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Tara Cohen

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MessageSujet: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyLun 24 Sep 2018 - 16:17

Une porte qui grince. Une ombre qui prend la fuite au travers de l’étendu fleuri.
Tara, elle a la gorge serrée, le corps tremblant de peur. Tête-brûlée en temps normal. Du genre à s’en taper, du genre à aimer cette sensation qui rôde dans le galbe de ses veines. Mais pas en ce moment. Pas après cette première lettre. Ce cliché macabre d’un souvenir transperçant telle une lame aiguisée. Pas après cette seconde lettre qu’elle a préféré envoyer au feu. Pour ne pas que ça devienne réel. Pour ne pas que ça lui soulève le coeur encore.
C’est les doigts tremblants que le message pour Shaun s’envoie. Elle a besoin de lui. Elle veut sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. Voir ses bras robustes se refermer autour de sa silhouette. Être apaisée de sa présence. Être apaisée des rares mots qu’il s’autorisera à souffler au creux de son oreille. Parce que Shaun, ce n’est pas qu’un type de plus. C’est tellement différent. Même s’il ne le voit sans doute pas. Même s’il doit craindre de la voir filer un beau jour avec la rosée du matin en témoin.
Si tu ouvrais les yeux, tu verrais que j’t’aime vraiment.
Les lèvres paralysées de confessions idéalisées. Et son absence devient un fardeau. Les heures loin de lui. Les heures à imaginer ce qu’il fait. Les heures à imaginer ce qu’il pense. Tout ça l’étouffe et lui ne daigne pas le remarquer. Trop occupé à s’enfermer dans sa bulle. Trop occupé à passer du temps avec son meilleur ami. Une star des années 80 qui croit goûter au succès. Elle exècre cet homme sans le connaître. Stupide sensation de ne pas le faire poids à coté. Stupide impression que Shaun n’éprouve pas lui aussi un manque lancinant.

Et ça la blesse. Ça lui retourne les tripes.
Malgré les sourires. Malgré les éclats de rire.
(…) La voix du chauffeur résonne. En ouvrant la porte, ses yeux clairs croisent les siens. Elle lâche un soupire de soulagement. Puis c’est dans ses bras qu’elle va se réfugier. La tête calée à même ce torse viril. Celui qui se soulève d’une respiration saccadée.
— Merci d’être venu. Je suis persuadée d’avoir vu une ombre dans le jardin… Elle lève les yeux en sa direction, un sourcil arqué. Ses lèvres se pincent dans une moue dramatique. Celle qu’elle maîtrise comme l’héroïne désabusée de son roman favori. Tout ça pour l’amadouer. Tout ça pour l’attirer dans ses filets. Pour que durant quelques heures, elle puisse vivre avec la sensation d’être l’unique qui compte.  — Il aura fallu qu’un psychopathe tente de me tuer pour que tu daignes m’octroyer du temps ? L’exagération dessine ses lèvres. Et elle soupire. Elle soupire de rage. Elle soupire d’inquiétude. Les craintes au ventre de ce qu’elle n’ose pas avouer tout haut. Lui parler de sa mère, lui parler de ces lettres, lui parler du pire qui valse dans sa boîte crânienne. Elle recule, Tara. Les épaules haussées avec l’insolence qui dépeint son visage de poupée. Et son coeur rate un battement lorsque la voix de son père résonne.
Tara, tu as vu Shaun dans les parages ?
Ses prunelles s’agrandissent et sa main se plaque par réflexe sur la bouche de son petit-ami. Il devait bosser. Il devait se rendre à une énième réunion à la mairie. Des plans qui se font la malle. Et, elle a envie de se marrer Tara. Parce que la scène est cocasse. Parce que si le patriarche découvrait tout, il brûlerait sûrement son chauffeur sur le premier bucher. Elle fait reculer ce dernier, son dos butant sur le mur.
— Je lui ai dis de prendre sa soirée papa ! Dit-elle avec conviction. Et telle une sirène des enfers, elle vient glisser ses doigts sur le buste de Shaun. Les même doigts qui parcourent la boucle de sa ceinture et descendent encore plus bas. Juste pour l’aguicher. Juste pour lui offrir une dose d’adrénaline. Une léthargie abandonnée avec la condescendance de cette gosse.  Pour que son coeur rate quelques battements. Pour que le creux de son ventre se déchire d’une envie furieuse de l’embrasser comme si sa vie en dépendait. Elle manque de rire mais se retient pour le protéger. Pour les protéger. Son père semble gober l’énième mensonge de sa fille. Il disparaît dans le long corridor, laissant les amants seuls. Sans le savoir. Sans même le soupçonner. Oops. Maintenant tu vas devoir rester avec moi en attendant qu’il s’endorme… Elle vient frôler ses lèvres avec plus de tendresse puis part s’assoir comme si de rien n’était sur son bureau. Les cuisses dénudées et croisées qu’elle se plaît à remuer dans le vide. L’audace dans le regard, le sourire écarlate de ses conneries.
Mais quand elle l’observe, c’est tellement plus.
C’est de la douceur. C’est de l’amour.
C’est les mots qu’elle avoue pas mais qui se dessine dans l’opale de ses yeux.
Parce qu’elle est accroc, Tara.
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Shaun Penwyn

