C'est un jour parfait pour une escapade. Elle dispose quelques vêtements supplémentaires dans la valise, juste au cas où. Le temps est incertain, changeant. Mais peu importe la brume, la pluie : rien ne peut dissiper le sourire de la blonde. Tout est prêt : la valise, les snacks et la playlist. Il n'y a que le chat qui râle en regardant de travers la cage. Gizmo, le chat qui devient Gremlins quand il n'est pas nourri à temps. L'heure tourne ; la blonde ferme la valise. Elle quitte l'appartement et dévale les escaliers à vive allure. L'ascenseur est en panne : comme toujours. C'est bien la seule activité sportive qu'elle se permet.

Elle arrive à l'heure, peut-être trop. Elle jette un rapide coup d'oeil à sa montre et ralenti le pas. Noah n'est pas prêt de sortir pour le moment de classe. Elle marche doucement vers le portail. La blonde distingue finalement une silhouette familière. Elle se racle la gorge, toujours souriante. « Bonjour Graham » Elle regrette immédiatement. Elle aurait aimé dire quelque chose de plus original, plus accrocheur. Ne pas être une simple maman timide devant un beau père célibataire. Mais elle l'est, on dirait.

La pluie qui tombait sur Brighton semblait abattre Graham plus que d’ordinaire. Les idées noires, le coeur serré, l’envie constante de pleurer. On aurait pu croire qu’il y serait habitué, après quatre années. Mais non. Lysandra avait beau être revenue, rien n’allait mieux. Elle était en vie, bien sûr. Mais elle n’était plus elle. Incapable de se souvenir de lui ou de leurs enfants, incapable de l’aimer. Pourtant, Graham, il n’avait jamais cessé de l’aimer. Pas une seule seconde. Debout devant l’école de ses enfants, ses mains enfouies au plus profond de ses poches, le père quasi-célibataire fixait le vide, attendant simplement l’heure de la sortie. Loin de lui l’idée ou l’envie de parler à qui que ce soit. À l’école, il ignorait la plupart des parents, comme à son habitude. Rares étaient les personnes qui s’approchaient de lui, aujourd’hui, tant il avait fait comprendre au fil des années que former une quelconque amitié n’était pas dans ses plans. Son attention fut malgré tout capté par une voix, cette voix familière qui lui mettait immédiatement du baume au coeur. Son regard trouva rapidement celui de Wendy, a qui il offrit l’un de ses rares sourires. Discret mais honnête. — Wendy… — Elle était différente, Wendy. Bien plus franche que toutes les personnes qu’il avait pu rencontrer ces derniers années. De son sourire rassurant à ses gestes délicats, il avait fini par se laisser se rapprocher d’elle, s’attacher, presque, alors qu’ils se connaissaient à peine. — Ça me fait plaisir de tomber sur toi. Comment tu vas ?