Wyatt Fairchild n'en croyait pas ses yeux. Et pourtant, il y avait bel et bien une énorme vache allongée en plein milieu de la route, non loin d'une audi plutôt mal en point. Le conducteur avait freiné le plus fort possible mais il n'avait pas réussi à éviter la vache, la fauchant légèrement au point de la faire voltiger quelques mètres plus loin. Le conducteur était en état de choc mais il n'avait rien, grâce au ciel. Il était 5heures du matin, il rentrait de boite de nuit et passablement éméché avait manqué de s'endormir au volant provoquant ainsi une sortie de route qui le fit atterrir tout droit dans un champ rempli de vaches. Le plus gros du troupeau était fort heureusement plus bas dans le pâturage mais une grosse vache égarée était encore dans le coin au moment de l'accident, et c'est elle qui avait pris. La pauvre bête ne cachait pas sa souffrance et on pouvait entendre des gémissements de douleur raisonner dans la basse compagne. Le chef des pompiers se passa une main sur le visage, un peu dépassé par la situation. Évidemment il était content que le type ne soit pas planté mais la vision de l'animal en train d'agoniser en face de lui ne lui plaisait pas du tout. Wyatt ne pouvait pas demander conseil aux autres, maintenant qu'il était le chef. Et en devenant pompier il s'était certes engagé à sauver les humains mais les animaux en faisaient partie aussi n'est-ce pas ? Fuck it. Il allait appeler un véto, au moins il rentrerait à la caserne la conscience tranquille.

"Vous êtes sûrs que vous voulez pas qu'on attende avec vous Chef ?" Wyatt secoua négativement la tête. "Non c'est bon les gars, vous pouvez y aller je vais rester ici jusqu'à ce que la véto arrive, laissez moi le 4x4 ça suffira. Appelez moi si y'a une inter un peu chaude qui se présente." Malgré le froid de la campagne anglaise qui mordait chaque centimètre de sa peau, Wyatt avait décidé de rester jusqu'à ce que la vétérinaire qu'il avait déniché dans l'annuaire des pompiers débarquent. Il dut attendre une bonne demi-heure et il était 5h34 quand les phares de voitures éclairèrent la route. Un véhicule se gara sur le bas côté et une silhouette féminine en sorti. Wyatt n'arrivait pas à deviner à quoi ressembler la vétérinaire jusqu'à ce qu'elle arrive à sa hauteur. Il lui tendit la main pour la saluer : "Salut Doc, enchanté Wyatt Fairchild, chef de la brigade des pompiers. Un véhicule a fini dans le champ après une sortie de route et a plus ou moins percuté cette grosse bestiole que voilà... J'sais pas ce qu'elle a vraiment mais elle fait du bruit. Alors j'me suis dis qu'en vous appelant directement en attendant de trouver le nom du proprio du champ on gagnerait peut-être du temps sur les soins." résuma t-il. À présent qu'elle n'était plus à contre-jour de ses phares il découvrit que la Doc en question était une Doc super sexy. Wyatt savait que le bon dieu des vaches le remercierait pour sa bonté. Il avait tout de suite un peu moins froid.

