Invité Invité
| Sujet: (spirited away) Mar 17 Avr 2018 - 2:23 | |
|
- fiona bukovatz - not every day has to “count.” Some days, your purpose is to make it to the next one. that counts too.i. harness your blame, walk through- âge et lieu de naissance: Brighton, il y a tout juste vingt-trois ans et le bonheur dans les yeux des heureux parents. Un petit miracle, un amour de poupon déjà si doux et paisible. La promesse d'une vie grande et belle pour deux enfants qui connaissaient à peine l'amour. - origines et nationalité: dommage collatéral d'un français émigré à Brighton pour une femme et retourné à Paris pour une autre, son sang se compose d'un mélange hybride des deux : un peu de l'optimisme naïf et romantique de l'homme qui abandonne tout sur un coup de tête et un peu du doux venin de la femme trop belle pour son propre bien. - statut familial: fille unique trimbalée entre les deux extrémités de la Manche parce qu'on l'a chérie, aimée, adorée, jusqu'à ne plus savoir quoi en faire, jusqu'à vouloir refaire sa vie sans sa malédiction répandant son ombre glacée sur chaque esquisse de bonheur. Ce sont des gens biens, pourtant, ses parents. Elle, architecte d'intérieur et lui, fonctionnaire d'une administration quelconque. Des gens biens, un peu rêveurs mais pas suffisamment pour être des farfelus. De retour en France, il lui a donné deux petits frères qu'elle devait réapprendre à connaître à chaque fois qu'elle l'y renvoyait, lassée de ses frasques. - statut civil: elle était trop jeune, Fi, quand on lui a volé sa vie. Il était malade, n'en a jamais parlé à personne, a paumé son âme pour toujours devant un Colin impuissant, qu'a rien pu faire d'autre que d'accompagner la mort de son meilleur ami d'un million de larmes brûlantes. Depuis, elle traîne son deuil comme une bannière, comme un ballon macabre au bout d'une ficelle, qu'elle égare à l'occasion, lorsque son regard finit par apprécier les traits taillés à la serpe, les lèvres charnues et les mains inquisitrices. - occupation: elle ne s'est jamais trouvée, Fiona. N'a jamais risqué l'Université malgré des A-Levels satisfaisants, s'est directement lancée dans le monde de l'emploi en voguant d'un poste obtenu d'un simple hochement gracieux de la tête à un autre. Elle a sans doute voulu être actrice, un jour, comme toutes les petites filles, avant de changer d'avis et de s'entendre dire que les sciences, c'était plutôt un truc de garçon. Alors elle a tenté les langues, choix facile qui a emmerdé la bilingue qu'elle est depuis toujours et qu'elle a rapidement laissé tomber pour guetter le monde et toutes ces vocations qui lui échappent, depuis la terrasse d'un café inconnu. Aujourd'hui, elle a élu résidence chez un antiquaire qui s'est pris d'affection pour elle. - cinq choses favorites: le souvenir de Carter, bien qu'il s'efface petit à petit si elle oublie de regarder ses vieilles photos pendant trop longtemps. Elle aime le voir comme un ami imaginaire, comme un secret pour elle seule. Elle ne sait même pas si elle était amoureuse de lui à l'époque - vingt ans à peine - mais elle sait, en revanche, qu'elle l'a été éperdument dès qu'il est mort. / tout et rien, parce que Fiona, c'est le genre à se trouver une nouvelle lubie toutes les semaines, à se passionner de magie puis de mode, puis des fonds marins, avant de décider d'apprendre le chinois ou la harpe. / son reflet qui est tout simplement son principal atout. Ou son seul atout. Tout ce dont elle dispose, son arme contre le monde mais aussi son seul moyen de se fondre en son sein. / les enfants perdus, parce qu'ils sont tous : paumés. Ils étaient tous amis au lycée, ils étaient inséparables même, avant d'être brisés par la défection inattendue de l'un des rouages. / alice au pays des merveilles, son conte préféré, dont elle connait chaque ligne par cœur pour s'y être plongée bien trop souvent et avec bien trop de désespoir. Il lui arrive parfois de voir des lapins en retard. - saison préférée: chaque saison devient sa préférée lorsqu'elle revient. - traits de caractères: une gosse à problèmes, un aimant à emmerdes, un trou noir qui aspire tout ce qui l'approche, un bourdonnement incessant dans les oreilles, qui fait résonner la tête, un vendredi treize, une jeunesse anglaise au bord de l'implosion. On sait pas trop si elle se délecte de la douleur ou si elle subit comme un animal blessé la fatalité d'un destin trop fort pour elle. Si elle accueille le morbide comme un ami dans un espoir vain de se préparer à l'inévitable ou si elle est de ces individus qui rappellent inexorablement à la nuit tombée et à ses secrets. Elle a été façonnée, Fi, créée à la couleur des "quelle belle enfant", d'un velouté de lèvres attendries, d'un glissement de doigts appréciateurs. Elle ne se souvient plus de la première fois où on l'a ainsi gorgée de mots doux innocents. Des douceurs devenues extase dans le regard et la chaleur de la caresse contre sa joue, qui n'avaient plus rien de ces compliments baveux et sans substance offerts aux jeunes parents aveuglés par l'amour. On ne lui a jamais laissé le choix : de toutes les directions dans lesquelles on aurait pu la pousser, elle serait belle et rien d'autre. C'était