquable, de toute façon. un aveu qu'il s'arrache à contre-coeur, représentation verbale du dilemme qui se joue dans sa chair – d'un côté, l'attirance viscérale qu'il éprouve pour tout ce qu'ivy représente. de l'autre, ce pressentiment affreux,
que quelque chose ne va pas,
que quelque chose sonne horriblement faux.
mais il ne peut pas fuir, de toute façon. il est piégé dans cette conversation et dans une position de toute évidence inférieure. sa mâchoire se crispe, et il détourne brièvement le regard – peut-être pour l'empêcher de voir à quel point il est déstabilisé. oh je t'en prie. épargne nous de telles politesses. il siffle – il est énervé. énervé d'être à ce point dans la doute, alors qu'elle semble si assurée. lui, donne l'impression de pouvoir trébucher en restant immobile. elle est tout le contraire. ça le rend furieux, et il cherche désespérément un appui pour se remettre d’aplomb. sois aimable et dis moi franchement pourquoi tu prends le temps de me parler, plutôt que de me foutre un uppercut. je sais que tu en meurs d'envie, ivy. les hostilités, il tente de les amorcer dès maintenant.
parce que si une bombe doit exploser, alors explosera.
et peut-être que le goût du sang le réveillera.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyMar 20 Nov 2018 - 17:03

Une première contraction emporte l’enveloppe abîmée de son myocarde. Puis une deuxième. Et des dizaines. Les réminiscences débordent de son esprit. Les instants de grâce deviennent des ecchymoses sur cette peau maculée. Une échine transpercée par les caresses furtives imagées par un esprit débordant. Ses lèvres se courbent face au fantôme exultant de celles du professeur.
Ivy se souvient de ces secondes à rêver d’un exil le long de son corps. Chaque compliment devenant un passe-droit à la luxure. Une étudiante subissant les émois symptomatiques du désir. L’irréel toquant à sa porte pour conjuguer avec un présent trop ennuyeux à son goût. Aux cotés de Cecil, la reporter se rêvait femme sauvage, femme de ce monde, femme suave et charmeuse. Elle rêvait de pointer du bout des doigts son désir à lui. Les phalanges filantes telles des étoiles dans le ciel. Une nuit sombre et vorace qui aurait avalé chaque envie pour venir la recracher quelques mètres plus loin. Une chute astronomique dont les conséquences se seraient portées sur le maculé de sa peau.
Un à un. Le souvenir de son sourire. De l’éclat de son rire.
Du rosé venant teindre ses joues à chaque compliment. Le son au souvenir mélancolique de sa voix à lui. Un bonheur à porté de main qu’on est venu lui arracher sans vergogne.
Les mains du professeur ont entouré son palpitant pour l’extirper de sa cage thoracique. L’organe transcendé de désir — de l’idée de sentiments plus pressants ; et qui a terminé sa course au sol. Une impression vertigineuse. La nausée galbant sa trachée. La bile remontant à la surface en découvrant le pire. Les intentions abusives de l’homme. Sa cruauté en ayant piétiné son ego et tout ce qu’elle aurait été prête à lui offrir.
Une étudiante trop naïve, trop ivre de découvertes. Et lui n’avait pas eu de mal à l’alpaguer et l’embrigader dans une relation à sens unique. En déduisant la triste réalité, ses pas devinrent une course effrénée. Sa silhouette disparaissant dans une pièce exempte de toute lumière. Les larmes devinrent des impératrices sur un minois désespéré. Des traits affaissés par la tristesse à mesure que la colère faisait battre sa carotide. La soif de vengeance devenant sa seule échappée.
Une échappée belle; anonyme même. Une fin avant le commencement.
Et des années plus tard, elle se vivifie de la sensation de détenir la clé tant attendue. Celles des réponses et de la vengeance. Le souvenir encore pressant des clichés au sol. Cecil qui traîne au milieu des êtres assoiffés de sang. Les questions en suspend. Les réponses formant une épée salvatrice prête à s’enfoncer au creux de sa cage thoracique. Une douleur exquise qu’elle voudrait voir déchirer ses traits charismatiques.
Elle cherche des réponses Ivy. Des clés pour rompre avec les souvenirs funestes. Des clés pour s’emparer d’un regain de vie. L’envie furieuse de quitter sa léthargie et d’abandonner cette brûlure à même la peau. Cette croix au fer rouge qui a dénaturé son innocence.
bang, bang, bang. L’écho perpétuel d’une balle qui se perd, qui se loge dans son ventre. De son corps disloqué au sol. Quand ses supplications n’ont été qu’un faible écho. Quand ses supplications n’ont été qu’un revers instable. La gorge nouée rien qu’à y repenser, Ivy tient bon. Le menton dressé vers le professeur, le regard froid et coriace. Tout éloigne. Le souvenir de l’étudiante, transie amoureuse. Le cliché ne déambule plus que dans les souvenirs vaporeux.
Il ne semble plus faire le poids à ses yeux. Partagé entre la surprise de cette silhouette aux mille délices qui se plante devant lui. Puis des bleus à l’âme, des bleus au coeur, ceux qu’il a causé sans sourciller, sans même le regretter. Ivy se ronge les sangs et ses canines débordent sur le rebord de sa joue. Si fort que le goût métallique déteint sous ce palais où sa langue claque.
Elle hausse les épaules et s’avance vers lui. Féline, charmeuse et sensuelle. Une carapace qu’elle s’offre pour chasser la réalité putride. Ce corps abimé. Cette cicatrice encore rosée. Ses épaules qui s’affaissent à chaque bruit un peu trop fort. Le palpitant qui redouble d’intensité quand la peur devient reine.
— Cecil, Cecil, Cecil…l’ampleur de ton égo n’a jamais été un secret pour personne mais te donner autant d’importance est un brin ridicule. Les mots forment des roulades moqueuses. Le sarcasme s’invite à la partie tel un allié fait de désaveux. Ses lèvres s’étirent et forment un sourire chimérique. Un rêve rosé, doux. Une volupté qu’elle construit de ses doigts qui rodent sur une des tables en bois. Un chemin sinueux qui tangue et contraste.
— Les années écoulées m’ont permis de tirer un trait sur cette relation sordide.
Sur toi. Sur moi. Sur nous et tout ce qu’on aura pas vécu.
Sur mon coeur qui rêvait de t’appartenir. Sur mon corps qui rêvait d’être tient.
Ce goût de toi. Ce goût de ce que tu crées. Ce goût de nous avant que la rosée matinale nous arrache à la vérité sanguinaire.
Déclaration qui se déchire dans l’amertume causée. Elle s’avance un peu plus, coupant court à toute distance envers lui. Et tant pis, si les conséquences ne seront qu’un stigmate supplémentaire.
— Je sais que tu es à la recherche perpétuelle d’histoires dramatiques qui pourraient nourrir ton inspiration. Et j’ai exactement ce qu’il te faut sous la main.
Un mensonge. Une manière de l’attirer dans ses filets. Un rapprochement qu’elle veut contrôler de bout en bout pour se narguer de l’illusion d’être forte. Se rapprocher de lui pour infiltrer un peu plus ce milieu où la terreur règne. Charles, sa famille. Les monstres qui rôdent. Les épines qui s’enfoncent. Les détonations en écho. Ce fil invisible où elle déambule et finit par trébucher. — Je me disais qu’on pourrait boire un verre pour en discuter ? En souvenir du bon vieux temps. Un sourire. Une combustion. Ses doigts qui viennent filer sur son torse. Un index qui contourne les boutons. Un à un. Et cette boucle de ceinture presque prise d’assaut.
Un jeu à peine entrepris et stoppé. L’incendie débutant quand elle recule, trouvant place sur une table boisée. Les cuisses qui se croisent et dévoile l’ivoire de sa peau.
Une robe qui remontent.
Un pantin qui s’articule.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyMer 28 Nov 2018 - 21:11

