en string, et la clope au bec, je tourne en rond dans la villa. j'ai rien foutu de la journée, j'ai pris des bains en remplissant des cendriers, je me suis maquillée, coiffée, pesée. comme si cette putain de routine pouvait être réconfortante... j'ai pas envie de m'habiller, ça me prends la tête et j'ai rien à me mettre. ces fringues sont l'incarnation d'un passé que je rejette. je devrais les brûler. je croise mon reflet dans le miroir et je détourne les yeux en serrant les dents. je voudrais ne pas y faire attention. mais je suis obligée de me souvenir, de sa voix qui résonnait devant ce même foutu miroir et tant d'autres après lui. et ça dis t'es pas jolie, regarde ton ventre, c'est de ta faute si t'es grosse, c'est parce que tu manges trop. t'as vue la taille de tes cuisses ? un goût acide emplit ma bouche alors que je tire rageusement sur ma clope. je règle le problème en me disant que je ne mangerais pas ce soir non plus et je quitte la pièce.
je suis fatiguée, et sur les nerfs, j'ai pas pris de coke de la journée. j'savais que ce serait comme ça, mais je voulais savoir combien de temps j'étais capable de me priver. à titre indicatif. la réponse est plus jamais. au moment où j'entre dans ma chambre pour me faire un rail, j'entends l'iphone vibrer. pour l'instant, ça me passe au dessus, j'ai des choses bien plus intéressantes à faire, genre, redevenir psychologiquement viable. les gestes sont automatiques, une mécanique bien huilée à force de répétition. j'écrase ma clope et je me penche, la paille en place, pour inspirer une première ligne. je sens les bienfaits de la cocaïnes presque instantanément. c'est comme si je sortais d'un coma qui aurait duré toute la journée, comme si je reprenais vie à l'instant. un rire cristallin s'échappe de mes lèvres alors que je me laisse glisser en arrière. ravissement extrême qui fait briller mes yeux bleus que je devine être devenu presque noirs. je me redresse avec une vivacité nouvelle qui me fait presque danser jusqu'à mon téléphone, gracieuse ridicule. je me laisse tomber dans mon king seize, puis je déverrouille l'écran pour accéder aux deux nouveaux messages que j'ai reçu il y a moins d'une minute. j'éclate d'un rire sonore en prenant connaissance de leur contenu. c'est un putain de SOS, mais ce n'est pas ça le plus drôle, le plus drôle c'est que c'est rafer qui me les a envoyés. et je ne peux plus m'arrêter de rire alors que je l'imagine coincé avec une fille qui parle de son chien au premier rendez-vous. le moins qu'on puisse dire c'est qu'il sait les choisir. je le fais languir un instant, pour le plaisir, alors que j'ai déjà décidé que j'y allais. une fois que je sais où il est, je passe un coup de fil à mon chauffeur pour qu'il sorte la voiture - je déteste conduire - tout en me faisant une ligne supplémentaire, qui me donne la force suffisante pour me décider sur la robe que je porterais ce soir. une ferragamo noire avec une coupe droite et un décolleté en v, en passant devant mon coffre à bijou je pioche un pendentif sertit d'émeraudes que j'entreprends de fixer autour de mon cou. et cette fois je me trouve presque belle quand je passe devant le miroir en jimmy choo, mon sac à la main et mes lunettes de soleil gucci sur le nez. je dévale les marches sans me préoccuper du léger étourdissement que je ressens au moment où je passe mon manteau. et puis je monte dans la mercedes qui m'attend, moteur tournant. je m'allume une cigarette et en tends une à mon chauffeur. ça ne me dérange pas. et je sais que toi non plus, c'est ce que lui dis mon sourire. il accepte le cadeau en me rendant mon sourire et j'ai tout le loisir de penser mon entrée pendant qu'il me conduit en silence jusqu'à la plage.
arrêtez vous ici, s'il vous plait. je lui dis soudainement en apercevant rafer assit dans le snack. et ne vous préoccupez pas des cris, c'est juste pour s'amuser un peu. j'ajoute en abaissant légèrement mes lunettes noires, sourire éclatant (et un peu éclaté) à l'appuis. l'instant d'après je suis juchée sur mes talons hauts à côté du véhicule et la portière claque. je revêt mon plus beau masque de femme bafouée et je me dirige la tête haute et le pas vif vers le pseudo-couple : le vrai connard et la fausse belle. alors là, j'hallucine.. le sourire qui se dessine sur mon visage de poupée est tout simplement carnassier et je sens la brunette se crisper au dessus de son assiette de frites. grasses. mon chéri, tu ne fais pas les présentations ? allez dis-moi, qui est donc cette grosse vache qui s'empiffre en ta compagnie ? je tourne la tête vers la grosse vache en question, cendrant au passage au dessus de son plat. j'imagine que tu te crois assez bien pour baiser avec mon mari ?