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyLun 24 Sep 2018 - 21:17

T'es adossé contre le mur, tes doigts qui viennent cogner contre la brique à un rythme irrégulier. La tête baissée, les yeux fixés sur le béton dégueulassé par de trop nombreux passages. Tu viens d'regarder ta montre et pourtant, t'as le réflexe de recommencer alors qu'une minute ne s'est pas toujours pas écoulée. Il est pas en retard, loin de là. C'est toi qu'est trop en avance. C'est toi qui commences à perdre patience. C'est toi qui arrive pas à gérer en temps de crise. Quand les boites se font vides, quand ton sommeil s'agite et que ton corps perd de sa chaleur. T'es pas con, Shaun. Tu sais très bien que c'est pas un coup de froid qui te rend comme ça. Non, ça fait des années que c'est la même chose. Des années que t'es habitué à des doses toujours plus importantes.
Des années que tu t’empoisonnes.
Un sifflement et tu relèves la tête. Cette gueule que tu vois seulement quand ça va pas. Cette gueule qui t'a vu dans de pires états que tes amis les plus proches. Cette gueule que tu croises nulle part ailleurs que dans ces conditions. Un geste du menton pour te saluer et une question qui s'échappe directement de ses lèvres. Combien ? La commande est toujours la même. C'est la récurrence des achats qui augmente. Ta main qui vient claquer contre la sienne, glissant plusieurs billets entre ses doigts. Puis il s'échappe, balance un sachet au coin de la rue avant de disparaître. Quelques secondes, où t'attends, où tu fais comme si tu t'intéressais aux alentours. Et enfin, c'est toi qui pars dans la même direction. Qui s'avance, qui récupère le paquet et qui le glisse dans la poche de ton blouson.
Y'a ton téléphone qui vibre alors que tu viens d'avaler trois cachetons immaculés. Babe, que tu lis sur l'écran et c'est ton palpitant qui sursaute. Ce surnom à la con qu'elle a utilisé pour se renommer dans ton répertoire, à ton insu. Ce surnom à la con que t'as laissé, malgré tout. Tes doigts serrent l'appareil à mesure que tes pupilles lisent ses mots. Tu lui réponds. Tu lui mens. Tu vas dans son sens, en lui disant que t'es bien avec Min-ho. Tu mystifies tes activités d'un naturel déconcertant. L'habitude, elle a fini par s'ancrer. Pour la préserver. Pour vous préserver. Mais tes affabulations, elles n'ont plus leur place dans vos messages alors qu'elle expose ses craintes. T'attends même pas une réponse de sa part et t'es déjà parti vers chez les Cohen.
Les marches, tu les montes deux par deux. T'as fait le tour de la propriété, t'as vérifié les moindres recoins à la recherche d'un potentiel intrus. Rien. « Tara ? » Ta voix qui résonnent contre les murs à l'étage, tes yeux qui s'posent sur sa porte au moment où elle s'ouvre. Un soupir en la voyant et elle s'écrase contre toi sans crier gare. Et machinalement, tes mains se posent contre son dos, l'entraînent un peu plus contre ta silhouette chevrotante de par l'effort. « J'viens de faire le tour, si y'avait quelqu'un, il est parti. Ça va ? », tu lui demandes d'un ton concerné. Regarde-toi, à flipper à la moindre chose. Pourtant, tu secoues la tête à ses mots, à ses plaintes. « J'vis à cinquante mètres de ta chambre. », tu lui réponds dans un haussement d'épaules. Toi aussi, tu commences à rejoindre ce jeu qu'elle a instauré. Cette jalousie latente, ce besoin de toujours avoir son attention. Les paroles de ton patron parviennent à peine à tes oreilles qu'elle plaque déjà sa main sur ta bouche. Et la tienne, c'est sur ton poignet qu'elle se pose, l'incitant à libérer tes lèvres. Tara, elle répond à son père avec cette même aisance dans le mensonge. Cette même facilité que toi à cacher la vérité par une cabriole. Tes dents enserrent ta lèvre inférieure quand elle se joue de toi, quand ses doigts explorent plus qu'ils ne le devraient. Qu'elle joue avec le feu alors que le gazole traîne toujours dans le couloir.
Un soupir passe tes lèvres à sa dernière réplique. La ruse de la gamine qui fonctionne toujours sans le moindre accroc. Ses pièges dans lesquels tu continues de tomber aveuglément. Pas que ça te dérange, au final. Ses lippes qui survolent les tiennes, ta tête qui s'approche dans un espoir vain. Elle s'échappe déjà. Elle s'écarte et te rend dingue dans le processus. Des premiers pas que tu ne fais que trop rarement. Parce que tu t'sens pas légitime dans cette histoire. Parce que t'as peur de trop lui donner pour ensuite tout perdre derrière. Elle est trop pour toi, que tu te répètes bien souvent. Trop jeune. Trop vive. Trop dangereuse. Trop bien. Le regard planté sur sa silhouette, tu te laisses tomber au coin de son matelas. Les avant-bras appuyés sur tes cuisses, tes doigts entrelacés. Et tes yeux qui refusent de la lâcher. De peur qu'elle disparaisse, de peur qu'elle t'abandonne si jamais tu oses détourner tes iris.
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Tara Cohen

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyMar 25 Sep 2018 - 0:33

Durant des secondes au goût amer, la gosse pense à sa mère. À l’absence fébrile que son suicide a causé. Les détonations et cet arrachement féroce. Des questions. Tant de questions. Et des réponses qu’elle a réclamé face à son nom gravé dans la roche. Elle voudrait lui parler de Shaun. Lui confier ses doutes. Lui demander des conseils. Mais les paroles se suspendent à l’absence cruelle. Ce poing dans le bide qui lui fait courber l’échine. Ce point dans le myocarde qui lui donne l’impression de se casser la gueule.
La corde qui s’effrite. La corde qui se brise. Celle qu’il déchire d’une main de velours en s’éloignant.
Tara, elle sent la distance qui se creuse.
Sa silhouette prostrée sur ce bureau. Et la sienne qui se faufile contre le matelas. Le fossé apparaît et la douleur cogne à son coeur. La poupée désabusée de questions sans réponses. L’impression nauséabonde qu’il s’éloigne, qu’il se lasse, qu’il se perd dans les dédales d’un présent dont elle ignore tout.
La crainte subite de le perdre vient paralyser ses poumons.
Une respiration en suspend qui reprend de plus belle dans une accélération subie. Elle est énervée Tara. Passablement ternie par les doutes. Et leurs prunelles se cherchent, se trouvent, s’imbibent l’une de l’autre. Un aimant incapable de se détacher. Elle balance les pieds dans le vide et ses doigts se recroquevillent contre le bois.
La gamine, c’est une tempête en devenir. Un vent glacial prêt à claquer au visage du chauffeur. Impulsive, bien trop sanguine au point de risquer de tout envoyer valser.
— Ça me fait une belle jambe que tu sois à cinquante mètres de ma chambre si on se voit pas.
Elle hausse les épaules et finit par se relever. C’est vers lui qu’elle avance. Là debout, sa main glisse le long de sa joue. Une étreinte de soie. Une étreinte de miel au milieu des étoiles qui s’éteignent. Le ciel qui ne brille plus que par les décharges d’une apocalypse en devenir. La caresse est furtive. Son visage devenant orphelin de ses phalanges graciles. Tara, elle demande pas l’autorisation. Elle vient s’assoir sur les genoux du chauffeur, une main contre sa nuque. Contraste qui s’égare dans les abysses. La douceur et la violence. La tendresse et la hargne. Comme ses ongles qui lacèrent sur son passage son échine. Et ses sens qui s’éveillent avec cette fragrance reconnaissable parmi toutes les autres. Son front bute vers le sien. Leurs lèvres se cherchant, rêvant de se toucher dans un baiser qui effacerait les doutes, qui rendraient les mots secondaires.
— Je croise plus le jardinier que toi et crois-moi c’est loin d’être un plaisir. J’parie qu’il me reluque quand je sors de la piscine. Elle se fait nonchalante dans son regard. Mais les faits collent à sa peau. Comme une couche d’épiderme qui devient piquante, ravagée par une sensation vénéneuse. Un soupire. Un soupire si fort qu’il résonne tel un écho religieux.
Ceux qu’elle entendait à l’église chaque dimanche matin.
Ceux qu’elle entendait, le regard prostré vers les vitraux colorés.
Ceux qu’elle entendait quand les saints n’exauçaient aucune prière.
Et sa seule prière devient une ode à ce qu’ils sont, à ce qu’ils seraient. Tara, elle capitule la première. Elle ose ce qu’il ne fait pas. Elle devient ce qu’il pourrait être. Sa bouche vient déposer un baiser dans son cou et se décale le long de son épaule. Elle s’enivre de son odeur, de la chaleur de sa peau, de lui et de tout ce qu’il crée. De louve blessée, elle devient cette féline à la recherche d’une offrande. D’une tendresse versée entre quelques mots que le lendemain effacera.
En lui faisant face, le vert de ses yeux brille. Une lueur saccagée par l’inévitable.
Son envie de se barrer. Son envie de retrouver son meilleur ami. Son envie de retrouver les zones d’ombres dont Tara est privée. Elle le sait. Une certitude qui frôle l’hystérie pour la gosse.
Les douces névroses venant cogner le creux de sa boîte crânienne.
— Tu peux partir si tu veux. Même si c’est pas mon souhait à moi. Elle le fixe. Tara, elle lui laisse pas vraiment le choix. Ses yeux ne se baissent pas. Ses mains viennent étreindre sa nuque. Son bassin aimantant le sien. — J’vais pas t’enchaîner ici. Même si l’option frôle son esprit tordu une courte de seconde. Elle ne bouge pas la gosse. Elle ne le fera pas. S’il part, c’est lui qui abandonnera sa dépouille sur le matelas. C’est lui qui viendra la laisser orpheline de sa présence. — Mais tu viendras pas pleurer quand un psychopathe se sera chargé de mon cas. Le mélodrame devient un refrain moqueur.
Comme pour dédramatiser la scène.
Comme pour pouvoir orner ses lèvres d’un sourire complice.
Et lui montrer que la vie continue.
Mais c’est ta vie pour la mienne. C’est la mienne au creux de la tienne. Tu m’as fais me casser la gueule face à toi. Faudrait que tu le réalises.
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Shaun Penwyn

