Les pieds qui traînent. Les mains enfoncées sous les couches de tissu. Le regard qui se perd sur les étagères. Le regard qui se perd dans le néant. Captures bleutées pour flouter l’instant. L’imperceptible émotion. La rage des pulsions pour ravager les synapses. La crainte d’un énième échec pour la décevoir. Vingt-cinq années filant au compteur. Et quasiment la moitié vouée aux barrières d’acier. Souvenirs de la taule qui reviennent au galop. Les heures d’insomnie pour guider les chimères. Les même cauchemars. Les même sursauts. Sueur frappant l’échine pour condamner. Le souffle court. La respiration déferlante.
La gorge nouée. Les rêves à l’échappée.
La réalité pour purifier les couches du palpitant. Celui qui ne battait plus qu’à moitié. Celui qui n’était que le reflet instable du monstre. La tête apparaissant dans le miroir pour capturer les traits tirés, les traits fatigués. Encre noire sur des feuilles blanches pour se raccrocher, pour espérer. Encore noire pour le tirer de la misère. Encore noire pour greffer des sentiments indescriptibles. Ceux que Kit arrive pas à assumer. Ceux que Kit arrive pas à souffler là tout près de sa peau d’ivoire, de ses lèvres cerises. Les effluves sucrées du parfum pour achever chaque sens. Les pores catalogués de chaque émotion crée.
L’envie de bien faire. L’envie de voir autre chose dans ses yeux que le dégoût. Corps en vrac, ravagé par les flammes. Coeur en vrac, ravagé par lui. Pauvre naïve qui pense avoir tiré la bonne étoile. Le couperet qu’il pourrait faire tomber sur ses épaules. Le couperet qui pourrait venir trancher l’échine.
Pensées qui suffisent à entacher l’espoir. La mine lascive, comme les pas. Le regard qui n’ose pas regarder l’homme en face. — J’ai pas de CV. Parce que y a rien à dire. Pas de boulot. Pas d’expérience. Case taule où les flammes de l’enfer se dessinent.
Un bon à rien. Un pyromane. Un monstre.
— J’ai pas grand chose à offrir non plus. Il hausse les épaules, Kit. Pas la peine de mentir. Pas la peine de fleurir le décor de futilités inexistantes. Les mains coincées, les phalanges qui craquent et la distance qui se coupe. — J’cherche un boulot. C’est vraiment important pour moi.
Pour moi, pour elle, pour nous. Pour les lendemains que j’espère heureux. Pour les lendemains que je tente de vivre loin des flammes. Loin du vice qui m’fait bander à défaut de m’effrayer.
Et les regards qui se croisent, enfin.