but first, coffee (ismaël)

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Un de mes deux seuls employés m'avait téléphoné ce matin pour m'informer de son absence. Selon lui, il serait gravement malade. J'avais simplement offert ma compassion en ajoutant rien de plus. Le café était ouvert depuis seulement quelques jours et ne j'avais pas du tout envie de commencer à jouer les mauvais sergents avec les gens que j'employais. Par chance, l'achalandage du matin venait tout juste de s'estomper, ce qui me permettait de faire un peu de ménage, nettoyer les tables et souffler un peu. Depuis mon arrivée ici, je n'avais pas arrêté une seule seconde, laissant mes pensées négatives de côté un peu. Le psychologue que je voyais aux États-Unis m'avait conseillé de quitter le pays et de me lancer dans une nouvelle aventure. Je n'avais pu faire autrement qu'éclater de rire nerveux lorsqu'il m'avait lancé cette idée. Selon moi, il s'agissait d'une solution stupide à mes problèmes. Ce n'est pas en quittant mon pays natal que j'allais réussir à oublier le suicide de mon frère. Quelle drôle de façon de pensée. Cependant, maintenant que je me trouvais dans l'action, je commençais à penser qu'il ne m'avait pas proposé cette idée pour rien. Bien évidemment, je pensais encore souvent à mon frère, mais beaucoup moins qu'il y a quelques semaines déjà. Alors que mes clients restants sirotaient leur café paisiblement assis à une table, qu'il n'y avait plus d'attente au comptoir et que je débarrassais quelques tables. J'entendis la porte ouvrir, faisant entrer un nouveau client. Je termina de ramasser les choses sur la table et me dirigea vers le comptoir. Cependant, en me retournant, je fis un face à face avec le client en question. Heureusement pour moi, je ne tenais rien qui pouvait salir l'homme. « Oh mon dieu pardon! » m'exclamais-je. « J'espère que je ne vous ai pas fait mal ! » Ajoutais-je en me dirigeant vers l'arrière du comptoir. L'homme qui se tenait devant ne pouvait m'empêcher de décrocher un sourire. Non seulement je le trouvais charmant, mais il dégageait aussi une sorte de sentiment de sécurité, en plein ce dont que j'avais besoin maintenant. « Pour ce petit incident, c'est sûr que je vous offre un café gratuit ! » dis-je nerveusement.

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Ismaël & Leïna

La veste en cuir glisse sur mes bras, s'enfilant parfaitement sur mes larges épaules. Je la place de façon symétrique, attrapant ensuite mes clés déposées sur le bureau. Je sors en verrouillant bien la porte et je me retourne vers la charmante femme aux cheveux aussi blonds que le blé en lui souriant. ''- Passez une bonne soirée, Anna'' lançais-je en me dirigeant vers la sortie. Ma secrétaire me regarde en me rendant mon sourire, me répondant de passer également une belle soirée. Entre moi et elle, ce n'est que purement professionnel. Il n'y a absolument rien d'autre qui traîne entre nous. C'est clair et précis. De toute façon, la bague scintillante à son doigt signifie bien que quelqu'un partage sa vie. Je sais qu'elle s'est fiancée à l'homme de sa vie, celui avec lequel elle se voit finir le restant de ses jours. Je suis heureux pour elle, parce qu'elle est une jeune femme incroyable et qu'elle mérite tout le bonheur du monde, mais je lui espère également la paix, qu'elle ne subisse pas le même sort que moi. C'est d'un léger pincement au coeur en me rappelant Émérence que je pénètre dans l'ascenceur qui m'amène bien des étages plus bas où je finis enfin par quitter le grand édifice où je travail et que je possède.

