Survoltée. Elle ne tenait plus en place. Dégueulasse. Le goût de la trahison, celle qui n'a plus rien de doux, plus rien de beau. Celle qui survient dans sa propre maison, presque dans l'intimité de son propre lit, une fois les lumières éteintes. Rage. D'un moment à l'autre, elle imploserait. De noir et de blanc, d'obscurité, de colère. Elle perdrait l'esprit, si, sur quelqu'un, elle ne pouvait se défouler.
Et elle l'aperçut. Enfin. Elle l'avait attendue à sa fac, elle avait supporté les étudiants bruyants et trop nombreux de bon matin, cette bande de riches insouciants. Comme à son habitude quand elle venait à l'université, elle avait mis de côté ses pulsions de tireuse et se comportait presque convenablement. Pour l'instant.
Sans attendre, Lily fonça sur la coupable, lui attrapa les doigts et s'engouffra avec elle dans un couloir encore vide. Son corps entier tremblait de rage, si bien qu'elle peinait à la regarder dans les yeux. Toi. Mâchant ses mots, emplie d'une colère sourde, assassine, la gamine prit son temps avant de continuer. Elle haussa les sourcils et tenta de prendre un ton plus calme. Depuis combien de temps tu te fous de moi ?

- Out of pocket, out of mind. -
Les cours. Oh, parfois, Jasmine aimerait tout envoyer en l'air, dire ses quatre vérités et fuir les salles de classe. Pourtant, elle savait aussi qu'elle n'avait pas, ou plus, le choix. Et puis, c'était pas si compliqué ou ennuyeux que cela, au final. Alors elle s'accrochait malgré tout, ne visant que le diplôme au bout du tunnel.
Elle ne s'était pas attendue, ce matin-là, à trouver Lily dans ce couloir, et encore moins à ce qu'elle l'entraîne dans un coin sans dire bonjour. Elle pouvait sentir que quelque chose clochait, dans son attitude, mais elle n'avait aucune idée du pourquoi du comment. Elle fronça les sourcils, méfiante.
Depuis combien de temps tu te fous de moi ? Clairement, elle avait du louper un épisode, parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qui la mettait dans cet état. De quoi … de quoi tu parles, Lily, j'arrive pas à suivre … ? Elle réfléchit brièvement à ce qu'elle avait pu faire de mal, ou aux derniers types qui étaient passés dans son lit, mais elle ne voyait pas lequel aurait pu mettre Lily dans une colère froide. Elle avait pas un frère plus vieux dont elle ignorait l'existence, quand même ?

Colère. La main de Jazz, si douce avait-elle été. Colère. Sa voix, si agréable avait-elle pu lui paraître. Colère. Son regard, interrogateur, si profond avait-il pu paraître.
Tout, de Jazz, mettait Lily dans une rage transcendante. Tout la dégoûtait. Elle avec qui elle avait ri, avec qui elle avait pleuré, avec qui elle avait couché. Cette femme aux multiples facettes, qu'elle aimait comme une sœur.
Cette nana qu'elle ne reconnaissait plus. Qu'elle ne voulait plus voir. Qui lui foutait la nausée.
Cette nana qui brisait toutes les règles, qui défonçait tous les codes qu'ils s'étaient posés.
Le respect.
La loyauté.
L'amour.
Bordel.
L'amour.
Ca fait 4 mois. Peut-être 2 ou 3 qu'elle le sait. Et toi ? Elle te l'a dit quand ? Combien de temps que tu me regardes sans sourciller, en sachant tout ?

- Out of pocket, out of mind. -
Elle ne voyait pas Lily, à cet instant précis. Elle voyait un ravin. Un trou béant qu'elle ne voyait que maintenant qu'elle était au bord du gouffre. Comment en était-elle arrivée là ? Malgré tous les efforts de Lily, elle voyait bien que celle-ci lui cachait quelque chose, que le requin glissait sous la surface plane de ses mâchoires serrées.
Y avait-il un malentendu ? Elle ne va pas tarder à le découvrir.
Elle lâche la bombe. Et Jazz comprend qu'elle veut parler de Liv. Elle lâche les mots, les accusations. Jazz prend sur elle pour ne pas hausser le ton, ne pas alerter les autres étudiants. Y'a deux, trois semaines. Elle ne comprenait pas pourquoi une telle véhémence à son encontre. Tu me reproches quoi, là ? De ne pas t'en avoir parlé ? Elle avait levé les mains en signe d'incompréhension, d'impuissance. Ce n'était pas son rôle ?!

