- elena rose -
le monde dans ma tête était comme une toile d'araignée bourdonnante.
pleine de bruit sourd d'une vie à l'agonie.
d'une sorte de râle.
des battements d'ailes légers et disgracieux de la dernière envolée.

- âge et lieu de naissance: vingt-huit ans, dont deux d'enfance et le reste de débrouille. on les connait, les mômes comme Elena. ils font partie du décors, pas de la scène, ils pourraient avoir cinq ans ou neuf, douze ou dix-sept et les menottes aux poignets, ils sont bons qu'à combler les vides d'une ville qu'ils sont pourtant jusqu'à la moelle. Brighton, c'est eux. c'est pas les mignonnes effarouchées qui se baladent dans les Lanes en gloussant leur amour pour cette « Londres au bord de mer ». ils y sont nés et presque aussitôt, ils y ont disparu, jusqu'aux retours des reportages sur la vraie face des villes britanniques et des caméras aux angles alambiqués et se voulant discrètes venant filmer avec enthousiasme les cicatrices sous leurs yeux. - origines et nationalité: anglaise. britannique. la déclinaison infinie des façons de témoigner de son incapacité à quitter le trou dans lequel elle est tombée à la naissance. si elle vient d'ailleurs, elle en sait foutre rien, Elena, et ça l'intéresse pas. parce qu'elle sait qu'elle ira probablement jamais nulle part. - statut familial: le père est mort il y a une vingtaine d'années, la mère est morte dix ans plus tard. elle conserve pour elle et en elle tout ce qui reste de sa famille déchirée : sa petite sœur. la prunelle de ses yeux, le sang dans ses veines, l'oxygène et l'apnée en même temps. les filles Rose vivent toujours à deux, grandissent toujours à deux et pleurent toujours à deux quand les temps sont durs. comme une seule fleur. - statut civil: elle a aimé à sa façon, Elena, c'est-à-dire en dilettante. sans savoir si elle aimait réellement, rien qu'avec la tête et pas avec le cœur. sans savoir si les films, les livres et la vie lui vendaient quelque chose de si incroyable qu'elle était incapable de l'atteindre ou si ce n'était en réalité qu'une odieuse publicité mensongère pour mieux faire avaler la pilule. même à deux, c'est pas génial. elle est seule , la petite, parce qu'être à deux mais seule quand même, elle en voit pas l'intérêt. parfois oui, pour l'espoir et la drogue douce, pour se fondre dans l'autre et oublier, pour l'illusion et le cœur qui fait mine de se soulever pour finalement rester inerte - le plus souvent non. - occupation: elle a voulu être de celles qui nourrissent le cliché, de celles qui réussissent malgré l'échec et dont on parle dans les articles Vice toutes les deux semaines. gosse défavorisée, aux mains volages plus aiguisées que son esprit, elle a tout envoyé valser. elle a craché à la gueule de la fatalité, s'est moquée d'elle à gorge déployée, galvanisée par sa propre force. ça a duré quatre ans. l'illusion a duré quatre ans. elle était pas si mauvaise en flic, Elena, agile, rapide, plutôt maligne parce qu'elle a trop souvent été de l'autre côté, et arrêter des amis, ça la dérangeait pas plus que ça. au début. puis d'un cliché à l'autre, il y a un an, elle a trébuché. s'est effondrée de ces chutes lentes mais prévisibles, inexorables, qui s'accrochent à tes chevilles pour te happer sans crier gare. ripou, on lui a dit. ça lui a paru exagéré - elle s'est tût. depuis, silencieuse, elle entraîne les poussins et les benjamins sur la piste d'athlétisme. - cinq choses favorites: sa sœur / sa petite sœur / sa sœur cadette / sa fratrie / sa sœur. - saison préférée: aucune en particulier, ou peut-être l'été parce que c'est cool de dire l'été. toutes ont leurs avantages et leurs désavantages, alors elle s'en fout pas mal, Elena. - traits de caractères: inconstante, pragmatique, cérébrale, adaptative, débrouillarde, indépendante (mais un peu dépendante quand même), secrète, observatrice, peu sujettes aux réponses émotionnelles, adepte perpétuelle du mimétisme, téméraire, ingénieuse, attentionnée, mature, sarcastique, amicale, évanescente, épisodiquement enchanteresse, toujours partante, droite, loyale, hors du monde, hors d'elle-même, totalement dans les autres. - groupe: celosia. - avatar: taylor lashae.

