Elle est restée longtemps sur le toit, sous la pluie, à regarder les étoiles. Il faisait froid, elle avait sommeil, mais elle avait la frousse de redescendre, de le croiser. Elle a pleuré devant lui, merde, ça ne lui ressemble pas. C'est pas son genre. C'est une femme forte et indépendante, elle ne devrait pas se préoccuper de lui, de ce gros con. Il ne mérite pas son amitié. Il ne mérite rien du tout, parce qu'il ne veut rien recevoir. Et Tori, elle ne veut pas faire d'effort pour lui. Alors depuis presqu'une semaine maintenant, elle l'ignore. Ce n'est pas trop compliqué en vérité. Elle part tout, le matin, pour aller à la fac. Ne rentre ni le midi, ni en fin d'après midi, et passe plus de temps au Cabaret. Elle commence même à prendre le rythme et n'est pas trop fatiguée. Elle a complètement mis cette histoire de côté, comme elle le fait à chaque fois, et est toujours de bonne humeur. Tori, elle a un talent fou pour cacher les choses, pour les oublier, les endormir. Ce soir encore, elle ne rentre pas avant une heure du matin, et compte bien aller directement dans la salle de bain. Il n'y a pas un bruit dans l'appartement. Jimmy doit être sorti, et Rafe ? Elle s'en fou, de Rafe. Quand elle pose son sac sur le bar de la cuisine, elle y trouve un bouteille de Dom Perignon, ainsi qu'un petit mot. Elle hausse un sourcil, il est rare qu'un client soit assez fortuné pour lui payer un verre de cette qualité. Comme la petite peste qu'elle est, elle chiffonne le mot et prends simplement la bouteille, de l'alcool gratuit, ça ne se refuse pas, même venant d'un sale gars. Seulement, quand elle se dirige vers le couloir, elle se retrouve nez à nez avec le sale type en question, et son regard s'assombrit. Elle n'a aucune envie de lui parler, ni même de voir sa sale tête de fouine. Elle resserre la main sur la bouteille. « ouais, j'vais sûrement pouvoir coucher avec toi, puisque comme toute les meufs que tu baises, t'en as rien à foutre de moi. Laisse moi passer, j'ai un devoir important à finir pour demain. » Sa voix est sûrement aussi froide que celle de Rafer, l'autre soir. Et alors qu'elle essaie de passe, il prends la parole, encore une fois. Alors il va vraiment se confier à Tori ? C'est un peu du foutage de gueule quand même. Elle sert les dents mais est au final, bien étonnée. Elle qui pensait que le « à tout jamais » gravé sur le bracelet venait d'une nana quelconque, elle tombe sur le cul, c'est peut être bien de sa faute, finalement. Alors son regard d’adoucie. « Elle serait contente que tu la portes, alors, plutôt que la laisser prendre la poussière. C'est une jolie montre en plus... » tu soupires avant de reprendre. « Mais je t'en veux quand même, alors laisse moi passer. »

Elle a toujours été comme ça, Tori, fière, rancunière, la vraie fille de son père, ce dernier est tellement fier qu'il n'est jamais revenu. elle devrait peut être partir, elle aussi. Loin d'ici, dans un autre pays, sur une autre planète. Mais elle en ai bien incapable, terrorisée à l'idée de quitter sa ville, de quitter sa petite routine. Tori, ce n'est pas une aventurière, au contraire. elle se confortes dans sa petite vie sans rien tester de nouveau, ou presque. elle sert les dents, Tori, en le regardant avec sa moue suffisante. Et puis y'a son masque qui se fissure, et elle peut presque voir la souffrance, dans ses yeux. Mais il se reprends très vite, son regard se durcit et il semble s'énerver, encore. Mais elle n'a plus peur de lui, et s'il l’embête, elle n'a qu'à lui fracasser la bouteille sur le front. Et puis, Tori le regarde, surprise, avant de rire. « Tu te moques de moi ? J'ai entendu aucune excuse. Le problème, ce n'est pas oublier, on oublie jamais. On peut pardonner cependant. Sauf que tu n'as pas l'air d'avoir envie que je te pardonne parce que tu fais rien pour. Alors ouais, j'vais continuer à faire l'autruche parce que ça ne m’intéresse plus, tes petites piques, je suis fatiguée de tout ça. J'pensais qu'on devenait amis, j'me suis trompée, tu préfères rester tout seul, alors c'est moi qui ne vais pas de supplier. Tant pis, on arrête là. » Elle avance fait demi tour pour poser la bouteille sur le bar. « On la boira ensemble si un jour, tu décides de sortir de ta grotte. » et puis, elle le dépasse passe pour aller dans sa chambre, espérant qu'il réfléchisse un peu. Tori, elle est rarement aussi philosophique, mais depuis leur dernière entrevue, elle n'arrête pas d'y penser, et elle ne comprends pas pourquoi il se ferme toujours. Et puis, elle s'est également rendue compte qu'elle agit de la même façon avec lui. Il ne sait rien de Tori, et Tori ne sait rien de Rafer. Elle se retourne un instant, pour le regarder. Il est tard et elle est crevée, pourtant, cette conversation va sûrement l’empêcher de dormir, elle va se triturer les neurones toute la nuit. « Tu crois pas qu'on pourrait se serrer les coudes un peu ? » Et puis, elle se met à sourire un peu. Visiblement, elle va devoir mettre sa fierté de côté, même si ça lui en coûte énormément. « On joue à un jeu si tu veux. N'importe quoi, jeu à boire, jeu vidéo, questions générales, cartes, dés, je m'en fou. Tu gagnes, je te dis un truc perso, je gagne, tu le fais. » et elle croise les bras, d'un air de défis.