Elle s'étouffa. Deux-trois semaines. Deux-trois semaines à la regarder dans les yeux. A lui parler de la pluie et du beau temps. A lui sourire. La prendre dans ses bras. Lui raconter la vie des voisins, ses cours, ses vols, ses mecs. Et jamais elle ne prit la peine de lui dire qu'une meuf qui vivait sous leur - sous son - toit était enceinte de son meilleur ami. Petit détail. Qui grossissait à vue d’œil.
Elle bouillait, elle fulminait, et la question que Jazz lui posa l'acheva. Elle fit un pas pour se rapprocher encore d'elle, le poing serré. Sa colère, depuis qu'elle avait vu Liv, n'était jamais redescendue. Elle avait besoin d'évacuer.
De détester.
Tu te fous de ma gueule. Elle soupira et s'écarta de nouveau. Tu te fous de ma gueule, Jasmine. Tu te prends pour qui ? Pour garder un truc comme ça pour toi ? A moi ? Je suis quoi, dans ta tête, la dernière des connes ?
Douleur.

- Out of pocket, out of mind. -
Pour elle, c'était une situation simple, et compliquée, mais sur le papier, plutôt simple. Ouais. Liv était enceinte. Et ça allait chambouler leurs vies, c'est clair. Mais en soit, Jazz, à part filer deux-trois conseils à Liv, elle n'y était pour rien, là-dedans, c'est pas elle qui avait inséminé l'étudiante. Les mains devant elle signent son incompréhension, puis son exaspération, lorsque Lily l'accuse de se foutre de sa gueule. Mais. Bien. Sûr.
Bah, je sais pas, peut-être que c'est pas à moi d'annoncer des trucs comme ça, tu vois ? C'est pas contre toi, y'a rien de personnel ! Elle ne comprenait pas les accusations, et elle ne voulait pas s'énerver, pas maintenant, pas ici. C'est peut-être pour ça qu'elle m'en a parlé, et pas à toi, visiblement. Parce que j'suis pas une balance, que j'sais garder un secret ! C'est son choix, de décider d'en parler à toi ou à moi ou à n'importe qui ! Pourquoi tu m'agresses, Lily ? T'es pas contente pour elle ? L'incompréhension, toujours, et la douleur, un peu.

Rien de personnel. Lily croyait halluciner. Scar et elle étaient à la base du groupe, ils l'avaient construit, ils en étaient le ciment. La moindre des choses était de les respecter. De les soutenir. Quand quelque chose de si gros se tramait, les tenir au courant était la base. La première chose à faire. Jazz était sensée être son amie. Une nana du gang. Une nana de la plus haute confiance. Lily rit, jaune. Rien de personnel ? Mais de façon personnelle, parce qu'on se connait depuis je sais pas combien de temps, parce que t'es sensée être mon amie, t'aurais du me le dire Jasmine. Parce que t'es une membre de mon groupe. avait-elle envie de crier. L'anarchiste devenait tyran, gonflée d'un pouvoir qu'elle n'avait jamais eu, qu'elle avait toujours vomi. Jusqu'à la mutinerie.
Contente pour elle.
Les mots furent de trop. Lily fonça sur Jazz et la plaqua contre le mur. Contente pour elle ? Contente pour elle ?!! Mon Scar vient me tomber dans les bras en m'annonçant que cette gamine se trimballe un mini-lui dans l'bide et tu veux que je sois contente pour elle ? On la connait depuis combien de temps ? 6 mois ? Et elle vient tout renverser avec son usine à emmerde dans le ventre ? Elle la poussa encore une fois, fulminant, gardant le plus gros de son calme, malgré tout. Elle vient briser mon meilleur ami, foutre en l'air la confiance que j'ai en mes amis, et tu veux que je sois contente pour elle ???

- Out of pocket, out of mind. -
Pour la première fois depuis très longtemps, Jazz mourrait d'envie de retourner en cours. De fuir cette conversation débridée, inutile. Elle était l'amie de Lily, oui, mais aussi celle de Liv. Et par respect pour cette dernière, pour son intimité et sa vie privée, ce n'était pas à elle de dévoiler la nouvelle, mais le choix de Liv et Scar. Alors, ça s'envenime.
Et elle se retrouve plaquée au mur. Jazz trépigne, finit par exulter, parler un peu plus fort qu'avant. Pourquoi tu m'agresses moi ? Pourquoi pas Scar ? C'est lui le fautif, en premier ! C'est lui qui l'a rencontrée, c'est lui qui l'a foutue enceinte ! Et c'est de ma faute ? Écoute-toi, putain, Lily ! En quoi ça brise la confiance entre nous ? Le nouveau coup qu'elle se prend dans les côtes bloque sa respiration un instant. C'est ça, le problème ? Scar ? Ton Scar ? C'est ton meilleur ami, ouais, pas ton mec. On devrait être content pour ses amis, pas vrai ? Les soutenir ? Est-ce que sa colère ne tremperait pas dans la jalousie ? Elle aurait été à mille lieux de l'imaginer.

