- wonderful chance. -
côme pallardi

elle a décidé de sortir ce soir sacha. de prendre du bon temps dans un bar ou plus précisément, dans the blue crab où elle a l'habitude d'aller. faut dire qu'il se trouve près de la plage, c'est plutôt mignon comme endroit. ça fait penser aux vacances un petit peu. sacha en aurait bien besoin de vacances. d'ailleurs, elle pense à partir une petite semaine à noël. en réflexion ! elle s'y rend comme à chaque fois qu'elle souhaite oublier une journée trop difficile ou alors, lorsqu'elle a besoin de se changer les idées pour oublier ses petits problèmes personnels. en ce moment, tout va bien, c'est surtout pour se détendre un petit peu. pour oublier toutes les horreurs qu'elle a pu voir aux urgences également. faut dire que si certains viennent pour des petits bobos, d'autres arrivent avec un couteau dans la poitrine ou un doigt en moins. de quoi vous coupez l'appétit en moins de deux. d'ailleurs, sacha mange jamais beaucoup lorsqu'elle enchaîne les heures à l'hôpital. vêtue d'une petite robe droite bleue marine, elle pénètre à l'intérieur du bar. elle profite de ses amis déjà sur les lieux. elle rigole pour n'importe quoi. sirotant son cocktail aux fruits, elle se met même à chanter à tue-tête. i took me back to east atlanta na-na-na all but my heart is in havana... bougeant la tête au rythme de la musique, elle pose assez rapidement son regard sur un visage connu. elle s'arrête donc instinctivement pour lui adresser un large sourire accompagné d'un geste de la main. monsieur pallardi ! comme on se retrouve ! elle sourit de plus bel en s'approchant davantage. ça va mieux depuis la dernière fois qu'on s'est croisés ? faut dire qu'il a été l'un de ses patients. c'est pas vraiment les meilleures conditions pour faire des connaissances.

Il n’y a rien d’exceptionnel ce soir, toujours la même routine qui commence à s’installer et perturbe tout l’équilibre qu’il avait pourrait tenter d’instaurer. Une vie sans contrainte, sans horaire, ou personne ne choisirait de combler les silences qui englobe l’énième location qu’il vient de trouver. Pourtant, il aimerait bien pouvoir parler de « chez lui », faire des trous dans les murs comme bon lui semble sans avoir à reboucher avant de partir. Valeurs contradictoires, mais ce soir n’a pas échappé à la règle familiale. Un coup de téléphone de la mère italienne, rendez-vous qu’elle ne raterait pour rien au monde. Il voit bien côme que les yeux de sa mère brillent lorsqu’elle le voit, que sa voix vacille parfois en voyant la conversation s’écourter et l’heure des au-revoir arriver. Il le sait, l’entends, mais reste étrangement passif face à ce trop-plein d’amour. Les mêmes questions ressorties, les mêmes demandes qui reviennent sans cesse et terminent par hanter son esprit. mon fils, prends ta vie en main, ton père à ton âge… il écoute sagement d’une oreille en regardant au loin, priant pour ne pas la vexer en soufflant un peu trop fort à travers le téléphone. Il finit par raccrocher, et comme à chaque fois, il se lève pour partir faire tout l’inverse de ce qu’elle lui avait prescrit. L’appel de la liberté, l’envie de bouger loin et d’expier comme un adolescent en rébellion face à toute autorité. Parfois il se demande pourquoi ses paroles l’atteignent à ce point, mais surtout pourquoi elle insiste encore et toujours face à son ignorance. Alors il sort côme, pour se changer les idées, respirer encore et vivre l’instant, rejoindre un club qu’il connait un peu mieux depuis quelques mois. Directement attiré par le bar, il commande un premier verre, sans but forcé de terminer avec un mal de crâne le lendemain. Une silhouette se place dans son champ de vision, enjouée, mine rieuse, côme reconnait les opales joueuses de l’infirmière qui l’avait tant aidé quelques mois auparavant. Surpris, puis heureux de pouvoir la recroiser, il finit par sourire à la jeune femme qui apparemment se souvient très bien de son nom de famille. Très bien, d’ailleurs je ne suis même pas allé remercier l’adorable infirmière qui s’est si bien occupée de moi. Le regard amusé il se souvient très bien de la scène ainsi que de la facilité avec laquelle ils avaient parlé, tels deux amis complices. d'ailleurs, ils doivent être malheureux sans toi ce soir.