Le coeur enflammé dans les vapeurs du whisky. Lumières tamisées sur les reflets d'argent. Ma conscience se soulevait légèrement. Une apnée doucereuse au milieu de la piste. Des jambes ondulant au rythme de la décadence nocturne. Liberté au bout des veines. L'âme enivrée de ballades éphémères. Mes yeux roulaient sur les silhouettes. Elle était là, magnifique dans sa robe aux pans moulues. Des courbes sensuelles, une chevelure soyeuse et les lèvres galbées dans une ombre maussade. Attirance de braise. Le corps qui collait sur la peau. Nos membres légers. Nos vêtements de trop. De pourpre et d'or, les doigts se joignaient dans une danse au bord de l'enfer. Ma bouche se dessinait sur son cou. Le danger rodait autour. Le danger jusqu'à la mort. Les joues blêmes, les bronches éteintes, je respirais son odeur dans un songe nébuleux alors que les mouvements infimes de la foule nous enlevaient de la réalité. Ma chair réclamait la sienne dans une étreinte vicieuse. Comment s'appelait-elle ? Inconnue assise entre les étoiles. Une ivresse volontaire, faisant pousser des ailes pour conditionner la chute qui nous conduisait jusqu'aux portes de mon appartement. Putain, je n'avais pas son nom. Elle n'était que passagère dans mes chimères. Une présence fluette. Une voix qui s'enfonçait dans mes plèvres. « Déshabille-moi.» Supplication de feu. Des mains glissant sous la dentelle afin de l'extirper au tissu. Je l'embrassais à pleine bouche. Je l'embrassais à bout de souffle. Une voracité étouffante. Des gestes saccadés sous les lueurs de la nuit. Sois mienne. Insuffle-moi la vie. L'impression d'exister malgré la guerre.

Les ondes vibraient sur le comptoir collant. Une boîte de plus, remplie d’inconnus qui ondulaient en rythme. Une échappatoire, loin des livres et des histoires romanesques. Loin d’un père oppressant dans sa misère. Une ivresse de liberté emprisonnée par les arômes de l’alcool. Puis le pêcheur, éclairé d’un projecteur éblouissant. Un enchanteur au sourire charmeur. Un jeu d’ombres et de lumières. Des regards furtifs – enflammés – à travers la foule. Des silhouettes se frôlant, puis se touchant sous les joucs de néons tamisés. Ses courbes sensuelles s’emboîtaient dans les siennes dans une danse lascive. Un corps à corps langoureux devant des témoins inconscients et impassibles. Elle se laissait guider, l’esprit voilé par l’envie, jusqu’à son appartement. La chair se dénudait lentement. Elle l’embrassait à pleine bouche, les langues emmêlées dans une valse dominante. Ses entrailles brûlaient de passion pour lui. Une pluie d’étoiles pétillantes, qui explosaient au creux de ses reins. Un homme de plus à son palmarès. Un inconnu au visage d’or et au prénom silencieux. Les canines enfoncées dans sa lèvre inférieure, ses doigts s’enroulèrent autour de la boucle de sa ceinture. Puis des pans de son pull. Ses mains humides caressaient les plaines de son torse, le découvraient doucement, comme une carte qu’elle apprenait à lire. Et ses lèvres traçaient une ligne de baisers bouillants le long de sa mâchoire carrée, laissaient leur empreinte au coin de sa bouche. « Embrasse-moi encore. » Un murmure enroué par le désir, alors qu’elle continuait d’explorer la peau sous ses palmes.

La sensualité au bord des lippes. Une frénésie enchantée par le corps. D'elle – d'un instant entre ses bras. Les images se confondaient dans l'agitation des coeurs. Qui es tu ? Dans le désert perdu, irrémédiablement seul. Une apathie des pensées qui conditionnait la liberté. Le besoin, presque viscéral de sentir sa peau sur la mienne. Elle était si belle, l'inconnue. D'une magnificence invraisemblable. Nos bouches s'enlaçaient dans une danse autour du feu. Ses prunelles glissaient sur mes yeux, soulevant la masse pesante du fardeau. Une fatalité gravée dans l'ivoire. Des guerres vécues de façon chronique. Je m'arrêtais pour mémoriser ses traits. Le mal s'étendait et l'attirait dans mon étreinte. Elle était mienne, l'espace d'un fantasme. Créature de lumière, piégée dans l'antre démoniaque. Je la prenais à bout de souffle, happant ses hanches hors du sol. Une collision contre le mur. Des doigts déliant la ceinture et froissant le pantalon. L'harmonie était brisé par les halètements saccadés. Mon âme s'émancipait, heureuse d'être à ses côtes. Conquise par le délice érotique d'une intimité naissante. Nos chairs convergeaient vers l'origine du volcan. Embrasse moi. Elle susurrait ses supplices et mes lèvres attaquaient son derme. De baisers et de caresses. Avalanche de sentiments qui contaminaient l'esprit et obsédait la conscience. « Partout ? » Un soupir resté en suspens tandis que les phalanges glissaient le long des cuisses. J'effleurais la chair humide, le geste modéré par une fougue qui rêvait de pénétrer dans l'abîme conduisant les Hommes au suicide.
Au plaisir.