Tori, elle a toujours été attentive et observatrice. Elle parle beaucoup, c'est vrai, mais elle écoute, également, et comprends beaucoup de chose. Avec Rafe cependant, elle est dans le floue le plus total, elle avance à l'aveugle, ne comprends jamais rien. Elle n'arrive pas à voir au delà de ce masque qu'il s'est crée. Quand il lui fait ses excuses donc, elle ne voit qu'une façon de se justifier, et pire, de l'acheter. Mais elle déteste ça. Alors elle se renferme un peu plus avant de ce rendre compte que Rafe, il faut juste apprendre à le connaître, à connaître ses réactions, ol faut l'apprivoiser comme un chat sauvage, ou comme le renard, dans son livre de chevet. Et en ce moment, Tori, elle a vraiment l'impression d'être le petit prince, tombée de sa planète, qui galère sur terre. Elle rame, mais elle est maligne malgré tout, et elle finit par se tourner vers lui, tout sourire, changement brutal de comportement. Elle lui propose un jeu, un défi. Parce qu'il ne pourra pas y résister et à peine le mot jeu prononcé, elle voit dans ses yeux qu'il est partant, il est mauvais perdant, elle l'a remarqué l'autre jour, mais surtout, il est très compétitif. Alors finalement, il attrape la bouteille pour l'ouvrir, lui proposant un jeu que Tori ne connaît pas. Pourtant, des jeux à boire, elle en connaît un paquet. Il lui explique donc et elle se met à sourire. « Ok ça me va, par contre, il faudra plus d'une bouteille pour me voir saoule, je tiens super bien l'alcool grâce à mon gros cul ! » qu'elle dit avant de reprendre. « Laisse moi juste le temps de me démaquiller et surtout, de me changer ! » et à peine a-t-il le temps de répondre qu'elle file déjà dans la salle de bain. Il va finir par croire qu'elle y passe sa vie. Elle commence par détaché ses longs cheveux bruns, qu'elle brosse rapidement avant de démaquiller son visage, encore une fois très chargé en maquillages. Cela fait, elle applique de la crème de nuit et file dans sa chambre, pour enfiler un tee-shirt noir et un short tout poilu, en pilou pilou, avec des oreilles de chat, des moustaches et un « moew » sur les fesses. Ensuite, elle ouvre en grand son placard et se met à quatre pattes pour fouiller parmi ses chaussures et dénicher deux bouteilles, une de champagne et l'autre de vodka, espérant que ça suffise, parce que Tori n'a aucune envie de voir sa réserve diminuer plus que de raison. Elle retourne finalement dans le salon, les deux bouteilles en main, l'air victorieuse. Une fois assise dans le canapé, elle attrape son téléphone d'une main pour répondre à un texto, et son verre de l'autre. Le sms envoyé, elle lève les yeux vers Rafe pour affirmer : « J'ai déjà couché avec des jumeaux. » Ouais, elle commence parce qu'il a l'air frileux en confidence, pire qu'une pucelle.

Gros n'a jamais été un gros mot pour elle, ni une insulte. Y'a des gens qui sont maigres, d'autre qui sont gros. Et alors ? Qu'est-ce que ça change. Chacun est comme il est, et tori, ses formes, elle les aime, alors elle n'hésite pas à nommer un chat un chat. C'est dans sa nature. Alors quand il se marre, elle lui fait un clin d’œil avant de disparaître dans sa pièce favorite – après son lit, bien évidement.- Elle aime bien se maquiller, que ce soit pour le boulot ou dans la vie de tout les jours, mais également prendre soin d'elle, et ce qui lui manque, dans cette appartement, c'est une baignoire, pour pouvoir faire la sirène pendant des heures. Une fois le moment soin terminé, et le passage éclaire dans la chambre effectué, elle s'installe dans le canapé, prête à en découdre. Elle veut qu'il se livre, c'est le but de ce jeu, après tout. Alors elle le regards, droit dans les yeux, et commence, lui lançant du tac au tac une vérité – ou un mensonge- sur elle. Elle n'a jamais été coincé, et parler sexe ne la dérange absolument pas. D'autant plus que Tori sait tout de la sexualité de Rafer, alors bon. son verre au bord des lèvres, elle se force à ne pas boire une gorgée. Franchement, du champagne hors de prix comme ça ? « tu t'es prostitué combien de temps pour acheter cette bouteille ? » elle lui demande, alors qu'il semble se retourner le cerveau face à son affirmation. Et puis finalement, il réponds, et Tori, elle sourit de toutes ses dents. « Bois. » qu'elle dit finalement, heureuse de l'avoir eu. Elle est super douée à ce genre de jeu, mentir, cacher la vérité, masquer ce qu'elle pense, c'est son truc. « Ils étaient cousins et c'était super malsain en plus. Je crois qu'ils étaient gays, en fait. Enfin bref, à toi. » et elle arque un sourcil à ses paroles avant de rire avec lui. « T'es con » qu'elle dit avant de se reconcentrer face à son affirmation. Du tac au tac, elle dit non, parce qu'elle ne le voit pas autrement que branleur professionnel. « Faux, mais j'me demande où t'es allé chercher un métier comme ça. En vrai, tu fais quoi dans la vie, je ne t'ai jamais demandé... » Elle le regarde, tapotant ses ongles longs sur sa flute de champagne, et, alors que son portable vibre, elle l’ignore pour écouter la réponse de Rafer, qui l'a laisse sur le cul.