je me pavane, je sors les crocs, je la gifle avec ma beauté. et, la pauvre fille ne sait rapidement plus où se mettre. je... tu... je pourrais presque ressentir une pointe de culpabilité quand elle se met à bégayer... si la situation n'était pas grotesque à ce point là. j'arque un sourcil, me penchant très légèrement vers elle comme pour mieux percevoir sa voix. mais le poids de mon ombre suffit à l'écraser. c'est trop facile pour être vraiment amusant finalement. et c'est à cet instant que rafer intervient, ravivant mon intérêt en "s'attirant mes foudres". Mon amour, ce n'est pas ce que tu crois... je relève le menton dans sa direction, toute à ma prestation, ravie des regards que je sens me chatouiller l'égo. la suite par contre, je ne l'avais pas vue venir. En fait si, c'est exactement ce que tu crois, on baise plus toi et moi alors quand cette charmante jeune fille m'a pompé dans les chiottes l'autre jour, et ben je l'ai laissé faire. Ouais. ça monte dans ma gorge avec violence, un fou rire monstrueux, qui fait tressaillir mon corps un peu plus chaque fois qu'il ajoute un mot. en terme de connard-attitude, celui là est définitivement le plus beau spécimen qu'il m'ait été donné de rencontrer, voilà ce que je pense en le fusillant du regard, faisant rougir ma clope avec une fureur feinte. à rafer, il ne lui manque plus que la couronne. quand à mademoiselle la génisse, il ne lui manque qu'une corde. la pauvre à l'air d'hésiter entre le suicide et le meurtre. heureusement pour moi, ses intentions vengeresses semblent être uniquement dirigée vers mon supposé mari. fils de pute... tu t'es servis de cette pauvre fille comme d'un bac à sperme... t'es vraiment qu'une raclure... je pourrais faire pire, je n'en suis encore qu'à l'échauffement, mais je pré-sens que la dinde est sur le point d'exploser. et dans le fond, si elle peut lui en mettre une à ma place, ça n'en sera que plus amusant. Mais t'es la seule qui compte tu le sais, c'était juste une lamentable, lamentable erreur ! chaque parole est une insulte, un coup de couteau supplémentaire planté dans l'amour propre de la presque jolie demoiselle. et je ne la connais pas, mais je connais cette lueur dans ses yeux, et je peux faire le décompte dans ma tête, prévoir le moment exact où elle va s'embraser. le coup part avec une virulence insoupçonnée, entre le 1 et le 0, émettant un claquement tout à fait satisfaisant, avant de s'enfuir. tous les regards sont braqués sur nous cette fois; mais ça ne l'empêche pas d'en remettre une couche. non mais t'es tarée ! et l'addition alors ! j'éclate d'un rire mauvais alors qu'elle détale comme un gros lapin furieux. puis je reporte mon attention sur rafer, un sourire illuminant mon visage de poupée. c'est certainement ça qui me plaît chez lui : le fait qu'il ne s'arrête jamais, jamais de me distraire. Putain mais t'as été grandiose. je lui claque une bise toute parisienne, et puis je crâne un peu, je prends la pose pour rire, lèvres pulpeuses et regard papillonnant à l'appuis. des fois, j'ai l'impression que c'était hier que je me pavanais sous les flashs crépitant des appareils photo. et des fois ça me manque. je sais, on m'a souvent dit que j'avais de l'avenir dans le cinéma. mais j'avais pas envie de me taper les producteurs alors mes rêves se sont arrêtés... je dis ça d'une voix résignée, haussant les épaules que j'ai par ailleurs voûtées pour l'occasion. ça dure moins d'une seconde, je finis par relever la tête, sourire de petite conne sur les lippes. non mais je déconne, détends toi ça va.