- Emmène-la au parc, qu'elle hurle, la mourante, depuis la chambre crasseuse et sombre dans laquelle elle se terre pour agoniser en paix. Ou peut-être qu'elle geint, on sait jamais trop. Alors elle attrape sa main, Elena, elle s'accroupit et murmure quelques mots doux à son oreille, juste pour l'entendre gazouiller, juste pour le sourire édenté et magnifique qu'elle recevra en retour. Pour la quinzième fois de la matinée, elle exhibe sa pièce de une livre toute neuve en se demandant tout ce qu'elle va pouvoir acheter avec. La petite souris est passée pour la première fois cette nuit et c'est le fond de ses poches qu'Elena a dû racler pour créer l'illusion. Mais bon, maman mourra probablement d'ici peu, alors elle aura bientôt de quoi lui offrir tout ce qu'elle veut, des nouveaux crayons de couleur ou la maison deux étages de Barbie.
Elle, c'est tout. Elle, c'est le soleil de ses nuits, les étoiles de ses jours, et c'est ce qui l'a remise sur les rails, six ans plus tôt, c'est elle qui a pris son cœur anesthésié en otage pour le faire retentir douloureusement, puis battre pour la première fois, à petits coups timides, pour exploser les murs de sa prison de brume, pour, de son grand regard de bébé et de ses petits doigts forts comme l'acier, délier ses membres prostrés, la relever et la guider dans le monde réel. On ne lui a pas offert une sœur - on lui a offert le goût du sourire et de la douleur, du rire et de la peur. On lui a offert une vie et un but.
Elle, elle y tient plus qu'à la prunelle de ses yeux.
De toute façon, ses yeux à elle sont morts en même temps qu'ils sont nés. Alors elle vole ceux des autres, elle s'en empare et crève le monde à travers eux. Elle a pas besoin de plus, elle a pas besoin d'exister vraiment, puisqu'ils existent à sa place. Puisqu'il lui suffit de se laisser porter, entraîner, dans un tourbillon d'âmes perdues jusqu'à percuter l'une d'entre elles et ne faire plus qu'un. Elle devient alors vertueuse, pute, ambitieuse, distraite, paumée, fière, drôle, mesquine, généreuse ou élégante, elle devient téméraire chasseuse de lucioles, étudiante timide aux prunelles brunes d'intelligence, dangereuse prédatrice derrière sa cascade de cheveux brillants. Elle est comme un miroir. Ça ressent rien, un miroir, ça observe et apprend, ça se contente de refléter le beau comme le dégueulasse, et Elena, elle peut être belle comme elle peut être dégueulasse. Elle est miroir. Elle s'adapte. Elle réfléchit, puis elle réfléchit. Elle est tout et rien. Parfois tout, parfois rien.
Puis tout est rien, aussi. Tout est loin. Elle a pas le cœur qui dérape, la bile qui monte à la gorge, le bide qui se tord, la colère qui gronde, les larmes qui brûlent. Elle est heureuse quand elle sait qu'elle doit être heureuse, elle est triste quand elle sent qu'elle doit être triste, elle est en colère quand elle pense qu'elle doit être en colère.
Tout ça, c'est dans sa tête, pas dans ses tripes. Y'a rien dans ses tripes, elle a pas de tripes. Juste quelques visages qui tourbillonnent dans ses circuits vitaux et l'animent pour la tirer de sa torpeur indifférente d'automate. Le seul mode de défense que lui aient jamais enseigné un père crevé, une mère qu'en est pas loin aussi.
Elena, elle est pas le cœur, elle est le cerveau. Les impulsions électriques, la théorie, le voile entre le conscient et l'inconscient. Elle flotte entre bien et mal, discernant l'un et l'autre avec le regard de celui qui a vécu mille guerres mais la sagesse d'un tremblement de terre. C'est pas une révoltée, Elena, c'est pas une justicière, elle sait sans faire, elle devine sans agir, elle capte sans comprendre, elle observe sans juger, parce qu'elle est au-dessus de tout ça, à mille lieux.
C'est une autre réalité qu'elle vit, une dans laquelle elle rit, pleure, aime, pour de vrai, une dans laquelle elle n'existe pas au travers du regard des autres. Sa drogue à elle. Et sa némésis. Ce pour quoi elle est, et ce par quoi elle est. Faisant de son corps malmené le terrain de jeu et de lutte entre l'odieusement vrai et le joliment faux.

- pseudo/prénom: louise. - âge et pays: 23, belgique. - type de personnage: inventé. - autre:     .

Elena Rose a écrit:

elle était pas si mauvaise en flic, Elena, agile, rapide, plutôt maligne (...) puis d'un cliché à l'autre, il y a un an, elle a trébuché.