Il a pas eu besoin de se prostituer pour acheter ce champagne, ça ne l'a pas ruiné non plus, de l'argent, il en a qui coule à flot. Étrange qu'elle n'est pas remarqué qu'il a tendance à la jeter par les fenêtres. Toujours de nouveaux vêtements de marques ou de nouveaux gadgets. J'ai couché avec le vigile du magasin. répond t-il en déconnant. Il est rarement sérieux dans ses propos le gamin. Le plus souvent, faut prendre ce qu'il dit au second degré. Il faut d'ailleurs faire preuve de patience et de compréhension pour réussir à lire entre les lignes. Faut d'jà avoir envie d'essayer étant donné qu'il repousse la moindre personne qui tente d'entrer trop intimement dans son existence. Quand elle lui dit de boire, il hausse les sourcils, surpris mais ne se débine pas pour enfiler son verre cul sec avant de se resservir. Et quand les explications suivent, il buffle. C'est la même chose. Cousins, frangins. J'avais presque raison. Il se marre allègrement. Et j'arrive pas à croire que t'es fais ça. Il secoue la tête et prend le relai dans le jeu avec une anecdote qu'il est sûre de gagner. D'ailleurs un sourire vainqueur s'affiche sur sa tronche quand elle se plante. Il laisse un petit doute planer. Juste histoire de la laisser croire qu'elle a gagné, quelques secondes seulement avant d'asséner un glorieux : tu bois. Elle est une des rares à savoir ce qu'il fait en dehors de ses collègues de bureau. Son petit peuple comme il aime communément les appeler. Il est comme ça depuis des années Rafe. Il parle pas. Il dit rien. Il ne communique pas sur ce qu'il vit, s'interdit de parler une seule minute de sentiments. Et franchement, le monde le conforte un peu plus chaque jour vers cette voix. Quand il aperçoit les autres et leurs souffrances, il sait qu'il a raison. Une perte de temps les sentiments. Et c'est encore plus futile de s'épancher sur la question. Puis, de toutes façons, c'est pas comme s'il avait quelqu'un à côté de lui qui en avait quelque chose à foutre. Elle fait ça par gentillesse Tori mais dans le fond, elle se fout pas mal de lui, de ses centres d’intérêt ou encore de son job. Il en est convaincu. C'est pour cette raison que j'ai déménagé ici. Mon père est PDG et m'a généreusement offert un job. Il hausse les épaules. Il se plait pas plus que ça dans son métier mais il se débrouille pas si mal. Parce qu'il est pas aussi bête qu'il en a l'air en vérité. Il est même plutôt intelligent. De longues études. Un parcours intéressant. A toi il me semble, quand t'auras fini ton verre...

Elle éclate d'un rire leger, sans artifice. D'un rire simple mais pourtant vrai. Elle a plusieurs rire, Tori. C'est un peu con à dire, mais parfois, elle se force à rire, pour se donner bonne conscience, pour garder ce rôle de soleil, de fille qui sourit à la vie, toujours de bonne humeur, et ce, même quand elle n'a pas envie de sourire. Aujourd'hui, ce soir, étrangement, elle ne fait pas semblant. Au contraire, elle s'amuse, avec Rafe, elle s'est toujours amusée avec lui, mais c'est différent, maintenant, il y a quelque chose en plus, quelque chose qui ne sonne pas faux. Elle continue de le regarder, intensément, elle ne l'a jamais regardé comme ça, à vrai dire, et elle essaie de lire dans son âme, ou entre les lignes, elle ne sait pas trop. Elle veut percer le mystère de son cœur, même si ce n'est pas évident. Il doit la prendre pour une folle, à le regarder comme ça. Mais bon, il sait déjà qu'elle est à moitié folle. « J'avoue, c'est presque pareille, mais moins flippant, je dirais. Et moi non plus, je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça. Mais j'avais 19 ans, je venais de me faire larguer, et je cherchais juste à oublier. Erreur de jeunesse.. » Parce que malgré son attitude, c'est ni une fille facile, ni une salope, Tori, au contraire. En voyant son petit sourire satisfait, elle sait qu'elle a perdue, et elle ouvre la bouche en grand, les yeux ronds comme des soucoupes. Ça alors, tu ne l'aurais jamais cru. Elle est tellement choquée qu'elle en oublie de boire – c'est dire- «  attends, tu veux dire que tu travailles en costard, que tu fais des meetings et que y'a des gens qui travaillent pour toi ? Et t'as des responsabilités ? La vache ! »elle ne cache pas sa surprise, et quand il lui parle de son verre, elle secoue la tête, un peu bête, avant de le finir d'une traite. «  Mon dieu, on en apprends tout les jours, tu es un homme plus de surprise ! » Elle se met ensuite à regarder le fond de son verre, gardant le silence un instant. Autant garder les autres révélations croustillantes pour la fin de soirée. « J'ai pas de père. » qu'elle dit, de but en blanc, parce qu'il vient de parler de son paternel. Elle ne sait pas comment aborder le sujet. Papa nous a abandonné ? Maman a fait fuir papa ? Papa ne veut plus me voir ? La seule personne m'ayant jamais dit je t'aime est parti à tout jamais ? Pas très gaie, tout ça, et super personnel, elle n'est pas sur d'avoir le courage de dire tout ça. Tori, elle ne l'a jamais dit à personne, pas même à son frère. Mais n'est-ce pas elle qui voulait faire ce jeu débile ? pour dire ce qui ne ce dit pas?