Vu que j'vais payer, autant le finir ce burger, t'as faim ? je pose mon regard sur le hamburger, incarnation suprême de la malbouffe, empereur de la calorie, et je tressaille imperceptiblement. plutôt mourir que de poser mes lèvres la dessus. ça ne me donne même pas envie. je repousse l'envie de vomir qui m'étreins l'estomac avec rudesse et je recompose à la hâte mon joli minois de méchante-reine bien heureuse. et bien en fait, je me disais qu'on aurait pu aller voir un film, j'avais envie d'une petite comédie à l'eau de rose, ça m'ouvre toujours l'appétit... d'ailleurs, je t'ai déjà dis que j'avais un chien qui s'appelait rose ? que je lui demande, sourire colgate aux lèvres, mais je ne tiens pas longtemps sous le masque, et c'est la deuxième fois en moins d'une minute que je lui ris ouvertement à la gueule.. plus sérieusement, j'ai déjà mangé. ouais, la moitié d'une carotte hier midi. et beaucoup de whisky entre temps. en tout cas le moins qu'on puisse dire c'est que tu sais les choisir, tes copines...

Margot, il a su tout de suite qu'il allait passer des moments extraordinaires, deux âmes bousillés qui se glorifient de saboter les autres. Faut dire que c'est amusant de faire souffrir non ? Juste un peu. Leurs plans sont rarement diaboliques. La preuve, même si cette pauvre fille se sent comme une merde là tout de suite, elle aura une histoire sympa à raconter à ses copines dans quelques jours, quand la honte sera effacée. Il observe son acolyte une seconde, son allure de parfaite petite pétasse le fera toujours marrer. Elle a le pouvoir, le fric sur son compte en banque et joue d'arrogance pompeuse. Il voit pas le reste Rafer. Il joue les autruches. Il remarque pas qu'en vérité, elle est à deux doigts du craquage. Pas si loin d'appuyer sur la lâme de rasoir pour crever dans un bain de sang. Elle a juste choisi des adieux plus lents, laisser son corps faire les choses pour elle en l'affaiblissant au quotidien. Il se contente de jouer avec elle, la partenaire la plus efficace qu'il ai rencontré criant par ce même biais son désespoir. Ce qu'il aime chez Margot, c'est qu'il s'éclate sans compte à rendre, pas besoin de se raconter leurs vies ou de faire semblant d'être amis. Elle se casse la fille qui l'accompagne tandis qu'il reste son cul sur la chaise à bouffer ses frites. Et l'autre qui parle de carrière. J'm'en doutais que tu plaisantais. Tu dirais jamais non à une partie de jambes en l'air, surtout si ça t'apporte un truc. Il baille quand elle commence à nouveau à nouveau, imitant l'autre ennuyeuse là. Oui parce que Rafer s'en fout pas mal d'en savoir plus sur la famille où le chien de celles qu'il prend en levrette. Il les saute et puis c'est tout. Son erreur, il aurait jamais du accepter un cinéma. Tant pis pour toi. Tu sais pas s'que tu rates. qu'il sort la bouche pleine de malbouffe. Il hausse finalement les épaules, avale sa large bouchée et reprend : putain mais j'y peux rien si elles croient toutes à ces conneries de prince charmant là. C'est vrai quoi, c'est à cause de tous ces films ça, elles sont toutes persuadés que je finirai par les aimer. il pousse un soupire. Sauf que si j'leur dis que j'veux une fille facile pour simplement la sauter en attendant de trouver plus baisable. C'est pas vendeur. Il se marre. Elles devraient toutes être un peu plus comme toi et oublié les clichés. Il sait bien que la plupart des gens ne sont pas comme lui. L'amour, cette quête ultime pour les incorrigibles romantiques. Y'a même des mecs dans ce cas là. Lui il comprend pas. Il a pas envie d'les écouter raconter leurs vies. Il a pas non plus envie de leurs payer un resto et si y'en a une qui lui dis je t'aime, il répond merci, c'est cool, tu m'suces ? Bref, il craint et il mérite pas qu'on s'attarde trop sur lui dans le fond. Parce que lui, il attend rien de spécial de la vie à part s'amuser un peu. Et peut être qu'il n'a jamais eu la sensation d'être vivant depuis que sa mère a crever mais ça ne lui ai plus arrivé de chialer pendant plusieurs jours depuis des lustres alors c'est plus simple comme ça. Puis tu t'souviens de l'autre abruti que tu nous as ramené l'autre fois ? Oh putain, c'était un chef d'oeuvre celui là. Son QI devait avoisiner les 100.. Ceci dit, Rafer s'était bien marré ce soir là, il s'était foutu d'sa gueule toute la nuit. Il devait avoir une bite aussi grosse que ton bras pour te plaire.