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cecil est faible (pas stupide).
la scène qui se joue en ce moment même est si grandiose, si grotesque, qu'elle attire chacun de ses membres, régule chacun des battements de son coeur. le danger. devant lui, il s'élève (et il se surprend à penser qu'une déchéance n'aura jamais été aussi belle). cecil est faible (et un peu stupide, peut-être), et il se laisserait planter un couteau dans le flanc – et un deuxième dans le larynx – pour un regard suffisamment intense. au nom de tout ce qui est grandiose, affirmerait-il – bien qu'il ne soit qu'une triste plaisanterie, une version télévisée et édulcorée de tout ce que pourrait être un grand homme. un pastiche avorté. autrement dit ; cecil serait prêt à mourir en vain.
c'est pour ça qu'il ne fuit pas (pour une fois), qu'il fait face à ses erreurs d'antan (pour une fois), qu'il regarde le lémure de tout ce qui aurait put être dans les yeux (pour une fois). et, aveugle, il fait abstraction de la hache nébuleuse de némésis qui tremble derrière la silhouette d'ivy. il sait qu'il doit se méfier d'elle. c'est un instinct, un pressentiment maladif qui lui tord l'intestin et noue sa trachée. mais cecil est arrogant, cecil est fier, cecil court à sa perte – car il s'obstine à l'associer à cette ombre vacillante qui s'élançait sur les murs de son bureau. et dans la lumière sanguine du soleil qui agonise en silence, derrière des fenêtres sales, il la revoit. le regard baissé et ce sourire doux aux lèvres. dans des brouillards gris le souvenir s'égare, s'éloigne un peu. des années l'en sépare, et il cherche à figer quelque chose de ce temps perdu. c'est l'éclat candide de ses yeux qui attisait le feu pervers de son âme, c'est l'hésitation élégante de ses mains qui se perdaient sur des feuilles tâchées de noir. c'est, avant tout et surtout, un mot ;
la délicatesse.
et parce qu'il est incapable de porter trop longtemps une culpabilité quelconque, cecil lui en veut. alors que ses mains portent encore les preuves vermeilles du crime qu'il a commis, il en veut à ivy d'avoir tué cette créature qu'il avait tant détaillée, qu'il avait tant convoitée.
il lui en veut.
il la veut.
au nom de tout ce qu'elle a représenté pour lui (un défi, une proie). au nom, paradoxalement, de tout ce qu'elle semble représenter maintenant (un défi, une menace). elle s'avance vers lui, et il n'est, en ce moment, rien de plus qu'un cerf fasciné par l'éclat du fusil qui se braque sur lui. il est piégé (il le sait, se convainc du contraire pourtant). il veut répliquer – parce que sa répartie est bien sa seule arme, la seule chose qui lui permette de dessiner une aura autour du personnage sirupeux qu'il est en réalité.
rien ne lui vient.
il est comme tétanisé par la véhémence de ses yeux (dans un regard, il est mort, et il va mourir). peut-être que les mots sont inutiles. peut-être que son regard, dans la froideur qu'il dégage (le temps de quelques secondes), dans  l'étincelle inquiète qui s'y allume et meurt (quelques secondes pour la peur et le deuil). peut-être qu'il n'a pas besoin de mots. elle n'est pas sincère, il n'est pas dupe, parce que lui non plus, ne l'a jamais été. elle le sait, il le sait. dans un pacte silencieux, il efface tout ce qu'il sait. pour l'espoir de finir ce qui s'est figé, inachevé, des années plus tôt. ce ne sera pas une victoire. juste une satisfaction – une satisfaction dont il puisera la jouissance dans le temps à attendre. et dans le sacrifice, surement. comme une drisse usée par l'iode et par le vent, chaque fragment de sa volonté cède, rompt, éclate. et alors que la distance entre leurs deux corps n'est plus, lui n'est qu'une force d'âme en ruine. c'est drôle. n'est-il pas ? c'est drôle comme l'on peut pressentir sa propre chute,
et s'y précipiter malgré tout.
tu étais beaucoup plus sainte-nitouche dans mes souvenirs. est-ce que c'est la douleur qui t'a rendue comme ça, ivy ? l'amertume ? quelque chose que je ne sais pas ? les questions sont muettes, mais présentes. dans l'intonation de sa voix, dans l'insistance de son regard, dans la persistance de son corps. il ne se recule pas. ne se reculera pas. les portes de sa détermination se sont fermées derrière lui. maintenant, il ne s'agit que d'un corps à corps et elle mène la danse. lui, sa seule chance de survie, à présent, c'est de lutter. l'effort ultime ; sa main attrape son poignet. le contact le propulse des mois, des décennies, des siècles en arrière – comme les échos inlassables d'un désir expirant. l'espace d'un instant, il ose espérer que quelqu'un d'autre se tient à sa place.
quelqu'un qui n'est pas faible, quelqu'un qui ne cède pas, quelqu'un dont l'ego n'est pas factice. quelqu'un qu'il n'est pas.
ses doigts se referment autour de son poignet, toujours aussi fin, toujours aussi blanc. il sent le sang d'ivy pulser sous la pulpe de ses doigts, il la sent vivre sous sa peau (vivre plus intensément, avec plus de force, que lui ne peut le faire). ça le fait hésiter, un instant. pour un peu, il se reculerait. mais il tient bon, et sa poigne ne se défait pas. il y a un café, au bout de la rue. je t'invite. et il cède. ses assertions ne sont affirmées que pour construire l'illusion superficielle qu'il dirige un tant soit peu la situation. il n'en est rien, il le sait. parce qu'il peine à soutenir son regard depuis tout à l'heure. ses yeux se perdent dans le vide, un peu, vers ses jambes, sa peau, son corps, surtout. une partie de lui sait que c'est ce qu'elle veut qu'il regarde, mais c'est beaucoup trop douloureux de penser cela. de savoir qu'il est asservi. esclave. et alors que ses doigts n'ont toujours pas lâché le poignet d'ivy, c'est le désir qui menotte ses propres mains.
parce que cecil est faible.
et probablement terriblement stupide.
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Ivy Rhodes

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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyJeu 29 Nov 2018 - 13:35

Les souvenirs sont brûlants.
Les échos de ces lettres peintes à l’encre de chine. Les mots qui ont flirté avec le maculé des feuilles. Des songes dessinés de ses mots percutants et fascinants. Une chimère contée comme ce désir qui animait le creux de ses reins. Les lèvres vermeilles se courbant ; son visage rougissant. Les traits scandant la douceur, l’irréel et la timidité. Une ode à cet entichement pour le professeur. Une ode à lui. Le palpitant galvanisé par les sentiments naissants. Adolescente effarouchée plongeant la première dans la gueule du méchant loup. Elle se voyait dans le sud de la France à ses côtés. Voeux dessinés au travers des mots. Sa peau de porcelaine où se refléteraient les rayons du soleil. Le chant des cigales déguiserait les alentours. Les vagues de la mer cogneraient ses reins. De ses doigts, elle ferait des ricochets. De son rire, elle enivrait l’atmosphère. De son sourire, elle le ferait chavirer. Contre son corps, elle se serait autorisée à oublier le monde. Des baisers, des caresses, une douleur exquise au creux de ses cuisses, qu’elle imaginait les paupières closes. La puissance et l’équilibre du Chardonnay qu’ils auraient goûté du bout des lippes. La robe dorée de ce grand cru qui aurait brouillé les lendemains. Effluves pour soulever le vice. La nuit étoilée en témoin de l’étreinte charnelle des silhouettes. parfois, il y a cette impression que le monde pourrait cesser de tourner, toi, tu serais encore là, à me coller à l’échine comme une écorchure délicieuse.
La conclusion de la dernière lettre. Celle envoyée quelques temps avant que la cruelle vérité ne vienne éclater. La désillusion chavirante. Les pensées tourbillonnantes. Pupilles dilatées et bouleversées quand les mots ont rythmé l’anarchie. Le palpitant contracté ; blessé. Le corps éreinté prêt à chuter. L’innommable réalité. La terreur causée par ce monstre. Amour mort-né. Amour à sens unique. Même les larmes n’auraient pas suffit à apaiser la blessure. Les poings serrés sous la victorieuse allure de cet homme. Ce bourreau qui n’avait fait que mentir et abuser de ses faiblesses. Les étoiles n’eurent plus de gloire à briller. Les sens n’eurent plus de nécessité à s’éveiller. Touchée-coulée, la Ivy.
Devant lui, des années plus tard, ce goût d’inachevé brouille le paysage. Tension palpable qui crame au creux de ses iris. Regard qui n’a plus rien d’innocent. La reine colère qui dévale. Le roi prêt à tomber de son piédestal.
Pourtant, c’est Ivy qui reprend le pouvoir. Délice exquis. L’insolente qui cherche, aiguise et plante une lame dans le paysage. Proximité retrouvée ; cascade de leurs souffles prêts à cogner. Bang bang. L’écho sanguinaire subsiste. But premier dont la reporter ne veut s’écarter. Des réponses à ses interrogations ; l’utiliser comme pion sur son échiquier. Les sentiments dans un caniveau. Les sentiments aux abonnés absents. Et pourtant, y a ce goût âpre qui claque sous le palais. Cette effluve lui soulevant le coeur. Une odeur ancrée à sa peau, une odeur qui sème le chaos.
— C’est bien ce qui te plaisait, Cecil. Les lettres de son prénom qui roulent sous sa langue. Murmure versé au creux de son oreille. Echo vicieux de ses propos. Ivy, le fantôme de cette étudiante en mal d’amour, en mal de reconnaissance. La timidité teintant sa peau de rouge et son corps tremblant dès qu’il l’approchait. Tableau dont les traits se sont effrités, décolorés. C’est ce qui avait séduit le professeur. C’est ce qui lui avait donné toutes les cartes pour la détruire. Pantin tortillé dans tous les sens. Poupée de chiffon malléable et maltraitée par l’égoïsme notoire de l’homme. Corps ayant raclé le sol pour en réclamer davantage. Lui, qu’elle aurait tant désiré. Lui, pour qui les drames seraient devenus des contes de la vie. Elle ricane, Ivy. Mélodie qui se brise en une fraction de seconde. Son poignet pris au piège de ses phalanges tentatrices. Contact réanimant les plaies. Déchirure symptomatique au doute qui persiste. Elle tient bon, même si ça grouille de contradictions au creux de son ventre. La mine hautaine ; déterminée. Le regard franc, ne laissant aucune place à l’approximation. Y a ce silence qui épouse leurs corps. Les centimètres qui deviennent des millimètres. Une frontière saccagée par cette alchimie. La fumée des ténèbres où Ivy crève, où Ivy voudrait l’emporter.  Puis, cette proposition flirte sur ses lèvres. Et la réponse claque contre les siennes. Sa bouche s’actionnant dans un flirt indécent. (…) Ses iris tracent la noirceur de son âme. Reflet éhonté du monstre crée de toute pièce par ses bourreaux. La gorge serrée, brûlante et crépitante. Les mots étouffés par le vice. Sourire lubrique étirant ses lippes. Ses phalanges qui rodent sur la table de ce café. Un geste anodin, un geste sensuel. Comme le galbe de sa poitrine dans cette robe moulante. Sa cage thoracique imprimant chaque mouvement ; et l’audace de ses seins à peine dévoilés.
— Il y a une quinzaine de pages. L’histoire d’une irlandaise, qui a failli périr sous les lames des poignards. Une héroïne tragique oscillant entre la vie et la mort. Les émotions qui rongent et dictent leurs lois. Cette soif de vengeance envers les monstres sanguinaires qui ont causé le trouble. C’est la version brute mais à deux, nous pourrions construire une oeuvre dont le drame ferait chavirer n’importe qui. Une parade mensongère. Des feuilles griffonnées de sa propre histoire, de son propre vécu. Remaniement à peine subtile ; les démons dansant et s’affolant autour de chaque mot.  Exécutoire pour un esprit ravagé. Drame dépeint de sa plume sauvage pour l’amadouer, l’alpaguer et l’entraîner dans une chute interminable. Unique moyen de capter son attention et de le forcer à un rapprochement. Infiltrer sa vie ; son quotidien et devenir une seconde peau dont il ne se passerait plus. Rien que dans le but de fouiller, dans le but de trouver des indices. Ivy, la machiavélique sirène qui se déchaine dans ce sentier de perdition. — J’ai rencontré l’intéressée. Elle est prête à nous livrer d’autres détails sordides pour alimenter l’oeuvre. Et il n’est pas question de m’éloigner de tout ça cette fois-ci. Pique lancée, poignard entre les côtes. Elle esquisse ce sourire carnassier. Sous la table, ses cuisses se croisent. Son pied enveloppé de son talon aiguille remonte contre le mollet de Cecil. Assez pour se faufiler entre ses jambes, prêt à appuyer où ça fait mal. Frôlement éhonté, l’aguicheuse aux cheveux qui virevoltent, au regard qui s’assombrit. Elle veut faire mal Ivy. A l’instar de ses phalanges qui rôdent et saisissent les siennes. Une mouvement brusque, déterminé. Une étreinte féroce comme ses canines qui apparaissent dans un sourire lubrique. — Mais tu auras le droit à toute la gloire lorsque la scène finale se jouera. Mots crachés d’un ton rauque. Sa silhouette qui se remue, se penche. Ses lèvres qui se rapprochent des siennes. Distance de mise, distance capable de foutre le camp au moindre mouvement. — Promis, professeur. Ses lèvres viennent flirter avec le creux de son oreille. Proximité retrouvée. Proximité éloquente. Les secondes deviennent lubriques. La réalité flirtant avec de la soie. Ivy, elle recule à peine. Tentatrice déterminée à l’user.
De chaque pore à sa moelle.
La brebis galeuse devenue une louve happée par le goût du sang.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyDim 16 Déc 2018 - 0:36