Merde, rien que pour sa tronche à l'annonce de ce job qui lui va pas si bien, il ne regrette pas d'avoir confier ce détail de sa vie. C'est collector. On dirait un poisson sous ecstasy. Il se délecte du spectacle à dire vrai. Si tu dormais pas à chaque fois que j'me casse de la maison, tu l'aurais vu. fit il simplement. Surtout qu'il sait pas vraiment ce qu'elle fait elle non plus dans le fond. Son truc de fête foraine qu'il a pas vraiment gobé. Putain. Et si elle était une de ses prostitués de luxe que l'on voit dans les films. Comme la meuf dans bad boy là, qui crève au début. Intriguant. Il ne demande pas. Il attend de voir si ça ne finira pas par se glisser au fil des questions dans le jeu. Pour le moment, ça l'amuse véritablement, faut dire qu'il a pas révèle grand chose de personnel. Cet aspect de sa vie, il n'en parle pas parce qu'il considère que c'est sans intérêt plus que par pudeur. J'en ai d'autres en stock des surprises si tu veux. Fait il en jetant un regard à son entrejambe avant d'éclater de rire. Ça fait du bien à vrai dire, de ne pas réfléchir, de rire sans se poser de questions, comme un gamin. Innocence retrouvée même si ce n'est que pour quelques minutes. J'ai pas de père. fait elle en reprenant son sérieux. Il la regarde un instant et comprend qu'il n'est pas le seul à avoir du mal à digérer de vieille histoire. Parce qu'elle dit la vérité, il le sent. En tout cas, elle a l'impression de ne plus avoir de peur mais pour ne pas rentrer dans quelque chose de trop intime, il se veut faussement nonchalant. Attend, j'vais encore me faire avoir, tu joues sur les mots. On a tous un père Tori. D'ailleurs, c'est toi qui devrait boire. même s'il est pas toujours présent ou compétant, voir mort. On a tous deux parents. A moins que tu sois le petit jésus. Il se veut pas irrespectueux en disant ça. Lui n'a pas la foi, il est athée et il n'a pas pensé une seule seconde qu'elle puisse être croyante avant de tenir ce genre de propos. Qu'est ce qu'il t'as fait ton vieux ? demande t-il finalement. Après tout, si elle l'a amené dans le jeu, c'est pour une bonne raison non ? Et si elle veut simplement en parler, il est prêt à l'écouter Rafe. Parce que contrairement à ce que l'on peut imaginé, il n'est pas forcément distrait quand il écoute. Faut juste qu'il est décidé d'être attentif. C'est à moi ou tu veux choisir autre chose du coup ? Et comme son gosier est un peu sec, il n'attend pas avant de le remplir d'une gorgée de champagne.

C'est vrai, elle ne devait pas avoir l'air maligne, tient. Mais ce genre de révélation. Franchement, elle se lèvera plus tôt juste pour le plaisir de le voir en costard, et aussi pour prendre plein de photos. C'est vrai qu'elle a tendance à traîner au lit. Ses shows finissent tard, et elle n'a jamais court avant 10 heures -merci la fac- donc, à sept heure, elle est rarement levé, sauf si elle est tombée du lit -littéralement-, ce qui, oui, arrive assez souvent parce qu'elle a tendance à gigoter. Elle connaît donc son métier, qui est plus que surprenant. « si tu as besoin d'une sublime mannequin pour un spot de pub, mon agent s'occupe de mes rendez vous. » qu'elle dit en pointant le dit agent, son énorme chat qui est entrain de regarder par la fenêtre, râlant contre un oiseau. C'est finalement son tour, et elle hésite un instant, c'est vrai. Parce que c'est une vrai révélation, cette fois, par une histoire de cul. Pourtant, elle se lance, et sa réaction la rassure, fidèle à lui même. Petit sourire au lèvre, elle réponds. « C'est toi qui joue sur les mots, Rafe. Et non, je ne suis pas le p'tit jésus, même si je suis aussi magique que lui. » et fait, avec un clin d'oeil. Et puis, se raclant la gorge, elle reprends. « Ok, j'ai un père, pas de papa. Tu sens la subtilité ou c'est trop dur pour ton cerveau de macaque ? » elle rigole, et continue, sur le même ton, léger, je m'en foutiste « Il est parti quand j'avais dix ans. Pouff, disparu, et j'ai ni adresse, ni numéro de téléphone. C'est con hein, peut être qu'il est devenu célèbre et qu'il a changé de nom. Ou alors, il a peur de ne pas être à ma hauteur. Ouais, ça doit être ça, il est impressionné ! » et puis, elle boit quand même, Tori, parce qu'elle préférait avoir faux, là dessus. Fronçant les sourcils par la suite, elle secoue vivement la tête, et ses cheveux folles autours d'elle, s'accrochant à ses lèvres, à ses cils, ce qui la fait doucement rire. « Ah non, c'est ton tour, essaie pas de te débiner. » elle reprends en remettant ses cheveux correctement, au moment exact où Orion, fatigué de l'oiseau, bien s'échouer sur ses genoux. Elle lui grattouille discretement les oreilles. C'est sûrement la seule personne au monde à pouvoir toucher ce saleté de chat. Mais elle l'aime bien, malgré tout. Surtout quand il la console, la nuit. « Allez M'sieur cravate, dépeche ou je te balance Orion à la gueule. » Elle rit encore, Tori, parce qu'elle sait qu'il n'est pas franchement rassuré quand le gros matou s'approche trop près de lui. Faut dire qu'il est vachement imprevisible.