j'm'en doutais que tu plaisantais. Tu dirais jamais non à une partie de jambes en l'air, surtout si ça t'apporte un truc. c'est qu'il est pas stupide, rafer. il faut au moins lui accorder ça, à défaut d'être un type bien il n'est pas né de la dernière pluie. et moi je ne cherche même pas à nier. je n'ai pas honte de ma vie sexuelle débordante, je suis bandante et je le sais, alors pourquoi me priver ? moi au moins, j'arrive toujours à mes fins. ce qui n'est pas le cas de tout le monde apparemment. que je minaude en posant mon sac sur la table. je m'allume une nouvelle cigarette parce que je ne peux pas me faire un rail et je m'assoie à la place de la cruche en fuite. Tant pis pour toi. Tu sais pas s'que tu rates. je fronce le nez en abaissant mes lunettes de soleil et mes yeux font la navette entre sa bouche pleine et le hamburger. je m'étais dis que ça aurait peut être l'air plus appétissant avec la couleur, mais pas du tout. je zoom sur ses doigts couvert d'une fine couche de graisse luisante et je détourne la tête pour dissimuler un haut le cœur. je prends soudain conscience du fait que je ne me suis pas assise dans un restaurant depuis des mois. j'ai perdu l'habitude de voir des gens manger et d'un coup, j'ai envie de m'enfuir. malgré les températures hivernales, je réalise que ce dont j'ai envie, la tout de suite, c'est d'un bain de mer. putain mais j'y peux rien si elles croient toutes à ces conneries de prince charmant là. C'est vrai quoi, c'est à cause de tous ces films ça, elles sont toutes persuadés que je finirai par les aimer. je me rends compte que j'ai décroché au moment où il soupire. Sauf que si j'leur dis que j'veux une fille facile pour simplement la sauter en attendant de trouver plus baisable. C'est pas vendeur. Elles devraient toutes être un peu plus comme toi et oublier les clichés. j'éclate de rire en même temps que lui, m'attirant le regard réprobateur d'une maman attablée avec ses gamins. je ne la calcule pas, c'est sur rafer et sa bouche vide - dieu merci - que j'ai reporté toute mon attention. parce qu'il se plante complètement, mais que ce n'est pas dans mon intérêt de lui expliquer pourquoi. moi, ça ne me dérange pas de tomber amoureuse. le problème c'est que je me lasse beaucoup trop vite pour construire quoi que ce soit. en vérité, je ne suis pas un cadeau, et j'immole gaiement le mot fidélité sur l'autel du dieu eros toutes les nuits. ils devraient tous être plus comme moi, le monde ne s'en porterait que mieux. je profère mon mensonge tout en cendrant tout prêt de son assiette, l'air de ne pas y toucher. je souris, mais derrière mes lunettes de soleil, j'ai l'oeil rivé sur son hamburger. j'ai ris, mais en réalité je suis partagée entre l'envie de planter ma clope dans son sandwich, et celle de quitter le restaurant sans me retourner. je tire plus vivement qu'à l'accoutumée sur le baton cancérigène, et même quand j'essaie de me concentrer sur autre chose, je me sens oppressée par les bruits de couverts et de mastication. alors en dernier recours j'écoute ses conneries, et je m'accroche à sa voix, je m'accroche à mon masque, et je tente de sourire le plus naturellement du monde. Puis tu t'souviens de l'autre abruti que tu nous as ramené l'autre fois ? Oh putain, c'était un chef d'oeuvre celui là. Son QI devait avoisiner les 100.. Il devait avoir une bite aussi grosse que ton bras pour te plaire. cette fois le sourire que je lui retourne est réel. ce soir là, comme souvent, je m'emmerdais, et pour me distraire, j'avais réussi à me dégotter le plus gros con de la terre. il était clairement stupide, assez primitif, presque animal et c'est sans doute ça qui m'avais attirée chez lui. non mais le fait qu'il soit monté comme un cheval c'est une chose, bon ok, ça présentait un sérieux avantage pour la suite aussi. je m'interromps pour me tourner vers lui, moqueuse dans le sourire, et je me permet d'effleurer sa nuque du bout des doigts. ça faisait longtemps que j'avais pas jouis comme ça, c'était