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L’irréalisme d’une scène fondamentalement déplacée. Quelque chose ne va pas, quelque chose cloche, mais qu’est-ce que Cecil peut en avoir à foutre après tout ? Se retrouver face à elle est une madeleine de Proust, un mirage enchanté pour le goût de l’inachevé. Une déception bonifiée par les effluves des années (les ans, les mois, les jours et les nuits, les hivers, les étés, tous se réunissent sous l’étoile morte d’une conquête avortée). Il se laisse envoûter par la prosodie tranchante de ses mots, par l’accent conquérant et lascif qui fait chanter ses phrases ; et son prénom ne lui a jamais semblé aussi liquide que lorsqu’il se glisse hors de ces lèvres vindicatives. Les fricatives coulent de sa bouche aussi puissamment que le sang pourrait couler de son cœur. Quelque part, chaque écho, chaque ombre de ce qu’elle est, n’est qu’un reflet tardif de la tragédie qui a paralysé son cœur, des mois auparavant. Comme si ses artères fissurées ne pouvaient plus contenir ses passions ardentes, sa splendeur grandiloquente, et se devaient de les déverser partout – sur le carrelage terne de la fac et sur l’âme livide de Cecil. Mais lui, ne voit rien, n’entend rien –l’insensibilité. Et elle, l’entraîne, lui coupe le souffle au sein de cette valse qui ne peut pas bien se terminer. Et lui, ne peut pas lutter. (…)
Se retrouver face à elle dans cette situation a quelque chose de chimérique. Le café qu’il porte flegmatiquement à ses lèvres est comme un ancrage dans la réalité brute – cette vérité qui ne semble pas en être une. Il est dans un état second, Cecil, et ses yeux, alors qu’ils s’accrochent à ceux d’Ivy, à sa bouche, son décolleté, sont embrumés par un scepticisme délié qu’il s’efforce d’oublier. Il l’écoute, et ses mots résonnent comme des coups de feu dans son crâne, par-delà le bruit de fond du café où ils sont installés. Tout est calme, tout est banal, pourtant, il entend le tonnerre qui gronde dans le lointain – comme un signe annonciateur de l’ouragan qu’est en réalité Ivy (cet ouragan qui ne semble être rien de plus qu’un mistral mordant). Son corps est un appel à l’impiété – Cecil est, à l’image d’un Claude Frollo édulcoré, irrémédiablement attiré vers sa chute (falling from grace). Et l’histoire qu’elle lui conte semble presque fade, lorsque ses mots durs font écho sur les lignes sveltes, les détails princiers de ce qu’elle est. Pourtant, il écoute, intéressé, captivé – comme il l’est à chaque fois que l’intrigue semble un peu trop tragique. Son récit est brutal, son récit est brutal, son récit est prodigieux. Son récit achève d’abattre l’Ivy lyrique (l’Ivy idéaliste, l’Ivy utopiste) qu’il a connu. Il ne la reconnaît pas. Ni dans les vocables qui glissent hors de ses lèvres, ni dans ses intentions.
Ni dans son attitude provocante.
Ses gestes sont brûlants – et tous ses muscles se contractent lorsque ce pied impudent monte un peu trop haut, s’égare de manière un peu trop volontaire. Les doigts qui tiennent sa tasse tremblent un peu et une goutte coule lentement le long de la porcelaine blanche – même cette image devient licencieuse à ses yeux. Il se contient, cependant. Son corps tout entier brûle, le désir nécrose ses chairs, mais ses yeux restent de glace. Froids, implacables, et la tension qui le tiraille n’est perceptible que dans la crispation de sa mâchoire. Défaillir, c’est être faible. Il refuse d’être faible (pas tout de suite). Son odeur, ses paroles et tout ce qu’elle est – une sirène.
Son souffle se gèle dans ses poumons et son sang bouillonne dans la pulpe de ses doigts. La chaleur de la jeune femme lorsqu’elle se penche vers lui heurte sa peau (heurte son âme), l’ecchymose (comme lui a ecchymosé son être, des années auparavant). Il brûle et il lui semble que ses nerfs s’échauffent réellement. Mais Cecil, il ne lui laisse pas le luxe de se reculer. Cette fois, ce sont ses propres doigts qui montent au contact de la peau d’Ivy. Son index et son pouce attrapent son menton, il la force à rencontrer son regard. Les écumes de leurs yeux se percutent. Il se perd dans la violence de cette rencontre, mais en même temps, s’y retrouve, se redécouvre. Enfin, alors que ses pupilles harponnent les siennes, il a la sensation de pouvoir enfin s’accrocher à quelque chose – à autre chose que ces astres illusoires de séduction. A quoi rime tout cela Ivy ? Les mots sont murmurés et sont meurtris par le bruit ambiant. Sa bouche s’ouvre à peine – malgré l’attitude confiante qu’il essaie de se donner, cet air d’illustre professeur qui l’a tant de fois gratifié, qui lui a donné si souvent l’ascendant dans ses relations de force. Cette fois, cependant, il sait (il sent) que sa prise est plus glissante – que déjà, Ivy échappe à sa prétendue autorité.
Qu’il n’a jamais eu la main mise sur elle.
Qu’il ne l’aura jamais.
Que celle qu’il avait enfermée dans son étau n’est pas celle qu’il a en face de lui. Pourtant, s’il doit tomber, il veut qu’elle sache ; il tombe volontairement et consciemment. Il sait qu’il y a plus à tout cela qu’un vulgaire jeu de séduction – il est simplement loin de se douter l’ampleur qu’ont les ambitions d’Ivy. Qu’elle veut prendre d’assaut cette sphère de sa vie que lui-même ne contrôle, que lui-même vit d’une façon complètement massive. Il ne sait pas qu’elle s’apprête à livrer un combat de titan et qu’il n’est qu’un fou, qu’un cavalier, qu’un pion, qu’elle peut sacrifier dans ce jeu d’échec à mort. Il y a quelque chose d’absolument charmant à tes supercheries bien-allantes. Et ses mots sifflent alors qu’un sourire en coin cavalier se dessine sur ses lèvres. Arrogant, hautain – et pourtant, tout cela n’est qu’un masque superficiel. Une feinte pour ne pas perdre la face, face à elle. Ses doigts glissent le long de son menton, s’égarant sur la ligne de sa mâchoire avant de revenir docilement vers lui. C’est tout.
Il pourrait maintenant se lever, mettre fin à tout cela – sauver sa propre vie, ou mieux encore : sauver sa fierté. Il lui suffirait d’un mouvement pour reprendre l’avantage, il lui suffirait de s’éloigner. Mais il n’en fait rien. Il accepte son sort, et pire encore ; il fait comme s’il n’avait rien dit. Comme s’il n’avait pas conscience de la duplicité de toute cette situation. Ses yeux, cependant, ne quittent pas les siens. Un marché implicite conclu entre les deux – un marché dont lui-même ne connait pas vraiment les clauses. Lentement, il sort une cigarette de sa poche, et se l’allume. La flamme de son briquet rougeoie contre la pulpe de ses doigts quelques secondes. Il cherche juste à détourner l’attention, Cecil – à faire distraction le temps de trouver quelque chose de suffisamment éloquent. Hors de question de bégayer devant elle.
Hors de question de trébucher.
Ton histoire – elle est sympathique. Peut-être que l’on peut en tirer quelque chose. Peut-être. Il répète le modal – comme pour souligner sa sévérité. Il est loin de s’imaginer l’authenticité de cette douleur. Il ne peut pas se douter que c’est le sang qui fait reluire les reliefs de son récit. Son propre sang. Cette fois, c’est lui qui se penche vers elle, sa cigarette coincée entre son majeur et son index. Mais – je me dois de te demander, Ivy. Ses yeux se plissent et sa curiosité est malsaine – il sent la sincérité dans sa voix. Il sent la fureur sous-jacente. Il sent toute cette énergie qui émane de son âme. Pourquoi tant de violence ? Pourquoi une telle tragédie ? Qu’est-ce qui t’a fait renoncer à ton idéalisme candide ? Il la charrie – se venge de son infériorité face à elle. Il lui en veut, car elle peut faire de lui ce qu’elle veut. J’ai presque l’impression que tout cela est trop brutal pour être supporté par ton cœur cristallin, Ivy.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyLun 17 Déc 2018 - 15:20

