good beginnings
- âge et lieu de naissance: Les années s'empilent dans une tour précaire qui chancelle au gré des ouragans de son ennui. Vingt-cinq au compteur et, parfois, juste parfois, il se laisse enivrer par l'appel suave de l'idéal mythologique. Deux de plus et puis, si on est tous condamnés à se faire bouffer par l'abysse, s'y jeter sous ses propres foutues conditions. Le bang cataclysmique pour écrire sa propre légende. - origines et nationalité: Surtout ne pas se laisser méprendre par l'accent tempéré, Rye n'est pas british et encore moins (god fucking forbid) anglais. As dour as a scottish sky et le cynisme ravageur pour passionnément habiter son cliché, il a beau avoir quitté l'Ecosse trop tôt pour qu'elle puisse fondre sous sa langue, la terre mère n'est reste pas moins dans son cœur. Et le whisky qu'elle distille aussi. - statut familial: Flanqué d'une flopée de frères et sœurs tous et toutes beaucoup plus talentueux que lui, Rye occupe la place ingrate de l'enfant du milieu en revêtant goguenardise et insensibilité à tour de rôle, respectivement délectation de l'ironie de la chose et révérence face à la toute-puissance de la fatalité. La position est toutefois stratégique; si Rye est un fils distant au mieux, ça lui laisse tout l'espace pour être un frère à la fois loyal et tolérant à la place, aussi proche d'une extrémité du spectre que de l'autre. Aux parents, il ne peut pas se permettre d'en vouloir, même si ça aurait été plus simple. Ils ont fait comme ils ont pu et, ça, il a la décence de le reconnaître. Pas que ça change grand chose aux silences arides. La fidélité qu'il leur voue est, elle, toute relative. - statut civil: Regard liquoreux et cruauté pétillante qui ourle la commissure de ses lèvres, Rye se prophétise aussi proche du panneau d'avertissement qu'humainement possible. Son archétype, il le cultive avec minutie et, s'il devait être parfaitement honnête, il se planque souvent derrière. Le laisse parler à sa place. C'est seulement de loin que son insolence peut être confondue avec de l'arrogance, il suffit de regarder d'un peu plus près pour remarquer que sous la bravade pétaradante, il est profondément résigné. Rye, il connait sa place et sait s'y tenir. Tout le plaisir est pour lui. La prévisibilité portée à même la gorge comme si ça excusait tout, canines déployées, tout ce qu'il a toujours aimé, c'est le conflit. Ça se finit toujours vite et ça se finit toujours mal. - occupation: Il passe sporadiquement d'un petit boulot minable au prochain petit boulot minable. Actuellement, la formule se décline par un poste indéfini au sein d'une petite station-service à la sortie de la ville. Pas grand chose et par définition juste ce qu'il faut. Sa vie schématise par assaut tout en réciprocité : au Temps, il rend chaque hématome, coup pour coup, il l'use autant qu'Il l'use lui. Quand on accuse un manque d'ambition criant, ça le de fait doucement rire, parce qu'il a au moins l'humilité d'accepter qu'il n'emportera rien dans la tombe, pas même sa dignité. Rye vivote, et ne voit aucun mal à ça. Le lifestyle est frugal chic, sobriété monastique avec la discipline en moins, Rye s'est mis au minimalisme bien avant qu'instagram le rende tendance. - cinq choses favorites: Le whisky, sa Yamaha, l'adrénaline, les chiens, le whisky. - saison préférée: Si on pouvait glisser les doigts sous l'épiderme, fouiller derrière les muscles et entre les ligaments, étudier la matière de ses os au microscope, il est pratiquement certain qu'on viendrait à réaliser qu'à son essence même; il est fait de longs après-midis d'été interminables, coulés de léthargie capiteuse, qui se répètent à l'infini sous un soleil tyrannique, et de nuits gazoline, électriques et combustibles, celles qui crépitent dans la bouche et filent toujours trop vite. - traits de caractères: nihiliste, fier, vif, téméraire, cynique, fiable à défaut d'être responsable, excessif, bougon, acerbe, intuitif, entier, espiègle, impatient, insolent, loquace, audacieux, stoïque, fêtard, résolument buté, indiscipliné, impulsif, loyal, belliqueux, mutin, plus émotif qu'il est prêt à l'admettre, apathique. - groupe: celosia. - avatar: tom webb.