encore meilleur qu'avec toi. je susurre prêt de son oreille avant de retirer ma main, je ne peux pas m'empêcher de le chercher. c'est comme ça depuis le début de notre relation bancale. de notre non-relation en fait. je jette ma clope par terre, et la piétine du bout de mon talon avant d'ajouter : mais si tu veux savoir, ce n'est pas pour ça que je l'ai choisi. je l'ai remarqué parce qu'il était particulièrement con justement. disons qu'avec hans ou franz, j'ai donné vie à l'expression "bouffon du roi". en fait je crois que j'adore les imbéciles. et je ris de cette révélation. c'est à ce moment là que le serveur apparait pour me demander si je souhaite commander quelque chose. non merci, je suis allergique aux calories. de toute façon on allait partir. ça a l'air d'une plaisanterie mais ça n'en est pas une.

Sa relation avec Margot est probablement la plus simple qu'il ai connu. Paradoxale mais vrai. Juste parce qu'ils ne foutent aucun enjeu dans quoi que ce soit. Lui qui pourrissait toutes les relations de plus de trois nuits, c'était sans compter Margot. Margot, elle demande rien. Elle attend rien de lui et réciproquement. Sans doutes qu'un jour ils se lasseront d'ailleurs. Rien de bien grave, ils continueront chacun leurs vies de leurs côtés sans se poser la moindre question. Pas de bain de sang, pas de larmes. Ciao, bonsoir. On s'est bien éclaté. A la revoyure. Bref. Pour le moment elle ne cesse de l'amuser. Ses propos, sa démarche, sa façon d'être tout simplement, c'est un spectacle à elle toute seule Margot. Ils se ressemblent pas mal dans le fond. Tous les deux mauvais, nocif, cette envie de se sentir vivant au creux du ventre. Un besoin inassouvi. Hey, plus facile pour toi t'arriver à tes fins. N'importe quel mec - non castré ou gay - te dira oui parce qu'on fonctionne comme ça. Alors que les gonzesses sont fleurs bleus et cucul la praline. Essaye de devenir lesbienne et là on pourra comparer. Il continu sur sa théorie du prince charmant. Ils s'attirent les foudres des tables voisines, manquant clairement de discrétion, tenant des propos inadapté à un public trop jeune. Ouais, ben elle est pas au cinéma, y'a pas de logo interdit au moins de douze ans et si ça lui plait pas, qu'elle aille voir ailleurs. Ma vie serait nettement plus simple si la population féminine se composait uniquement de Margot. Il lui flatte l'égo, elle aime ça la bougresse. Il le fait pas si souvent, franchement, on peut pas dire qu'elle ai besoin de lui pour se fondre dans la prétention la plus totale. Elle s'approche de lui, caressant sa nuque. Son regard accroche le sien avec ce quelque chose de plaisant. Elle est foutrement attirante Margot et ça, il ne peut aller contre. Surtout qu'il a déjà goûter à sa peau, à ses pulsions. Elle envoie quand elle baise. Une vraie chienne. Y'a quelque chose de puissant dans sa façon de le toucher et elle le sait, ce qui lui donne encore plus de pouvoir. Et quand elle avoue qu'il était meilleur que lui, il n'a qu'une envie : lui prouver le contraire, là, tout de suite, sur cette table, pourquoi pas assise sur ce burger. Me provoque pas. ça siffle entre ses dents d'un ton monocorde quand elle lui annonce finalement qu'elle l'a choisi pour sa stupidité. Peut être parce que t'as moins l'air d'une imbécile comme ça. Ouais, c'est mesquin, il se venge parce qu'elle a réussi à atteindre sa fierté, son point faible. Ouais, on s'casse de toutes façons. Il lâche un billet sur la table qui comblera les frais pour la bouffe à peine entamée. Puis, il la traine jusqu'à la voiture toujours là, à l'attendre elle. Quel job de merde quand même. Il l'imagine aisément malmener le pauvre type au volant parce qu'il s'est garé quatre mètres trop loin. On va où ? Chez toi ? Il a une idée derrière la tête et c'est pas bien difficile de savoir laquelle, parce que Rafe n'a pas baisé depuis deux jours du coup et celle sur qui il comptait pour lui vider les couilles s'est enfuie, pas si grave, ce sera mieux avec Margot de toutes façons.