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyJeu 27 Sep 2018 - 21:17

Tes yeux qui se perdent dans les siens. L'obscurité de tes iris qui vient détonner avec le vert ornant les siens. Des orbes dans lesquels tu t'es noyé à de trop nombreuses reprises, malgré toi. Malgré tout le bon sens qui te répétait de ne pas céder. De ne pas craquer. De ne pas la laisser faire. T'as salement échoué, Shaun. T'es tombé amoureux d'elle sans l'voir venir. Sans le moindre contrôle. Tara, elle s'est imposée dans ton crâne comme elle s'est imposée dans tes draps. Toi, t'as juste hoché la tête, t'as simplement accepter la situation sans rien trouver à redire. Et ça, même avec tes trop nombreuses appréhensions. Cette peur qui continue encore de te dévorer, des mois après.
Que ce n’est qu’un jeu pour elle.
Même alors qu’elle paraît sincère, Tara. Même quand elle se plaint de ne pas assez te voir, malgré cette proximité. Mitoyenneté affectée par la présence pernicieuse de son paternel. Un atout empoisonné par son regard protecteur sur sa fille. Cet homme toujours dans les parages, même à cet instant, quand elle s’rapproche de toi. Sa main qui vient électrifier ton épiderme, une réaction impossible à cacher. Trop doux. Trop court. T’as pas le temps de t’en délecter que le contact s’éteint. Et un bout de ton cœur, avec.
Un contact que t'as pas le temps de regretter et c'est machinalement que ton bras vient entourer sa hanche d'une embrassade protectrice. Avide, même. T'inspires longuement quand son visage frôle le tien, t'inhales ce parfum comme si c'était la dernière fois. Comme si elle allait disparaître. Comme si tu l'avais rêvée. T'as beau vouloir te convaincre du contraire, t'as beau essayer de t'penser plus fort dans toute cette histoire, mais tu sais pertinemment que la bataille est vaine. Parce que bordel, tu l'aimes. Tu l'aimes à en crever, Tara. Ta Tara, que tu te dis quand elle te parle du jardinier. Quand tu l'imagines dans les bras d'un autre. Plus jeune, plus fougueux sûrement. Cette foutue inquiétude qui guette à chaque fois que tu la regardes, elle ne chasse pas cette idée incongrue. Qu'elle soit tienne.
Tes doigts, ils viennent se serrer un peu plus contre sa chair, au travers d'un tissu faisait office de barrière. Ils s'accrochent à elle quand ses lèvres laissent un sillon ardent le long de ta peau marquée par les années d'entraînements et de combats. Ton cœur, il a capitulé depuis bien longtemps. Ecrasé sous le poids d'un attachement trop ancré en toi. Victime d'un désir viscéral pour ses formes et sa bouche. Il a perdu la bataille et pourtant, il bat toujours autant quand tu la sens contre toi. T'auras beau enchaîner les prises, vider les boites à une vitesse malsaine ; ton palpitant, il cédera jamais tant qu'elle est là. Parce que Tara, c'est elle qui t'fait vivre.
Alors tu secoues la tête à ses mots. « Non. », que tu murmures simplement. En réponse à cette idée que tu partes. A cette possibilité ridicule : celle de la laisser seule, celle de l'abandonner. Les mensonges, t'en as marre de les sortir à la chaîne. Pour aujourd'hui, au moins. « Arrêtes tes conneries. », tu rajoutes à son acting pitoyable. Des mots que tu prononces avec un sourire. Ce même sourire qui ne disparaît pas quand tes lèvres viennent capturer les siennes dans un élan encore trop rare. Ces premiers pas que tu redoutes de faire si souvent. Ces engagements que tu lui laisses volontairement la plupart du temps. De peur du rejet, de la moquerie. Un baiser qui brûle d’une flamme ardente. Un abandon, peut-être. Une déclaration, sûrement. Ta main quitte ses hanches, glisse le long de son dos et vient se perdre dans ses cheveux. Ces boucles dans lesquelles t'as pris l'habitude de te nicher pour chercher le sommeil. La nébuleuse blonde où tu te perds pour oublier ce besoin primaire qui te ronge le crâne et les veines, quand tu te refuses d'avaler ces cachetons en sa présence. L'autre main sur sa cuisse, touché chaste malgré la promiscuité des corps. Et tes lippes qui s'écartent finalement des siennes, pour que tu reprennes ton souffle. Pour ne pas sombrer trop rapidement.
Ton regard se perd sur ses traits. Tes yeux explorent les moindres parcelles de son visage. Elle est si belle, Tara. Trop belle pour toi. Et pourtant, c’est là qu’elle est, avec toi. Ses mains sur ta peau, son myocarde qui bat au rythme du tien. A ce moment-là, Shaun, tu te dis que tu pourrais y croire à cette histoire.
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Tara Cohen

