- if i say so -
wesley grant et rowena leisterUn vrai foutoir. Une enjambée après l’autre, la gamine Leister laisse derrière elle un chaos sans nom. Voilà qu’elle se terre depuis cette fameuse soirée dans sa chambre, dans l’espoir de se réveiller et que tout ne soit qu’un affreux cauchemar. Elle rêve bien la gosse naïve. Les matins se succède et rien ne change. Lewis a toujours ce regard fuyant, et Wes n’est toujours pas dans les parages. L’idée de retourner à la casa familiale Leister lui a même effleurée l’esprit, pour laisser respirer ces deux-là. Heureusement pour elle, Jordan n’a encore rien remarqué de leur comportement, bénédiction ou malédiction, qui sait. Le jour décline quand elle pénètre dans la cuisine silencieusement. Elle va pour se servir un verre d’eau quand on tape sur son épaule. – Rena tu tombes bien ! Jordan dépose sur le plan de travail à côté d’elle un grand sac, qui sent la bouffe de fast food, mettant aussitôt l’eau à la bouche à Rena. Elle s’y risque d’y jeter un œil, pour le regretter amèrement aussitôt, car elle se rend compte qu’elle meurt de faim. – Tu pourrais apporter ça à Wes ? Il doit crever de fin à force de se terrer dans votre salle de répétition. Je ne sais pas ce qui lui prend, surement un excès d’inspiration que vous seuls comprenez. Les yeux de la Leister s’écarquillent et ses mains commencent à aplatir les plis de sa jupe nerveusement. Elle les sent moites sur le tissu, son cœur s’emballe stupidement. – Tu ne devrais pas y aller toi ? Pourtant, le regard de Jordan en dit long et désarme Rena de toutes protestations possibles. – Très bien… Sa main attrape les anses du sac en papier, mais celle de Jordan lui saisit l’épaule et son regard se fait interrogatif. – T’es sûre ? Enfin tu n’es pas obligée, mais tu sais quand Wes est comme ça, il est jamais… super accueillant mais avec toi… je sais pas il est plus ouvert dans ce genre de moment. Tu as un don magique. Elle rit l’incrédule, mais Rena, elle, déchante plus qu’autre chose. – Plus si sûr maintenant… Jordan tourne son regard pour la question, mais la brune l’arrête d’un geste de la main et va pour sortir. Après avoir attrapé sa veste, elle sort et se dirige vers le hangar le servant de lieu de répétition pour leur groupe de musique, cela sans grand entrain. Le trajet est trop court, elle a beau trainé des pieds ça n’y change rien, elle y arrive trop vite. Devant la porte de l’entrepôt, elle se cale contre le mur en attendant. Attendant quoi ? Que la bouffe refroidisse ? Que le ciel lui tombe sur la tête ? Qu’une bonne fée efface son passé ? Peut être bien. Puis non, il faut que ça cesse. Elle se redresse et inspire profondément avant d’expirer longuement. – T’es plus toi Leister, reprends-toi un peu ! Qu’est-ce qui pourrait se passer hein ? Prenant le mords aux dents, elle s’engouffre dans l’entrepôt et fait son entrée comme elle l’aurait fait il y a quelques jours. Son regard se pose sur la silhouette de Wes guitare en main et elle sourit, oubliant presque tout, excepté qu’il est beau. Incroyablement beau. – Hey ! Je ramène de quoi faire affoler notre prochain bilan sanguin, partant ? Elle dépose le sac sur la table basse en face du canapé et attrape à l’intérieur une bière avant de l’agiter vers Wes. – Promis celles là sont pour toi. J’en ai légèrement abusé la dernière fois. Je vais marcher au coca ce soir ! Elle lui lance avant de tomber dans le canapé, puis se décapsule un coca.