je m'en fout. je m'en fout que la matronne d'en face nous regarde, je m'en fout qu'elle rêve de nous en décoller une, je m'en fout si le serveur est mal à l'aise, je m'en fout d'avoir erraflé la fierté de rafer, je m'en fout presque de ses compliments, et je ne pense déjà plus à la cruchette qui a prit la poudre d'escampette. c'est ça d'être moi, tout me traverse sans me toucher. j'y crois presque, c'est ça l'effet de la coke. mes lèvres esquissent un sourire parfait en direction du serveur qui ramasse le billet froissé. et il est obligé de s'écarter pour éviter un coup de sac à main quand rafer m'entraîne jusqu'à la mercedes. putain mais il a le feu au cul celui là. je peine à suivre, juchée sur mes escarpins, je manque de déraper sur un pavé, et je retire mes doigts des siens avec une certaine agressivité. je n'aime pas du tout être traîtée comme un pantin. pourtant je ne cracherais pas sur une partie de jambe en l'air avec lui : je sais qu'il ne ménagera pas ses efforts après ma provocation de toute à l'heure. je soupçonne même sa brutalité d'être liée à ça. pauvre chaton. on va où ? chez toi ? je retrouve mon sourire en me rapprochant de lui. je m'apprête à lui dire quelque chose comme "putain, tu pourrais au moins faire semblant de pas être un connard, on nous regarde." mais je suis interrompu par une lumière aveuglante de l'autre côté de la rue. panique, je jette un coup d'oeil sur la trottoire d'en face, et un second flash vient me gifler au visage. je rêve c'est pas possible. je me suis déjà jetée sur la portière pour refugier dans l'habitacle. j'attrape rafer qui tarde à réagir pour l'obliger à monter dans le véhicule.  chez moi, dépêche on décolle, j'peux pas les supporter ces connards. je claque la portière à sa place en me penchant au dessus de lui, ma poitrine effleurant ses genoux. mais putain, j'pense plus à rien d'autre qu'à ces putains de flash. j'pense être tranquille ici, cachée. mais non, une fois de plus ils m'ont retrouvées, et ils vont recommencer à baver des saloperies sur moi dans les tabloïds. j'peux rien faire contre ça, le droit à l'image, ils connaissent pas, ils ont aucun respect pour personne ces gens là, et ça, ça me rends dingue.  bon ! vous comptez démarrer un jour ou vous préférez attendre qu'ils aient assez de photo de moi pour sortir un putain de calendrier ?! le moteur se met à vrombir en réponse. c'est la première fois que je perds mon sang froid devant rafer. mais je m'en fout tellement. le coeur au bord des lèvres, je fume clope sur clope jusqu'à la destination, dissimulée derrière mes lunettes noires et la vitre teintée. la voiture n'a pas le temps de s'arrêter complètement, mes talons ont déjà touchés le bitume et je cours presque jusqu' à la porte de la villa. et le cauchemars reprend, un autre flash, et je ne trouve pas mes putains de clés, et je suis au bord de la crise de panique. soudain, je fais volte-face, je traverse le patio, et je viens me planter en face du paparazzi. PUTAIN MAIS VOUS POUVEZ PAS ME FOUTRE LA PAIX ?! C'EST QUOI L'INTERET DE ME SUIVRE PARTOUT COMME CA ? J'SUIS PLUS PERSONNE, ESPECE D'ABRUTIS ! je vocifère mais les flashs refusent de s'arrêter, alors en dernier recours, je balance son appareil photo par-terre. pluie de verre brisé, j'ai la tête qui tourne, je crois que je vais tomber. mais rien ne pourrait effacer la joie malsaine qui macule à présent mon sourire quand c'est à son tours de me hurler dessus. tu sais quoi ? portes plainte si ça t'amuse, mais t'auras pas un putain de centime.