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyVen 28 Sep 2018 - 15:24

Le myocarde en ébullition ; le cerveau à l’arrêt.
La peur en ventre de la voir se défiler. Sa silhouette robuste disparaissant. Telle une ombre furtive. Telle une ombre anonyme. Un tableau dépeint d’un éloignement forcé. Celui qui effleure l’écorce de son coeur. Celui qui fait gorger des perles salées dans l’imaginaire de ses prunelles. Cet émeraude ravageur. Cet émeraude captivant. Et elle espère. Elle serre les poings comme une putain d’acharnée pour que son regard traduise l’absence des mots. Cette frontière nommée pudeur pour laquelle Tara s’interdit de causer. Elle est terrifiée la gosse. Par ses sentiments. Par ce palpitant qui se soulève. Par sa peau qui s’imprègne de la sienne. Par sa vie qui se superpose à celle du type. Par cette union salvatrice qui a défié toutes les règles.  Par lui. Un amour caché. Un amour à l’abandon du monde extérieur. Le bonheur en retrait ; le bonheur en berne quand Shaun pèse par son absence.
Pourtant, il suffit d’un assaut de ses pulpes pour que ses poumons revivent. L’air renouvelée d’un besoin vital. Sa main contre son visage quand la sienne rode à même cette cuisse, puis ses reins qui se creusent. Un soupire s’échappe. Un râle rauque dénaturé par la surprise et l’envie. Par cette sensation que rien n’existe quand il l’embrasse. Cette impression de rameuter les étoiles autour de la noirceur du ciel. Rien que pour lui. Rien que pour ce sourire qu’il s’autorise parfois. Rien que pour l’apprivoiser du bout des lèvres ; du bout des doigts. Tara, elle efface les craintes. Comme un coup de baguette magique. Une illusion si forte qui suffit à éteindre les doutes.
Ses lèvres rongeant les siennes dans une démonstration passionnée. Et c’est l’arrêt. Brutal et désagréable. Pourtant, elle effleure son visage marqué par le temps ; par la vie d’une phalange faite de soie.  — Tu vois quand tu veux. Sa respiration est courte, encore vive et imprégné du manque de sa bouche. Son front qui se colle au sien. Et leurs souffles communient. Ils se gagnent, s’attirent et s’effritent dans une sensualité portée par la gamine.  La surprise agréable de le voir faire le premier pas. L’impression d’un effort exquis. Elle esquisse ce sourire et remarque pourtant à quel point lui il est paraît anxieux, craintif, ailleurs. — Arrête de flipper. Tara, elle a pas peur. Ni d’être surprise. Ni du regard des autres. Avec Shaun à ses côtés, ça lui paraît surmontable. Ça lui paraît clair. Il est devenu une évidence. Une nécessité derrière un jeu de séduction qui aurait pu s’arrêter net. Ça a continué. Ça a crée le déluge dans sa boîte crânienne. Des idées qui se mélangent. Une raison qui tourne plus rond. Et la gosse qui plonge la première. Alors elle se lève et part verrouiller le loquet de la porte. Elle hausse les épaules avec désinvolture en se retournant vers son petit-ami. Ses yeux accrochent les siens. Un échange fait de douceur, de passion, de désir, d’amour. Cet amour qu’elle dessine du bout de ses lèvres. Cet amour qu’elle peint avec le vert de ses iris. Le creux de son palpitant broyé par les confessions avortées. Parce qu’elle ose pas. Elle se dit que c’est trop tôt la gamine. Elle se dit que ce serait ridicule face à un homme comme lui. Poupée persuadée qu’il pourrait d’un claquement doigt craquer pour une femme plus mature, plus expérimentée. Simple idée qui échauffe son esprit et sème la rage à même sa chaire d’ivoire. Comme un effet domino. Comme le roi qui abat la reine. Et le fou qui domine.
La folie gagnant l’ivresse de leurs coeurs qui battent à l’unisson.
— Il est sûrement en train de plancher sur ses conneries d’élections.
Son père, il n’a rien décelé. Ni les regards lourds de sens. Ni les rictus aguicheurs. Encore moins les yeux brillants d’émotions brûlantes et ravagées par l’amour. Il préfère se focaliser sur son travail. Se perdre dans les méandres d’une politique conservatrice et égoïste. Pour oublier ses propres déboires. Pour oublier le deuil inachevé depuis des années maintenant. Alors Tara, elle a pas envie de penser à lui. Ni même de l’éventualité qu’il débarque dans sa chambre.
Parce que y a que nous Shaun. Y a que nous et le monde il a plus aucune importance quand t’es là. Puis ses lèvres qui se stoppent. Elles se rétractent d’un aveu tendre alors que la blonde s’avance vers lui. Les pas sont lents. Les pas sont félins. Elle se met à sourire. Ce sourire qui pourrait devenir un empire. Un ode à l’amour. Un hymne à eux. — Et moi ça m’est égal qu’il comprenne que tu es pas que mon chauffeur. C’est la première fois qu’elle le dit. C’est la première fois qu’elle lui avoue ça. Tara, après des mois à se cacher, à taire l’évidence, elle voudrait le crier au monde entier. Elle voudrait scander son nom comme un refrain indélébile. Elle voudrait lui tenir la main dans les rues bondées. Elle voudrait goûter ses pulpes sans craindre d’être surprise. Elle voudrait l’aimer à visage découvert. À coeur ouvert.
Elle voudrait l’aimer. Envers et contre tous. Envers et contre leurs propres fêlures. Leurs propres démons. Alors elle vient à califourchon sur le chauffeur. Ses mains s’écrasent contre son torse. Il tombe à même le matelas. La sirène dominant de sa splendeur. De ses boucles dorées qui tombent. De ses doigts qu’elle fait filer sous son t-shirt. De ses baisers qui suivent le chemin de ses phalanges. Pour remonter à lui. Pour s’immiscer dans un eldorado indécent. Elle vient l’embrasser de plus belle. Un corps à corps avec l’ombre de la lune en témoin. Le reflet au goût impérissable quand elle se serre contre lui. Comme une acharnée. Comme un coeur épris.  — J’me tais à cause de ton job. C’est tout. La chute des mots au creux de son oreille. Les baisers qui s’en suivent. Les caresses qui dominent. Leur monde qui entrent en collision.
Des amants indissociables.
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Shaun Penwyn

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyVen 5 Oct 2018 - 21:52

Tara, c’est le feu. Cette flamme ardente qui vient te brûler dans une douleur vitale. Pour te rendre vivant, enfin.
Un contact que tu stoppes trop vite, un baiser que t'abandonnes, toujours à cause de cette peur irrationnelle qui t'ronge de l'intérieur. Pour respirer, pour t'rendre compte qu'elle est bel et bien là. Que t'es là, toi aussi. Que c'est pas dans ta tête, que c'est pas un effet secondaire d'un manque trop marqué dans ton sang. Arrête de flipper, qu'elle te dit. Mais toi, t'en es pas capable. T'es pas foutu de faire disparaitre cette idée que ça va mal tourner. Que si t'essayes trop de t'approcher du soleil, tu vas finir par cramer. Tu vas chuter et sombrer, sans aucun espoir de te relever cette fois. Tout ça qui ne tient qu'à un fil sensible et attaqué à chaque prise.
Tes mains orphelines de sa peau quand elle s'échappe, quand elle s'écarte de toi. Tes pupilles suivent ses déplacements, la moindre ondulation de son corps dans la pièce. Cette porte qu'elle ferme et le message que tu piges. Ton palpitant qui se soulève quand elle plante son regard dans le tien, qu'elle accroche du vert de ses yeux. Des iris dans lesquels tu pourrais te noyer, Shaun. Dans lesquels tu plongerais dans un regard en arrière, même si c'était l'heure de ta déchéance. Même si c'était le terme de ton existence. Prisonnier de son emprise. T'ignores ses mots sur son père, t'ignores tout c'qui pourrait dévier ta pensée. Tu ne songes à rien d'autre, pas quand ses lèvres se collent aux tiennes, pas quand sa silhouette s'aligne avec la tienne. Pas quand cette soif nait au creux de tes reins. Tes mains encerclent ce visage de poupée, glisse sur cette peau trop douce pour tes doigts abimés. Et t'es pas foutu de réprimer un sourire quand elle prononce ces mots. Quand elle t'avoue que t'es plus. Que tu la crois.
T'as pas le temps d'encercler sa taille de tes bras, t'as pas le temps de la serrer contre toi qu'elle prend le dessus. Qu'elle prenne les rennes. Qu'elle te rende dingue, toujours un peu plus. Tes doigts qui s'glissent dans ses mèches solaires, qui s'y perdent allégrement. Et les siens, ils laissent cette trace ardente le long de ton épiderme quand ils rencontrent ces abdominaux que tu n'entretiens plus aussi bien qu'avant. Ses lèvres que tu dévores presque, contre lesquels tu t'abandonnes. Son prénom que tu murmures, entre deux souffles. Ta poitrine, elle se gonfle toujours un peu plus, toujours plus vaillamment à chacun de ses assauts. Et dans ton esprit, la débandade. Le chaos même, alors qu'tu penses à tout ce que tu voudrais lui dire, tout ce que tu voudrais lui avouer haut et fort. Des sentiments que tu n'arrives plus à contrôler, que tu n'arrives plus à cacher de par tes gestes. Ces mots qui t'arrachent la gorge, qui te brûlent la langue à chaque fois que tu la croises. Putain, Shaun. T'es tellement amoureux d'elle.
Tara, Tara, Tara. Ces quatre lettres qui se répètent dans ton crâne, sur tes lèvres. Elles viennent gonfler ton myocarde, elles insufflent, elles animent.
Ses mots, encore une fois. Ils hérissent les poils sur ta peau. Cette voix qui ne quitte jamais ton esprit. Et ce rappel dans ses paroles. Cette mémoire de la prison qu’est ton boulot. Parfois, t’en viens à te dire que ça serait pas plus mal qu’elle parle. Qu’elle balance tout à voix haute, juste pour que tu sois libéré. Juste pour avoir cette confirmation dont t’as tellement besoin. Que t’es pas un passe-temps, un moyen de faire chier son paternel. Mais ta situation financière, elle te rappelle que ce ne sont que des songes, que des espoirs vains. T’es coincé, Shaun. Bloqué dans cet enfer doré. Enfermé, sans la moindre certitude.
Tes pensées s'éreintent au contact de ses lèvres. A ces baisers qui s'enchaînent. A cette ardeur qui fait monter la température de la pièce. Ta main libre s'aventure, glisse le long de sa silhouette. Se perd contre ses hanches, ose relever de quelques centimètres le tissu qui vous sépare. Et elle reprend sa descente, pour mieux s'attarder à la naissance de ses reins. Tes lippes, elles s'évadent elles aussi. Elles traînent contre sa peau, explorent sa mâchoire quelques instants. Juste pour retrouver ton souffle disparu. Et c'est dans sa nuque que tu te réfugies, que tu t'abandonnes. Une pression contre sa peau, laisse une trace de ton passage. Une marque pour avouer tout bas qu'elle est tienne. Une ecchymose qui sera bien différente de celles que t'as accumulées au fil des années.
Tes lèvres retrouvent les siennes, s'y installent, s'y perdent. Une déclaration sans mot. Une façon d'lui faire comprendre qu'elle est si importante. Qu'elle fait imploser ton cœur. Qu'elle réveille tes sens endormis depuis bien trop longtemps. Révélation muette contre sa bouche.
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Tara Cohen

