La porte grince, habituel. Pas un bruit dans la maison, où est le tapis ? J'allume la lumière. Si mon bonnet de noël rappelle la période où nous sommes, c'est bien la seule chose dans la pièce. Un ronflement jaillit du salon. Il est donc là. 19h, rien est prêt pour le diner. Et il a encore finit la dernière bière. La bave au bout de la lèvre, l'odeur de pied qui monte au nez, et puis ce reniflement qui coupe le ronflement de temps en temps. Carpette, tu me dégoutes. Comment peut-on en arriver là ? Et dire que tu es humain. Et dire que tu pouvais avoir une vraie vie ! Tu n'es qu'on con papa. Tu as quatre enfants merveilleux et tu n'en profites pas. Tu n'es qu'un con. J'en pleurerais presque de dégout.

Il grogne, se gratte le ventre, se retourne. Me fait penser à la charogne. Brreuh.. Je remonte machinalement le drap sur son ventre poilu et presse le pas vers la cuisine. Je n'ai jamais su vraiment cuisiné, mais j'ai pris le repas de Noël habituel, celui qu'on allait acheté quand papa ratait sa dinde, se mettait une murge et ronflait sur le canapé -comme ce soir. J'ai les burgers et les milksakes, double ration de crème pour tout le monde. Même pour Mad. Hop, une tranche de fromage en plus sur les hamburgers, et on enfourne pour que ça grille un peu avant leur arrivé. Il y en a un pour papa, si il se lève cette fois.

Il quitte son petit boulot à l’épicerie. Un deuxième. Parce qu'il sait pas quoi faire d'autre que se casser le cul pour sa famille. Il a commencé durant l'enfance putain et aujourd'hui il arrive pas à commencer à vivre alors que les mioches ont plus besoin de lui. Ils savent se débrouiller. En vérité - à part peut être pour Kamil- les filles se débrouillent depuis déjà quelques années et sa présence n'est plus tellement requise. Et ça le ronge un peu cette idée dans le fond même s'il ne veut que le bonheur de ses congénères. Et puis, il restera toujours papa. Ce crétin sans âme. Celui qui ruine sa vie depuis trop longtemps mais qu'il ne peut se résoudre à abandonner. Sauf que pour lui, c'est trop tard, sa vie est trop entamé, trop bousillé pour qu'il parvienne à prendre le dessus. Peut être aussi qu'il n'a plus la force de se tirer lui ou quiconque vers le haut. Parce qu'il est fatigué Maddox. Il s'fume une clope, puis une autre avant de passer aux choses plus sérieuses et de se rouler un pétard qu'il fume sur le chemin du retour. Il écrase son mégot dans l'entrée et pose son sac ainsi que sa veste tandis qu'il les entend glousser dans la cuisine. Ça lui décroche un sourire à Mad. Un regard au salon pour voir son père vautré dans le canapé comme la loque humaine qu'il est devenu. Un bâillement lui échappe. Il porte sa main à la bouche et continu son chemin. Et dans l’entrebâillement de la porte, il les observe toutes les deux, les bras croisés, prenant les paris sur le temps qu'elles mettront à remarquer sa présence à lui. Quelques secondes passent. Rien. Il se racle finalement la gorge, un sourire sur les lèvres. C'est qu'elles sont plus bavardes que lui. Besoin d'aide ? qu'il fait en décroisant les bras. Il les embrasse pas. C'est pas vraiment un gars tactile Maddox. Au contraire, la proximité peut le mettre mal à l'aise en dehors de quelques échanges de fluides. Et là encore, c'est pas si fréquent.

Il a toujours aimé Noël, Kamil. L'ambiance, dans les rues de brighton, la joie qui s'empare de tout le monde, la course au cadeau, le sapin. C'est sûrement sa période favorite de l'année, même si Noël, chez les Bowles, ce n'est pas très orthodoxe. Parce que papa finit toujours pas faire tout capoté. Et malgré les déceptions, il continue d'aimer cette période, d'attendre avec impatience le jour J. Plus encore depuis qu'il y a des traditions, chez les Bowles. Il pourrait faire la cuisine, lui. Il excelle surtout en pâtisserie mais se débrouille en général, pourtant, il préfère mille fois les burger gras et le milk-shake à la vanille -pour lui-. Ça montre bien que c'est un jour différent, que c'est la fait. Il a demandé au Clarke, le mois dernier, s'il ne pourrait pas passer en boutique le 24 pour utiliser la cuisine. Ils ont immédiatement dit oui et lui ont même confier une clé. Alors, vers 15 heure, le jours du réveillon, il est allé dans son labo, et il a pâtissé, toute la journée. Il a bien évidement prévu un petit cadeau -en accord avec son budget- pour tout le monde, mais il voulait également ajouter une touche personnelle et a donc préparé des chocolats individuelles pour chaque membre de la famille, en fonction de leur goût. Parce que même s'il en est allergique, c'est le chocolat qu'il préfère travailler.Tout le monde aura donc un petit sachet avec quatre chocolat d'environ 5cm sur 5, où il a dessiné à la pâte à sucre, des petites formes de noël. C'est un peu cucul, mais ça le représente bien. Quand il a terminé, il s'est rendu compte qu'il était très tard, alors il s'est changé au café et, ses affaires avec lui, il a prit la route de la maison, sachant déjà qu'il serait en retard. Il arrive vers 19h30, ou peut être un peu plus tard même et pose ses affaires dans l'entrée, sortant simplement les chocolats de son sac. En allant dans le salon, il voit son père, dormir ou plutôt ronfler, sur le divan. Soupire. Évidement, c'est toujours comme ça avec lui. Kamil prends tout de même le temps de poser sur la table basse les chocolats de son père, chocolat blanc comme il l'aime. Il s'évertue encore à essayer de lui faire plaisir, même si ce dernier ne fait que le rabaisser. Il est trop gentil, Kamil. Il se dirige finalement vers la cuisine et voir sa fratrie réunis le comble de bonheur. Il les observe un instant, tout les trois, avant de dire, simplement. « Joyeux Noël ! » Simple et efficace.