Fiona et ses traits princiers, Fiona et ses prunelles d'un chocolat chaud d'automne, ses boucles brillantes, ses mains graciles, ses jambes interminables, son tour de taille bien trop petit. Fiona et ses notes satisfaisantes mais au sourire qui, de toute façon, rattrapait le moindre accident, Fiona et les bonjours qu'on lui offrait naturellement, Fiona qui aurait pu être drôle, imaginative, perspicace, espiègle et même trop sûre d'elle, trop arrogante, trop destructrice, sauf qu'elle était belle, Fiona, face au miroir, à chercher à apercevoir ses os à travers sa peau, après plusieurs jours de jeûne, pour être belle encore et encore et à tout jamais. Fiona et le pouvoir exacerbé qu'elle distille sur ses proches, inquiets, aimants, à la merci de son cerveau détraqué et la délectation coupable lorsqu'elle fait des gens ce qu'elle veut, simplement parce qu'elle arrête de manger. - groupe: hellebore. - avatar: vanessa moody. ii. swing wide your crane, run me
la douleur infinie de celui qui reste comme un pâle reflet de l'infini voyage qui attend celui qui part [fading away] Il est mort, mort, mort. Il est mort. Mort. Il est mort. Le mot paraît danser autour de ses cheveux en bataille de n'avoir pas dormi des jours durant. Comme un charognard, patient, attentif, profondément amoral, de ces valeurs humaines qu'on pense immuables. La mort n'a rien de valeureuse, pourtant elle est humaine et tout ce qu'il y a de plus immuable. C'est ce qui ressemble le plus à la vie, sa petite sœur parfois incomprise mais à laquelle l'aînée lègue tout lorsqu'elle a tout vécu, tout compris, qu'il est temps pour elle de se retirer. Et pourtant, la voilà. Charognard inévitable, qui plane au-dessus des têtes, un sourire presque tendre sur les lèvres. Il a pitié. Il ne ressent aucune empathie pour ces fourmis inégales qui travaillent dur pour oublier la fatalité, mais il a pitié. Cette pitié qu'ont les êtres qui se savent plus forts. Inexorablement. Qui savent qu'à la fin, ils auront le dessus, parce que la nature est faite ainsi. Alors le mot danse au-dessus de sa tête, l'enveloppe de son amertume et de sa réalité tandis qu'elle s'effondre sur le sol. Il est là, incisif, douloureux, il pique, il griffe, il mord et électrise la peau. Il est un insecte vorace qui pénètre l'épiderme pour déployer peu à peu ses toiles dans le corps tout entier pour en prendre possession, il est le parasite qui massacre puis s'empare, qui bouffe tout ce qu'il trouve, tout ce qui est vivant, tout ce qui est faible. Fiona est faible. Faible car on l'a créée faible. Ou plutôt incomplète. Faible car elle s'est laissée créer. Et ça se voit sur ses côtes saillantes, sur ses jambes trop fines, sur ses épaules émaciées, ça se voit dans ses yeux mutins mais arrogants, sur le regard qu'elle promène sur les gens, les choses, qui mesure, qui prend note, qui attend. Ça se voit dans sa bizarrerie attendrissante, dans l'attention excessive qu'on lui porte en découvrant ses avant-bras trop maigres, en découvrant l'absence qui la pèse, en appréciant d'un coup d’œil intrigué son visage sculptural, sa silhouette élancée, grande, forte de cette force qu'est la confiance en soi, et cette beauté presque pas faite exprès de l'enfant qui ignore qu'elle est belle. Fiona n'ignore pas qu'elle est belle. Son enfance, son adolescence, sa vie entière ont été bercées par les doux pansements qu'elle promulguait aux âmes égarées, désespérées d'assister à quelque chose de réussi. D'esthétique. Qui témoigne que la vie peut être belle. Et Fiona, elle est faible de n'avoir jamais su ce qu'elle était d'autre. De ne jamais avoir cherché plus loin et d'avoir toujours eu les yeux qui pétillaient face aux regards. De battre de ses cils noirs et altiers pour provoquer les sourires, de pivoter délicatement la tête pour attendrir, de refermer sur ses proies ses griffes adorables dans une tentative misérable d'avoir une place dans ce monde, de passer les repas pour rester intacte, pure, longiligne et parfaite. Elle peut pas s'en empêcher, Fi. On ne lui a jamais rien demandé de plus. On n'a jamais rien attendu de plus de sa part. C'est le seul pouvoir qu'on lui a donné. Alors Fiona est aussi forte. Forte de son amour perdu, de son futur arraché, d'une promesse toute entière abandonnée au milieu d'un patchwork de sang et de vomi, forte de sa droiture naïve qui conduit à ses décisions instinctives qu'elle est incapable de regretter même si elle le voulait, forte de son esprit fin, forte de son intelligence et de sa perspicacité, forte de son travail acharné, de son imagination, de son sourire merveilleux et merveilleusement sincère, forte de l'amitié infinie qu'elle porte aux êtres qui l'accompagnent toujours plus loin, forte de toutes ces fois où elle ne s'est reposée sur personne pur affronter la vie et ses croche pieds perfides aux accents dramatiques, forte de se planter fièrement face au monde malgré son incapacité à lui résister avec panache. Forte de toutes ces fois où elle a failli et de toutes celles où elle a bombé le torse et ignorer les hurlements dans sa tête. Forte de se battre en permanence contre ses démons qui la rongent. Les démons. Qui la rongent. Mort. Il est mort.
