Ryo soupire et passe une main sur son crâne aux cheveux désormais trop court. Le weekend dernier dans un mood spears et revanchard, le français c'est coupé les cheveux, pour revenir sur de bonnes bases, faire mine qu'un rien suffit à aller de l'avant. L'adrénaline en moins, Ryo regrette un peu, ses boucles, son comportement et même les sms de son ex dont le feu c'est finalement éteint.
Il a fallut quelques temps pour qu'ils s'oublient mutuellement, beaucoup moins pour que lui passe à l'action.
A dix huit heures, le soleil brûle encore, il ne fait pas très chaud mais il grignote les plages, l'eau de la manche. Le français partage un thé sur la terrasse d'un salon qu'il a choisi seulement pour le nom. La vie en rose, c'est lui pour moi, moi pour la vie mais le cœur de Ryo, lui ne bat pas. Son rencart du jour l'ennui, il fait la pluie, le beau temps, parle de ses études, de son adorable petit chien et de son amour étrange pour Beyonce et Marc Levy. Ce genre de petite détails, le français les adore, s'y accroche. Il aime connaître les tics dont tout le monde se fou. Savoir qu'un mec se couche à 21h30 plutôt qu'à 21h31 parce qu'il a peur des chiffres impairs, qu'il ferme les yeux quand il compte ou tire la langue pour mieux se concentrer. Pas aujourd'hui. Ryo aime l'odeur du thé, le goût des macarons mais pas ce gars, le courant ne passe pas. Sa main glisse jusqu'à son téléphone et son regard s'accroche un instant au sourire du garçon. Il cherche ses mots, saisi l'occasion pour envoyer un message. Je t'avoue que je ne suis pas un grand fan de Beyonce mais à la boutique, les filles passent souvent run the world pour nous emmerder. Il rajoute, dans un léger rictus. Je connais la chanson par cœur maintenant. D'ailleurs, si ça ne te dérange pas, je vais juste leur envoyer un petit message pour savoir si elles s'en sortent sans moi. C'est faux. Personne ne l'intéresse en dehors de Gabi.
Ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire mais Ryo l'appelle parfois pour se sortir de situations délicates. Qu'il s'agisse d'une après-midi morne à la boutique ou un rencart désastreux, elle est le joker des mauvais pas. Ce n'est jamais gratuit, le français sait bien qu'il va devoir lui offrir un verre, son âme et sa reconnaissance éternel pour l'emmerder une fois encore mais c'est mieux. Mieux de l'appeler elle que d'envoyer balader un pauvre gars qui n'a rien demandé.

C’est officiel, ça fait exactement trente huit minutes que tu te fais chier. T’es arrivée ce matin avec un grand objectif, vers le ménage. Tout le ménage, dans toute la boutique. Alors tu as tout fait, du sol au plafond, puis tu as refait l’inventaire, et t’as servi les trois clients qui s’étaient perdus dans la boutique. Mais il faut l’avouer, il n’y a pas beaucoup de client, en ce moment. Alors tu te fais chier, assise sur le comptoir, un paquet de chips dans la main tu écoutes la musique de fond en soupirant, très régulièrement. Encore prés d’une heure à tenir avant ta pause. Ça semble une éternité. Tu as juste envie d’aller surfer, toi, et c’est trop, quand on pense que tu travailles justement dans une boutique de surf. Tu sors ton téléphone et c’est dans ce genre de moment que tu regrettes de ne pas avoir un smartphone super évolué, avec plein d’application. Tu devras te contenter de Snake, visiblement. Ou pas. L’engin préhistorique vient de vibrer, de faisant sursauter. Et t’es plutôt ravis de lire le sms de Ryo. Non seulement tu vas pouvoir quitter la boutique plus tôt pour te dégourdir les jambes, mais en plus tu vas pouvoir emmerder gratuitement Ryo, et il devra te remercier. Quelle belle vie ! tu descends du comptoir, éteint les lumières et va chercher ta veste avant de fermer boutique, tant pis pour les quelques touristes déçus. Le café, ce n’est pas la porte à côté, alors tu dois te mettre en route assez rapidement si tu ne veux pas qu’il attente trop longtemps. Tu réponds à son sms avant de partir, pressée, et tu arrives moins de vingt minutes plus tard, devant le fameux café, au nom que tu adores. De loin, tu vois déjà ton meilleur ami, attablé, avec son fameux sourire de « je suis poli mais j’ai envie de t’étriper » ça te fait sourire et tu inspires longuement avant d’entrer, comme une furie, dans la boutique. « Ryo ! » tu dis, assez fort, sans te préoccuper des autres clients. « Putain mec, mais tu gères pas du tout, t’as encore oublié l’anniversaire de papa, il va te tuer, non, je vais te tuer, déjà que tu n’as pas de cadeau, t’avais juste à acheter le dessert, merde, et toi tu joues les jolis cœurs devant un café ? Non mais j’hallucine ! » tu râles en lui donnant une petite tape derrière la tête avant de croiser les bras, tournant la tête vers le fameux gars, chiant comme la terre. « Je suis désolée, mon abruti de frère va devoir venir avec moi » et tu termines avec un grand sourire hypocrite.