Le réveil n’avait pas été des plus facile. Il faut dire que le canapé se trouvant dans cet entrepôt n’était pas des plus confortable. Mais il s’y faisait doucement, Wesley. Il créchait là depuis quelques jours, tel un sans abris. Or, il possède un appartement pourtant. Un endroit chaleureux qu’il partage avec trois autres personnes. Mais il n’avait plus envie d’y remettre les pieds. Du moins, pas quand Rena ou Lewis s’y trouvaient. Il n’avait pas envie de les confronter. Encore mois Rowena. Alors il avait décidé de fuir, tel un gosse. Il avait pris ses jambes à son coup, quelques habits, et il était parti. Sans même laisser un mot. Il y revenait de temps en temps cependant, évitant le regard rempli de questions de Jas. Il se contentait de lui sourire puis de repartir. Il savait pourtant qu’il ne pourrait fuir indéfiniment. Et connaissant Rena, elle débarquerait tôt ou tard. Wesley se frotta légèrement les yeux, faute de sa nuit assez catastrophique. Il soupira et commença son décompte. Il commença alors à gratter les cordes de sa guitare. Mais rien n’y faisait, la motivation n’était pas là. Son esprit était ailleurs. Son regard était vide, alors que son cœur, lui, était rempli plus que jamais. Un nouveau soupir s’échappa de sa bouche, quand son regard se porta sur la porte du hangar qui venait de s’ouvrir. Son cœur ne fit qu’un bond quand il reconnut ce doux visage qu’il avait si longtemps contemplé. Cependant il l’ignora et se contenta de jouer quelques accords. Ce qu’il avait tant redouté était en train de se produire et à nouveau, il préférait fuir en se plongeant dans sa musique. Mais l’odeur de la nourriture lui fit relever la tête alors qu’elle déposait un gros sachet sur une table vide, sourire aux lèvres. Comment pouvait-elle sourire après ce qu’il s’était passé. Il n’y comprenait pas grand-chose, Wesley. Rien qu’à l’odeur, son ventre fit un bruit monstre et il haussa simplement les épaules à la question de Rowena. Déposant sa guitare sur son socle, il avança vers elle tout en passant nerveusement une main dans ses cheveux noir ébène. — Oui, tu as abusé la dernière fois. lui dit-il ne posant même pas son regard sur elle alors qu’il prenait la bière qu’il lui tendait. Sa réponse était froide et pleine de sous-entendu. — T’es pas obligée de rester, t’sais. J’étais bien, là .. Mais merci pour la bouffe. Faux. Wesley n’était pas bien. Il avait envie de rentrer, mais il n’était pas capable de faire comme si de rien n’était. Il décapsula sa bière contre le coin de la table et pris une chaise sur laquelle il s’installa. Ne voulant pas s’asseoir aux côtés de Rena. D'une main vive, il prit un burger, laissant son amie prendre ce que bon lui semblait.

Le mot facilité ne semble pas être pris en compte dans ce genre de situation. Tout comme le mot oublie ou l’expression « table rase ». Rena l’apprend a ses dépends, recevant telle une claque en pleine figure, chacun des mots de Wes. Wesley, elle qui le connait si doux, si tendre, distant et pourtant elle pouvait la ressentir malgré tout. Pourtant, à l’instant présent, rien, comme deux étrangers dans la rue, rien n’irradier de Wes et Rena fut sonner. Le coup est dur et lourd. Elle a été bien idiote et crédule de croire que tout s’efface comme ça, que rien ne change, mais un petit coup de vent peut coucher le plus enraciné des arbres. – Aouch….. touché… Un maigre sourire, à peine une esquisse de sarcasme dans sa voix, et voilà la brune qui baisse les yeux. Il est loin le temps où papa la protéger des conséquences, il est inutile ce nom forteresse face à l’immensité de Wes face à elle. Ses lèvres se posent sur le goulot de la bouteille dans un silence de plombs. Elle n’est plus guère la bienvenue, alors qu’elle adore ce lieu. Un endroit qu’à eux, à elle, où les heures défilent sans que rien ne puisse arriver. De la musique, des accords, une succession de notes, un malicieux mélange qui a toujours fait qu’elle préférerait rester ici pour le reste de sa vie qu’autre part. C’est là qu’elle se rend compte l’effrontée qu’elle veut pas aller ailleurs, que malgré le mal à venir la boule qui lui tord l’estomac, elle ne veut aller nulle part ailleurs. – Je n’ai rien d’autre à faire, alors