Sale temps, sale journée, toute une panoplie de problèmes qui mènent Thomas à prendre le vélo de sa femme plutôt que le sien, à sortir sous un ciel gris menaçant de pluie avec tout juste une veste de costume, et à pédaler sur une bicyclette à panier, le long de la route qui mène à la boulangerie la plus proche de chez lui. Il ferait un détour pour prendre un café, il noierait ses problèmes dans la profonde noirceur d'une tasse, et se dirait une fois de plus, qu'il aurait du s'abstenir et prendre plutôt un thé dans le salon avec sa femme plutôt que de la fuir. Sauf que les idées étranges et la culpabilité du mensonge lui font baisser la tête trop souvent, ou esquiver la plupart du temps, son regard. Il trouve alors le pain chez le français qui fait son commerce dans le coin, plonge le pain dans le petit panier avant, qui se fait finalement très pratique, et repart, manquant de peu de se faire ramasser par un véhicule dont le conducteur lui fait signe qu'il est malade, jusqu'à ce qu'il retombe dans ses pensées. Non seulement il a une gamine qui surgit de nulle part, mais en plus, elle déboule dans l'un de ses cours, et il lui fait presque comprendre qu'il veut la revoir. Est-ce que c'est vraiment ça ? Comment pourrait-il le savoir ? Tout ce dont il est certain, c'est qu'il voudrait secouer sa mère et lui crier au visage qu'elle s'est trompée sur son compte, de A à Z. Qu'elle n'a fait que des conneries et que maintenant, c'est lui qui va devoir les payer auprès de sa femme. Il sait très bien que ça ne franchira jamais le seuil de ses lèvres. Parce qu'il le pense d'une moitié, l'autre reste confuse, et elle le sera sans doute un très long moment. Toujours est-il que tout ça embourbe sa capacité de concentration, si bien qu'il en vient à perdre l'équilibre, au point de se rattraper de peu avant de rejoindre le macadam. Putain... c'est ce qu'il s'exclame à lui même, dans le silence de son esprit incertain. Il a renversé quelqu'un ! Renverser un piéton à vélo quand-même... s'il se doutait qu'il en arriverait là, il aurait fait le chemin à pied. De manière précipitée, Thomas laisse tomber le deux roues. « Est-ce que ça va ? Je suis confus... veuillez m'excuser vraiment... » L'homme qui a tant de mots à la bouche n'arrive pas à en caser un correctement. Parce que vraiment, il n'avait pas besoin de ça, que cette personne soit blessée ou qu'elle n'ait rien du tout.

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