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyVen 5 Oct 2018 - 23:55

Les mots, ils ont rêvé de flirter avec la réalité. Des vérités assassines qu’elle cracherait au visage de son père. Une scène imaginée au travers de l’émeraude de ses yeux. Les lettres qui s’extasient, dansent et délivrent son myocarde de ce poids. L’ivresse d’un amour qui se construit et vient la dévorer. Des entrailles baladées par les émotions qui gravitent.
Elles sont si fortes. Si voraces. Comme une tempête qui ravage tout sur son passage.
Une sirène inondée par les gouttes d’eau glacée. Par cette bourrasque qui s’agite à même sa peau maculée. Dévastée par les idées qui tournent à l’envers. Dévastée par l’envie d’en finir avec les non-dits. Les regards en coin. Les baisers volés. Des interrogations qui trônent au milieu d’une pièce vide de sens. Une comédie qui ne prend plus. Une comédie qui n’a plus rien d’amusant. Peut-être qu’il partira, peut-être que t’es qu’une distraction, peut-être que tu seras jamais à la hauteur, peut-être que demain, ton coeur il crèvera dans un silence étouffant. Des suppositions qui la font reculer. Des craintes qui s’abattent et affaissent ses épaules. Une cage thoracique bercée par des mouvements anarchiques. Et des aveux qui s’exilent. Dans ses songes qui deviennent des idéaux. Et tant pis pour le regard des autres. Tant pis si son père supporte pas. Tant pis si à deux ils prennent le risque de finir sur le carreau. Tara, elle l’aime. Elle se sent prête à passer un cap. Elle veut saisir chaque risque comme si c’était le dernier. Parce qu’en face c’est lui. Ce gars à l’allure robuste, au regard renfrogné et au sourire qui inonde la pièce quand elle est dans les parages.
Comme maintenant.
Un corps à corps qui s’entame sous le témoignage immuable des étoiles. Cette proximité retrouvée qui disperse l’ivresse au détour d’une chaleur vivifiante. Sa main virile qui se perd dans les mèches sablées. Un contact qui la fait frissonner. Autant que les baisers qui se succèdent. Des pulpes qui s’apprivoisent. Des pulpes qui se condamnent à mort. La plus belle façon de quitter la terre. Le contact devient une brûlure. Un eldorado le long de sa chute de rein. Quand le tissu devient superflu. Quand le tissu devient une couche étouffante. Sa bouche qui se perd dans son cou. Tara, elle se retient de gémir. Elle se retient de lâcher un soupire qui éveillerait les soupçons. Encore plus quand ses dents viennent la marquer. Une échine rougie. Une échine violacée dans une empreinte qu’elle voudrait indélébile. Une manière d’exposer son couple. Une manière d’exposer qu’elle est sienne. Quand lui devient sien. Empereur de ses nuits. Roi de ses ivresses. Fou de son coeur. Des pièces d’un jeu qui se condamnent à une sensation démesurée. Alors elle étouffe un gémissement contre ses lèvres. Quand elles se retrouvent. Quand elles deviennent un territoire conquis. Tara, elle esquisse un sourire. Elle pourrait crever pour revivre cette sensation. Un disque rayé qui lui ferait croire que y a une dose d’espoir dans ce monde. Qui la ferait se raccrocher à lui comme une forcenée. Parce qu’il a pas idée de ce qui se planque derrière les sourires, les rires, l’insolence et l’audace. Un drame qui a brisé son adolescence. Un drame qui fait planer le doute d’une vérité qu’elle préfère ignorer. Des lettres anonymes. Des lettres faites de menace et d’égoïsme. La frontière entre les mensonges et la réalité vient la foudroyer. Comme lui quand leurs regards se captent. Quand l’instant paraît suspendre son envol.
Que les mots pourraient franchir la barrière de ses pulpes. Trois mots. Et ces lettres qui formeraient l’immuable réalité. Une vérité qui la condamne depuis bien trop longtemps. Chaque nuit sans lui quand son regard de se perd vers le plafond. Que ses draps sont trop froids, trop vides. Qu’elle comprend que cette douleur dans la poitrine, elle se nomme manque.  Parce qu’il est devenu une nécessité. Un organe vitale dont elle ne peut plus se passer. Alors elle se débarrasse de son haut. Et c’est sa poitrine nue qui s’écrase à même son buste. Une main qui se faufile sur la boucle de sa ceinture. Son souffle qui gronde. Ses soupires qui résonnent comme une mélodie fantasque au creux de son oreille. Des baisers parsemés dans son cou, ce torse qu’elle dénude, cette bouche qu’elle savoure. Y a ce sourire qui se dresse. Cet empire qui s’articule dans des paroles vaines. Elle passe ses phalanges dans ses cheveux et le force à se redresser. À califourchon sur lui. Ses hanches qui emprisonnent. Ses mains qui accrochent. Et cet échange. Ses iris qui cherchent les siennes. Puis les secondes qui s’éternisent. — Shaun. Cinq lettres qu’elle soupire. Sa voix rauque. Sa voix galbée par le désir. Et cet amour inexorable. Elle semble fébrile. Comme si elle s’exposait à moitié nue pour la première fois. Comme si elle craignait son regard. Son jugement. Son purgatoire. Alors ses yeux verts brillent. Sûrement comme jamais auparavant. Sa main glisse sur son visage. Ses phalanges tremblent. Et l’angoisse monte. Les doutes assiègent. Elle est prête à reculer. Prête à s’enfouir et l’abandonner. Avant qu’il ne l’abandonne le premier.  — J’ai tellement peur parfois. La confession borde ses lèvres rougies par l’étreinte des siennes. Les mots sont faibles. Les mots sont dérisoires à coté de ceux qu’elle ne crache pas. Le refuge de sa tête contre sa nuque. Pour fuir son regard.  Peur de le perdre. Peur d’elle-même. Peur de cette ombre funeste qui plane. Peur de la vie sans lui. — J’ai tellement peur de te perdre. Et elle le fixe. Comme si cette phrase marquait la seule réalité. Je t’aime Shaun. Je t’aime et ça me tue. Je t’aime et ça me fait douter. Je t’aime et j’sais même pas comment te le dire. Les mots se renfrognent. Et ils se bloquent dans cette gorge où se déploie l’amertume.
Un baiser furtif. Un baiser qui marque un pacte avec l’enfer. Celui du doute de le voir se défiler. Et pourtant, elle lierait ses phalanges à celle du diable.
Si ça le faisait rester.
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Shaun Penwyn

