- put your darkest days behind -
lysandra hart x nathan morello

À peine avait-elle franchi le pas de la porte du petit café de quartier que Lysandra constata à quel point l’endroit était bondé. Plusieurs étudiants, armés de leur ordinateur portable, s’était rassemblé afin de mener à bien des séances d’études ou des travaux d’équipe. Il y avait aussi les ainés qui se retrouvaient entre eux, discutant de la pluie et du beau temps. Puis, parsemés çà et là, au milieu de ce capharnaüm, quelques individus solitaires, sirotant un café en parcourant d’un air détaché le journal du matin ou leur téléphone. S’approchant du comptoir afin de passer sa commande, la jeune femme scrutait les lieux à la recherche d’un endroit où se poser. Trouver un espace vacant, à cette heure, relevait du miracle. Se résoudre à partager une table avec un inconnu devenait alors sa seule option. Donnant la monnaie nécessaire au barista afin de couvrir les frais de son achat, elle récupéra sa tasse avant de s’aventurer sinueusement entre les chaises, guettant une place, même toute petite, où elle pourrait s’installer. Elle finit par trouver, mais ce n’est que lorsqu’elle arriva à au côté de l’autre client qu’elle le reconnut. – Oh, M. Morello, bonjour! – fit-elle, à l’attention de l’homme, psychologue de profession. Un détail qu’elle n’ignorait pas, puisqu’il s’agissait plus particulièrement du sien. – Est-ce maladroit de ma part de vous demander de partager votre table? – Vu la relation professionnel qu’ils partageaient, il existait une certaine distance que l’homme devait conserver avec sa cliente. Sa demande restait pourtant des plus anodines, elle, simple cliente de commerce un peu trop rempli, ne cherchant qu’à déguster son café en toute légitimité.

Nathan n’était pas un fan des endroits bondés, mais ce café de quartier était un endroit qu’il appréciait depuis plusieurs années. Il venait souvent avec son ordinateur portable, des écouteurs et pouvait à la fois travailler, boire un bon café et passer le temps. C’est ce qui l’amenait d’ailleurs aujourd’hui, une envie de caféine. Il avait par chance trouver une des dernières bonnes tables et savourait son café. Il ne pouvait pas faire les choses correctement sans sa dose. Soudain, il fut interrompu par une petite voix qu’il connaissait. Lysandra, une patiente à lui. Elle semblait chercher une place et elle n’avait pas vrai-ment de chance. Elle souhaitait donc pouvoir partager sa table un moment. Nathan ne savait pas vrai-ment comment réagir face à cette proposition. D’habitude, il ne mélangeait pas son temps personnel avec ses patients, mais Lysandra n’était pas une patiente comme les autres. Elle l’ignorait encore, mais ils partageaient plus en commun qu’elle ne le soupçonnait. Il avait accepté de s’occuper de son cas pour Ingrid et maintenant il prenait ceci très au sérieux. Il pouvait sentir qu’elle avait besoin de lui et il ne se voyait pas refuser. « Disons que j’ai déjà eu pire comme demande, asseyez-vous. » Lui répondit Nathan. Il est vrai qu’au fil des années il a eu des patientes avec des demandes étranges, mais la sienne ne l’était pas du moins si elle continuait de le voir comme psy. Il ne tenait pas à flouter leur relation alors que Lysandra avait tant besoin d’aide. De toute façon, il se disait qu’ils n’étaient pas forcément obligé de parler. Elle n’en avait sûrement pas envie.

Elle aurait pu opter pour un autre café, et rebroussé chemin en remarquant l’achalandage inhabituelle des lieux en ce milieu de semaine. Pourtant, elle se réconfortait dans certaines habitudes, et venir siroter l’un des breuvages chauds offerts en ce lieu faisait partie d’une petite liste de choses qui lui faisait plaisir de faire. Un moment simple auquel elle se raccrochait, un instant de calme et de sérénité avant d’affronter le reste de la journée. Le calme semblait toutefois hors de l’équation, cette journée-là, et une fois son due bien en main, Lysa eut bien du mal à trouver endroit où se poser. Elle était à la fois soulagée et anxieuse de tomber sur Nathan. Soulagée car il ne s’agissait pas d’un inconnu, et anxieuse car il aurait pu refuser de l’accueillir à sa table, vu leur relation scellée d’un sceau professionnel. Il acquiesça pourtant, lui faisait remarquer que sa demande n’était pas aussi inusitée qu’elle aurait pu le croire. – Merci. – le remercia-t-elle avant de tirer l’une des chaises et de s’y installer, sa tasse déposée droit devant elle. Elle ne questionna pas davantage le psychologue quant à sa remarque, bien qu’elle aurait pu se laisser porter par la curiosité, poussée par son instinct de journaliste. Fouillant dans son sac à main, elle en sortit un petit carnet de notes et un crayon, qu’elle posa à côté du reste. Un petit livret précieux à ses yeux, même s’il se qu’il contenait paraissait sans valeur pour tout autre personne le parcourant. Jour après jour, elle y inscrivant ce qu’elle avait fait, les gens qu’elle avait rencontré, les lieux qu’elle avait visités. Une façon de se rappeler, et de ne pas oublier. Une preuve tangible que son existence, et sa vie, avait repris, là où elle s’était arrêtée trois ans plus tôt.

Nathan ne savait pas comment Lysandra faisait pour arriver à se lever chaque matin. On lui avait claire-ment pris trois années de sa vie, elle se retrouvait maintenant obligée de composer avec un gros flou. Il l’a trouvait incroyablement courageuse. Alors si elle agissait de manière excentrique par moment il ne lui en tenait pas rigueur. Nathan se rendait compte qu’il avait peut-être été un peu trop distant, froid avec elle. Il ne savait pas forcément comment gérer la situation. Il était son psychologue, il était également le compagnon d’Ingrid dont la jeune femme ne se souvenait pas forcément. Il essayait de tout compartimenter pour faire son job correctement. Parfois, il savait qu’il manquait de savoir vivre, mais il tentait de s’améliorer. Soudain, Nathan remarqua qu’elle sortir un petit carnet, il pouvait se douter qu’elle y écrivait toutes sortes de choses. Il était étonné par la démarche de la jeune femme, dans le bon sens du terme. Il aurait aimé que davantage de patients le fassent. Il pensait que cela était très bénéfique pour qui-conque, mais encore plus pour elle. « C’est une très bonne idée, d’écrire.. » Lâcha Nathan. Il espérait ne pas avoir été trop curieux. Il ne tenait pas à la mettre mal à l’aise. Il pensait sincèrement que c’était une bonne chose que d’écrire. Elle pouvait se réfugier dans ce petit carnet. Il ne voulait pas qu’elle le prenne mal ou qu’elle se sente obligée d’en parler avec lui. Ils n’étaient pas dans une session de thérapie. Elle ne lui devait absolument rien, d’ailleurs elle était libre de l’envoyer sur les roses.