L'incompréhension régnait. Lily, baignant dans la colère et le terrible sentiment de trahison, et Jazz, là avec toutes ses bonnes intentions. Elle aurait aimé lui retourner une droite à chaque mot qu'elle disait. Se défouler sur elle comme elle n'avait pu le faire sur Liv. Elle au moins aurait su lui rendre la pareille. Lily pensait halluciner, entendant parler de bonheur, de soutien.
Mais tu crois quoi ? Elle recula, se prenant la tête dans les mains. Tu crois que c'est du bonheur qu'elle a dans le ventre ? Oscar s'est vidé les couilles un soir et voilà qu'un mioche pousse. Faut qu'elle se casse. Grossir l'histoire. Ne pas accorder d'importance aux détails. Ne plus accorder d'importance aux indésirables.
Elle va juste nous apporter des merdes. Faut qu'elle se casse. Lily, faisant les cent pas, se répétait. Qu'elle se casse. On a pas le temps, pas la place, pas envie d'un gamin. Un bébé Jazz, bordel. Ses yeux rougirent sans qu'elle ne sache si elle pleurait de tristesse, de frustration ou de colère. Elle regarda Jasmine de nouveau et grimaça. Et toi, toi, mon amie, l'amie de Scar, tu la soutiens. Dans son esprit révolté, rien de tout ça n'avait de sens. Tu la sens pas, la confiance trahie, quand ton amie te garde un bébé secret, pour les beaux yeux d'une gamine, alors que ça peut retourner toutes nos vies ? Quand elle prend sa défense sans penser aux autres ?
Elle ne comprenait plus, elle ne savait plus, et rien ne pouvait plus l'énerver que les larmes qui se mettaient à couler sur ses joues. Bordel !!

- Out of pocket, out of mind. -
Plus la dispute s'enfonçait, et plus Jasmine avait envie d'y mettre fin, de raisonner Lily, de lui dire que c'était pas la fin du monde. Mais elle était plus jeune qu'elle, et peut-être que ça faisait, à ce moment-là, la différence. Alors, elle se prend sa colère de plein fouet, et essaye de ne pas monter crescendo.
Elle la laisse s'emporter, souffler. Ce n'est pas maintenant qu'elle réussirait à la raisonner, il fallait bien se rendre à l'évidence. Alors la colombienne laisse dire et s'efforce de rester stoïque, de laisser les insultes glisser sur elle. Défouloir improvisé, même si elle ne savait pas pourquoi. Elle sent la frustration et la colère. Et elle avait essayé de tâter le terrain en parlant de Scar, mais Lily n'avait pas relevé. Lily n'était pas le centre du monde pendant quelques précieuses minutes, et voilà que son monde s'effondrait. Alors, quitte à la laisser crier et hurler tout son saoul, Jasmine en rajouta un peu sur le feu. Et t'as essayé, deux secondes, de te mettre à sa place ? A 16 ans, enceinte ? Tes potes qui te laissent tomber pour une erreur ? C'est à ce moment qu'elle voit les yeux humides de Lily, qu'elle comprend pas. La colère ? Les nerfs qui lâchent ?

Les joues mouillées, le cœur dans le ventre, Lily fonça sur son amie une nouvelle fois, déterminée à lui faire bouffer le mur jusqu’à en vomir ses tripes. Elle voulait qu’elle se taise. Elle ne voulait rien entendre d’autre que des excuses. Désolée de te l’avoir caché. Désolée qu’elle soit enceinte. Désolée que nos vies soient ruinées. Désolée de ne pas l’avoir virée. Désolée que tu aies à partager Scar. Désolée que ça ait pu le rendre triste.   Elle revoyait la bouille de Scar le soir où il était venu lui annoncer la grande nouvelle. Son cœur se déchirait. Elle saisit Jazz par le col, les larmes recouvrant ses joues sans qu’elle ne s’en rende compte. Une erreur ? Je lui ai pas demandé d’écarter les cuisses au premier venu. Elle va nous détruire de l’intérieur avec son môme. Il faut qu’elle se casse. Elle tremblait. Je pense à nous. A notre bien à nous. Faut croire que je suis la seule. La mâchoire serrée, retenant une nausée de colère, elle essayait d’oublier la peine de son meilleur ami, d’oublier sa peine à elle d’avoir été trompée par ceux qu’elle appelait ses frères. Au final, ce n’était que Scar et elle. Comme ça l’avait toujours été. Comme ça aurait toujours dû l’être. Elle devait oublier sa peine pour pouvoir oublier la rage. Pour pouvoir lâcher Jazz et lui souhaiter une bonne continuation. Mais pour l’instant - pour cet interminable instant, Lily restait accrochée à son amie et laissa, sans le vouloir, une vague de sanglots déborder de sa poitrine.