La mesure du temps n’est plus qu’irrégularité. Les secondes filent. Les minutes s’étalent. Le passé s’exile vers une côte sauvage ; le futur n’est qu’un étau dont le métal fond sous les flammes charbonneuses. Des chapitres à l’abandon d’une existence qui se déchire. Cicatrice sur laquelle des grains de sel se figent. Douleur lancinante qui cogne une première fois ; qui s’installe et ne quitte plus les couches de derme. Ça chauffe, ça brûle, ça pique. Des sensations qui voltigent au creux d’une existence dénouée d’émotions positives. Un château glacial, un par-terre maculé par la froideur. Des perles pourpres qui entachent le paysage. Portrait d’une dramaturgie telle qu’il pourrait soulever le coeur de tous les amateurs de passage. Un aller-retour peint à l’aquarelle. Des couleurs à peine contrastantes face à ce feu qui siège au bout de ses entrailles.
Une cicatrice comme marque indélébile. Des traces qu’aucun savon, désinfectant ou produit corrosif ne peut effacer. Est-ce là une punition des cieux ? La question rebondit contre les parois de son crâne et bat si fort que ses tempes n’en sont que plus douloureuses.
Une cage thoracique qui est dévorée par des mouvements approximatifs. Une respiration qui pèse sur des organes nécrosés. Ivy n’est plus qu’une présence furtive ; un fantôme qui allège sa conscience pour venir troubler les autres. Une quête qui s’étale sur le sol miteux de son appartement. Des clichés. Des coupures d’articles. Des mots. Comme ceux griffonnés sur des pages blanches. Une histoire décrite, remaniée, pointée du doigt par le drame et l’afflux sanguin qui ne cesse de tournoyer.
La gorge coupée ; autant que la cadence de son souffle. Des souvenirs écrasés par l’impact des balles. Des détonations qui ne deviennent qu’une course au point culminant et mortel. Presque autant que ce contact à même l’échine. Cecil, l’ombre du roi qui manie ses phalanges. La reine dépeinte de cette collision approximative. Les pensées ne sont plus qu’une danse ravagée par la douleur passée. Présente encore, quand l’amertume n’est qu’une couverture. Les paupières battantes qui préfèrent se fermer sur une idylle avortée, morte-née. Splendeur d’une étudiante entichée des histoires d’amour où la passion et la révolte ne font plus qu’une. Étudiante qui se souvient de chaque frisson arriviste à même sa peau dès qu’il parlait ; dès qu’il usait de son pouvoir. Être surnaturel qui sortait de rêves au goût de scandale. Une voix chavirante ; assez rauque pour déclencher le feu sur l’ombrage naïf de ses reins. Elle est tombée face au soldat noir de drames. Une chute lancinante pour laquelle Ivy aurait signé à perpétuité à l’époque. Des heures passées dans cet amphithéâtre à refaire le monde ; son monde. Des heures à libérer ce talent pour les mots ; pour les palabres bercées par des idées innocentes. Des regards qui se sont croisés à s’en embraser les pupilles. Des silhouettes qui se sont cherchées ; bouleversées de sensations à peine imagées. Elle a été dupée, blessée et écorchée.
Une autre plaie béante devenue mutisme quand la satanée vérité est venue lui éclater en plein visage. Une première gifle quand Cecil a eu le coeur à la narguer de sa hauteur et de sa splendeur. Une seconde quand la présence détestable de l’épouse gagna les contours de son myocarde. Oui, elle n’avait rien vu venir. Une comédie romanesque tournant au drame. Il y a eu des larmes. Il y a eu de la rancoeur. Il y a eu de la douleur. Et à présent, il ne reste qu’une animosité, un intérêt du gain incarné par le professeur.
Un goût d’inachevé qu’elle n’ose pas évoquer. Une blessure plus profonde ; celle qui tangue dans la volupté de son égo, de sa pudeur. Une histoire marquée au fer rouge à même son échine. Là où sont disséminés des souvenirs chagrinés du bout de ses doigts. Une peur du chapitre suivant qui l’empêcha pendant longtemps de s’attacher et d’oser dépeindre ses sentiments. Halley, le dommage collatéral de ses terreurs nocturnes pendant un temps. Avant que l’amour ne triomphe, avant que la vie ne gagne.  Les mots ne sont que des épisodes ratés qui dégorgent de sa bouche. Ivy, spectatrice muette - et tendue - face à cette phalange qui taquine la ligne de sa mâchoire. Gorge bloquée et dégoulinante de ressentis. Un corps tendu, imprégné de son influence, qui ne bouge plus. Pas un mouvement de recul. Pas une parole. C’est les siennes qui suffisent à raviver la flamme vorace. Celle qui ronge, celle qui dévore. Elle le sait, Ivy. Cette chaleur au ventre qui ne fait que tournoyer comme un carrousel dont on aurait peur de tomber. En première intention, elle le déteste lui pour rabibocher le passé au présent. En seconde intention, c’est elle-même qui subit le même sort. Pour ne pas être assez forte. Pour faiblir durant un court laps de temps. Tourniquet des idées qui se replacent et reviennent se ranger comme des dominos prêts à s’écrouler. L’effet papillon d’une existence tourmentée. Cecil pique. Cecil cherche à comprendre. Cecil brille par une attitude qui crée le chaos et le questionnement. Le contact se rompt ; paraît trop court, trop furtif, même sans se l’avouer, même sans l’assumer. Ivy ricane.
Le rire qui n’a rien de sincère ou de limpide. Le nom des Burgess qui surplombe la mélodie. Cette connaissance. Ce lien inexplicable entre un professeur et des bourreaux. Flirt infime entre le paradis et les enfers où coule le sang. Satanée pensée qui ravage Ivy. — Ce même coeur cristallin que tu n’as pas hésité à piétiner en me traitant comme ton pantin, n’est-ce pas ? L’incisive blessée. L’incisive sirène qui autorise ses doigts graciles à courir près du paquet de cigarettes. Ses prunelles hypnotisées par la fumée, par ces arabesques grisâtres et odorantes. Elle ne baisse pas les yeux, refuse de se laisser manipulée comme une poupée aux membres froissés. Cirage sur lequel la brune pourrait pourtant chuter. Les os prêts à céder sans réparation possible. — Fort heureusement pour moi, ma candeur a disparu avec mes envies d’idéal. Il n’y a plus d’innocence, ni même de rêves inavoués. Tout n’est devenu qu’un paysage morne, triste et insipide. Cecil comme témoin pantois d’une vie désabusée. Elle ne se gêne pas. C’est sa main tremblante qui attrape un bâtonnet blanchâtre. Une clope qui vient se coincer sur la galbe de sa bouche dessinée par cette couleur dont le goût rappellerait celui de la pêche. Une autorisation. Audacieuse flambée du bâton goudronné qui calme, saisit la disgrâce. — Alors ne te donne pas la peine de paraître intéressé ou attentionné, Cecil. Cela paraît un brin ironique pour un être aussi égocentrique que toi.  Une pause marquée.  Une gorgée brûlante de thé qui dévale les parois de sa gorge. Une pression salvatrice contre la cigarette. Et son genou qui cogne celui de l’homme. Énième contact. Énième moyen de le ravager, de l’amener sur une corde raide pour obtenir des informations. Vipère animée par le venin et la soif de plus. — Je ne suis pas là pour une psychanalyse dépeinte par ton esprit dramatique. Si cette trame te plaît, le débat est clos. Le ton est ferme, presque autant que sa main qui pousse le tas de feuille vers ce dernier. Moyen de sceller le pacte. Moyen de lier le diable…à la louve blessée. Quand la cigarette se termine, elle ne prend pas la peine d’éloigner les cendres qui s’écrasent sur la table ; tout proche de sa main. Échine prête à être dévorée par la chaleur. Peut-être autant que Ivy qui s’égare sous la frontière de bois. Geste furtif sur sa cuisse, remontée ardente qu’elle stoppe près de son aine. Jeu dangereux, jeu malsain. mais Ivy n’a plus rien à perdre.
Elle n’est déjà plus que ruines.  
— Ton talent n’est plus à prouver. Et des années plus tard, c’est à moi de te démontrer le mien. Manière signalétique de lui offrir un nouveau visage ; un nouveau caractère. Le faire retomber dans ce travers ; cet amour des mots et de l’ivresse capitulante à l’encre noire. Elle veut danser avec lui sur une corde effilée ; une valse qui chagrinerait la trame logique de toutes les tragédies qui ont emporté le temps avec elles. Elle se rapproche un peu plus. Assez pour le forcer à rompre court à toute distance. La mesure de ses lèvres vers les siennes. Le souffle brûlant qui condamne le sien. La mécanique est lancée, enfoncée dans chaque enveloppe de son corps. Celui qui se tend ; s’étouffe. Elle dégage sa nuque, offrant une vue imprenable sur cette peau d’ivoire, ce décolleté en devenir et le bombé sensuel de ses seins. Cecil n’est qu’un homme. Cecil n’est qu’une faiblesse abrupte. — Pouvons-nous à présent parler des modalités de notre collaboration, si tu le veux bien ? Un rictus en coin pour effacer la froideur et le chagrin.
Pour quelques heures, avant que la réalité ne s’épuise à les rattraper.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyMer 26 Déc 2018 - 23:45

