Il allait mieux, Eli. C’est cette rengaine continuelle qu’il se répétait en tête, jour après jour, inlassablement. Car il devait se relever et continuer à avancer. Il n’allait pas passer sa vie à pleurer la fin de quelque chose, alors que la vie était pleine de commencements. Rester sobre, c’est la promesse qu’il s’était fait, et qu’il avait fait à Wyatt en acceptant de se rendre aux rencontres des alcooliques anonymes, bien qu’à contre-cœur. Il ne regrettait pas de l’avoir fait, finalement. Il n’avait toucher aucune goute d’alcool depuis ce jour-là, ce jour où il avait craqué, où il avait atteint le fond du baril. Il s’était coupé dans ses retranchements connus, enfin accepté l’aide de ses proches, et surtout, il avait cessé de répondre aux appels d’Isveig, et interrompu toute communication avec elle. Pour son propre bien, pour sa santé mentale. Le sort de la jeune femme le hanterait surement toujours, mais comme elle-même l’avait dit, ce n’était plus de son ressort de s’occuper d’elle. D’autant plus qu’elle refusait de voir la vérité en face. Mais elle avait décidé de débarquer chez lui, soudainement, et ça l’avait chamboulé. Ça le tourmentait toujours, même après des heures, et ses vieilles habitudes faillir le rattraper, mais il préféra écrire à une amie, une collègue des AA qui pouvait elle aussi comprendre cette lutte interne qui s’opérait à chaque fois, ce dilemme entre la raison et le lâcher-prise. Il tenait bon, Eli, mais seul, il se connaissait, il aurait flanché. La sonnette d’entrée retentit dans le loft, et il s’empressa d’aller ouvrir à Loanne, qui arrivait avec de quoi se mettre sous la dent. Elle semblait à bout de souffle, et légèrement inquiète à son égard. – Arrête tout de suite de t’en faire, je n’ai pas une goutte d’alcool chez moi. Ni en moi, d’ailleurs. – Il libéra le passage, pour lui permettre d’entrer, attrapant ses paquets qu’il déposa sur l’ilot de cuisine.