Rafe il se laisse pas saisir par la vie, il la réfute parce qu'il en a marre d'en baver, d'chialer parce que les autres lui en foutent plein la gueule. Ils le font pas forcément exprès les gens. Il le sait. Sauf qu'au final, il finit par en chier quand il aime. Il l'a compris trop tôt et ça l'a obligé à se caparaçonner, un peu de cynisme, beaucoup d'humour et une allure nonchalante. C'est plus simple comme ça. Il biaise. Il s'arrange pour ne jamais trop s'attacher. Et s'il s'accorde ce soir un temps de répit, une pause dans cet acharnement à ne pas donner, ça ne durera sans doutes pas. Le macaque t'emmerde. fait il en tirant la langue, dévoilant l'enfant en lui. Parce qu'en vérité, c'est juste un foutu gamin Rafe. Il a pas grandi, il est resté au stade de son enfance négligée, détruite par la mort de celle qu'il a trop aimé. C'est pas d'sa faute à elle. C'est de la faute à personne en fait. Puis c'est pas le seul à avoir perdu un parent. La preuve, Tori l'a fait elle aussi et elle est pas pour autant fermé à double tour quand il s'agit de confier un peu de son existence aux autres. Elle parvient à faire confiance ou c'est l'impression qu'elle donne. Il lit à travers les mots pour une fois. Il comprend aisément qu'elle a souffert du manque d'un père. Il sait trop bien ce que c'est pour ne pas le percevoir. Elle tente même de dévier son attention sur ce qu'elle vient de dévoiler en jouant avec ces cheveux. Alors, il insiste pas lui. Il veut pas être lourdingue ou la faire pleurer, c'est pas le but ce soir. Non. Il veut seulement passer un bon moment. Il ne perd pas de temps pour lui remplir son verre alors qu'elle continu de lui parler. Il écoute. Faut pas croire, il sait le faire ça. Il peut se concentrer sur quelqu'un et se montrer attentif. S'il le fait pas le plus souvent c'est par manque d’intérêt. Ce n'est pas le cas avec Tori. Il recule légèrement quand elle menace de lui envoyer le matou. Bordel non. Il est con comme un pieds ce chat. Rafe a déjà eu affaire à lui. Il a un jour eu le malheur de vouloir le titiller un peu, il s'en ai ressorti avec deux belles griffures sur la tronche. Y'a mieux comme blessures de guerre. J'suis jamais tombé amoureux. Une vérité qui tombe sous le sens mais il cherche à éveiller sa curiosité par ce biais. Il accompagne même le tout d'une mine faussement maussade histoire de la laisser croire l'inverse. Après tout, il a vingt sept balais et l'amour est une chose commune et si banalisé qu'elle peut facilement se planter et picoler. Il l'espère en tout cas. Et quand le chat lui grogne dessus, il sursaute un peu et s'éloigne un peu plus d'elle.

Son père, elle n'en parle pas, Tori. C'est sujet tabou, même dans sa fratrie. Et pour cause, elle est la seule a qui il manque. Elle ne sait pas bien pourquoi son frère et sa sœur se pensent mieux sans lui. Dans ses yeux d'enfant, elle a l'impression qu'ils ont pris le parti de leur mère. Et ça l'attriste, même si elle ne le montre pas. Son père, il était maladroit, sanguin et pas toujours juste, mais il était aimant, doux et compréhensif. Elle lui ressemble, dans un sens, et elle aimerait juste lui montrer qu'elle a réussit à surmonter son enfance pour vivre à présent une vie qui en vaut la peine. Qu'elle arrive à occulter les problèmes, sauf ce soir, avec Rafe, avec la bouteille de champagne, ce soir, dans la nuit sombre, elle à l'impression que tout ce qu'elle dit ne ressortira jamais de la pièce. Elle sourit un peu en lui tirant la langue à son tour, si Rafe est un enfant, Tori aussi. Ils sont tout les deux aussi paumés l'un que l'autre au final, et ne s'en rende même pas compte. Il lui rempli son verre et même si ce n'est pas son tour, elle boit, Tori, pour se donner du courage. Elle boit et puis elle rit, de nouveau, en voyant son regard. C'est drôle, tout le monde a peur d'Orion. Pourtant, ce chat est un amour quand on apprends à le connaître. Il ressemble pet être un peu plus à Rafe qu'il veut bien le croire. Quand il affirme avec aplomb qu'il n'est jamais tombé amoureux, elle le regarde un moment, l'air indécise. Il est plus vieux qu'elle, ce serait logique qu'il est connu au moins une histoire, mais la façon dont il traite les nanas pourrait s'expliquer par le fait que, justement, il ne sait pas ce que ça fait, de tenir à l'une d'entre elle. Alors elle sourit, un peu plus, l'air mystérieuse. « Vrai » qu'elle lui réponds avec autant d'aplomb que lui. « Mais tu rates pas grand chose, l'amour, c'est chiant, c'est milieu, et au final, c'est douloureux. T'as peut être trouver le bon truc, en collectionnant les dindes. » Elle se tait un instant, avant de reprendre, plus sérieuse. Après tout, il est là pour se confier. « Allez, raconte à Tata Tori pourquoi tu n'es jamais tombé amoureux. Et si tu me dis qu'en fait, au fond de toi, t'es gay, y'a pas de soucis, j'ai plein de collègue gay a te présenter ! » qu'elle dit, avec humour pour détendre l'atmosphère. Finalement, le chat choisit de bouger au moment même où c'est son tour de proposer une vérité. Rafe est mal à l'aise, alors, elle décide de partir la dessus. « J'ai acheté Orion 1400 euro quand j'étais dans ma lubie de chat pedigree, il y a quatre ans. Je venais t'emménager dans mon second appart et je voulais fêter ça. »