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Leur tragédie personnelle se joue, court, trébuche, indifféremment au reste du monde. Le monde qui continue de vivre, inconscient et cavalier (éphémère). Ils ne savent pas que le sang coule déjà sur leurs mains et que leurs mains sont déjà nécrosées par cette intrigue fielleuse qu’ils autorisent, entre eux, pour eux, au-delà d’eux. Ce sont les sentiments sombres que l’on substitue aux lumières des relations - la haine que l’on nomme Passion, la luxure que l’on désigne comme le Respect. Et Cecil se perd dans cette mascarade, oublie son propre rôle de menteur parce que les yeux d’Ivy sont trop caustiques, parce que sa bouche semble s’embraser des regrets sur lesquels il n’a jamais mis de nom.
Une nostalgie assassine.
Une nostalgie qui condamne (qui est elle-même condamnée).
Cecil se laisse happer, va jusqu’à ignorer le drapeau rouge qu’est l’invective amère d’Ivy. Ces mots qui semblent lui mettre la tête dans le sang coagulé qu’il a fait couler du sein de la jeune fille. Lui, croit naïvement que, devant lui, se dresse celle-là même qu’il a blessée. Que ces mésintelligences verbales ne sont que les relents acrimonieux de plaies mal cicatrisées. Il pense qu’il ne s’agit que de cela. Cecil ne peut se représenter (avec cette fascination malsaine) que les stigmates qu’il a causés - et pas ceux, plus graves, plus sanglants, qui scindent encore les artères de la jeune femme, qui étreignent encore son coeur. Lui, n’est au fond, qu’un criminel innocent aux vrais maux de l’univers, aux plus pures formes de la monstruosité. La candeur d’Ivy, quant à elle, a été anéantie depuis des mois, depuis des nuits. Et cela, il n’en sait rien.
C’est précisément ce qui fait sa faiblesse.
Le flou. Cet environnement nébuleux de contacts et de relations que lui-même ne saurait pas définir. Son lien avec les Burgess, il ne pourrait pas l’expliquer. A Ivy, ou à qui que ce soit d’autre. La puissance qui l’a attiré, comme la lumière exerce son champ magnétique sur quelque insecte stupide, ignorant délibérément l’odeur de la mort au nom d’une jouissance momentanée. Il n’est pas aveugle, Cecil, mais il se met des oeillères. How would I know ?, c’est la réponse hypocrite qui martèle ses lèvres chaque fois qu’on lui pose une question au sujet de cette famille mortifère, cette famille maudite. Impossible de ne pas voir le sang sous leurs ongles lorsqu’on leur serre la main - mais Cecil fait mine de rien, parce que ça ne le concerne pas.
Ça ne le regarde pas.
(C’est plus prudent de se dire ça après tout)
Alors il a beau la regarder longuement, Ivy, la fixer au fond des yeux et détailler chaque parcelle de son visage coloré, il ne peut pas voir l’étendue de ce qui est en train de se tramer (les coups d’état sous chaque geste, les coups d’éclat dans chaque parole). Mon pantin, hein ? Ivy, trésor, ne sois donc pas si amère. Il s’interrompt pour souffler sa fumée. L’opacité qui s’élève entre eux et qui agonise au niveau des yeux.
Comme les souvenirs qui s’évertuent à renaître fébrilement de chacun de leurs mots.
Il les voit, les sent étreindre son coeur douloureusement alors qu’ils cherchent à se frayer un chemin dans son corps pour tirer de nouveau les ficelles de son âme. Mais un regard échangé, et ils meurent. Comme cela, sans préambule et sans ode funèbre. De toute évidence, entre les lèvres de la femme qu’il a devant lui et les limbes d’une passion nouvelle (inédite), d’un désir qu’il ne reconnaît pas, qui lui est anonyme, ils n’ont pas de place. Je ne t’ai jamais considérée comme un pantin. J’ai juste été humain - autrement dit, déloyal. Ça t’a blessée, de toute évidence, parce que tu avais accepté trop vite de me mettre sur un piédestal. Cecil, et la mauvaise foi. Bien entendu que sa main avait été bien plus que passive - bien entendu qu’elle avait tenu le couteau et avait asséné le coup fatal. Parce que le désir est bien moins stimulant s’il ne glisse pas sur l’éventualité du drame (le parfum des cadavres qui flotte en deçà de celui de la luxure). Ses yeux, de nouveau, se perdent quelques parts sur les courbes du corps de son interlocutrice, comme s’il était définitivement incapable de se concentrer, comme si tout ce qu’elle était le brisait (lui, sa volonté). Et la courbe de sa propre bouche demeure indéfiniment entrouverte, dans l’attente d’une phrase qui ne vient pas. Son dynamisme individuel s’écrase lamentablement, à l’image des cendres de sa cigarette qui s’épuise, peu à peu. Cette main un peu trop audacieuse (cette femme qui est un peu trop de manière générale) et Cecil est perdu. Ses doigts se crispent sur les papiers qu’elle a poussés vers lui - l’écho du froissement est la seule chose qui parvient à ses oreilles. Il n’ose plus la regarder, à présent. Si elle voit le désir qui nécrose ses pupilles (leur couleur orage sur laquelle tombe la nuit), il est foutu, qu’il se dit.
Il est assez stupide pour ne pas se rendre compte qu’il l’est déjà.
(Perdition)
Et son regard se soulève enfin. Alors que leurs regards s’accrochent, le feu qui bouillonne dans le bas de son ventre explose, s’étend à tout son corps. De l’articulation de ses genoux à la pulpe de ses doigts - et la douleur de la brûlure s’impose avec une réalisation. Le seul moyen de ne pas se faire assujettir par l’ouragan qu’elle fait souffler contre ses tympans et contre sa retenue, c’est de s’ériger face à elle. De s’infliger le rôle de dominant. Les modalités, hein ? Qu’il marmonne, cette foutue cigarette coincée entre les lèvres. Enfin, il la saisit, entre son index et son majeur, et l’écrase définitivement au creux de l’argile du cendrier. Sa bouche est libre - il veut l’employer à autre chose. Mes conditions, tu les connais depuis qu’on s’est assis dans ce fichu café, Rhodes. Son nom de famille est incisif, et Cecil l’utilise comme il utiliserait un couteau. L’ultime claque acerbe qu’il se permet avant de dépasser le point de non-retour, consciemment (inconsciemment). Une façon détournée de la traiter de manipulatrice, de cracher ses mots comme on cracherait sa rancoeur - un écho, également. Les résonances de la voix de cet homme qui appelait systématiquement son étudiante par son nom de famille, pour s’éviter les familiarités, alors qu’il laissait reposer sa main un peu trop longtemps sur son épaule.
Ton corps contre mes mots, Ivy. Cette condition, il la prononce alors que sa main attrape (plus qu’elle ne se pose) la cuisse de la jeune femme. Une prise décidée, acharnée - plus rien de tendre, plus rien d’hésitant.
L’irrésolution, elle se dessine dans l’espace infime entre leurs bouches. Ce vide presque inexistant qu’il ne sait pas s’il peut combler. Et son parfum, et la caresse infime de la pulpe de ses lèvres alors qu’elles frôlent les siennes, qui cessent de le rendre fou. En cet instant de latence meurtrier, Cecil, il sent la résolution qui s’empare de ses muscles.
La fuite n’est plus une réponse.
Non n’est plus une réponse.
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Ivy Rhodes

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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyJeu 27 Déc 2018 - 12:29

Le passé dessine des spectres sanguinolents.
L’écho méphitique de la voix de Cecil. Une audace pour semer la discorde à l’endroit où les coeurs s’effritent. Des contours à peine tracés ; des battements qui ne sont plus qu’une mesure ratée. Sous la table, anéantie pour sa mauvaise foi, Ivy contracte les poings. Une pression brisant la circulation, les ongles prêts à lacérer l’échine. Trace pourpre qui imprègne et devient indélébile.
Une cicatrice de plus. Elle se ronge le palpitant depuis des années. Il suffit que les images apparaissent et ravagent l’atmosphère. Un océan où les vagues rompent, éloignent les pêcheurs et brisent les sirènes. Comme l’étudiante naïve et éprise qu’elle a été. Un souvenir. Une réminiscence. La mémoire qui s’actionne et voile son regard bousillé. Les cuisses croisées sur la table de l’amphithéâtre alors que ses lèvres remuaient sous l’effusion des poèmes versés. Tableau dépeint d’une tragédie qui prend vie. Cecil, le coryphée qui s’actionne de ses mains diaboliques. Phalanges graciles à la pression vorace le long des courbes innocentes. Regard libérateur quand les souffles abandonnent la morale. Le diable qui domine ; toute rédemption effacée. Premier émoi d’une étudiante captivée par l’homme. Premier émoi qu’elle aurait imaginé être le dernier. Intention candide qui scinde son palpitant en deux. L’envie et la raison. Un duel entre les entités. Un combat perdu d’avance. Ce champ de bataille où le corps disloqué d’Ivy goûte la poussière. Arabesques vaporeuses pour lui brouiller la vue.
Une respiration sans égal. Une tension qui ne fait qu’accroître le rythme binaire de cette scène. Il n’y a plus qu’eux au creux du paysage. Malgré les clients qui entrent et quittent les lieux. Malgré les voix qui gravitent dans des discussions lascives. Puis, il y a Ivy. Combattante au coeur noirci. Combattante rongée par les démons. Ils sont perfides et vicieux. Ils sont une seconde peau où l’ivoire se confond avec le pourpre. Ils actionnent la gâchette ; prêts à tirer. Le coup final. Le couperet sous la carotide pour la faire plier.
Tenir bon. Les mots qu’elle glisse en silence le long de sa trachée. Un refrain imposé par cette soif d’un idéal qui n’existe plus. Peut-on voir l’incendie qui démarre, s’érige et n’en finit pas de cramer les protagonistes. Il est le vrai drame. Il n’y a pas à conter les mots sur papier froissé  ; ni à se nourrir l’esprit d’épreuves répugnantes. Le drame devient inexorable entre la louve affamée de sang ; et le berger prêt à dégainer ses dernières munitions.
Le papier se froisse ; quand le regard est fuyant. Ivy, prêtresse diabolique, perchée sur des talons hauts ne bouge pas. La mine déterminée à le pousser à bout. Le gain des réponses, le gain de comprendre. Les Burgess comme rappel à l’ordre d’une quête (qui devient un empire). La cigarette se consume et ils sont prêts à le faire avec. La fumée comme barrière à l’ivresse déterminée de roder d’un peu trop près. Il écrase le mégot. Il fait claquer les mots sous son palais. Rhodes. Patronyme érigé avec une hargne non dissimulée. Vestige des heures passées à ses côtés. Des lectures de tragédies, à ces poèmes où il aurait dû lire entre les lignes, en passant ses propres écrits. Une prose dont la muse portait le prénom de Cecil. Des nuits blanches aux idées perlantes ; quand elle froissait les draps en malmenant le creux de ses cuisses. Désir virulent qui l’obligeait ensuite à poser des mots sur chaque émotion. Ivy, elle lui a écrit des hymnes à l’amour à n’en plus finir. Et lui n’a fait que les piétiner. Cruel rappel à la réalité. Elle aurait aimé tout oublier. Mission guidée par l’échec. Y a qu’à voir à quel point ses yeux brillent de ressentiments inégaux.
Ton corps contre mes mots, Ivy. Une pause dans le temps. Un frémissement le long de sa colonne. Une surprise défiant ses lèvres entrouvertes. Il domine quelques secondes. La main qui effrite le maculé. La main qui condamne à revivre les émotions d’hier. Elle pourrait trembler, la sirène. Elle pourrait lâcher un soupire salvateur. Elle pourrait s’offrir et réclamer sa dose comme une camée. Au lieu de ça, c’est un sourire narquois qui peint sa bouche d’effrontée. Les centimètres entre eux devenant des millimètres infimes. La reporter feint un baiser, frôle ses lèvres d’une chaleur exacerbée. Sa main qui condamne la sienne d’une poigne fébrile. — Trésor, pour reprendre ses mots une première fois. Condescendance dans le ton employé ; comme ce rictus en coin. Elle n’a plus grand chose à perdre. Elle n’a plus grand chose à laisser sur le bas coté. Alors elle se rapproche un peu plus. La délivrance paraît si proche ; si loin. C’est un astre fanatique qui dégomme toute sa confiance ; tous ses idéaux. — Avant de profiter de mon corps, tu vas devoir m’offrir quelques mots. Il serait bien idiot de ma part de me donner si facilement. Cela reviendrait à te mettre à nouveau sur un piédestal avec tant d’aisance. L’écho est amer. Propos placés en finesse avec toute la hargne qui caractérise Ivy. Manque d’empathie cramant ses iris. Des flammes maculées qui foncent droit à même les chaires suaves. Une vague qui remue le creux de ses reins alors qu’elle ne se démonte pas. Ce n’est plus une gamine. Ce n’est plus un pantin.
— Pardon, Cecil. Est-ce cela qu’on appelle être humaine, donc déloyale ? Comme lui. Bourreau de son coeur. Le roi abattant sa reine. Le dessin épuré d’une passion pas vécue. Des fragments qui restent en suspend ; attendent la sentence salvatrice.
Alors, elle repousse les limites. Elle brise les convictions. Sa main agrippe celle de l’homme. Assez pour la faire remonter. Assez pour la guider au creux de ses cuisses. Dédale de débauche au milieu de ce café ; la table comme seule frontière à la vue des autres. Le chemin est sinueux, devient brûlant. Le contact se rompt près de la dentelle. Une ondulation, deux, sans doute d’autres qu’elle cherche à omettre. La vérité n’est-t-elle pas tout simplement celle qui imprègne ses phalanges ? Elle n’est pas insensible. Elle ne le sera sans doute jamais. Sa bouche bouleverse la sienne d’une étreinte furtive mais carnassière. Une morsure qu’elle guérit du bout de sa langue avant de reculer sans l’abandonner. — Cette sensation est-t-elle satisfaisante  ? Parce que tu n’as pas idée d’à quel point les autres seront douloureuses. Ce mensonge ; ce piège ; cette quête. Les secondes deviennent une agonie sous la surface échaudée de sa peau.
Ivy peine à respirer malgré l’impassibilité éreintante de ses traits.
Et elle se lève. Elle l’abandonne. La robe baissée à la hâte. L’angoisse qui gagne. Les prémisses de ce dégoût d’elle-même.  — Partons d’ici. Là où elle pourra chercher des réponses. Là, où elle pourra se dérober au vice au profit de la vérité. Sa silhouette disparaît sur le trottoir devant le café. Une main sur son visage. Les idées qui déraillent. Elle a envie de gerber Ivy.  La gorge nouée. Le besoin de chialer sa colère. Elle perd pieds. Il en est responsable. Une main greffée à l’abdomen pour apaiser les maux. Une clope qui se glisse sous le galbe rougie de ses lippes. La nicotine comme meilleure compagnie. Un coup d’oeil en arrière.
Elle est foutue, la sirène.
Mais elle plonge dans les vagues glaciales, l’indomptable.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyDim 30 Déc 2018 - 16:55

