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 all shades of blue (stanley)
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MessageSujet: all shades of blue (stanley)   all shades of blue (stanley) EmptyLun 29 Oct 2018 - 1:59

Les phalanges s'esquintaient toujours – contre le cuir, la peau, les vents contraires. Anders avait ces cicatrices éternelles, les coupures et les ecchymoses encrées jusqu'à l'os. Il frappait avec une aisance  fabriquée, une assurance artificielle dont il gardait le secret. Ses gestes suivaient ceux des autres, on riait peut-être de ses tremblements et de ses raideurs occasionnelles. Mais il gagnait. Le ring se dévoilait sous ses talons, étendue d'opportunités qu'il saisissait pour mieux les laisser fuir. Il s'épuisait dans des combats éternels, à hurler ses forces pour dissimuler ses faiblesses. Le dos droit pour apaiser les chevilles instables. Le menton abaissé pour dévoiler la férocité d'un regard. C'est tout dans la tête. Mais il perdait pied s'il pensait trop. Le bourdonnement de ses tympans brouillait les chants des présents – il oubliait les regards et le reste. Il n'y avait que le cuir usé de ses ses gants et le sang qui luisait sous les néons. Le monde n'existait plus qu'au creux de ses paumes et dans les rides de son adversaires. Rien de plus, rien de moins.

(…)

Anders glissa les poings dans les poches de sa veste, courbant l'échine contre le froid de la nuit. Les rues étaient bruyantes – dans ses tympans sonnait encore la fin du match, carillonnement doux de la victoire qu'il n'appréciait jamais vraiment, lorsque son frère n'était pas là. Il surprit son regard à voguer entre les silhouettes, emmené par l'espoir naïf de la trouver sur le trottoir. Idiot. Angus n'était pas là – il n'étais jamais là. Mais parmi les ombres et les profils, il y avait quelqu'un. La carrure retenue et l'air sérieux. Anders sourit en rejoignant Stanley contre l'immeuble. - You came, nota-t-il en souriant, la timidité grinçante au coin des lèvres, les ecchymoses brûlantes au coin des tempes. - I won. Il était fier, Anders, de gagner sous les regards grandioses de Stanley Clarke. Sa présence l'étonnait toujours – et il venait encore, ses raisons lui échappaient parfois, mais ça importait peu. - Definitely not my best fight though, I really need to work on that new combination. Les mots dévalaient ses lèvres avec fébrilité, portés par la pudeur profonde et la crainte de ne jamais être assez. Il joignit les mains sur le menton et agita les épaules. Mais il avait gagné.
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Nick Mun

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MessageSujet: Re: all shades of blue (stanley)   all shades of blue (stanley) EmptyJeu 1 Nov 2018 - 0:26

À son âge, les habitudes dominent. Un réveil qui ne sonne plus – ses neurones s’échauffent en même temps que l’aube. Un petit-déjeuner, servi à la même heure tous les matins. Une journée qui débute, tranquille. Une constante, dans sa vie – la paix. Un souhait, à l’époque. Il n’en parle pas, Stanley. Il ne parle du Vietnam et de ce qu’il a laissé, là-bas. Des morceaux qu’Eli a rafistolé, au fil des ans. Des morceaux qui ne correspondent pas à ceux qu’il a oublié, entre les forêts carbonisées par le napalm et le sifflement des avions. Chanceux, plus que les autres – il y a survécu.
Des vieux souvenirs, des vieux démons qu’il a chassé. Une stabilité retrouvée, un optimisme qui n’a jamais été étouffé par une guerre dénuée de sens, dépouillée de raison. Stanley, il s’adosse au fond de sa chaise pliante inconfortable, appuyé sur sa cane, presque aussi vieille que lui. Il n’en a pas besoin, ce vieux-là – en forme, malgré l’âge qui mine ses genoux. Malgré les cigares qui salissent ses poumons et qu’il refuse de ranger. Il marche, dans les jardins de la ville. Il fait du vélo, lorsqu’il fait beau. Des passes-temps de vieillard, mais des activités qui lui conviennent parfaitement. Paraître jeune, une idiotie dont certains se parent. Lui, il se voit tel qu’il est – soixante-neuf ans révolus, crâne rasé et barbe d’argent. Autour de lui, ça s’époumone, ça hurle. Ça chante et ça acclame, parfois. Stanley, il remarque simplement. Figure immobile et immuable, une part du paysage : indécrottable. Toujours là, lorsque le mioche participe à ses tournois et ses concours de boxe. Une autre constante, chez lui.
Toujours là pour les gosses qui l’entourent.
Toujours là, parce qu’ils le sont aussi.
Il applaudit, fier et au-delà – heureux. Heureux que les jeunes d’aujourd’hui ont, aussi, la chance de s’adonner à leurs passions. Un groupe de musique, qui les réuni. Et puis leurs autres passions, qui divergent mais qui n’effacent rien au lien qui les uni. Lorsque son petit-fils lui a présenté son groupe de potes pour la première fois, Stanley les a accueilli comme ils étaient. Pas de favoritismes, même s’il n’hésite pas à tous les interpeller comme tel lorsqu’ils lui rendent chacun leur tour en solitaire.
Dehors, il réajuste son manteau sur son costume désuet, verdâtre. Émeraude, dix ans plus tôt – une couleur qui s’est dilué dans la machine à laver, à force d’être briqué. « Of course I came, kiddo. » Lâche-t-il dans un roulement d’épaules, les sourcils arqués. Une évidence qu’Anders n’a pas besoin de souligner. Il viendra, Stan. Qu’il le lui propose ou non.
Comme il vient aux concerts de Restless. Comme il accompagne Nessie au cinéma, comme il dîne, tous les samedis soirs, avec son petit-fils. « It was quite good fight, actually. A bit sluggish, perhaps, but a good fine nonetheless. » Des mots qu’il souligne d’une claque entre les omoplates du gosse. Ses vieux os ont perdu de leur vigueur d’antan, quoi qu’il pense – les muscles noueux de sa jeunesse ont disparu alors qu’il a choisi d’endosser la casquette de co-propriétaire d’une boutique d’antiquités. Il a juste assez de force pour soulever des vieux meubles à raboter, lorsqu’on lui prête une deuxième paire de bras. Stanley quitte l’allée, en quête d’un pub où reposer sa carcasse pour le reste de la soirée. Un coup d’œil, vers le gosse, les mains enfoncées dans les poches de sa veste. « It’s been a while since I’ve seen someone that fast on a ring. Still, not fast enough. Ali, damn, he was a force to be reckoned with. » Des souvenirs qui déboulent et la gueule de Stanley qui se fend d’un sourire nostalgique.
Des vieilles choses qui reviennent, par vagues. Des vieux souvenirs qu’il partage, par morceaux. Des fragments disparates, éclatés dans tous les coins. À son image.
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