**** - J'ai avorté. Un souffle, un aveu, une excuse hurlée en silence au monde qui tourne tourne tourne dans tous les sens, une excuse à lui, à elle, à tous ceux qui restent. - Pourquoi ? Elle s'est figée instantanément Becca, en plein mouvement, et une partie de son chocolat chaud valse par-dessus le rebord de son gobelet fumant. Elle s'en fout, n'a d'yeux que pour Fiona, cible effacée de ses prunelles violentes. Sa meilleure amie. Un corps trop long, trop désespérément fin, vide désormais d'une promesse. D'un souvenir. Elle tremble. Ses doigts crochets s'écrasent sur le carton, son regard épingle se fond sur son abdomen. Il était là. Juste là, au creux de son âme. C'était leur cadeau à tous. Son cadeau. Pour eux. - Je suis trop jeune Becca, et il est parti... La supplication dégouline de ses opales dans un sillon brûlant qui colore ses joues. Le brun chocolat devient noir cimetière. Elle ne pouvait pas. Elle en aurait été incapable. Pas seule, pas sans lui, pas comme ça. Elle ne voulait pas être la mère de cet être accueilli par dépit. Remplaçant d'un père inconnu et trop pleuré. Réincarnation de ce qu'ils ont perdu et de ce qu'ils voudraient qu'il devienne. Elle n'imposera pas ce destin. A aucun enfant. C'est ce qu'elle se dit, aujourd'hui, Fiona. Aujourd'hui. A l'époque, elle était simplement terrifiée, paralysée par cette possibilité de vie autre que la sienne. Pas prête. Pas prête. Pas prête à faire de son monde le monde de quelqu'un d'autre. Pas prête à se sacrifier. - T'aurais pas dû. C'est tout. Rien de plus. Un assertion jetée au vent comme on jetterait de la bouffe pourrie aux ordures : avec une pointe de dégoût. Ses sourcils se froncent tandis qu'elle assiste à la décomposition du visage de son amie. Elle a envie de hurler cet enfant qu'ils auraient pu avoir tous les quatre. Cette âme totem, cette âme mémoire, tout ce qu'il serait jamais resté de lui. Elle se contente de l'approcher, une main sur son tombeau, juste sous son estomac, et comme deux enfants perdues à leur tour, elles pleurèrent ensemble. Et plus jamais, elles n'évoquèrent cette promesse.
**** Paris. Face à la Seine. Son regard capte les remous indolents du fleuve, paressant sous la brise qui dénoue les mèches de ses cheveux et elle sourit. Elle inspire profondément, se gorgeant de l'air pollué que la présence de l'eau ne parvient pas à purifier et, comme d'habitude, n'en ressent aucun bienfait. Le bruit des moteurs, des sonnettes des vélos, des claquements impérieux des chaussures sur le trottoir, des conversations discrètes ou non l'empêche de réfléchir correctement. La vérité, c'est qu'elle déteste Paris. Mais elle adore son père, alors elle vient malgré tout. Plus encore, jamais aucun d'entre eux ne foutra un pied ici, sinon Archie qu'elle emmènerait partout avec elle si elle le pouvait. C'est dans cette ville-monde qu'elle s'est cachée après sa mort, puis après sa deuxième mort. Loin de tout et au milieu de tout. Anonyme, elle n'était qu'un grain de sable dans l'immensité, à mille lieues de Brighton et ses visages que vingt-deux ans de vie lui ont permis de connaitre par cœur. Son contrat au musée s'est terminé il y a quelques mois et, à nouveau désœuvrée, elle a migré sur le continent. Comme à son habitude. Sans réel but, ni sans date de retour. Ils ne s'inquiéteront pas. Ils ne s'inquiètent plus - ils la connaissent trop bien. Pourtant, à l'aube de ce nouveau jour, et tandis qu'elle laisse son regard se perdre dans l'immensité d'un ciel qu'ils peuvent contempler également, elle sait qu'il est temps de rentrer. iii. when eyes are all painted sinatra blue- pseudo/prénom: applestorm, louise. - âge et pays: 23, belgique. - type de personnage: inventé.
Dernière édition par Fiona Bukovatz le Jeu 19 Avr 2018 - 20:33, édité 7 fois |
|