Les Morellos avaient aujourd'hui décidé de passer une journée en famille aux abords de la plage. Ingrid avait toujours aimé ce temps de l'année, un peu plus frais, un peu plus tranquille et moins touristique. Elle aimait sentir l'air frais sur son visage qui faisait voler ses longs cheveux blonds au vent. Elle savait aussi que sa fille avait supposément vu une sirène et qu'elle voulait désespérément la montrer sur le rocher au loin, à ses parents. La blonde avait flanché, mais s'était assurée que sa fille soit bien habillée pour la température et ils s'étaient mis en route et la plage et ses alentours. Si cela pouvait lui faire plaisir, ils n'allaient pas lui gâcher cette petite joie en lui disant notamment que la petite sirène n'existait pas, surtout pas après l'avoir rencontré à Disneyworld. Ingrid laissa sa fille et Nathan prendre les devants alors qu'elle en profitait pour regarder un peu plus le paysage. Des journées comme celle-là, elle en aurait pris tous les jours. C'était son enfance, ses moments en famille avant qu'elle ne vole en éclat et qu'elle perde tout contact avec ses parents. À une époque, ses parents aussi avaient su la rendre heureuse. Aujourd'hui sa famille s'était eux. « Maman, tu ne regardes pas. » lui dit sa fille en tirant son manteau, la ramenant ainsi à la réalité. « Il faut aller plus loin, le rocher est trop loin. » ajouta sa fille, prenant déjà sur le caractère de sa mère. « On ne va pas plus loin aujourd'hui, il fait froid. Va regarder avec papa, il y a des jumelles. » lui dit Ingrid alors qu'elle désigna le point d'intérêt pour observer l'océan et Nathan lui fit signe de le rejoindre. La blonde hocha la tête et s'apprêtait à suivre avant que son attention ne soit attirée ailleurs. Un air familier, un visage qu'elle connaissait bien, trop bien. Un grand brun qui partageait ses souvenirs de plage et qui pourtant avait pris le large dans sa vie depuis bien des années maintenant. Elle dut prendre un moment pour s'assurer qu'il s'agissait bel et bien de lui avant de s'approcher, s'éloignant de sa fille et son amoureux. « Basil? » demanda la blonde prudemment. Lorsqu'elle le vit se retourner, sa théorie se confirma. Son cousin, une évidence. La blonde fut prise de cours à sa vue. Elle qui avait coupé les ponts avec toute sa famille depuis longtemps maintenant. Elle n'avait plus l'impression de vraiment être l'une des leurs. « Que fais-tu ici? Tout va bien? » Elle lui demanda, car ce ne serait pas elle qui recevrait les nouvelles si quelque chose devait arriver. Ça n'avait jamais été contre sa famille au complet, mais sa relation avec ses parents avait aussi sacrifié tout le reste. « Comment vas-tu? » lui demanda Ingrid avec un sourire gêné. Elle était malgré tout très heureuse de le revoir. Ils avaient été proches à une époque.

La mélancolie l’avait conduit droit sur la plage, l’endroit parfait pour panser des souvenirs trop vifs, trop douloureux, qu’il chassait tant bien que mal pour retrouver son habituel sourire et sa positivité. Il y avait des jours avec, et des jours sans. Basil était le premier à devoir supporter ses changements d’humeur, à son plus grand désarroi. Les mains dans les poches de sa veste, il avait fini par rejoindre le bord de la plage, s’asseyant un instant malgré le vent qui lui criait de rentrer se mettre au chaud se faire un thé. Non, il avait besoin d’un instant seul, d’un instant pour oublier, tout oublier. Passant une de ses mains dans ses cheveux, il continua de regarder l’horizon, un air absent. Quelques minutes plus tard, une voix le sortie de ses pensées, et il se tourna immédiatement pour en découvrir la provenance. Une jolie blonde, qu’il n’avait pas vu depuis bien trop longtemps. Un sourire s’afficha sur ses lèvres. — Ingrid, ça alors. — Ça faisait longtemps, trop longtemps qu’il n’avait pas prit de nouvelle. Un peu honteux, mais heureux de la voir, il se leva pour la prendre un instant dans ses bras, lui offrant un nouveau sourire. — Oui, oui. Tout va bien, ne t’en fais pas. J’étais juste venu profiter de la plage. — Loin de lui l’envie qu’elle ne pense qu’il était là pour un quelconque drame familial. Aux dernières nouvelles, tout le monde allait bien. Et si le Meads n’avait pas réellement rendu visite à tout ce petit monde depuis bien des années, sa mère s’assurait toujours qu’il soit au courant de toutes les dernières nouvelles, tous les derniers potins. S'il semblait ailleurs, c'était pour une toute autre raison, qu'il savait taire à coup de sourires à chaque fois que quelqu'un lui posait des questions. Il avait beau le savoir, accepter d'en parler à voix haute était une toute autre histoire. Le monde n'avait pas besoin de savoir comment il se sentait, à l'instant présent. — Comment tu vas, toi ? — demanda-t-il à son tour, son regard se posant sur la direction dont elle venait. Il ne tarda à pas à remarquer la petite blonde qui gambadait un peu plus loin. Le regard du garçon se porta à nouveau sur la jeune femme devant lui. — C’est pas… c’est ta fille ? Elle est déjà si grande ?