Elle a touché son petit égo de mal. C'est désagréable comme sentiment. Il aime pas ça Rafe et compte bien faire son possible pour lui prouver le contraire. C'est quand même pas un demeuré qui va être meilleur que lui. Même si franchement, il reste persuadé que le sexe, ce n'est pas tout à fait une question d'aptitudes, parce que si l'alchimie n'est pas là, tous les efforts, connaissances et autres stratégies ne mèneront nulle part. Alors en vérité, ce ne sont pas ses doutes sur sa capacité à faire jouir une fille qui le rend acerbe et brutal, c'est plutôt le fait qu'elle ai remis LEURS parties de jambes en l'air en question. Et y'a un truc entre lui et Margot. Ils s'entendent à merveille sexuellement. C'est explosif, marquant. Sauf qu'avant qu'il ne comprenne pourquoi, c'est elle qui prend le relai et qui le traine jusqu'à l'intérieur de la voiture. Elle insulte son chauffeur. Elle a l'air sur les nerfs. Puis c'était quoi ce flash ? Si t'as tant envie de moi, on est pas obligés d'attendre d'être chez toi. il plaisante bien sur. L'atmosphère est lourde. Pour la première fois depuis sa rencontre avec elle, Margot exprime une émotion : la colère. Ca le rend un peu hagard le Rafe. Il a toujours été face à un foutu robot. Un truc vide d'émotion avec une répartie excellente et qui sait comment utiliser sa langue. Alors il préfère fermer sa gueule sur la route, ne rien dire. Il risque de puer le cendrier en rentrant chez lui parce qu'elle enchaine ces cigarettes sans ouvrir la fenêtre. Sauf que ça le questionne ces photos lui. Alors quoi ? Elle serait un genre de célébrité Margot. Il passe une main dans ses cheveux et la suit sans trop rien dire. Il l’observe vociférer, râler et passer pour une véritable folle. Une part de sa personnalité qu'il ne connaissait pas et qui lui déplait un peu. Il aimait ça chez elle, qu'elle soit imperméable à tout ce qui se trouve autour d'elle. Visiblement, elle a ses failles, ses moments de doutes. Elle est humaine en fait. Et tandis qu'elle continu de hurler sur ce pauvre photographe dont l'appareil ne fonctionnera pas de si tôt, il vient la porter et la foutre sur son épaule pour l'entrainer à l'intérieur. Une fois la porte dépassé, il fronce les sourcils et finit par la poser par terre. Waoh, c'était quoi ça, calme toi tet explique moi ? Et pas seulement pourquoi elle a pété un câble, non, il veut aussi savoir pourquoi les gens la prennent en photo pour commencer. Rafe ne suit pas la télévision, il va rarement au cinéma alors elle pourrait être une star internationale qu'il aurait pu passer à côté. T'es qui en fait ? ben ouais, elle va pas juste s'en sortir sans réponses après cette tempête qu'elle vient d'essuyer.

je crois que je suis au bord du malaise. quand il me soulève j'ai la tête qui pèse, le palpitant en déroute et des élant de sang dans les tempes. puis la pression de son épaule contre mon ventre me coupe le souffle et je vois noir, poussière d'étoile qui me monte au cerveau. putain où est ma cocaïne ? c'est tout ce que j'arrive à penser quand la lumière se rallume devant mes yeux et que la pointe de mes talons touche terre.  Waoh, c'était quoi ça, calme toi et explique moi ? je titube vaguement sur mes talons en secouant la tête. je n'ai pas envie d'évoquer le sujet et même si je sens que je vais avoir du mal à l'esquiver ce soir je me borne à garder le silence. j'ai des priorités plus importante dans l'immédiat, ce rail de coke toujours en attente par exemple. je m'avance dans le couloir de l'entrée pour gagner le confort des canapés en cuire du salon quand la question fuse. t'es qui en fait ? rafer il demande sans détour : il a toujours été direct avec moi et jusque là je prenais ça pour une qualité. mais ici et maintenant, ça me fais plutôt l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. je me fige, toujours de dos, et je cherche mes mots, tandis que mes yeux balaient le coridor à la recherche d'un mensonge à lui jeter pour qu'il lâche l'affaire. pour une fois je ne trouve rien à dire, il n'y a que cette vérité qui n'est plus d'actualité, un passé sans présent. un avenir aussi doré qu'inutile, en poudre à sniffer. aujourd'hui ? plus personne. trois mots qui s'élèvent jusqu'à lui quand je me retourne pour lui sourire. le regard acerbe, plus parce que ça me fais mal de me souvenir que parce que c'est terminé. avant j'adorais les journalistes, et je crois qu'ils sont très tristes que je ne leur donne plus de nouvelles. celui là devait être particulièrement amoureux, voilà tout. lançais-je avant de disparaître dans la pièce d'à côté en échappant un rire.