je pense rester un moment. Et avouons le je vais pas te laisser avoir une crise de fois en mangeant tout ça. A ces mots elle attrape une petite poignée de frites et commence à grignoter en sortant de son sac quelques partitions. Bornée la demoiselle ne l’est pas qu’un peu, elle ne porte pas sa ténacité en vernis bien au contraire. Elle n’y arrive pourtant pas à garder son attention sur autre chose que sur Wes qui semble si indifférent à sa présence. Un soupire s’échappe d’entre ses lèvres et elle dépose ses partitions sur un coin de table. – Ecoute… les autres peuvent penser ce qu’ils veulent de moi, mais je ne supporterai pas que tu penses que je voulais ça…. Je… je n’ai rien imaginé, ou préméditer comme le penseront certains. Je … Je ne voulais pas. Me demande pas pourquoi, je ne saurais pas te réponde. La belle menteuse, bien sûr elle sait pourquoi ça a fini comme ça, mais trop fière de l'admettre. Elle se souvient parfaitement de la soirée, du fait qu’elle plaisantait avec lui, jusqu’à l’arrivée d’une belle blonde. Que cette dite blonde lui a caressé la joue, qu’il a rit. Qu’il a disparu et qu’elle allait dormir seule, que Lewis est entré et que tout s’est précipité. Bien sûr qu’elle se souvient, et bien sûr qu’elle a honte d’agir comme sa sœur l’aurait fait. Elle se mord les doigts l’enfant dont la bêtise la surpasse. Son regard plein de remords fait face à celui froid et distant de Wes. Rowena est cet enfant prête à recevoir la punition qui lui est due, mais qui tente comme tout enfant d’y échapper par des yeux larmoyants, et ce même si ceux-ci sont sincères chez elle.

Wesley n’avait eu qu’une envie en décidant de s’installer quelque temps dans cet endroit qu’il avait l’habitude de fréquenter avec Rowena. C’était justement, de ne plus la voir. De l’éviter le plus possible. Il pensait avoir été clair, alors qu’il évitait tout appel de sa part et de fréquenter les mêmes endroits qu’elle. Il l’a connaissait par coeur. Mais Rowena en avait décidé autrement. Elle est têtue, Wes le sait. Mais jamais il n’aurait pensé la voir débarquer sans crier gare alors qu’il voulait simplement l’éviter. Et elle était venue avec cette innocence propre à elle. Et ça l’avait énervé, Wes. Car elle savait ce qu’elle avait fait. Elle savait pourquoi il se terrait ici à la place de rentrer dans leur appartement. Et pourtant, elle continuait à faire comme si de rien n’était. Il n’avait pas eu envie d’être gentil, quand elle lui dit qu’elle éviterait l’alcool. Certes, il ne savait pas tout de cette soirée. Mais il en avait vu assez. Il n’avait pas eu envie d’en savoir plus. Mais connaissant Rena, elle n’allait pas lui laisser le choix. Elle était venue telle une fleur dans leur domaine, lui apportant au passage de quoi grignoter. T’en fais pas, tu peux rentrer si tu veux. J’aimerais bien répéter .. seul à vrai dire. Il haussa les épaules, espérant qu’elle comprenne son envie. Et qu’elle accepte cependant de le laisser seul. Il prit un burger, le portant à ses lèvres et en mordit un morceau. Wesley but ensuite une gorgée de sa bière. Tout du long, il évita le regard de son amie. Mais il finit par déposer son regard sur elle quand elle prononça ces quelques mots. Wesley soupira. Il avait du mal à la croire. Et tu comptes le lui dire, à Jo ? Tu comptes lui dire que t’as couché avec son petit-ami sans savoir ce qui t’a pris ? Arrête s’il te plaît .. Tu savais parfaitement ce que tu faisais. Il leva les yeux au ciel. Le ton monta, Wesley ne savait faire autrement. Il déposa sa bière sur la table basse, n’ayant plus aucune envie. Ce que je pense t’importe peu, Rena. Il n’y a que ton avis qui compte, tu le sais. Tu aurais pu arrêter tout ça avant qu’il ne soit trop tard. Mais tu l’as fait. Lui dit-il en plongeant son regard dans le sien. Il fronça les sourcils, se levant subitement. Si tu ne pars pas maintenant, c’est moi qui le fais. Il était sincère. Rowena le savait, ça se lisait dans ses yeux. Il n’avait aucunement envie de rigoler, aucune envie de faire comme si de rien n’était. Il allait lui falloir du temps pour accepter ce qu’elle avait fait. Il allait surtout lui falloir du temps pour recoller son coeur qu’elle avait impitoyablement brisé.

