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Seth Abberline

Seth Abberline


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MessageSujet: leave out all the rest (sord)   leave out all the rest (sord) EmptySam 19 Jan 2019 - 21:51

Le regard qui tombe sur les étoffes. Boule de vêtements froissés, abandonnée dans un coin de la pièce. Incapable de se résoudre à les jeter. Laissés là, comme une preuve que ce qui s'est passé est réel. Obsession qui tourne en boucle dans la caboche blonde, comme un disque rayé qui saute, encore et encore. Souvenirs macabres qui s'alignent sur ses rétines, au creux de la nuit. Des cauchemars qui s'accumulent, heure après heure. Le sommeil commence à manquer et les cernes, conquérantes, s'impriment sous ses yeux clairs. Il ne les compte plus, ces temps de répit, hachés par d’innombrables réveils en sursaut à la mélodie des détonations. Images plus terribles les unes que les autres. C'est revivre cette soirée, mais chaque fois est pire que la précédente. Voir son corps s'effondrer et les balles malmener la chair. Le sang qui forme une flaque, dans laquelle ils pourraient bien finir par se noyer. Il ne voit plus que ça, Seth, dans les nuits terribles. Une seule et même scène, qu'il est condamné à rejouer un millier de fois au moins. Les armes et les cris. Son regard vide et son corps sans vie. Les supplications et les mots acides, crachés par la silhouette fantomatique. Why did you leave me here to die, Seth ? Reproches qu'il voit dégouliner de ses lèvres cyanosées. You're so pathetic. Syllabes qui l'assassinent, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le supporter, jusqu'à ce qu'il se réveille, seul, dans le froid. La carcasse tremblante et les sanglots pour nouer sa gorge.
[…]
Un chemin fait dans tous les sens. Itinéraire qui diffère pour les semer, eux, les corbeaux. Les flashs crépitant dans son dos et les vipères qui s'interrogent. Il a perdu patience, Seth. Il a haussé le ton. Gueulé dans la nuit pour les faire fuir. Just leave me alone, please. Cette sensation d'être un animal jeté sur la piste de cirque. Bête de foire dont on vient contempler les larmes, qu'on éponge avec quelques articles ridicules dans la presse. Son comportement, on l'attribue à ce qu'il vient de vivre. Mais ils ne pensent pas à tous les autres ; aux anonymes, aux sincères, dont le palpitant a véritablement saigné, cette nuit là. À tous ceux qui assument les ressentis, et étalent les mille nuances pourpres de la passion aux yeux du monde. À tous ceux qui s'embrassent et s'étreignent, assument jusqu'à s'éteindre. Pas comme lui.
Silhouette discrète qui se faufile dans les couloirs. Qui espère retrouver un peu de lui, et pas simplement ce corps étendu entre les draps aseptisés. Carcasse charcutée, survivant au rythme de machines effrayantes. Il presse le pas et bouscule la porte de la chambre. S'avance sans même le regarder, pour rejoindre ce fauteuil où il a déjà tenté de trouver le repos de trop nombreuses heures. Jour comme nuit. Négociations interminables avec le personnel soignant. Peur qu'il se passe quelque chose, peur de ne pas arriver assez vite, si le pire devait se produire.
Il lève les yeux finalement, Abberline. Prunelles d'azur qui cherchent les siennes, qui espèrent, et pensent même rêver un instant. Mirage de plus en plus réaliste. Il prend un pas en avant, puis un autre. « You're awake. » You're alive. A l'intérieur c'est l'anarchie, à nouveau. Cœur qui se renverse, tripes qui se serrent. L'indifférence pour essuyer les larmes qui bordent ses paupières. Larmes d'épuisement. Il a trop attendu. Trop espéré. Il est mort, un peu plus à chaque seconde qui s'est écoulée – chaque seconde pour l'éloigner de lui. « I hate you. I fucking hate you. » Mots qui claquent sous son palais, alors que ses mains tremblent. Les souvenirs se bousculent. Pixels retrouvés bien trop tard, une fois à l'hôpital, dans son costume tâché d'hémoglobine. Where are you. Quelques mots avant la fin. Quelques mots pour dire au revoir.
Il s'approche enfin, Seth. Menace de s'effondrer là, de faillir devant ses yeux – une fois de plus. Alors il s'avance, les mains enfoncées dans les poches, la silhouette vacillante. « Glad to see that you're ok. » Palabres qu'il noie dans une indifférence feinte. Un jeu d'acteur qui ne tient plus la route, quand un sanglot s'immisce entre les syllabes. Ses prunelles plongent sur son teint trop pâle et ses orbites creusées. Il pourrait lui sortir une énième connerie – une dernière méchanceté, avant de faire demi tour. Mais tout ça, ça n'a plus d'importance. C'est fade et presque douloureux. C'est tout ce qu'il a regretté ce soir là, sur le sol de la salle de réception, quand il l'a vu crever entre ses bras. Alors il se penche, Seth. Il se penche et il l'embrasse. Prend tout ce qu'il aurait pu perdre, même quand il n'en a pas le droit.
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MessageSujet: Re: leave out all the rest (sord)   leave out all the rest (sord) EmptySam 19 Jan 2019 - 23:23

