Outfit | La couche sombre de nuage qui planait au-dessus de leur tête n’avait pas effrayée Mina, outre mesure. Un peu de pluie ne fait de mal à personne, de toute façon. Avançant tranquillement le long de la berge, sur la promenade qui longeait la plage, la mexicaine laissant le vent marin balayé son visage, alors que d’un geste tendre de la main, elle flattait son ventre rebondi que sa robe ajustée mettant en valeur. Le tonnerre gronda au loin, et la jeune femme ne put que s’empêcher de remarquer le brusque changement de température qui s’opérait. Peut-être serait-il plus sage de rentrer, songea-t-elle. Au même moment, un désagréable élancement se fit sentir dans son bas-ventre, et elle dût s’arrêter de marcher, tant la douleur l’accaparait. Tâchant de calmer sa respiration, comme on le lui avait conseillé dans ses cours prénataux, Mina se remit à marcher pour être forcé, quelques mètres plus loin, à s’interrompre de nouveau. À ce rythme, elle ne parviendrait pas chez elle avant que le ciel ne leur tombe sur la tête. Avisant la marina qui s’élevait non loin de là, la future mère ravala sa souffrance pour s’y diriger, et lorsqu’elle y pénétra, son visage témoignait de son inconfort. Mais elle tenta, tant bien que mal, de le camoufler, trouvant refuge sur un banc, près de l'entrée. Dehors, le temps s'était assombri, et l'orage approchait. - Ça n'annonce rien de bon, tout ça. - maugréa-t-elle à l'attention d'une autre personne venu trouver refuge en ces lieux, en se mordant la lèvre supérieure. Tout comme ces légères contractions qu'elle ressentait, qui avait de quoi l'alarmer.

OUTFIT / La jeune femme n'avait pas pour habitude de regretter ses décisions. Elle était en effet du genre à les assumer peu importe les conséquences. Pourtant, à ce moment précis, alors que le vent soufflait dangereusement, elle se maudissait presque d'avoir sous-estimé les avertissements météorologiques diffusés un peu plus tôt à la radio. La grisaille n'était pas atypique à Brighton, aussi, elle ne s'en était pas formalisée et avait choisi la plage pour faire son jogging. C'était là-bas qu'elle préférait se rendre lorsqu'elle avait le temps, lors de ses jours de congé. L'air marin était bénéfique pour les poumons et courir le long de la mer lui permettait de se vider la tête au calme, à l'écart de l'agitation citadine. Par ailleurs, le son des vagues lui apportait une certaine sérénité. Cependant, l'atmosphère qui régnait désormais n'avait plus rien de paisible. Les vagues étaient déchaînées, et les voir s'écraser sur les rochers était un spectacle à la fois terrifiant et fascinant. Quant au ciel, il s'était assombri, signant les prémices d'un orage. Elle pouvait même sentir le vent la pousser dans sa course, la rendant ainsi instable. Au moment où elle songeait à faire demi-tour pour rejoindre sa voiture, un éclair traversa le ciel. Le grondement du tonnerre lui arracha un frisson et elle réalisa qu'elle n'aurait pas le temps de parcourir les kilomètres qui la séparait de son véhicule. Elle prit alors l'initiative la plus sensée, à savoir rejoindre la marina qu'elle pouvait apercevoir non loin de là. Tandis qu'elle y trouvait refuge, elle constata qu'elle n'était pas la seule à avoir été prise au dépourvu. « J'en pouvais plus de ce sable dans les yeux. » souffla-t-elle, sentant ces derniers la gratter comme une allergie au pollen.

La place vacante à ses côtés ne tarde pas à être occupé par un nouvel arrivant, et l’odeur de cigarettes qui émane de ses vêtements remontent doucement jusqu’au narine de la future mère, dont le visage se froisse par désagrément.  Quelques mois plus tôt, et c’est un haut le cœur qui aurait accompagné un tel rictus. Elle hausse les sourcils en entendant les quelques propos incohérents et inopportuns qui sortent de sa bouche, et sa grande gueule se serait surement fait grand plaisir de lui lancer la réplique, mais un énième élancement l’accapare, lui coupant le souffle et l’envie de discuter davantage. Le gamin réagit à son silence sans remarquer le malaise qui fait rouler quelques billes de sueur le long de sa nuque. – Vous auriez dû la laisser là, alors. Dans votre tête. – qu’elle parvient enfin à lui dire, le souffle court, la voix sifflante, comme une chienne qui aboie pour prévenir de ne pas s’approcher d’elle et de ses petits. Mina, elle couvre son ventre de la chaleur de ses mains, espérant que ces caresses calment ses appréhensions et ses inquiétudes. Mais difficile de faire obstruction de ces dernières : les suivis de grossesses, c’est son métier.  Et ce qu’elle ressent à de quoi l’alarmer. Attrapant son sac à mains, elle fouille vigoureusement à l’intérieur avant qu’un soupir ne s’empare de ses lèvres. Aucune trace de son téléphone. C’est bien sa peine. Ils sont de plus en plus nombreux à être venu trouver refuge dans la marina. Une femme en tenue de course est la dernière à avoir franchit les portes, une bourrasque de vent s’infiltrant à son passage. Jugeant du regard les personnes qui l’entourait, elle se racla subtilement la gorge avant de lancer son filet à l’eau. – L’un de vous pourrait-il contacter les services d’urgence? – Elle garde le contrôle, en apparence, et sa voix, bien que plus faible qu'à l'ordinaire, ne tremble pas. Ses mains, si.