De nombreux applaudissements qui remplissent la pièce à la suite du baiser, tes mains qui suivent le mouvement à contrecœur. Assis dans le fond de la salle, avec la famille éloignée et les collègues de travail. Tu connais la mariée depuis quelques années, via la moto. Une gonzesse avec qui t'as fait plusieurs tours de circuit par le passé, quand les emplois du temps le voulaient bien. Une relation qui s'est effritée peu à peu, quand elle a commencé à fréquenter ce type à qui elle sourit à cet instant même devant l'autel. Un connard, sans la moindre exagération. Misogyne assumé, qui n'a pas voulu qu'elle continue d'aller rouler dans la boue parce que ce n'est pas un passe-temps pour une femme. Toutes ces conneries qui t'ont fait doucement rire au départ, jusqu'à ce que tu te rendes compte qu'il ne plaisantait pas.
Tu sais pas vraiment pourquoi t'es là aujourd'hui. Pourquoi elle t'a invité, pourquoi elle a insisté pour que tu viennes. Et surtout, pourquoi t'as cédé face à ses demandes. Y'a sûrement cette nostalgie, au fond de vos deux cœurs. Ces doux souvenirs qui semblent désormais si lointain. De défis à la con sur vos selles, de ces courses sur les terrains à l'écart de la ville. De cette amitié saine et sans la moindre ambiguïté. Quand tes iris se posent sur le visage du marié, tu te dis qu'il est forcément responsable de ce manque de nouvelles.
Tu t'évades au début du repas, t'échappes dans un couloir. Tes doigts fouillent dans les poches de ton costume, cherchent ces rares clopes qu'il t'arrive de fumer en ces jours de merde. La cigarette entre les lèvres, prêt à quitter ces murs pour trouver le calme de l'extérieur. Les mouvements stoppés par cette silhouette surgissant du passé, et cette voix emplie de hargne. « Wow, quelle politesse. », que tu lui réponds en rangeant la clope dans ta poche. Ça sera pour plus tard. « Ça fait quoi, huit ans ? Il serait peut-être temps de t'en remettre. » Le ricanement au bord des lippes. Tu croises les bras en t'appuyant sur le mur en face de lui. Le détaille pendant quelques secondes. Deux ans passés dans ses bras, deux années que t'as foutu en l'air du jour au lendemain. « J'connais la pauvre mariée. Qu'est-ce que tu fais là ? » Le ton insistant sur cette question que tu lui retournes.