Elle encaissait en silence. Prenait flèche après flèche sans un cri de douleur, sans une larme. Tel un automate sans émotions, elle est une poupée vide, c’est ce que voulaient croire. Une Leister n’a pas de cœur, encore cette phrase qui hantait ses pensées, et ses rêves la nuit. Pourquoi son nom devait déterminer l’existence ou non d’une source d’émotion chez elle. Pourquoi elle n’aurait pas le droit d’avoir mal, de souffrir, d’avoir des rêves, des envies, de la peine, comme les autres. Pourquoi tous la pensaient automate de fer à la simple appellation de son nom. Rowena haïssait cette part d’elle, et si en général elle n’avait rien contre son nom, son ascendance, quand on tenait des propos ainsi elle se haïssait silencieusement. Elle encaissait les coups, elle tenait bon, car elle devait bien malgré les démons qui la hantaient jour et nuit. Wes était le seul à les faire disparaître, il en avait aucune idée à quel point il était magique pour elle, mais tout était fini maintenant. Il était devenu comme les autres, ce qu’elle pensait acquis n’était en fait qu’une illusion, une belle mascarade à laquelle elle s’était prise au jeu. – Je te pensais différent des autres… Elle était sombre, lugubre, elle était cette poupée de porcelaine vide que tout le monde voulait qu’elle soit. Elle se redressa sur ses jambes sans même un regard, sans un sourire. Ce même sourire qu’il lui arrachait tout le temps, tous les jours, suivi trop souvent d’un rire franc, n’était plus. – Tu crois que je n’ai pas envie de lui dire ? Tu crois que je ne souhaite pas être honnête avec une des seules amies que j’ai ? … Qu’importe que je me justifie, tu ne me croiras pas… C’est décidé hein ? Alors elle releva son regard, un regard qu’elle n’aurait jamais à montrer à qui que ce soit. Une gamine brisée, qui avait osé enfreindre ses limites, la gosse qui avait rêvé trop grand et que la vie avait puni par la mise en feu de ses ailes. Deux grands yeux verts larmoyants. D’un geste furieux, elle essuya du revers de sa manche ces traces de faiblesse de son visage tordu par la douleur de faire face à la réalité cruelle. – Tu crois que j’aurais perdu mon temps à venir si ce que tu pensais de moi m’importait peu ? Je ne m’arrête pas au près des gens pour amuser la galerie Wes ! Elle lui faisait alors face elle s’était rapprochée, peut être dans un élan de désespoir, peut être par fierté mal placée à l’instant présent, mais elle était si près de lui qu’elle ne lâcha pas son regard. – Tu dois avoir jamais avoir ressenti ce vide intense au fond de toi, qui te ronge. Jour et nuit. Ce truc qui fait que tu prends peur du noir. Ce truc qui fait que tu n’arrives pas à dormir, tellement tu as peur de te réveiller totalement seule dans l’ombre de quelqu’un sans savoir qui tu es réellement. Car si tu l’avais eu un jour ressenti… tu saurais … Il saurait… Il saurait qu’elle n’avait fait ça qu’à cause de lui, car elle ne pensait qu’à lui. Seulement à lui, que la tristesse de son âme solitaire et brisée n’avait songé qu’à lui, qu’elle avait perdu les pédales en pensant à lui et que l’erreur était faîte et irrévocable quand il avait fait irruption. La gorge nouée elle n’y arrivait pas. Habituellement, elle était une bonne oratrice mais face à lui elle perdait littéralement ses moyens, elle se sentait juste idiote. Une idiote infinie. Une idiote qui pleurait devant un mec qui en avait clairement jamais rien eu à faire d’elle. Encore une fois elle arrache les marques de tristesse de son regard d’un revers de manche et se retourne. Attrape ses affaires qu’elle bourre dans son sac. – Ne t’en fais pas, je m’en vais. Bye. Sac sur l’épaule elle se glisse par la porte coulissante, tel un rat répugnant qu’on chasse à coup de balais.