je ne laisse pas les gens regarder sous le masque, et encore moins rafer. il détournerait les yeux devant la laideur qui caractérise mes secrets. ma balance qui pèse le vide en moi, les aliments que je fais seulement semblant de manger, la détresse crasseuse qui macule mes rêves d'antan, cet échec, voulu, subit, tout l'alcool qui me noie et cette drogue qui me tue. sous le masque je suis morte. je gagne le canapé, je trace la ligne, je la façonne à l'aide d'une des cartes de crédit qui traîne sur la table basse. j'inspire, et c'est comme une détonation directement dans mon cerveau. la cocaïne rallume un peu de ce feu qui brûle en continue dans mes yeux et je me force à afficher un calme que je suis loin de ressentir. le sourire glacé qui prend place sur mon visage n'est qu'un simulacre de contenance, mais je sais jouer mon rôle à la perfection. fais-toi une ligne, j'ai du champagne au frais. que je lance la cantonade en disparaissant dans la cuisine de l'autre côté du couloir.

C'est amusant de constater qu'en réalité, elle est aussi humaine que lui, que tous les autres. Elle a ses failles Margot seulement elle s'approche si bien de la robotique que Rafe avait tendance à oublier qu'elle pouvait probablement ressentir. Il se sert d'elle et réciproquement pour combler un vide. Une parenthèse presque chaleureuse si le masque ne s'était pas repointé aussi vite qu'il a disparu. La jolie reine de glace refait son apparition. Délectable comme à son habitude. Son sourire moqueur qui va bien dans le paysage. Sa fossette qui creuse son visage amaigri. Les courbes frêles de son corps qui se déhanchent avec malice. Personne. ca file dans le fond de son crâne, ça traîne et ça repasse comme un vieux film. Ce qui est certains, c'est que Rafe va filer sur internet et faire quelques recherches dès qu'il aura un ordinateur en face de lui. Simple curiosité malsaine. Perversion. Puis, il peut certainement pas compter sur l'héritière pour lui donner des infos sur son passé. Elle joue d'arrogance et d'indifférence sous ses airs raffinés. Y'a des démons qui s'planquent sous la carapace, il le sent mais il creuse pas Rafe. Jouant l'autruche. Ce serait clairement pas dans son intérêt d'en apprendre plus, de la forcer à se livrer. Parce qu'il ne veut rien partager d'autre que ce semblant d'orgie. Ce vide. Ce rien. Ils ne sont rien l'un pour l'autre et c'est parfait ainsi. Simple. Si l'autre disparaissait le lendemain, ils n'iraient pas à l'enterrement. Bref. Il la suit et s'exécute quand elle parle de faire une ligne. C'est pas lui qui va dire non. C'est pas lui qui va refuser une après midi de débauche à consumer leurs détresse mutuelle, celles qu'ils ne parviennent même pas à quantifier. Quelle malhonnêteté dans leurs relations quand on y réfléchit une seconde. Deux crétins au bord du gouffre qui s'tirent vers le fond. C'est plus facile d'être malheureux qu'heureux en vrai. Tandis que la ligne blanche se dessine, il vient sniffer en bouchant son autre narine. Wao. Elle est forte. Il lève les yeux au ciel et se vautre dans le canapé hors de prix derrière lui. T'es quoi, une actrice porno ou un truc du genre ? Ouais, parce que même s'ils ont promis de pas s'investir émotionnellement et perdre du temps à se raconter leurs vies, ça le turlupine Rafe cette histoire. Il a envie de savoir. Elle a vrillé y'a quelques minutes. Totalement. Et même si le masque est de nouveau en place, il oubli pas ce qu'il a vu.