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Elle se dilue sous ses doigts. La fumée nocive qui explose lorsqu’il pense enfin pouvoir la saisir — il n’est rien face à elle, il n’a rien face à elle. Dans l’annihilation même des centimètres qui les séparent encore, elle reste maîtresse d’elle-même, et c’est à peine si elle lui rit à la gueule, la sorcière.
La sirène.
Frustré, alors qu’il se rend compte que la forteresse d’Ivy ne s’anéantit pas aussi aisément que lorsqu’elle était encore jeune — jeune, innocente, si facile à achever. Son corps contre ses mots, qu’il lui a réclamé — mais contre ses lèvres, son souffle, et contre ses doigts, la pression d’un corps (et il ne sait plus s’il a la force d’avoir une quelconque autorité). L’état second durant lequel autrui n’existe plus, durant lequel soi n’existe plus. Spectateur externe de sa propre déception — il ne sait même plus qui contrôle vraiment le sang dans ses artères et les pulsions impétueuses de son coeur.
Lui,
Ou Elle.
Ses propres mots qu’elle utilise contre lui. Réemploi sadique et calculé, et les munitions claquent contre le bois de la table. Tellement proche qu’il sent l’amertume siffler contre son oreille ; les réalisations douloureuses et inquiétantes (tout n’est pas oublié), l’espace d’un instant, l’instinct de se reculer l’emporte presque (tout n’est pas pardonné). Mais ses muscles, ils restent figés, incapables de s’émanciper de ce contact salvateur et destructeur, impuissants face aux promesses superficielles et charnelles qui leur sont faites. Ivy s’offre et se refuse à lui dans le même souffle, dans le même geste. Ses valses bacchanales qui le rendent fou, mais elle, elle sait très bien ce qu’elle fait. Poupée de chiffon humiliée (Cecil goûte un tant soit peu au sort qu’il réserve systématiquement aux créatures qui partagent son lit), il n’a rien à dire face à la poigne d’Ivy.
Je prendrai ce que tu me donneras.
Je désirerai ce que tu me refuseras.

Sous le bouillonnement avide ses nerfs, Cecil est prosterné, offensé. L’étalon à qui on met le mors, l’étalon brisé sous le poids de la selle. Et si ses doigts dociles reflètent toute la faiblesse d’un homme devant la splendeur épicurienne, la froideur, la fureur dans ses pupilles couleur de métal, miroitent la rage d’un ego froissé. Il te serait compliqué de me remettre sur un piédestal — tu ne pourras pas. Pas après t’être délectée de me voir me traîner à tes pieds comme ça. Cecil regimbe, Cecil s’offusque, Cecil se révolte (mais la révolution demeure assassinée dans l’oeuf). Il n’en fera rien, il est déjà bien trop subordonné à son propre désir pour seulement espérer se soulever. Les paroles acerbes qu’il crache, c’est plus ou moins l’ode funèbre consacrée à une fierté qu’il observe se faire piétiner. Demain, il s’en voudra. Dans un millénaire, il s’en voudra, mais l’exquise tribulation qui lui est promise durant ce temps de latence vaut bien toute la culpabilité du monde. Qu’est-ce que tu fais de moi ? Une question qu’il adresse à Ivy, qu’il s’adresse à lui-même. Un murmure libéré dans le même souffle que cette anticipation lascive, alors qu’elle fait remonter sa main le long de sa cuisse.
La peau nue, la carne souillée par son contact, et il en sent chaque détail, chaque sursaut — contre la pulpe de ses doigts, le séisme du corps et son corps lui remonte dans la gorge. Il en veut sans cesse plus, mais déjà, le charme est brisé. Déjà, sa main est de nouveau agressée par le vide, l’air froid, le néant meurtrissant. L’indécente, elle ose lui demander si cette sensation est satisfaisante. Il pince les lèvres ; la question qui lui paraît être une provocation, tant la pulpe de ses doigts souffre de ce manque. C’est tout, Ivy. Ce tout, qui demeure indéfini - parce que lui-même ne sait pas trop ce qu’il est censé représenter. La sensation, la femme, la situation. Tout, tout, sauf satisfaisant. Il se répète, trébuche un peu sur ses mots comme un cheval épuisé butte sur ses propres sabots. Mais avant qu’il puisse ajouter autre chose, elle disparaît, après un impératif dédaigneux.
Lui, reste figé, l’espace de quelques secondes qui lui paraissent être des heures. Sa rétine qui fixe obstinément la place qu’elle occupait, quelques instants auparavant. Extirpé d’un rêve (et pourtant, le cauchemar continue). Lorsque son esprit refait surface après l’asphyxie momentanée, elle est déjà sortie. Évaporée.
Sa spécialité.
Un grincement de dents frustré et il se lève, jette d’un geste insolent un billet sur la table avant de se lancer à sa suite. Il ne prend pas le temps de remettre sa veste qui demeure fichée dans sa main, et dehors, c’est l’air cruel, cinglant, automnal qui l’assaille.
Ivy, elle est dos à lui. Sa cadence est si rapide qu’il ne saurait pas dire si elle le fuit ou le brave. Ivy ! L’interjection s’échappe de ses lèvres avant même qu’il ne puisse l’arrêter. Intérieurement, il jure (il ne fait que cela, depuis le début de cette entrevue). De nouveau, ses pas le mènent à elle, à ses yeux incisifs. Deux faisceaux oxydés qui lui traversent le foie, l’estomac, la trachée aussi. Il souffre, et il aime ça. Des mots qui sifflent entre ses dents alors que ses phalanges déjà meurtries par le froid s’enroule autour de son poignet. Il va vraiment falloir que tu perdes cette habitude de t’éclipser de la sorte. Je ne vais pas te poursuivre systématiquement.
Oh que si, il va le faire.
Parce qu’il est plus faible qu’elle.
Parce qu’il a plus à perdre qu’elle.
Il se redresse. Lentement. Chez moi. Enfin, il trouve la force d’intimer, à son tour. Dans l’incertitude et la confusion, l’assertion de l’impératif s’impose à lui. Quelque pas vers sa voiture, garée non loin de là, avant de se retourner vers elle. Étant donné que tu tiens tant à ce que je t’offre mes mots.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptyMar 1 Jan 2019 - 15:00

