@cursedships.(lullaby) les pensées qui vrillent. le silence qui gagne. errance bancale de sa carcasse dans cette baraque aux allures de glace. le coeur martyrisé par le fantôme de rafferty. la distance de leo pour enfoncer le poignard sous les épaisseurs de chaire. clan qui s'ébranle. clan qui se disloque. comme les parcelles de son âme. ravage causé par ce visage imprimé dans son crâne. chaque nuit depuis
le pire. images crépitantes comme le feu à peine éteint. rage à la gorge qu'il exécute à la tombée du voile lunaire. les crochets qui s'enchaînent. l'abdomen défoncé par des genoux maléfiques. cage thoracique où les coups pleuvent, coupent la respiration. lumière blanche qu'il capterait de yeux brillants, quand le sang coule. derrière salutation à ce monde malpropre. hémorragie sur les reins qu'aucun toucher ne sauve.
abandon fatale. comme le goût imprimé de
ses lèvres.
essence frivole là où la décadence n'est plus que blasphème. la peau où il se perd dans des chimères
trop solaires. une empreinte au myocarde tel ce firmament qu'il lui octroie.
(...)
— what's wrong with you ronan ? talk to me. say something. Les mains de la reine qui glissent sur le visage marqué, sanglant. une compresse pour panser la blessure à cette lèvre éclatée par les coups. placidité du roi qui ne sait plus la regarder autrement qu'avec culpabilité. conscience ayant brûlé sous les assauts d'un bassin déchiré d'envie. il racle sa gorge. il mate le sol. il se perd. un soupire pour contrer le silence interrogatif. ava, il l'aime. il l'aime à l'envers. il l'aime mal. il l'aime en diagonale quand la verticale crame pour
un autre.
il serre les poings, ronan. se refuse à laisser la colère exploser. pas violent avec sa femme. trop épris de ce qu'ils ont été (et ne seront plus, malheureusement). trop respectueux de ce rôle d'épouse au milieu du sang qu'elle a accepté d'endurer. l'abandon d'une vie dorée pour la crasse et les drames. le ventre déchiré par le douleur rien que pour lui offrir un héritier. les fantômes d'un amour exacerbé toutes ces années. le fantôme d'un choix qu'il aurait refait sans réfléchir. le dernier souffle sur les lèvres ; une communion mortuaire quand il se voyait finir sa vie avec.
pensées qui ne sont plus que des brisures. comme celles qu'il sème de son ignorance. de sa froideur. de sa distance. corps à corps qui n'existe plus que dans des désirs étouffés entre les cuisses d'ava. le rêve inavoué d'un deuxième enfant qu'il vomit à chaque reflet dans le miroir.
— jesus christ, ava. stop acting like my mother. you're becoming bloody annoying. les mains qui serrent ses poignets trop fins. contact glacial et convulsif. sa peau qui rosie sous l'étreinte radicalisée par les doutes. il l'éloigne, il la force à reculer et à lâcher prise sur ce visage malmené par les combats de la nuit. il la repousse et elle manque de tomber sur le parquet. insistance de son souffle à lui quand il réalise l'erreur.
culpabilité croissante. culpabilité étouffante.
une main dans sa barbe. elle remonte contre l'arrière de son crâne.
ava, elle est belle même quand ses yeux se brouillent de larmes. ava, c'est une étoile qu'il arrive plus à faire briller. ava, il a vendu son âme au diable pour la posséder et lui offrir ce qu'elle voulait. ava, il va finir par la briser et la condamner à mort. sans sursis. sans retour en arrière possible.
— i’m acting like your fucking wife. a stupid wife, clearly. pour la première fois, elle hausse le ton. elle laisse sa révolte lui claquer à la tronche. et lui, il ne refuse pas la sentence. il accepte de la regarder chialer sa haine. il accepte de la regarder trembler et réclamer une proximité entre eux. il accepte d'être le pantin d'un
peut-être ce soir là ; qui ne sera plus qu'un
jamais maintenant.
il s'éloigne. il lui tourne le dos.
— well, maybe it's not enough anymore. l'aveu serpente hors de ses lippes. le ton froid. le ton lassé.
ava, elle tremble. elle se met à chialer. une main contre sa gorge comme si elle étouffait. une main sur le myocarde comme s'il explosait.
un mariage qui n'est que ruines là où les enfers naissent.
(...) et de cet épisode, ils ne parleront plus. pensée qu'il efface dès la fuite de la baraque. reine qui préfère éteindre le feu pour ne pas le perdre.
lui, son roi. son tout.