all along it was your story
[god is dead] Chez les Russet, le consensus autour de Rye veut que ça aurait pu être pire. L'insubordination se manifeste très tôt : il est un enfant avec de l'attitude et un mépris ostensible pour l'autorité ainsi que le truc pour s'attirer des ennuis. Tongue in cheek, on prédit un passage derrière les barreaux et une addiction à une drogue dure avant ses vingt ans, stricte minimum. A vingt-cinq, le casier reste immaculé et ses déboires avec la justice se résument à quelques nuits passées au cachot. S'il tend vers l'escapisme par anesthésie, sa politique de prédilection reste parfaitement légale et franchement loin d'être inédite dans la famille. Beaucoup trop flegmatique pour être susceptible, Rye ricane. La réalisation qu'il ne sera probablement jamais réellement compris par les siens, il s'est déjà cassé les dents dessus une bonne décennie plus tôt. Tous, ils sous-estiment la virulence de son nihilisme et à quel point la notion est fondamentalement optimiste à ses yeux. No fucks left to give, l'étendard dédaigneux affiché à même les traits durs du visage, il traîne sa carcasse à travers Brighton avec un culot impérial à mi-chemin entre le monarque absolu et le condamné à mort comme si chaque jour était le dernier. Cérémonieux dans son impulsivité, il relativise avec la dévotion du fidèle. L'univers est si vaste qu'il dépasse l'entendement humain. Le temps est un foutu concept. Toute l'Histoire peut être contenue en l'espace d'un clin d’œil à l'échelle maximaliste. Le processus de putréfaction s'enclenche dès l'éclosion des poumons. Autrement dit, dans Le Grand Ordre Des Choses, tes erreurs ne valent rien. Les étoiles sont mourantes elles aussi, fais ce que tu veux. On croit à tort qu'il est en guerre avec le monde. Rye est en colère, oui, mais sa colère est une entité à elle toute seule. Plus semblable à une supernova qu'à une émotion, elle rejette toute régulation et ne se laisse pas si facilement justifier. Au contraire, Rye accepte le monde dans tout son non-sens et toutes ses nuances de gris. La moralité est une question de perception. Architecte de sa propre catastrophe, son existence n'a pour signification que celle qu'il consent à lui concéder. You'll be fertilizer regardless, might as well have interesting stories for the dirt. Il laisse le futur à Demain et se confond dans un maintenant qui s'étire à l'infini parce qu'il sait que c'est la seule éternité à laquelle il aura jamais droit. Il a beau être poussière au vent, il sait aussi que ses atomes sont sculptés dans les mêmes éléments que ceux des trois noirs. Et il entend bien ronger la vie avec la même voracité.

[beware of the dog: he's very sarcastic] Sous le détachement chronique et la férocité de son indépendance, Rye ne se fait aucune illusion sur sa disposition. Si l'impératif le fait grogner, ça en dévoile davantage sur l'éducation que sur la nature profonde; il sait bien qu'au fond il est exactement comme les clebs dont il admire tant la loyauté. On crie et, deux secondes plus tard, il rapplique. Les grommellements ne sont que testament au persona, il aime se savoir sollicité, il aime se savoir utile. Parce que c'est précisément tout ce qu'il n'est jamais parvenu à se donner tout seul : un usage, une finalité concrète. On le connaît comme chien de garde, les poings abrasifs et les mots encore plus, attaque d'abord et réfléchis plus tard, zèle et force brute. Au delà, Rye, c'est aussi le roc de tout le monde. Ses défauts sont si tonitruants qu'ils noient souvent le bourdonnement plus timide de tout le bon qui somnole sous les écailles, mais ce qu'on ne peut pas lui enlever, c'est que c'est un putain de bon ami. A défaut de faire preuve de véritable sang-froid, il est capable d'ironiser la plus dramatique des situations. Il s'identifie rarement mais comprend presque toujours, même, surtout, quand c'est moche. Et par dessus tout, il n'a besoin d'aucune autre raison de se salir les mains que parce qu'on lui a demandé. Les épaules larges, métaphorique et littéral, elles ont été ciselées déterminément dans le but de rendre la prise facile. Rye, c'est le partenaire de vendetta que t'as toujours voulu. Il attrape ta haine comme si elle était contagieuse, se délecte de la saveur métallique de ta rancune parce que, incapable de la synthétiser par lui-même, c'est le seul moyen pour lui d'y goûter. Entre ses mains, elle devient force salvatrice, prend des proportions bibliques, avenged sevenfold. Quand nécessaire, Rye se fait successivement pontife, fossoyeur et crypte. Tes pires péchés déferlent comme une pluie de phalanges mais ça fait rien parce qu'il a la peau dure et c'est comme ça que s'opère le transfert de conscience. Dans un haussement d'épaules, t'es acquitté. Tu repars plus léger et lui il a déjà écrasé tes confessions sous sa semelle avec le mégot de sa cigarette. Elles ne verront plus jamais la couleur du jour, parce qu'il est capable d'endosser n'importe quoi. Mais là où Rye brille vraiment, c'est à la lumière de la catharsis. Rye, c'est un hurlement euphorique contre le goudron de la nuit, le concentré de toutes tes pires gueules de bois et l'hédonisme pris à la lettre. Rye, c'est l'instinctif à l'état pur. Sur commande, son insouciance vire épidémique. Il t'encourage à sauter mais est toujours certain qu'il pourra te rattraper avant le sol. Instigateur de toutes les mauvaises idées et catalyseur de toutes les crises de fou rire, il t'apprend la collision frontale avec le présent pour en oublier le passé et le futur. Et en bon clebs, Rye ne demande jamais rien en retour, même pas la réciprocité. Parce qu'il a appris à ne pas mordre la main qui le nourrit, il peut beugler autarcie à s'en rafler le gosier, chaque fois que tu l'appelles, il autant besoin de toi que toi de lui.