Elle hésite, Ivy.
Pour la première fois depuis de longues minutes, les doutes se font destructeurs. Ils empiètent sur la détermination. Ils empiètent le désir berçant ses reins. Ils empiètent sur les idéaux imposés par le goût du sang et une soif exacerbée de vengeance.
Un tremblement à même cette main qui côtoie la cigarette. L’odeur de la nicotine rongeant la pulpe échaudée. La pulpe bonne qu’à se contorsionner au creux de ses cuisses pour le rendre ivre, pour le rendre fou. But à moitié atteint avec l’aveu de ses lèvres. Me traîner à tes pieds comme ça. Satisfaction éhontée. Réaction pourtant placide. Un simple rictus, comme si cela n’importait pas.
Alors que son ventre son tord.
Alors que sa peau devient la victime d’une réaction détaillée.
Elle exècre Cecil pour ça. L’effet encore trop dévastateur qu’il se permet d’avoir. Le fantôme d’une étudiante naïve, soumise et éprise. Elle a avalé ses mots. Elle a rêvé ses caresses. Elle est tombée pour chaque sourire, pour chaque phalange frôlant sa peau. Ivy, elle était fiévreuse de la chaleur qui venait se déposer au creux de ses cuisses. Courbes qui se découvrent. Plaisir qui se cherche. Elle en avait réclamé plus.
Naïvement.
Elle n’avait rien obtenu. Une fierté déposée sur un sol cendreux. Une fierté abandonnée sous le regard corrosif du professeur. Peut-il encore imaginer les conséquences de son attitude ? Des larmes à la colère. Des doutes à l’inquiétude. De l’inquiétude à un palpitant déchiré par les échos de sa voix.
Il ose la rattraper. Silhouette chancelante. Souffle court où se brisent les paroles.
La reporter incline sa tête, mordille ses lèvres et s’approche. Pas de velours au milieu du bitume souillé par le temps. — Ne crois pas si bien dire. Ça risque de devenir ton activité favorite.
Le jeu du chat et de la souris. Le jeu du loup qui veut écraser la louve blessée de son poids. Ronger son échine de ses lèvres et de ses doigts dont elle porte encore le contour. Le sourire victorieux pour soumettre le professeur à cette insolence, à cette vague vicieuse et déterminée.
Une détermination victorieuse. Une sirène prête à s’immiscer corps et âme au creux de ses vagues assassines. La silhouette qui ne serait qu’une ombre après laquelle il court. Pour obtenir des réponses. Pour le rendre ivre. Pour le faire chuter à ses pieds.
Comme elle a chuté des années en arrière.
L’effet collatéral d’une fierté qui se ravive, qui s’aiguise.
Le ronronnement du moteur masque les soupirs. Les phalanges agrippées à l’habitacle de la voiture.
Le doute. Que diable est-elle en train de faire ? Plonger la première. Capitulation qu’elle voit se dessiner au détour du chemin sinueux. L’horizon qui n’est plus que brume. Décor vaporeux aux allures d’un chapitre en noir et blanc. Elle ravale sa salive, Ivy.
Elle le ravale lui sur l’empreinte laissée sur sa peau.
(…)  Les pas de sirène précédent ceux du professeur. L’entrée dans cette antre du diable qu’elle aurait aimé découvrir à l’époque. Une invitation pour laisser libre court à tout ce qu’elle éprouvait. L’alerte de son coeur à chaque sourire offert. Le ventre creusé de l’envie ultime. Lui, rien que lui. Peau contre peau. Corps contre corps. Palpitant offert sous l’effet lacéré de sentiments affolants.
Maintenant, Ivy, elle domine. La mine impassible en détaillant la décoration. Tout semble disposé avec soin à l’image du charisme répugnant de Cecil. Ses doigts défilent sur une commode au bois d’ébène. Un contact furtif pour s’ancrer. Un contact furtif pour gagner du temps. Son manteau qui termine au sol sans honte. Et l’insolence dans ce regard qu’elle condamne vers le sien. Un sourire en coin. Ce même tango de succube. Portrait d’une prêtresse des flammes. L’enfer qui s’ouvre. L’enfer qui domine. Les hanches de la sirène roulent. Elles remuent avec une sensualité inégalable. Beauté qui s’ignore. Beauté qui se dégoûte à chaque reflet dans le miroir.
Les stigmates de la blessure ancrés sur l’abdomen. Traces rosies trop présentes. Traces rosies encore douloureuses. Comme à cette second précise. Il suffit d’un regard. Il suffit d’un rictus.
Cecil devient l’écho d’une détonation. L’effet d’une balle perdue au creux de sa cage thoracique. La carcasse sur le bas coté sous les effluves de son ignorance.
Il n’avait rien vu venir.
— J’espère ne pas tomber nez-à-nez avec ton épouse. Cela serait digne d’un mauvais soap opera. Et nous n’avons pas le temps pour ça, Cecil. Cette femme. Ce fantôme. Ce visage imagé dans des chimères chaotiques. Ce corps dévisagé sous des rêves corrosifs. Une colère pour l’épouse trompée. Une colère pour l’épouse souillée. Ivy, la lame de poignard qu’il a enfoncé dans une relation sacrée. Ivy, l’idiote sur le carreau qui maudissait l’autre. Celle qui partageait son lit. Celle qui froissait les draps sous l’étreinte de son corps. Celle qui détenait les sentiments, l’amour.
Celle qu’elle ne serait visiblement jamais.
Une pause. Une hésitation. Les traits gisant sous la froideur qu’elle balance.
— Je vais me rafraîchir si tu veux bien. Elle ne lui laisse aucun droit de réponse. Elle prend la fuite, encore. À l’étage. Au milieu des portes closes. Un regard en arrière pour être certaine de ne le croiser. Sa main qui se fait curieuse, sa main qui fouille dans quelques meubles à la recherche de documents, de réponses. Habitude prise depuis trop longtemps. Habitude gagnée chez les Burgess, ces monstres sanguinaires. Elle arrive dans la chambre de Cecil. Le manège continue. Le manège devient de plus en plus dangereux. Les prunelles en arrière pour guetter le moindre écho de pas. Une main sur l’armoire. Et ses yeux qui observent cet étendu de chemises. Celles qui pour certaines portent encore son parfum. Un sourire en coin. Un sourire qui disparaît. Une claque dans la gueule pour la traîtresse. Elle le connait encore. Ce parfum. Ces effluves. Celles qui lui ont fait perdre la raison.  Une réflexion à peine menée et sa robe tombe au sol. Dentelle sur le corps avec ce corset qui masque les cicatrices et qui cintre sa taille. Au cas où. Elle attrape une chemise qui vient épouser ce corps. Sans honte. Sans demander.  Enième provocation. Pas écrasé sur l’espace vitale du dramaturge. Et Ivy, elle descend. Elle ne peut pas se permettre de rester ici. Les soupçons au bord de l’éveil. Quand son regard croise celui de Cecil, c’est l’insolence qui danse. Elle se dandine devant lui, effleure sa silhouette de la sienne, passe ses doigts sur son buste. — Es-tu prêt à commencer ? L’introduction doit surprendre les lecteurs et les condamner à se nourrir de toutes les lignes qui suivront.  Dérision d’une quête mensongère. Sa propre histoire prête à se dresser sur du papier. Sa propre histoire prête à bouffer le maculé des feuilles. De son talent à lui ; de ses drames à elle. — La souffrance de l’héroïne doit transparaître. Son bassin cogne à la table de verre du grand salon. Ses ongles claquent dessus ; mélodie qui déclenche l’attente. Les lèvres humidifiées par cette satanée langue. Bouche galbée par tout ce qu’elle lui fait endurer. Torture sensuelle. Torture charnelle. — Et dire qu’après des recherches intensives pour un soucis de…réalisme, j’ai découvert que le sang coulait aussi à Brighon. Des familles aux mains souillées par le vice qui rôdent. Est ce que tu te rends compte, Cecil ? Nous ne sommes plus en sécurité nul part. La mine dramatique. Les dédales d’une actrice en devenir. La famille qu’elle ne nomme pas. Les lettres de ce patronyme qui roulent pourtant trop facilement sous le palais. Les lettres assassines qui sèment le discorde dans son esprit. Famille où elle s’est infiltrée grâce à l’aide de ce médecin. Famille où elle rôde telle une tarentule. Elle ne lâche rien Ivy. Mention pour capter l’attention. Mention pour espérer une réaction. D’une main, elle attire Cecil à sa hauteur. Ses hanches de part et d’autre de son bassin. Peau dénudée. Peau insolente à l’ivoire merveille. — Est-ce qu’elle me va bien ? Sourire en coin. Sourire moqueur. Sa main qui attire la sienne sur le tissu. Sa main qui la fait divaguer contre ses cuisses. Un baiser feint. Un baiser offert d’une étreinte brûlante. Ce souffle qui cogne. Cette respiration qui bat la mesure. Une main dans sa nuque.
Puis l’abandon. — Et maintenant, écris. Ordre balancé avec hargne là tout près de ses lèvres.
Une hargne à l’image de son coeur assombri.
Une hargne à l’image de son coeur qui ne bat plus.
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MessageSujet: Re: sad, beautiful, tragic (ivy)   sad, beautiful, tragic (ivy) EmptySam 9 Fév 2019 - 23:41

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Il se brise les doigts contre son insolence.
Il se brise les doigts contre le vide.
Il dégueule ses passions sur un nuage incertain, une vapeur ensorcelante, une nébuleuse inavouée — parce que c’est ce qu’elle est, Ivy. Il la voit déjà se délier, se dérober entre ses phalanges. Son activité préférée, qu’elle suppute. Il souffre et chute et s’écroule, mais elle trouve encore le moyen de l’écorcher sur les lames de son sarcasme. Et il s’enrage — bouillonne de la voir faire l’amour au cynisme. Il devrait la posséder, à défaut d’avoir assez d’esprit pour la dérouter. Mais il n’a rien ; rien que le néant contre lequel ses dents grincent, rien que le désir et ses attentes déçues par avance. Et il ne répond pas (parce qu’il n’a rien à dire sur sa propre défaite), se contente de conduire.
La route est étrangement calme
Il se dit
Que c’est étrange pour une voie rapide vers le cataclysme.