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyDim 21 Oct 2018 - 14:45

Ses mèches qui s'entremêlent entre tes doigts, glissent le long de ta peau battue par le temps et les coups. Un corps entier que t'as trop longtemps fait souffrir. Une silhouette cabossée que tu enverrais pourtant sur un ring à la première occasion venue. Cette vie qui te manque, ces souvenirs qui te bouffent un peu plus chaque jour. La foule, tout autour de toi. Les chants, les hurlements. Cette fausse haine qu'elle déversait à chacune de tes apparitions. On adorait te détester, Shaun. Ce type sans foi, ni loi qui régnait entre les cordes, qui ne respectait rien ni personne. Aucune règle à sa hauteur. Et toi, dans les vestiaires, opposition nuancée face à l'alter ego affiché sur les écrans géants. Ce gars qui claque dans les mains de ses collègues, qui coach les nanas trop souvent laissées de côté. Deux êtres différents enfermés dans un même corps. Un personnage qui a finalement laissé sa trace dans ton caractère, qui n'a pas disparu complètement en même temps que ta carrière. Ce type renfrogné que t'incarnais, il s'est uni avec toi.
Et c’est sûrement lui qui t’a poussé dans les bras de Tara, qui s’est fait séduire par la tempête. C’est lui qui la serre contre toi, qui se délecte de son contact et de sa chaleur. C’est lui le gagnant, au final. Deux personnages. Un corps.
Un corps qui s’affiche alors que les minutes passent, une peau qui se sépare du tissu protecteur. Tara, elle s’impose. Elle décide. Et toi, tu cèdes, comme à l’habitude. Tu plies face à elle, face à ses assauts effrénés. Un frisson parcourt ta peau quand ton nom glisse entre ses lippes, comme un sort pour réveiller tes sens. Te rappeler que t’es vivant. Ton front rejoint le sien, quelques secondes. Un court instant où t’inspires son parfum, où tu te noies dans ses effluves. Elle s’empare de tes faiblesses, règne sans partage entre ces murs. Elle emporte tout sur son passage. Tes doigts rejoignent les siens sur ta mâchoire, s’entrelacent aveuglément. Ton palpitant qui se soulève à ses mots, qui injectent à nouveau ces peurs insalubres dans ton crâne. Te perdre. Le mensonge qui pèse un peu plus. Si elle savait. Cette menace au-dessus de ta tête. Elle pense te voir partir, Tara. Elle ne s’imagine pas les maux qui s’immiscent entre vous.
Tu voudrais lui répondre que toi aussi. Que toi aussi, t'as peur. Mais la seule chose qui passe tes lèvres, c'est le silence. Des paroles bloquées par la culpabilité qui te ronge. Tu t'en veux de lui mentir autant, ça te bouffe de voir son visage empli de cette confiance que tu trahis sans vergogne. Alors la seule chose que t'es capable de faire, c'est d'écraser tes lèvres sur les siennes. C'est de l'étreindre toujours plus contre ton buste. Peau contre peau. Abandonner cet espoir de tout lui expliquer, de tout lui avouer. Tu ne fais que te planquer, Shaun. Pitoyable. Un baiser que tu coupes trop rapidement quand un son te parvient, résonne dans le couloir comme une alarme. Une voix qui passe au travers des murs. « Tara, j'ai une urgence. Est-ce que tu sais où Shaun a mis les clés de la Bentley ? » Et un poing qui cogne deux fois contre la porte, pour accompagner les paroles. Par réflexe, tu t'écartes d'elle. T'éloignes comme si le contact t'avait assené une décharge électrique.
Si seulement tu pouvais disparaître. T’évaporer de la pièce, comme si tu n’y avais jamais mis les pieds. Ta bouche qui reste close, évitant le risque de te faire entendre à travers la porte. Et c’est en vitesse que tu renfiles ton t-shirt, pareil à une armure de fortune.
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Tara Cohen

