Tu rumines Hestia. Tu sais pas vraiment pourquoi est-ce que tu as décidé de le contacter, lui. Al Baldini. T'étais si heureuse, lorsque tu as appris qu'il avais pris le temps de faire une critique de ton livre, les conseils, tu les prenais avec plaisir. Ton sourire, il s'est très vite eteint, pour laisser place à une colère, noire. Ininteressant, mal écrit, féministe à en crever, récit d'une vieille fille romantique innassouvie. Tu n'as pas compris, pourquoi tant de haine, pourquoi est ce qu'il t'a dit ça lui ? Lui qui ne te connait pas ... Un simple sms, pour un rendez-vous d'affaire. T'as envie de le rencontrer, lui que tu ne connais que par ses écrits. Rendez vous dans le bar, le joker. Il a vite répondu Baldini, et toi t'as préparé tes phrases, tes piques à l'avance. T'es confiance Hestia, devant ton café crème, l'attendant. Mec qui se fait attendre. Ton souffle se fait rapide, ton coeur bat vite, t'as juste envie de le tuer, lui qui a sali tout ce que tu faisais, alors que tu pensais vraiment, qu'il aimerait. Tes ongles tapotent sur le bois de la table. Et le voilà qui arrive, lui, nonchalant alors qu'il a plus de vingt minutes de retard. T'es pas assez importante Hestia, sûrement d'autres auteurs, plus interessants à aller voir, toi, tu crois que tu as du talent, vieille fille romantique innassouvie ... Ces quatres mots trottent dans ta tête, n'arrivent pas à s'envoler, t'arrêtes pas de te poser la même question en boucle. Et si c'était vrai ? Et si tu étais vraiment cette fille, cette vieille fille encore vierge à vingt-sept ans, qui ne trouvera jamais ce qu'elle recherche, mettant la barre trop haut, qui finira avec un chien, se demandant bien ce que tu as pu foirer. Tu te lèves lorsqu'il arrive, contraste entre ton sérieux et son sourire. Tu t'en moques finalement, t'es pas là pour ça, t'es là pour savoir vraiment ce qui ne va pas avec ton livre. "Bonjour monsieur Baldini. Je suis Hestia Mason, merci d'être venu." Poigne dure, t'essaies de mettre toute ta rage dans la force de tes doigts, à peine une simple pression pour lui sans doute, tu n'es qu'une femme après tout, une féministe de plus, si il savait. Il ne sait rien de toi. "J'ai eu le grand honneur de lire la critique que vous avez fait sur mon livre. Est ce que vous avez l'habitude de critiquer chaque écrit pour amuser la foule où est ce que mon livre vous a à ce point répugné ?" Tes narines se dilatent, tu restes calme Hestia, pas dans ton habitude de t'emporter, surtout pas pour un mec comme Baldini. "Dites moi, lorsque vous dites que, je cite "mademoiselle Mason est une féministe en devenir et j'en passe, qu'est ce que vous vouliez dire par là ? Cela vous a choqué que mon personnage principal soit une femme ? Ou alors c'est la fin qui vous a choqué ?" Trudy avait le choix entre cet homme, sûrement bon pour elle et sa carrière, à l'autre bout du monde. Elle a choisi sa carrière, préférant avancer seule vers un chemin sûr, que de rester par amour pour sûrement le regretter. Tu parles trop, te justifiant, ne le laissant presque pas parler, t'es furieuse, ton nom sali dans la boue, par cet inconnu. Que tu ne verras sans doute plus, dés le seuil de la porte franchi.