Une nuit par semaine, la clinique de Bess était d’astreinte et lorsqu'elle travaillait de nuit, la demoiselle ne s'ennuyait jamais. Toujours des coups de fils pour des animaux écrasés entrain de mourir dans d’atroces souffrances qui fallait qu'elle essaye de sauver. Parfois, elle y parvenait, parfois non. Les inconvénients du métier. Au début de sa carrière, chaque morts lui arrachaient les tripes et parfois même les larmes. Aujourd'hui, elle prend beaucoup facilement sur elle. Elle n'a pas le choix. Néanmoins, apprendre à un enfant qu'elle n'a pas pu sauver son animal de compagnie, sur demande des parents qui ne trouvaient pas la force, l'a toujours retournée. Cette nuit là, vers cinq heures du matin, c'est un appel pour une vache renversée en pleine campagne qui lui a sortit le nez de son bouquin. Un peu d'action lui ferait du bien. Même si ce n'est jamais vraiment pour de bonnes raisons. La campagne était assez loin, mais elle avait promit d'être présente sur les lieux le plus rapidement possible tout en ordonnant de ne pas toucher l'animal et de respecter les premiers gestes de sécurité. Mais ayant à faire à un chef des pompiers, elle n'avait pas grand chose à lui apprendre. Une bonne demie-heure plus tard, la voici sur le lieu de l'accident. D'un pas pressé, trousse en main, elle se dirige vers le pompier qui attendait son arrivée pour pouvoir reprendre son travail. - Bonsoir je suis le docteur Djar, désolée, j'ai fais aussi vite que je pouvais. Mais avec ce brouillard, je préfère être prudente. - Elle lui serre doucement mais fermement la main qu'il venait de lui tendre pour la saluer et se dirige doucement vers l'animal. Tout en l'examinant, elle dirigea son regard vers le pompier en affichant une grimace qui n'annonçait rien de bon - Je ne présage rien de bon pour cette pauvre vache. J'en ai bien peur. Je crois connaître le propriétaire du champ. Monsieur Vaghan. Mais je n'ai pas son numéro. - La bête gémissait de moins en moins fort. Il fallait mettre un terme à sa souffrance et vite. - Je vais lui injecter un sédatif qui calmera sa douleur, au moins. - Ce genre de situation, elle n'en était pas tellement fan, mais qui le serait ? Evidemment personne. - Le choc qu'elle a reçue ne lui donne aucune chance de survie. J'ai déjà soignée cette vache le mois dernier. Elle était malade. - Bess lui administra le sédatif et se releva, tout en pianotant sur son téléphone histoire de trouver le numéro du propriétaire surement noté sur son application des patients. - C'est bon, j'ai le numéro, laissez moi une minute. - Elle recula de quelques pas le temps d'appeler le propriétaire puis raccrocha. - Il arrive. Vous pouvez partir, il n'en aura pas pour longtemps. -

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'avait pas le temps de donner dans la politesse. La vétérinaire s'attela immédiatement à soigner la vache, laissant Wyatt complètement impuissant. Dansant d'un pied sur l'autre, c'était lui qui se retrouvait au feu de l'action d'habitude et le fait de se retrouver là à attendre que ça se passe, son petit côté macho en prenait un cou. Il ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil au derrière de la jolie doc alors qu'elle se baissait pour injecter un sédatif à l'animal, décrivant les étapes au pompier. "Faites ce que vous avez à faire." De toute façon qu'était-il censé dire d'autres ? Visiblement la vache était beaucoup moins bien engagée que celui qui l'avait percuté, ça contrariait un peu Wyatt.  "Putain tout ça parce qu'un con a bu un verre de trop." Un humain complètement con venait d'ôter la vie à une vache innocente. Wyatt n'était pas censé penser de la sorte mais il espérait que le propriétaire des vaches porterait plainte contre le conducteur. Pour Wyatt, c'était équivalent à une perte humaine : même si il les préférait dans son assiette, il était désolé de voir ce triste spectacle. Il était carrément emmerder même, le rapport allait être chiant à écrire et il espérait que le propriétaire du champ ne lui causerait pas trop de problèmes. Dans ce genre de circonstances, les victimes avaient parfois envie de trouver un coupable pour se délester de leur peine et de leur colère : et dans ce cas, c'était souvent le chef des pompiers qui en faisait les frais bien malgré lui. La véto connaissait le proprio mais elle n'avait pas le numéro. Ok cool il allait pouvoir servir à quelque chose plutôt que de la regarder s'activer et se sentir totalement impuissant face à la situation. Le téléphone à l'oreille trente secondes plus tard, Wyatt demanda aux services des renseignements le numéro du propriétaire. Il ne tarda pas à l'obtenir et soupira lorsque la télé-opératrice lui proposa de le mettre directement en relation avec ce fameux monsieur Vaghan. Pauvre homme qui allait se réveiller avec une vache en moins... Il ne fallait pas sous estimer l'amour que portait un paysan à son bétail.  "Allez-y." Évidemment, le type ne répondit pas et Wyatt du lui laisser un message vocal pour l'informer de la situation. La vache était malade et visiblement elle n'allait pas faire long feux. Pendant un quart de seconde, Wyatt imagina son chien à sa place et il eut l'impression que son coeur se briser.  "Franchement si vraiment elle souffre, achevez là qu'on en finisse...." grommela le pompier en regardant ailleurs pour ne pas affronter la vision de la vache souffrante dans le froid hivernal. La véto lui dit alors qu'il pouvait partir. Il s'esclaffa, il aurait bien aimé mais c'était pas son genre, il se le permettrait pas. "Non maintenant que je suis là je vais attendre avec vous que ça se finisse, puis je vais pas vous laissez là seule dans la campagne à cette heure-ci en plein milieu de nulle part." Ça aurait été quel genre de pompier franchement ? Laissez une aussi jolie nana comme ça dans le froid de la campagne anglaise ? Hors de question.