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyVen 2 Nov 2018 - 8:02

Tara, elle a le palpitant au bord du précipice.
Les mots avoués, crachés, ordonnés avec une telle fragilité qu’elle ne se reconnait pas. La peur viscérale qui vient lui ronger les entrailles. Son ventre qui se creuse avec les interrogations en suspend. Celles qui dansent autour de ses yeux émeraudes. Celles qui contournent chaque opercule de ses muscles. Le regard accrocheur et le sourire en coin. Comme une gosse. Comme une funambule en suspend sur une corde raide. Les aveux trop fragiles. Les aveux trop fugaces. Elle regarde Shaun et se prend à rêver. D’une histoire qui durerait. D’un amour qui aurait un goût d’éternel. Des espoirs murés dans ses idéaux cachés aux yeux de tous.
Lui, il ne dit rien. Il n’a jamais dit grand chose. Carrure virile. Allure robuste. Mots aux abonnés absents. Le mystère accroché aux prunelles. Être énigmatique dont elle a cru pouvoir déceler les plus grandes zones d’ombre. En vain. Alors elle ne dit plus rien. Sa main dans sa nuque quand leurs lèvres se retrouvent. Des baisers au goût de paradis. Celui où elle déploie ses ailes blanches. Celui où elle rit si fort que la mélodie devient enchanteresse. Un monde à part. Un monde à eux. Et plus rien ne semble compter. La luxure se faisant reine. Le désir bousculant le roi sur son échiquier. Sa poitrine qui s’écrase contre son torse. Ses ongles qui ripent sur sa peau. Ce soupire qu’elle insuffle au creux de ses oreilles.
Puis le chaos. Le trou noir. Le coup à l’âme. Le coup au palpitant.
La voix du patriarche Cohen qui s’élève et la désunion de leurs corps. Shaun qui flippe, qui se rhabille et qui vient la laisser orpheline. Les traits de Tara s’affaissent sous l’effet de la tristesse et se crispent quand la colère revient au galop. Un rire cynique s’échappe et elle se lève à son tour. — Elles sont sur la commode dans l’entrée. Les mots sont balancés avec froideur. Ses lèvres remuent par mécanisme. Mais c’est la déception qui suffit à la paralyser. L’impression de ne pas assez compter. L’impression qu’aux yeux du chauffeur, le choix sera vite fait. Aucune option assez forte pour la retenir elle. Comme si son boulot comptait plus que tout. Plus qu’elle. Plus qu’eux. Plus que le monde qui s’arrête quand il est dans les parages.
Tara, elle a la gorge nouée. Elle pourrait se mettre à chialer comme une pauvre gosse. Mais c’est pas dans ses habitudes. Les perles salées trop souvent refoulées. Trop souvent effacées pour sourire à contre-courant. Alors la blonde recule contre le mur de sa chambre. Un vulgaire bout de tissu venant recouvrir sa poitrine. Ses mains tremblent. Ses jambes aussi. Et son visage ne cesse de dévisager celui du chauffeur. Y a cette hargne qui peint la courbure de ses pulpes. Y a ces doutes qui dénaturent la beauté de ses yeux. Et la peine qui devient une combustion à l’état pur.
Parce qu’elle souffre, parce qu’elle flippe.
Parce que tout ça compte plus que tout le reste. Mille questions, milles choix où il serait à chaque fois l’unique réponse. Elle le sait. Puis ça suffit à venir lui ronger le coeur. Comme un poison. Comme un animal enragé qui la dévore jusqu’à la moelle.
Elle est foutue, Tara. Et Shaun ne le voit même pas.
— Tu as pas envie d’aller ramper aux pieds de mon père ? J’suis sûre que tu toucheras une super prime en conséquence. Elle crache les mots d’un ton glacial. La gorge vacillante de cette douleur au creux du ventre. Une main posée contre la commode. Ses phalanges qui cognent contre. Des gestes nerveux. Des gestes empoisonnés par le pire. — Parce qu’au final, c’est bien le fric qui compte le plus apparemment. C’est ce que Tara se dit. Il flippe pas de la perdre. Il flippe pas de la fin de leur histoire.
Il flippe d’être découvert. Il flippe d’être viré. Et de dire au revoir aux billets verts qui tombent. Ça lui soulève le coeur. À un tel point que ses yeux viennent s’embuer. — Tiens, ton pognon. Prend-le et octroie moi du temps. Prend-le et rappelle toi qu’on est ensemble. Prend-le et arrête de m’abandonner. Elle réfléchit plus Tara. Impulsive, sanguine et bien trop insolente. Les billets glissent sur le pieu près de Shaun. Elle se dit qu’avec du fric, il restera. Elle pense à tort ou à raison devoir acheter son amour, sa présence. Sans réaliser que le pire rôde entre eux. Sans réaliser que les drames éclosent dans l’ombre de leurs gestes. Et c’est des larmes qui manquent de courir le long de ses yeux. Alors elle lui tourne le dos. Tara, elle attrape une clope et va s’assoir sur le rebord de la fenêtre. Les jambes dans le vide. Le vent qui caresse son visage. Les arabesques de fumée qui naissent. Elle s’imagine sauter durant quelques secondes. Rien que pour voir s’il oserait la rattraper. Rien que pour voir s’il souffrirait sans elle.
Pensées macabres qui défoncent son coeur. Comme tout le reste.
— Tu fais chier Shaun.
Parce que tu vois rien. Parce que tu entends rien. Parce que tu ne comprends rien. Je t’aime et je crois que c’est encore plus douloureux que de t’attendre.
Et elle devient silencieuse. Le corps tremblant à cause du froid. Les yeux qui s’accrochent aux étoiles, funestes témoins de la scène qui se joue. Le crissement de la Bentley de son père qui quitte la grande cour résonne comme un écho final.
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Shaun Penwyn

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyDim 11 Nov 2018 - 20:04

Tu recules, tu le regrettes déjà. T'éloignes d'elle à contrecœur à cause de cette fichue peur qui te scie l'esprit à chaque fois que t'es avec elle. Peur de s'faire prendre, peur de tout dévoiler. Peur de sombrer un peu plus contre elle. Cette voix qui sonne comme un couperet. La distance rapide, peut-être un peu trop. Ce t-shirt que tu remets en vitesse. Pareil à un gamin pris sur le fait, loin de l'adulte brouillon que t'es devenu depuis le temps. Loin de ce type qui semait la terreur sur les rings aux quatre coins du monde.
Est-ce que c’est ça ta vie maintenant ?
Est-ce que c'est ce que t'es devenu, Shaun ? Pareil à une feuille malmenée par le vent, trop fin pour parer les attaques, trop fragile pour contrer par toi-même les assauts que tu subis. La montagne raccourcie par l'érosion. L'homme achevé par des années à consommer les pires substances. Tu voudrais lui dire, à Tara. Tout balancer à voix haute, toutes tes peurs, tout ce qui te ronge à petit feu. Lui dire que non, elle n'est pas à blâmer. Qu'elle est au contraire cette bouffé d'air qui te garde la tête hors de l'eau. Mais tes lèvres, elles restent closes, comme de trop nombreuses fois. Ce mutisme dans lequel tu te réfugies bien trop souvent. Tu la regardes partir, s'évaporer entre tes doigts au lieu de la rattraper. Tu secoues la tête à ses mots, tentes en vain de lui faire comprendre ta vision des choses. Non, tu n'as pas envie d'aller rejoindre son père. Non, tu ne vas pas le faire. Ses mots qui claquent, attaquent ton crâne et ce pauvre muscle abattu au fond de ta poitrine. Les paroles dures, lourdes de sens qu'elle t'assène sans la moindre retenue. Elle a sûrement raison, Tara. Elle a raison d'avoir cette estime de toi, de ne pas te mettre sur un piédestal. Parce que t'es bien mieux à terre.
Tu sers la mâchoire, mais tu ne fuis pas son regard. Non, t'as les yeux plantés dans ses iris, comme si c'était la seule chose qui permettait encore à tes poumons de fonctionner correctement. Elle exprime sa rage, la Cohen. Elle malmène cette commode comme elle malmène ton crâne depuis des mois déjà. Un soupir passe tes lèvres à l'envolée des billets, à cette vision qui se dépeint devant toi ; de cette princesse guerrière montée au front. Les coupures s'échouent à côté de toi, t'appellent sans la moindre retenue. De la thune dont t'as grandement besoin, Shaun. De l'argent qui pourrait te permettre de payer ces capsules incendiaires dont ton organisme a désespérément besoin pour vivre. L'existence entretenue par ces merdes qui te détruisent par la même occasion.
Tu la regardes s'éloigner, sans rien dire. Et tu te maudis, tu te détestes quand tu vois ces réactions que tu préfères taire. Tu fais chier, Shaun. Elle a raison, sur toute la ligne. T'es qu'un poids mort dans sa vie, une perte de temps. Ces mots que tu te répètes sans cesse, pour essayer de freiner ces sentiments qui prennent toujours un peu plus de place dans ta tête.
Et pourtant, tu te lèves quand même. Pas le moindre regard accordé aux billets qui t'entourent, l'attention focalisée sur la tornade blonde. Tu t'installes au bord de la fenêtre, le dos faisant face à l'extérieur. Le bruit mécanique qui s'éloigne, vous abandonne à vos tumultes. Tes doigts s'emparent de sa main, tu l'enlaces entre les tiennes. Tu cherches son regard, t'imposes dans son champ de vision. « Je tiens à toi, Tara. Plus que tout ça. » Plus que ces billets, que ce boulot à la con, que de l'image que tu renvois à son paternel. « T'es plus importante. » Je t'aime. Le mutisme brisé, les armes déposées à ses pieds. Mise de côté, cette attitude taciturne que tu n'adoptes que pour lui faire croire que tu ne t'attaches pas. A égoïstement essayer de garder la distance entre vous, à ne pas l'attirer dans cette nuée d'emmerdes qui t'entoure en permanence. La protéger, dans un sens. Éloigner son cœur, alors que le tien est entre ses mains.
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Tara Cohen