Des souvenirs absents. Images disparates d’une soirée au milieu des Enfers. Réminiscences effacées du crâne par une raison qui veut s’en remettre. Oublie nécessaire pour avancer.
La carcasse plongée dans un sommeil de plomb, sédatifs dansants dans les veines. Respiration contrôlée par les machines. Un arsenal de câbles pour maintenir en vie. Soixante-douze heures dans les limbes. Trois jours à survivre. Juste une poitrine bonne qu’à se soulever dans une dernière preuve de vie. Qu’il y a bien quelqu’un sous cet amas de chair. Que t’es toujours là, Ford. Combat muet, à puiser dans les dernières ressources.
Jusqu’à un réveil la veille, dans une douleur brûlante. Poumons peinant à ses remplir. Gorge rendue rêche. Muscles fatigués des efforts moindres. Et les lésions lancinantes au creux de l’abdomen. Trace du passage de la balle. Du métal qui s’est voulu assassin. L’écho de l’arme comme dernier souvenir. Carence complète concernant la suite. Tu ne te souviens plus de rien, Ford. Pas de la façon dont ton corps s’est retrouvé contre celui de Maxine, au sol. Pas de la voix paniquée de Seth, au-dessus d’une carcasse ensanglantée. Rien. Absolument rien. Abstraction parfaite. Quelques détails donnés par le service hospitalier, rien de plus. You got shot, and lost consciousness. We decided to sedate you when the paramedics brought you in. It’s been three days. Et une myriade de questions, quelques heures après. Savoir comment tu te sens. Est-ce que tu te souviens de quelque chose. Si tu as besoin de quoi que ce soit. Des bribes, des hochements de tête en guise de réponse. Le crâne trop éclaté pour vraiment réussir à réfléchir. Une nuit sous le signe de cauchemars vagues. Des détonations. Des cris. Le goût métallique devenu empire sur la langue. Assez pour foutre en l’air un sommeil déjà brouillon.
Tentative vaine d’essayer de trouver le repos au milieu de l’après-midi, alors que les passages se succèdent dans le couloir. Des pas pour sortir de la torpeur, d’un état semi-éveillé. Tes paupières qui bataillent pour retrouver la vue sous la lumière blanche de la chambre aseptisée. Une silhouette qui n’est pas vêtue des uniformes se déroulant devant tes yeux depuis la veille. Familière, même. La voix pour achever le doute. Seth. Battement manqué dans la cage thoracique, quand son visage se dessine entre les ombres. Un regard à la place des mots qui peinent à sortir. Putain, t’es vraiment là ? Et ce même poison qui résonne entre ses lippes. Habitude lassante qui cette fois fait gonfler ta poitrine. Parce que rien n’a changé. Rien n’a disparu. T’es pas mort, Ford. Normalité comme un baume au cœur. Un simple sourire au coin des lèvres. Fatigue éclatante sur tes traits. Chaque mouvement qui tiraille les muscles. Provoque une douleur dans la chair.
Le souffle vacillant coupé quand il s’approche. Qu’il conquiert sans préavis. Débandade au fond du crâne. Guerre au milieu de la poitrine. Surprise marquée jusqu’au bord des lèvres. Contact à sens unique. Mouvement de recul de ta part, l’instant d’après. Une main tremblante sur son torse pour s’éloigner. À contrecœur. Grimace installée sur le visage. « It hurts. » La gueule déformée par la douleur. Les doigts repoussant toujours plus sa silhouette. Beau diable écarté du paysage pour mieux réussir à respirer. Puis le sourire, qui revient. « Kidding. I just don’t want you to smell my terrible breath. » Des mots lâchés dans un sourire. L’acte stoppé. Pas aussi bon acteur que l’autre en face de toi, de toute manière.
Les phalanges glissantes le long de son t-shirt. Elles dévalent contre le tissu alors que le bras retombe sur le matelas, à côté de la carcasse fatiguée. Les moindres gestes devenant tortures. Une épave au milieu du lit. Tes prunelles à la recherche de l’azur. « You’re ok too. » Peur ravalée. Oubliée, comme tout le reste, maintenant qu’il est devant toi. Des questions que tu n’as pas osé poser aux inconnus visitant la pièce. Sa survie certaine, mais son état inconnu. Douce accalmie qui s’impose finalement dans ton crâne. He’s ok. You’re ok. Everything’s ok.
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