Son air triste le quitte quand elle devine sous les traits. Elle comprend qu'il a dit la vérité Tori. Elle est probablement meilleur juge que lui. Plus observatrice peut être. Ou alors qui sait, il laisse paraitre des choses sans le savoir et elle l'a bien cerner. Alors non. Il est jamais tombé amoureux. Il a jamais laissé la possibilité à qui que ce soit de casser les briques autour d'son foutu myocarde. Quand il y pense, c'est un monstre d’égoïsme parce qu'il a plusieurs fois laissé croire aux nanas qu'il pourrait se passer un truc. Mais cette aversion au fond de lui l'empêche de mener à bien une relation amoureuse. Puis il a regardé autour de lui et ça l'a conforté dans son idée. Vous les avez croisé tous ces gens malheureux, au bord du gouffre à cause d'un sentiment principalement généré par l'endorphine quand on y pense. C'est juste une partie de baise endiablé qui dure. Lui, il préfère changé de partenaire. C'est drôle, j't'aurais plutôt perçu comme une incorrigible romantique. Du genre à attendre sagement ton prince charmant. Elle a jamais ramené personne à la maison alors il a déduis qu'elle avait pas de mec. Merde, percé à jour. fait il quand elle déconne sur le fait qu'il soit potentiellement gay. Ca l'éclate lui. D'ailleurs il assume sa part de féminité. Sache que je suis très populaire auprès d'la gente masculine. Mais j'aime trop les seins et pas tellement les queues j'dois dire. Il hausse les épaules et lance alors : puis pour répondre à ta question, j'ai juste pas encore de perdre de temps. On passe un temps fou à le construire pour tout foutre en l'air à un moment donné. Des gens qui s'aiment toutes leurs vies, j'en ai pas croisé. Ces conneries de pour le meilleur et pour l'pire, jusqu'à la fin des temps, blablabla. C'est un peu comme le père noël en vrai. Ouais, c'est un peu du gâchis l'amour pour lui. Fataliste comme opinion mais presque trop réaliste quand on y pense. Et là voilà qui cause du chat. Faux. il pointe le chat du doigt. T'as pas pu dépenser autant pour... ça. Impossible, il serait même prêt à s'enfiler la bouteille si c'est vrai. En parlant d'alcool, y'a les bulles qui grimpent doucement dans son crâne. Et éloigne le d'moi. Non, il ne l'aime pas beaucoup cet animal et c'est mutuel visiblement puisqu'il grogne à chaque fois que Rafe ose darder un regard sur sa maitresse.

Elle préfère passer à autre chose, quelque chose de plus fun, comme la vie amoureuse inexistante de son colocataire. Ça l'a fait bien marrer, mais au final, l'amour, elle ne connaît pas franchement, elle non plus. Il y a eu Zola, et au début, elle l'a aimé fort, mais c'était un amour adolescent, et ça s'est terminé brutalement. Depuis, elle a eu des copains, mais elle ne s'est jamais vraiment attaché. Il blague en disant ça, mais au final, peut être qu'elle attends le bon, ou plutôt, celui qui la comprendra. Elle rit, à ses mots. « Moi, Romantique ? T'es mignon, mais les fleurs et les chansons d'amour, c'est pas franchement mon truc, mon chou. » Et, voyant son regard, elle reprends, l’empêchant de parler. « Avant que tu ne sous entends quoi que ce soit, non, je ne suis pas une none, c'est juste que contrairement à toi, je respecte mes colocataires et je fricote chez mes conquêtes d'une nuit. Ou de plusieurs. » Elle fait ici référence à Luke. C'est vrai que ces deux derniers mois, il lui ai arrivé de resté dormir chez lui, assez souvent, ou au moins de passer chez lui avant de rentrer pendant la nuit. Tori, elle rit avec lui. Elle l’imagine difficilement gay, Rafe. Elle n'a rien contre l'homosexualité, c'est juste que Rafe, comme il le dit, il est beaucoup trop accro aux courbes féminines. « Oh arrête, la moitié des filles que tu ramènes, on dirait des planches à pain, alors niveau sein, on repassera ! » elle secoue la tête en soupirant. « Ahlala, t'es bien un mec, quand même. Trop de temps. Je ne te donnes pas tord mais bon, si un jour ça te tombe dessus, crache pas dessus. Ça peut être beau, d'être aimé de quelqu'un, et de se sentir en sécurité avec lui, ou elle. Et si ça se termine, écoute, bah ça se termine, et on passe à autre chose, c'est ça la vie, elle est fait de joie et de tristesse, de bonheur et de malheur. Si tu te protèges tout le temps de tout et de tout le monde, tu ne vis pas vraiment. Ce serait dommage, non, de ne pas laisser voir au monde qui est Rafer O'Leary. Enfin bon, je dis ça, je dis rien, alors arrête avec ce regard noir, veux tu ! » et elle secoue la tête avant de changer de conversation, au risque de le voir s'énerver de nouveau. « Gagné, je l'ai pris dans un refuge, il venait d'être apporter et il avait été rasé car des salles gosses avait essayé de le transformer en statue de platre. Genre vraiment, il a failli crever mon pauvre amour. Comme il était ridicule et grognon, personne voulait de lui. Et comme il était ridicule et grognon, bah je l'ai pris. Au final, il a plus de poil que tout les autres chats réunis, et toc ! » qu'elle dit en prenant une gorgée de champagne. « à toi mon chou ! »