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MessageSujet: Re: have mercy on my heart @shara.   have mercy on my heart @shara. EmptyMar 20 Nov 2018 - 15:47

Elle est comme ça, Tara,
Une tempête dont les pans ne peuvent masquer ses émotions. Des lèvres rougies où les mots s’arrachent avec insolence et fermeté. Une attitude qui se déchire au milieu de sa carcasse. Une innocence brisée avant l’heure dont elle ne parle plus. Des blessures infinies qui cognent sur le trajet de ses tempes, l’empêchant de goûter à la sérénité. Le coeur lourd de tout ce qu’elle se retient d’avouer. Des sentiments grisés puis mis sous silence pour se protéger.  Il n’avait été question que d’un désir vibrant au départ. Son regard qui a croisé celui de Shaun. Le sourire enjôleur ayant nargué ses lèvres prêtes à le ronger d’un baiser tant attendu. Des mots lubriques pour bercer l’ambiance et pour l’amener dans ses plus grands retranchements.
Mais c’est elle qui a fini prisonnière. Prisonnière de son odeur, de son souffle chaud. Prisonnière du goût sucré de ses lèvres et de la force de ses bras. Prisonnière du son rauque de sa voix et d’un attachement démesuré. Une chute interminable où elle en a redemandé. Un mur devant ses yeux émeraudes dans lequel elle a foncé, le pied appuyé à fond sur la pédale de l’accélérateur.
Shaun, il n’a pas été qu’une lubie. Un moyen de faire enrager son père ou de se sentir vivante. Pour quelques heures. Quelques semaines. Il est devenu sans le réaliser cette nécessité qui suffisait à la faire respirer, à la faire vivre. Un besoin d’être près de lui pour chasser les fantômes du passé. Une envie de sa peau à mesure que ses lèvres rendaient les mots silencieux.
Ces aveux fatidiques qu’elle a imaginé lui souffler au creux de l’oreille. Je t’aime et pas qu’un peu se voyait-t-elle prononcer d’une voix hésitante. Comme si elle craignait sa réaction. Comme si elle craignait de le voir se barrer sans se retourner.
Peut-être qu’au fond, elle flippe Tara. Rendre ses sentiments réels au milieu des décombres. Dédale de cendres qui se crée à chaque silence, à chaque départ. Séparation forcée quand son père se trouve dans les parages. La peur au ventre pour Shaun de perdre son boulot et le fric qui campe avec. Cette simple idée sème le chaos dans l’esprit de la blonde. À l’instar des billets qui volent, des larmes qui se calquent au fond de ses iris, de ses mains tremblantes et de son coeur qui se serre.
Pourquoi on se déchire ? Pourquoi on se fait du mal ?
Pourquoi on s’aime à l’envers ? Pourquoi on s’aime sans se le dire ?
Des questions dont les réponses semblent à cette seconde-ci plus incertaines que jamais. L’impression féroce qu’il ne l’aime pas. Pas comme elle, en tout cas. Pas assez pour surpasser l’interdit d’une relation qui se fane avant l’heure.
Une rose dont les épines s’ancrent une à une dans l’échine de Shaun. Un contact qui se retrouve au moment où il rompt la tempête pour saisir sa main. Tara, elle se montre hésitante les premières secondes. La colère bonne qu’à la faire trembler de tout son être. Les lèvres à peine entrouvertes face à toutes ces contradictions. L’envie de l’éloigner, de lui dire de partir et celle de s’accrocher à lui comme si demain n’existerait pas. Écraser ses phalanges et pétrir son échine avec rage puis s’excuser dans un baiser quasi désespéré.  Elle le regarde avec cette émotion à part. Les prunelles brillantes de tout cet amour qui vient la dévorer. Une bête qui se faufile, devient vorace et tellement prenante. Sa main frôle la sienne, mais tout paraît placide.  — J’ai pas l’impression que ce soit le cas. Le son de sa voix se brise. Les larmes engorgent la tonalité suave de ce son. La gorge brûlante et contractée d’un supplice qui vient la bousiller. les bousiller.  comme s’ils n’étaient bons qu’à se tuer au lieu de s’aimer.
La mécanique des sentiments qui fonctionne à l’envers. — Et tu veux savoir Shaun ? J’ai mal. J’ai mal d’attendre des preuves. J’ai mal de craindre de te perdre si mon père découvrait tout. Une option envisagée mille fois dans un coin de sa tête. Le patriarche serait fou. Il ferait tout pour les séparer. Tara n’en doute pas. Peut-être parce qu’il se plaît à imaginer l’avenir de sa fille au bras de Seth, l’idéalisant en gendre aimant et présent. Peut-être parce qu’il n’a pas cessé une seule seconde de l’observer comme la gamine de cinq ans qu’elle a été. Peut-être parce qu’il a perdu son âme-soeur et refuse de voir sa fille sombrer dans le caniveau, comme lui. Une idée fixe qu’il met au profit d’un besoin impétueux de la protéger. Sans même remarquer à quel point elle a grandi. À quel point elle est devenue une femme.
Une femme amoureuse. Une femme endolorie par la peur de perdre Shaun.
Dans un sursaut de tendresse, Tara glisse une main sur le visage de son petit-ami. De ses phalanges, elle frôle les traits durcis, ceux qui ont été marqués par des événements mis sous silence. Elle se rapproche de lui, son front collé au sien. Leurs lèvres à peine séparées par des centimètres qui deviennent une douleur exquise. — Je suis prête à vivre notre histoire aux yeux de tous, moi. Mais toi, tu pourrais le faire ? Et la question sonne comme un couperet. Comme un pas de plus sur le ponton d’exécution.
Ses yeux brillent de la réponse qui ne vient pas. Une hésitation. Un silence. Un sourire triste qui dépeint ses lippes. Elle se doute qu’il n’osera pas le faire. Par peur des conséquences. Par peur de perdre les billets qui trônent à terre. Pas par peur de la perdre elle. Constat dont elle imprime l’idée erronée. Elle dépose alors un baiser au coin de sa bouche. Un baiser qui subit le supplice de ses larmes salées. La gamine se relève et lui fait face. Ses yeux retracent l’opale de son amour. Son palpitant est mis dans un fossé où elle rêverait d’une chute intemporelle à deux. — Je crois qu’on ferait mieux d’en rester là pour ce soir.  Puis sans rien dire de plus, elle disparaît de sa chambre. Elle le laisse seul. Elle vient le condamner à un départ forcé. À une séparation volontaire. Comme si ça allait guérir sa peine, panser cette plaie béante.
Comme si ça allait les aider à aller mieux.
Parce que loin de lui, ça fait longtemps que Tara ne vit plus qu’à moitié.
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