[daddy issues] La comparaison est aussi indéniable qu'elle lui est insupportable, expressément parce que même lui reste incapable de la réfuter. Tel père, tel fils; Rye est le reflet miroitant du paternel, une brèche dans le continuum espace-temps, le plus Russet de tous les Russet. La taille et la carrure, le regard bleuté et l'angle impitoyable de la mâchoire, le cynisme et le tour de phrase assassin, jusqu'aux bloody drinking habits. La tyrannie sur son code génétique est exhaustive et épuisante. Tous les jours, il se regarde et voit le portrait craché de son père le toiser dans la glace et, à défaut d'en vouloir à l'original, il se rabat sur la copie. Épuisant. La version manichéenne de l'histoire a toujours été invitante. Le blâmer pour tout. En faire l'antagoniste suprême pour lui avoir soustrait pas juste son affection mais aussi toute sa considération dès qu'il a refusé de se plier à ses règles. L'incriminer pour tous les vides qu'il a laissé dans son sillon parce que qui est-il pour le museler par la force de son silence cruel ? Mais ça serait renier à quel point Rye lui-même est bon à ce petit jeu-là et il a toujours mis un point d'honneur à rendre à César ce qui lui appartient. I'll ignore you so hard you will start to doubt your own existence. La vérité, c'est qu'il savait exactement dans quoi il s'engageait en flinguant prématurément sa carrière académique. A seize ans, Rye a volontairement quitté les bancs de l'école en sachant qu'il s’attirerait les foudres de ses parents, son père en particulier. Après tous les sacrifices qu'on a fait pour vous. Au lieu de faire des concessions ailleurs, il a pris l'adage beaucoup trop littéralement. Mon toit, mon excuse pathétique pour imposer mon règne despotique. La porte d'entrée (ou de sortie) du cottage familial en tremble encore dans ses charnières. Dans les liste des traits qu'il partagent, il y a l'acharnement à avoir raison même quand il devient évident qu'ils ont tort. La fierté comme du shrapnel, des lames de rasoir : impossible à ravaler. Pendant des années, leurs mutismes se sont rencontrés dans une série de d'explosions foudroyantes, front contre front, tempes battantes. Et puis, le temps a fait le reste. L'eau a coulé et a emporté la rancœur avec elle, ne laissant derrière elle qu'un paysage dévasté. Entre eux, plus rien ne pousse, pas même l'amertume. La relation usée jusqu'à l'os. Quelques hochements de tête cordiaux et des yeux qui ont appris à s'éviter. Et peut-être que si Rye abhorre tant sa ressemblance à son père, c'est parce qu'il lit son destin dans la tiédeur de ses journées languissantes, son regard vitreux et sa cirrhose du foie. Qu'il sait exactement où il va. Que ça lui fait peur, mais pas assez pour arrêter.
Pas sûr que ça l'excuse, mais ça explique en partie pourquoi quand il trouve l'estime paternelle ailleurs, il s'y accroche de toutes ses forces. Si Rye est excessif dans son hostilité, il l'est encore plus dans son idolâtrie.

[dreamscape] Il blasphème le nom de la reine sept fois par jour, pour la chance. Les références calomnieuses aux "southern fannies", elles, sont larguées généreusement à longueur de journée. Trop de sable, trop de flotte, trop de foutues mouettes. Rye, sa lassitude elle est passive-agressive autant qu'elle est permanente, une odieuse petite créature serpentine. Il se plaint tout le temps. De tout, de rien et surtout de Brighton. Mais pour tout son persiflage, il est toujours là. Par choix, pas par obligation; parce que s'il s'était écouté, il serait parti quinze fois pour revenir au terme de chacune d'entre elles. Rye, s'il est une chose, c'est est aussi constant que la marée qui lèche la côte, toute en rythmique décousue. Pour toute son impulsivité décapante, il reste terriblement casanier et beaucoup trop fidèle pour son propre bien. Prisonnier de ses habitudes, il peut parler d'un ailleurs plus beau et plus grand, il vit dans un mouchoir de poche et il en est conscient. Il fréquente les mêmes endroits et les mêmes personnes qu'il soumet aux mêmes comportements, Rye est parfaitement transparent dans sa prévisibilité. Et quand il dit que ça lui convient très bien, il sait que pour une fois c'est l'humilité qui parle et pas l'apathie. La fouge, il la trouve dans les petits moments et, profondément, c'est tout ce à quoi il aspire : l'ordinaire extraordinaire. Le sang qui galope, le pouls qui voltige. Sentir le vent siffler entre ses côtes, rire jusqu'à l'épuisement. L'extase au fond d'une bouteille de whisky, la pointe de sel sur le bout de sa langue. Aucun doute, Rye n'ira nulle part.

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