C'est vrai que c'est un peu un enculé de ce côté là Rafe. Il abuse en ramenant une nana différente au moins deux fois par semaine. C'est plus simple quand on y pense, il a pas à se barrer et se taper un trajet de retour juste après avoir fait l'amour. Il ne dormirait pas dans un autre lit que le sien, soyons clairs. Et puis les nanas avec qui il fricote, elles restent ou partent, il s'en bat les couilles lui, tant qu'il peut retrouver Morphée après s'être vidé. Trop sympa mais tu sais j'ai l'sommeil lourd, alors j'men fou de qui tu ramènes. Puis j'serais curieux de voir quel genre de type te fait kiffer. Pas lui visiblement et ça il l'a bien compris. Tant mieux dans un sens, ça facilite grandement les échanges et les relations qu'ils n'aient pas réellement envie de se sauter l'un sur l'autre. Quoi, des planches à pain ? Non, j'aime que ça tienne dans une main c'est tout. reprend t-il pour clarifier ces propos. Et la voilà qui s'engage dans un discours pro-love. Merde. Il l'a pas vu venir celle là, elle qui quelques secondes plus tôt n'avait pas l'air d'être une fervente admiratrice de ce sentiment se met désormais à le glorifié. Il lève les yeux au ciel et lui lance un regard plus sombre, genre arrête toi et lâche moi avec ça, t'es lourde. Merci pour la séance de psychanalyse mais j'vais continuer comme je fais. Et pourtant, ses propos le touche, un peu en tout cas. Parce qu'elle a raison Tori. Il vit pas vraiment Rafe. Il se ferme à trop de choses pour ne pas finir dans un bain de larmes. Le soucis, c'est qu'il en rate beaucoup aussi. Parce que non, il sait pas ce que ça fait de sentir son pouls s’accélérer, d'avoir ces papillons dans le ventre et tout ce qui va avec. Grognon et ridicule, un peu comme Rafe quand il s'y met en fait, faut croire qu'elle aime les cas désespérés Tori. Ouf, tu m'as fait flippé putain, y'a vraiment des gens qui dépensent 1400 boules pour un chat ? Un poney à la limite... Il réfléchit une seconde, avec tout ça, il n'a absolument pas envisager sa prochaine question mais elle lui vient rapidement : tant qu'on est sur Orion, j'ai d'jà bouffé de la patté pour chat. Son portable sonne soudainement et il lit le message dans un sourire, la fille qu'il a viré l'autre jour qui le relance. Parfois, il a de la peine, putain, elles ont vraiment aucune dignité. Il l'a traité comme une merde, pas rappelé et elle revient à la charge. Il répond qu'il est pas disponible et se concentre à nouveau sur sa colocataire.

Elle a fini par s’habituer, Tori, à toutes ses filles qui défilent dans son salon, et pour être honnête, du moment qu'elles ne font pas trop de bruit, ça ne l'a dérange pas plus que ça. Quand elle rentre généralement, les nanas sont sur le départ. À croire qu'il est précoce, le tombeur. Elle hausse un sourcil, sourire en coin. « C'est bon à savoir. » qu'elle réponds simplement. « avoue, tu veux juste pouvoir juger mes mecs. Je suis désolée mon chou, mais t'es pas à la hauteur, je te l'ai déjà dit. » elle le charrie, le charrie, mais au final, il n'est pas dégueu, Rafe, et comme elle a tendance à ne pas vraiment avoir de style, elle aurait très bien pu coucher avec lui. Mais maintenant qu'elle le connaît, c'est plus compliqué. Voir impossible. « oui des planches à pain. » qu'elle dit. Et faut dire qu'avec sa poitrine généreuse, n'importe qui semble dépourvu de seins, à côté d'elle. « Surtout parce que tu préfères les gamines aux vraies femmes » qu'elle réponds avant de rire et de ce lancer dans son fameux discours pro-love, qui n'est pas vraiment pro-love, puisqu'elle n'est pas une fervente admiratrice de l'amour. C'est un discours pro-vie, plutôt, elle essaie de lui montrer que la vie est pas toujours rose, mais qu'il ne faut pas rester dans sa grotte pour autant. Il la rembarre et elle change de conversation, espérant simplement que son petit monologue ne soit pas tomber dans l'oreille d'un sourd. « ouais, y'a vraiment des chats qui mettent ce prix, voir plus cher. Ça vaut un paquet de frique, les chats de race. C'est fou. » et elle hoche la tête d'un air un peu blasé. Un animal, c'est pas comme un sac à main, ça ne s’achète pas, à ses yeux. Et alors qu'elle réfléchit à cela, la voix de Rafe lui parvient au loin et elle fait une grimace franchement dégoûtée. « J'espère franchement que la réponse est faux, parce que sinon, t'es sacrément dégueulassasse. Allez, ne me dit pas de boire, ait un peu de fierté ! »

La soirée se prolonge, ils boivent beaucoup, l'un comme l'autre, et au final, la deuxième bouteille de champagne est terminée assez rapidement. Tori, elle doit être fatiguée parce que malgré ses fanfaronnades, elle est loin d'être fraîche, là, tout de suite, et elle n'a plus vraiment toute sa tête. Alors que Rafe vide la bouteille dans son verre, elle prends la parole. « Je suis escorte girl » qu'elle dit de but en blanc. « Pas travelo hein, mais les types que j'accompagne, ils aiment bien le vulgaire, alors j'me maquille beaucoup » qu'elle dit en ayant un début d'hoquet, telle une véritable ivrogne. « J'bosse surtout au Brighton Palace, alors le champagne coule à flot. » Elle le fixe, ou du moins, essaie parce qu'elle ne voit plus franchement clair. « Alors, vrai ou faux, mon chou »

