- jan gunnarsen -
here is fruit for the crows to pluck

- âge et lieu de naissance: Trente-neuf ans, Aalborg, Danemark. - origines et nationalité: Danois importé. Ce n'est plus qu'un souvenir sur le nom qu'il porte, les fjords inconnus restent seulement des cartes postales qu'il a un jour rédigées. A dix-sept ans il s'envole vers l'Amérique, accompagné d'Ambition et de Crédulité. Il revient au Danemark avec un sac à dos, vainqueur mais ingrat. There's nothing left for him there. - statut familial: Divorcé, comme un de ces imbéciles contemporains. Il se souvient avoir eu foi en quelque chose comme l'amour, avant. Il y avait aussi ce lien supposé, cette famille formidable. Des gens qu'il a perdus, oubliés, délaissés. Alors le vieil ours est seul. - statut civil: Elle est dans la cuisine quand il revient, lui tourne le dos. Il est rare qu'elle le regarde dans les yeux à présent. De longues années à se bouffer du regard, ça semble les avoir rongés. Dieu qu'elle est laide quand elle pleure. Dieu qu'elle lui manque, quand il est tout seul. - occupation: Il a un jour fait le tour du monde, et y a semé des banques. C'est un planteur d'or, un requin des finances, une ordure aux poches bien remplies. De paris en paris, marche par marche, il a conquis les murs de Wall Street et s'y est imposé, longtemps, y a fait son nid. Avant qu'il ne tombe amoureux de Brighton, d'un calme promettant une certaine rédemption. Maintenant, il donne des cours d'économie à des ingénus de l'université. Et puis la nuit, comme les hommes d'aujourd'hui, il ment. Avouons que L'Organisation sait récompenser les méritants. - cinq choses favorites: Les bières autour du feu, sous un petit vent de septembre, les enfants couchés, les hommes de sortie, les jolies histoires de chasseurs et les blagues un peu osées. Sa moto, cet animal docile, le bruit de son moteur sauvage et la liberté qu'elle lui offre. S'improviser voyeur par la fenêtre de son bureau, à l'Université, observer les étudiants rêver, se moquer d'eux avant de réaliser qu'il ferait mieux de se moquer de lui. Annie, et son bar du même nom, les nuits à ses côtés, à baiser ou à parler, la facilité de leur relation et la rapidité avec laquelle il peut l'oublier. Les chiffres, les paris, les problèmes, les puzzles, les complications, les multiplications, les casses-tête, les emmerdes. - saison préférée: L'automne qui emporte avec lui les touristes et leurs airs détestables. L'automne et ses couleurs qu'il aurait aimé savoir peindre. L'automne et son odeur lointaine de crème solaire, d'amours brisées, de retour à la réalité. - traits de caractères: Le mâle typique, il n'a pas d'excuse. Il se fout de tout, s'embourbe dans son égocentrisme de vainqueur satisfait. On lui a rarement dit non et petit à petit, les choses sont devenues acquises. Il n'en profite pas pour s'enrichir, s'entourer de faux amis, se créer un monde fictif. C'est cette formidable assurance de savoir, à chaque instant, ce dont il a besoin, ce dont il a envie. Elle l'empêche de rejoindre la meute, l'éloigne toujours, chaque soir, de ces gens qui jouent le jeu pour vivre une utopie grégaire. Une indépendance qu'il paye par une certaine solitude mais qui lui assure d'être satisfait, par lui-même. - groupe: Hellebore. - avatar: Michiel Huisman.

L’écrasant silence. Douloureux parfois, glaçant. Alors il fait cracher les planches de la maison pour en extraire des bribes de vie, des souvenirs, une histoire. Le mutisme des murs est rassurant, mais rassurant comme l’étreinte d’un diable, elle l’entraîne, le fait danser, lui murmure des mensonges et le rend dingue. Dingue de solitude.
Une vie d’ermite en haut de Brighton, les cris en bas, alors qu’en haut, cet écrasant silence.

Un vieil ami, ce bourdonnement sourd imperceptible. Il l’avait séduit, au début, quand d’un coup d’oeil curieux il avait contemplé la maison et l’avait aimée. C’était le quotidien à l’envers, une empreinte carbone de sa routine New-Yorkaise. Le vacarme inversé.
Beaucoup trop vite - il faisait tout trop vite, et parfois très bien - il avait acheté la baraque, déménagé femme et clébard, vendu ses costumes pour des chemises à carreaux, perdu la tête dans l’immensité du jardin.
Mary, cette formidable gazelle américaine, avait essayé. Les carreaux la grossissaient.

Des jambes comme des grattes-ciel. Une allure, des airs, le mépris dans les yeux mais juste pour faire genre, pour plaire. Elle laissait son parfum dans ses draps, sur ses vêtements. Des touches d’elle qu’il avait retrouvées longtemps après, quand il se surprenait à la désirer de nouveau. Une bombe, une fusée, une si belle prise qu’il avait hésité à s’y risquer. Une bombe à retardement, une fille colérique, une princesse des beaux quartiers, les poignards sous les stilettos, une bouche pour dire non.
Brighton, Crapton. La ville trop escarpée. Les gens, ces bouseux. Une façon si particulière de prononcer tea alors qu’ils ne daignaient pas se faire chier à vendre du bon café. Mary avait râlé. Gueulé. Pleuré. Chialé.
Et plus elle s’évertuait à faire changer un mari qu’elle n’aimait déjà plus, plus elle s’enlaidissait de malheur.
C’est lui qui la quitte. Par pitié, peut-être.

Là finit de s’opérer une transformation chimérique, achève le blues du businessman. L’ex-trader, ce loup de Wall Street, creuse sa tombe dans un potager et devient homme de la campagne, gars solitaire aux manches retroussées. Il achète une Prius, devient un anonyme parmi les anonymes, un esprit corruptible sur les marchés qu’il a un jour contrôlé. Il mange les tomates de son jardin et fait des flics du coin ses copains.

Quatre ans et c’en est trop. Ce n’est pas New York qui lui manque. Ce ne sont pas les cuisses de Mary. Ce n’est même pas la facilité d’une vie d’homme pressé. C’est le silence qui lui grignote les tripes.

Une sorte de compromis se met en place, devient sa drôle de vie. Devant lui une multitude de gamins, des gamins qu’il n’aurait pas voulu avoir. Des petits cons qui, comme lui plus tôt, s’imaginent tenir le monde dans leur main lorsqu’ils achètent leur première action. L’université, un bac à poissons géant, un endroit où ça grouillerait presque, sans en être dérangeant. Il fait ça de temps en temps, pour que ça reste plaisant.
Mais ce qu’il le fait à nouveau bander, ce n’est pas d’écrire à la craie sur des tableaux noirs. Depuis qu’il a tendu sa paume aux Burgess, plus besoin de se jeter sur une moto pour se sentir vivant.

- pseudo/prénom: anoe, Rosa. - âge et pays: 22 de la France. - type de personnage: Inventé. - votre avis sur le forum: +++. - où avez-vous connu le forum: Bazzart. - autre: Dansons la Carioca.

Citation :

Alors oui, ils appellent ça un mariage. Mais Dieu qu'elle est laide quand elle pleure.