J'allais me diriger vers ma voiture lorsque je me suis rappelé qu'un nouveau café avait ouvert non loin de mon lieu de travail. Une pensée me traverse. Un petit café me ferait sûrement du bien après cette grosse journée. Je m'y dirige donc à pieds en venant mettre mes clés dans l'une de mes poches. En moins de cinq minutes de marche soutenue, les portes du café se trouvent devant moi et j'ouvre calmement la porte pour y pénétrer. Immédiatement, les effluves du café viennent caresser mes sens et j'affiche un petit sourire en coin. Je ne suis pas un grand accro du café qui viendra en boire six par jour, mais j'aime bien en boire un ou deux par jour. Alors que je fis un pas pour me rendre vers le comptoir pour commander, la jeune femme que je n'avais pas tout de suite apperçue se retourna si vite que ni moi ni elle n'eut le temps de reculer ou de stopper ses mouvements. Immédiatement, je pose une main dans son dos pour vérifier qu'elle ne tombe pas suite à cet accrochage. Lorsque je perçois qu'elle est stable, j'abaisse doucement ma main en plongeant mon regard vert dans le sien. Immédiatement, elle se confond en excuses. Je la regarde se diriger vers l'arrière du comptoir et je m'avance de quelques pas, lui offrant doucement un sourire. ''- Il m'en faudrait bien plus pour me blesser, ne vous en faites pas.'' Je ne suis pas fait de verre. Lorsqu'elle me propose un café gratuit, je ne suis pas dupe pour ne pas sentir la nervosité dans sa voix. ''- Je ne suis pas là pour vous demander la charité, mademoiselle, et donc encore moins pour accepter un café gratuit lorsque rien n'est vraiment arrivé. Rien n'est cassé. Aucun mal. Qu'un peu de peur, puisque j'avais surtout la crainte que vous tombiez vers l'arrière lorsque vous m'avez percuté'' dis-je doucement afin d'essayer de la rassurer. ''- Je voudrais bien un café, mais je vais le payer si vous le permettez.'' Je sors calmement un billet de vingt et je lui tends le billet. ''- Gardez la monnaie.'' Je sais comment les serveuses ou nouveaux propriétaires peuvent avoir du mal à démarrer et rester la tête hors de l'eau.

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Avais-je eu l'air trop stressée ? Pouvait-il lire la nervosité qui accablait tout mon corps ? Je repris mon souffle tranquillement lorsqu'il sembla me rassurer en me disant qu'il ne cherchait pas la charité. Bien entendu, mon intention n'était pas de le rendre mal à l'aise ou de simplement gagner un client de plus, mais je m'étais sentie un peu maladroite et je ne savais pas exactement comment gérer ce genre de situation. Depuis quelques semaines, je reprenais lentement le contact humain. Les jours suivant le décès de Jacob, mon frère jumeau, j'avais cesser tout contact avec le monde. J'étais devenue une sorte de carapace solide qui ne s'ouvrait plus du tout, même pas au contact du soleil. Je me sentais avec une impression de ré-apprendre à nouveau. Comme un être humain qui se remettrait d'une terrible maladie et qu'il faudrait ré-apprendre les choses de bases de la vie. Ne pensez pas que mes intentions sont de m'attirer un nouveau client ! Ajoutais-je spontanément en rigolant. Je m'approchais alors du comptoir ou je récupéra l'argent qu'il me donna et le mis dans le tiroir caisse. Puis, je me retourna pour prendre une tasse. Comment je vous le sert ? Questionnais-je en me dirigeant vers la machine à café. L'heure de pointe se terminait de minute en minute et le café se vida un peu. En temps normal, j'aurais subi un léger stress à voir mon commerce vide comme cela mais après toute l'agitation de ce matin et mon manque flagrant de personnel en ce début de matinée, j'avais plutôt un soupire de soulagement qui s'échappa d'entre mes lèvres. Suite à la demande de mon interlocuteur, je prépara un café selon ses désirs. Je déposa la tasse fièrement sur le comptoir devant lui. Vous ne m'avez pas préciser si c'était pour emporter et vous ne me semblez pas pressé .. Enfin je l'espère ! Je laissa échapper un petit rire à la fois nerveux et joueur à la fois. J'étais particulièrement le genre de personne à plaisanter légèrement lorsque j'en avais l'occasion et je n'hésitais jamais à mettre un petit brin d'humour lorsque j'en avais la chance. Je me retourna, dos à mon nouveau client. Posant ma main sur le comptoir comme appui, j'étira tout le reste de mon corps afin d'atteindre une tasse sur le haut d'une étagère. Un peu vieille et démodée, il s'agissait de ma tasse porte-bonheur. Quelques images de chats ornaient le tour de celle-ci, mais j'en étais fière. Je me versa à mon tour un café et m'installa en face du jeune homme. Je m'appelle Leïna, au fait !

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