C'est vrai qu'il aime les gamines, proches de la vingtaine, encore fraiche. Celles qui n'ont pas assez vécu pour le rembarrer et voir son petit jeu malsain. Celle qu'il peut embobiner. Sale connard. Il n'est pas fermé à autre chose, c'est juste qu'il va se tourné plus facilement vers celles au visage enfantin. Plus elle est proche de la virginité, plus ça l’excite. Le manque d'expérience qui fait monter sa dose d'endorphine. Un peu comme quand on achète une nouvelle voiture encore, il aime l'idée d'être le premier à grimper dedans. Puis au fur et à mesure qu'elle vieilli, elle a moins d’intérêt. Putain s'il sortaient tout ça à voix haute, elle lui filerait un coup de pieds dans les couilles pour le calmer Tori. Et le voilà qui part sur une anecdote un peu folle et dégueulasse, changement complet d'ambiance. Il se marre et lui lance : tu bois. il ne s'en vante pas vraiment de cette histoire en général mais elle est arrivée depuis assez longtemps pour devenir amusante. J'étais gamin, j'venais d'emmenager. On a fait une pendaison d'crémaillère avec des potes. Les abrutis avaient virés toutes les étiquettes de mes conserves et ajouté un truc de bouffe pour chat. J'suis pas un grand cuisinier, j'ai cru que c'était un ragout où un truc du genre... Ouais dégueulasse on peut le dire. Amusant. Et voilà les anecdotes qui s'enchainent sans le vouloir. Les cœurs qui se révèlent, juste un peu, juste de quoi satisfaire une curiosité qui grandi. Deux bouteilles finies, le cerveau en vrac, aseptisé par les bulles. Et quand elle annonce qu'elle est escorte, il s'écrit : j'le savais putain. Il avait de gros doutes mais maintenant c'est clair. Et tu couches avec eux ou... demande t-il ensuite, sans se douter une seconde que cette révélation est fausse. Faut dire qu'il y a un truc un peu sauvage chez elle, une beauté naturelle et grisante. Il sait pas si c'est l'effet de l'alcool ou de le révélation mais il a clairement envie d'elle à cet instant précis et son regard vitreux se pose un instant sur ses courbes. Comme si c'était la première fois qu'il la regardait vraiment. Il déglutit et ouvre la bouteille de vodka avant de se lever pour se diriger dans la cuisine. La passage aux choses sérieuses. A lui de jouer. J'ai d'jà mis une fille enceinte. fait il sans se tourner vers elle tandis qu'il attrape deux shooters dans le placard au dessus de lui. Il revient finalement vers Tori, un sourire de con sur les lèvres. De ceux qu'il sert aux meufs qu'il veut serrer. Il le fait pas consciemment, c'est comme ça. Le naturel qui revient au galop. De toutes façons, il contrôle plus grand chose là tout de suite, il est trop déchiré pour le faire Rafe.

Tori, elle n'a pas de type, ou de genre. Y'en a qui préfère les blonds, les bruns, les gros, les musclés, les yeux verts ou les regards sombrent, elle, elle s'en fiche. Pour qu'un mec lui plaise, elle doit lui trouver quelque chose en plus, un p'tit truc, dans le regard, dans le sourire, dans la façon de parler. Ça varie d'un homme à un autre, mais ils sont toujours un peu différent, ils ne rentrent jamais dans le moule. C'est peut être ça, finalement, son type, les mecs différents, qui s’assument, les mecs qui lui ressemblent un peu, dans le fond. Elle le regarde, l'air dégoutté et secoue la tete. Elle finit rapidement son verre. Elle préfère boire que l'imaginer la tête dans la gamelle du chat. « Mais t'es complètement débile en fait. » elle frisonne. « en plus, la paté en conserve, c'est la pire. C'est dégueu, tu devais avoir une haleine de vieux chat, je pleins la minette que t'as serré ce jour là ! » qu'elle dit avant de changer de sujet. Et le jeu, il dure, il dure, il dure. La première bouteille se termine, puis la seconde et la voilà qui aborde le sujet de son travail, d'un air léger, presque badin. Elle blague, bien sûr, parce qu'elle sait que quand elle rentre à pas d'heure avec une robe sexy, il se pose des questions, elle est loin d'être stupide. Par contre, elle fait la moue quand il s'écrit l'avoir toujours sû, et secoue la tête. « Non, je ne...Bois espèce de vieux pervers ! Comment tu peux croire que je me prostitue vraiment. Je suis aussi pure que Blanche-neige, moi, Monsieur ! » elle plisse les yeux pour le regarder. « Si je me maquille comme ça, c'est parce que je monte sur scène, le soir, et qu'il faut qu'on voit le maquillage de loin. C'est tout, je suis désolée, Darling. » Elle regarde son verre, complètement vide, puis celui de Rafer. « Allez, finis ton verre, mon chou, t'as perdu parce que tu ne penses qu'avec ta queue, et elle te fait imaginer tout plein de truc dégueu ! » et elle sourit, Tori, en le regardant se lever, titubant, pour récupérer deux verres dans le placard. Il joue à son tour et elle hausse les sourcils. « Avec toi, ça ne serait pas étonnant, tu trempes ton biscuit un peu partout, y doit y avoir au moins 6 ou 7 mini Rafe partout en Angleterre, aussi con et moche que toi ! » elle rit et l'observe, l'air mutin. « Fait pas cette tête, je rigole, t'es pas moche. » Mais con, oui.