Chez lui, rien n’est plus simple. Cecil a des remords (peut-être des regrets).
Parce que ce n’est probablement pas une bonne idée d’avoir laissé rentrer tant de mysticité dans son intimité la plus fondamentale. Déjà, l’ombre d’Ivy s’ancre dans les murs, et il traîne un regard las sur les empruntes invisibles qu’elle laisse dans la charpente et dans les rainures du parquet. Lui, n’est qu’un étranger au milieu de son propre salon. Sa main se pose sur l’accoudoir du canapé (mais ne s’y appuie pas), et ses yeux se perdent quelque part entre la table basse et la commode. Au milieu de sa dépossession sensible, l’établissement matériel devient un réconfort. Superficiel, et pourtant stable. Cecil a beau sentir ses émotions se déliter sous l’effervescence de son esprit, il peut malgré tout maintenir l’illusion d’un homme puissant, parce que riche. Ça ne veut rien dire. Ni pour lui, ni pour Ivy. Mais pour un homme désespéré, c’est déjà beaucoup.
Ses muscles se décrispent alors qu’il trouve la force de se retourner vers elle. Mais elle est audacieuse, Ivy. Sans aucune honte, elle profane les tombes et réveille des lémures prodigieux.
Ta femme.
Le syntagme est inattendu. Des décennies, voire des siècles qu’il ne l’a pas entendu. Sa femme n’est plus grand chose — à peine un nom murmuré, relégué au rang de spectre prodigieux et lugubre qu’il évite à tout prix d’invoquer. Le mauvais oeil est un amant régulier des regrets, après tout. Et le silence qui suit les mots d’Ivy est bien assez révélateur (ce sujet de conversation est traître et dangereux), et un peu trop inquisiteur (qu’est-ce que tu sais de toute cette histoire, au fond). Les yeux de Cecil se pose sur la silhouette svelte et maudite de son ancienne étudiante alors qu’il se rend compte qu’elle ne sait rien. Elle n’a rien vu. Rien entendu. Rien vécu de ce qui l’a construit. Elle n’a été que quelques secondes dans le millénaire qu’est sa vie — un ouragan de passions, un éclair de frustration qui scellait la fin d’un an, mais pas d’une ère. Cette analyse de la situation le rassure. Quelle emprise peut-elle avoir ? Rien de plus que quelque chose d’éphémère. Les exaltations de l’âme ne durent jamais, chez lui.
Le laconisme supposé de la chose rend la perspective de la douleur qui s’en suivra, moins effrayante.
Comme détaché de toute révolution.
Evidemment.
Cecil cherche à se rassurer — il devient nécessairement irraisonné.
Tu ne risques de tomber sur personne, Ivy. Une contre-attaque amère. Crispée. Une invitation sous-jacente à s’offrir complètement en ces lieux, sans honte. Sur chaque meuble, sur chaque surface — parce que personne ne pourra juger leurs pêchés, personne ne pourra s’offusquer de leurs hérésies. Je ne suis plus un homme marié, tu sais. Il ne sait pas s’il l’a jamais été. Pendant un instant, il ne sait pas si cette révélation, plutôt que de la rassurer, ne serait pas capable de refroidir ses caprices lascifs. Auréolée de sa prestance indécente et indolente, elle paraît si prête à piétiner, bafouer tous les codes moraux et éthiques qu’il ne semble plus s’agir simplement d’une capacité, mais d’une volonté. Une créature d’absolution déterminée à égorger toutes les grâces édifiantes de sa vie (les rares qu’il n’a pas lui même massacrées). Mais quelques secondes et il se rappelle — l’alliance qui nécrosait son doigt était loin d’être la seule mâne pécheresse qui mortifiait leur liaison.
Tout ce qu’il était et tout ce qu’elle était (tout ce qu’ils représentaient, la somme de deux êtres profondément incompatibles et fondamentalement irrévérencieux face aux prédispositions naturelles). Le simple contact de leurs chairs est une injure à l’ordre naturel des choses — une douleur primate et essentielle. Un outrage dont il ne peut se défaire, en résumé.
Il se retourne et déjà, elle n’est plus là — partie à l’étage, ou pour toujours, qui sait ? L’écho des mots qu’elle a prononcé avant de s’évaporer butent encore contre les parois de sa conscience mais il n’en saisit pas le sens. Il ne sait pas s’il veut vraiment écouter ce qu’elle a à lui dire — les mots font partie d’une réalité bien trop menaçante, bien trop froide, et chaque assertion de sa part pourrait être un coup de couteau.
Qu’elle lui porterait
Dans les hanches
Dans les yeux
Dans quelque chose qu’il lui offrirait nécessairement
Mais le fait est qu’il ne lui refuse rien.
Assommé, il se laisse tomber dans le fauteuil en cuir noir qui trône devant son bureau. Il tremble (ne s’en rend compte que maintenant). Depuis quand ? Il inspire et regarde ses mains, leur vacillement incontrôlé et presque imperceptible. Pathétique. Le désir électrifie ses muscles, les secoue, les dissocie entièrement et pleinement de sa volonté propre. Il n’est rien, alors ; rien. Une âme fiévreuse ou un corps subordonné, mais rien de plus, rien de conjoint. Il déglutit, résiste à l’envie de se servir un verre de whisky (rien qu’un), l’alcool n’arrangerait rien (le feu pour lutter contre le feu) et ses doigts, dans un mouvement un peu trop brusque pour être autre chose qu’une tentative désespérée de s’occuper l’esprit et le corps, attrapent son stylo plume. Des feuilles, et appuie sur l’interrupteur.
Lumière.
La teneur artificielle et faussement grandiloquente de son âme le pousse généralement à préférer la machine à écrire à tout autre support de rédaction. Mais la mécanique serait trop bruyante, trop grossière, trop froide pour cette situation. Le métal contre la pulpe de ses doigts contraste avec le souvenir nébuleux de la peau d’Ivy (bouillante, vibrante, électrifiante). Il se rend compte qu’il ne sait finalement même pas où elle est réellement — elle a parlé de se rafraichir, non ? Il se tourne et essaie d’écouter les bruits, à l’étage. Feutrés, étouffés, asphyxiés. Elle pourrait être en train de brûler ses affaires ou d’agoniser, pour tout ce qu’il en sait. Le besoin urgent de la retrouver qui contracte ses muscles (et pourtant, il reste assis).
L’immobilité est une forme de résistance.
Ou une résignation déguisée en contestation.
Es-tu prêt à commencer ?

De retour.
Les échos de sa voix sonnent comme un glas, et il se surprend à fermer les yeux. Juste quelques instants. Juste afin de récupérer son souffle, qu’il a perdu quelque part sur le chemin. Impératrice, elle lui donne ses indications ; se pavane dans la pièce comme si elle était sienne. Cecil se crispe, s’offusque — les strates fantasmagoriques de la création sont bien les seules au sein desquelles il refuse encore toute insolence. Un royaume de carton-plâtre dont il se pense encore le roi — et il va pour se retourner, pour arracher le sceptre des mains d’Ivy dans un momentané coup d’état (mais le coup d’éclat est mort né). Ses yeux assassins se posent sur son corps (son corps enveloppé dans sa propre chemise
Comme une traîne
Ou un linceul)
Et il reste bouche bée un moment. Il s’agit probablement là de l’insolence la plus orgiaque dont il a jamais été témoin. Il n’a jamais été affriolé par l’impudence (avant aujourd’hui), ou par le fait que l’on remette en question son omnipotence, pourtant ô combien artificielle (avant aujourd’hui). Ses yeux se relèvent vers elle alors qu’elle se rapproche — et il s’en rend à peine compte. Parce que son être (et son néant) sont entremêlés à tout ce qu’elle représente.
Il se sent terriblement proche d’elle.
De façon systématique à présent.
La sensation est douloureuse (brûlante), et il voudrait se reculer
(Mais il ne le veut peut-être pas assez fort).
Elle va pour se reculer, de nouveau. Mais avant qu’elle ne soit hors de portée, il tend le bras, lui attrape le poignet, dans un effort vain pour la retenir (il le sait, il aurait tout autant de chance en essayant d’empêcher les vagues de se retirer). Ses doigts contre sa peau ; une autorité feinte, branlante, mais dont il se convainc malgré tout. À croire que tu es née pour la portée. Qu’il répond, à sa précédente interrogation — plus rhétorique que sincère. Mais son ton sifflant, sa mâchoire crispée, laissent sous entendre l’acrimonie qui pulse dans ses veines. Sa réponse est empreinte de sarcasme, ou de ressentiment (lui-même ne sait plus vraiment ce qu’il dit). Je te trouve bien confiante quant à tout cela, Ivy. Surtout alors que ton idée prend place dans un milieu vu et revu. Il l’attaque, comme pour réclamer sa propre indépendance. Cette main fine, délicate (puissante) qu’il tient dans la sienne, il la pose à plat sur le bureau, paume vers le ciel. Et il ne la quitte pas des yeux — elle, la souveraine momentanée de cette mascarade gangrénée. Après tout, elle n’est qu’humaine, Ivy. Enchaînée à la matérialité périssable et éphémère des choses — ancrée fatalement par un corps animal. Une chair qu’il entend bien souiller, une chair qu’il aimera un moment, l’instant d’un millénaire, et qu’il meurtrira ; parce qu’elle n’est pas invincible.
Parce que c’est soit elle, soit lui.
Il est encore trop jeune pour mourir.
Elle, elle est éternelle. Les immortels peuvent se permettre le luxe du décès soudain.
Sans même y réfléchir, il appose la plume de son stylo contre la paume de la main d’Ivy. L’embout en argent parcourt la carne blanche (tellement blanche), y transpire son sang céruléen. Qu’en est-il de cet intérêt soudain pour le bourbier de Brighton, Ivy ? Ça n’a jamais été un milieu particulièrement inspirant pour la création artistique. Les anglais sont mauvais au jeu délicat du crime. Ils n’ont ni la classe des italiens, ni la brutalité apathique des slaves, ni même encore la puissance dorée des américains. Ils n’ont que l’esthétique obsolète d’un sang noirâtre versé entre une tasse de thé fêlée et une cigarette. Personne n’a envie de se passionner pour les réseaux crimino-mafieux de l’Angleterre. Cecil plisse les yeux — la question parvient à l’intéresser vaguement, à se frayer un chemin entre les plaintes de son corps asphyxiée par le désir et les complaintes de son ego blessé. Je ne doute pas tes intentions dépassent largement la prétention artistique pure, d’ailleurs. J’irai même jusqu’à dire que tu t’en contre-fous, Rhodes. Il appuie un peu plus sa plume contre sa peau. L’extrémité argentée se scinde en deux, se vide de son encre sur les lignes de sa main — et le bleu, comme empoisonné, s’écoule entre les sillons de sa peau. L’éclatement cataclysmique. Il faut bien que tu te mettes ça en tête — Il n’achève pas sa phrase, et sa main libre vient agripper le col de sa chemise. Il l’attire à lui, avec une force soudaine, un empressement qu’il n’avait pas eu auparavant. Ou, tout du moins, qu’il avait réussi à dissimuler jusque là. Son visage séparé du sien par un espace insignifiant — à tout moment, il pourrait le combler pour lui voler à son tour un baiser. Il ne l’aurait pas mérité, mais bon sang ; bon sang, à quel point il a envie de meurtrir ses lèvres, de nécroser son éloquence grandiose en lui arrachant son souffle. Je ne suis pas aussi vain — pas aussi stupide — que tu ne le penses. Ne te caches pas derrière tes putains d’injonctions littéraires, ça ne fera que me pousser au-delà du point de non-retour un peu plus vite. Il tente de maintenir sa poigne sur son col, pour la maîtriser ; pour l’empêcher de s’esquiver encore, pour la museler contre son contact. Mais le tissu n’est pas une liaison satisfaisante.
Sa main s’égare contre sa nuque — dans ses cheveux et les limbes bouillantes de sa peau.
L’autre lâche son stylo pour venir agripper sa cuisse.
Son étreinte est forte, car pleine de rancune ; et tremblante, parce que subordonnée à tout ce qu’est la jeune femme.
Tout ce qu’elle représente, et tout ce qu’elle lui retire.
Mais peut-être — peut-être que tu veux me pousser au-delà du point de non-retour, après tout. Et dans ce cas, Ivy, je ne pourrais que te féliciter.
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