- Out of pocket, out of mind. -
Clairement, il y avait un certain conflit d'opinions. Là où Jasmine voyait une épreuve autant qu'une chance, du respect et du soutien, Lily elle, ne voyait qu'en nuances de noir, de manque de respect et d'abandon. A croire que la raison avait abandonné son petit corps, qu'il s'était fait la malle du jour au lendemain.
Elle s'en rend particulièrement compte quand elle s'en prend à elle violemment, l'attrapant au col comme si elle était une ennemie. Elle avait réussit à mettre Jasmine suffisamment en colère pour qu'elle passe outre son petit manège et sa détresse, ses larmes et ses tremblements. Jazz était incapable de gifler son amie pour lui remettre les idées en place, mais elle était tout aussi incapable de la prendre dans ses bras pour la réconforter, à cet instant. Ton bien à toi, Lily ! Parce que non, personne n'a demandé ça, mais c'est pas une bombe à retardement, elle a pas déclaré la troisième guerre ! On ne te demande pas de les héberger chez toi, on te demande pas de changer les couches, putain ! Elle est même pas sûre de le garder !

Mais tu imagines ce que c'est, un môme ? Tu te rends compte ? Tu gardes ta mauvaise foi juste pour moi ? Ce n'était pas un rhume, ce n'était pas un petit désagrément. C'était un cancer. C'était à vie. Si la gamine décidait de le garder, et suivant la décision de Scar, ils pourraient se retrouver avec un gamin dans les pattes. Ou sans Scar. Elle ne pouvait décemment imaginer ça. Ils n'avaient même pas 25 ans. Ils n'étaient pas prêts. Il n'était pas prêt. Il devait encore faire des conneries, faire rire Lily, leur voler de quoi bouffer pour la semaine et de quoi boire pour la soirée. Être jaloux. Faire des paris douteux avec Rip sur la virginité des gamines. Être jeune. Être con. Pas papa. Elle recula, essuya ses joues nerveusement et recommença à faire les cents pas. Tu as pensé à Oscar ? Tu penses qu'il est venu me voir avec des cotillons pour m'annoncer la bonne nouvelle ? Mets-toi à sa place 2 secondes putain !

- Out of pocket, out of mind. -
Plus les minutes passaient, et plus Jasmine avait envie de tout envoyer balader, Lily la première. Elle en avait marre de cette conversation de sourds, de Lily qui s'inventait des problèmes là où il n'y en avait pas. Sans mentionner que plus elles s'énervaient, plus elles attiraient l'attention, et Jasmine n'était toujours pas sûre que la famille de la première intéressée ne soit au courant. Et elle ne voulait pas que cela ne s'éparpille trop, comme une traînée de poudre prête à s'enflammer.
Scar ? Putain, elle n'allait surtout pas le plaindre. Et encore moins après le plaidoyer intense fourni par Lily. Scar, il est majeur, Scar, j'ai beau l'aimer, je vais pas le plaindre. Il était au courant de ce qu'il faisait, il sait très bien comment on fait des gosses. S'il est pas capable d'assumer … Elle ne finit pas sa phrase. Elle n'a pas envie de dire des trucs qu'elle pourrait regretter. Scar devrait pouvoir compter sur Lily, sur Rip, sur Jazz, mais pas de cette manière. Encore une fois elle levait les mains, en signe de défense, pour signaler que c'était pas son foutu problème.

Lily avait lancé le sujet Scar sans réfléchir, le cœur en premier. Elle n'avait pas réfléchi au fait que Jazz répondrait sûrement, donnerait sûrement son avis aussi. Ce qu'elle ne voulait pas entendre. Ce qui risquait de la faire vriller. Quand elle commença sa phrase avec le prénom de son meilleur ami, Lily s'arrêta net. Elle leva les yeux vers Jazz et la fixe, le poing prêt à se serrer.
Elle frémit, comprenant les sous-entendus. La nausée lui revenait. Jazz, leur amie, leur sœur, qui plaignait plus une inconnue irresponsable qu'eux. Le monde à l'envers. Le cœur qui vomit. Qui ne s'en remet pas.
Elle leva la main dans le vide comme pour parler, se pinça les lèvres et serra le poing. Bonne continuation Jasmine. Je ne veux plus te voir. Elle soupira et commença à s'écarter. En partant, sans se retourner, elle s'arrêta juste le temps de rajouter, de préciser. On ne veut plus te voir. Elle n'était plus la bienvenue parmi eux. Et qu'elle prenne la gosse et son bouquet d'emmerdes avec elle.

- Out of pocket, out of mind. -
Elle ne savait plus quoi faire. Lily ne répondait pas à ses questions, elle se répétait dans les siennes … et ça tournait en rond. Pas de réponses. Personne ne pliait, chacune campée sur ses positions. Elle faisait de son mieux pour ne pas s'énerver, mais dans la position où elle était, c'était compliquée. En plus, la brune avait éclaté en larmes à un moment, ce qui ne faisait qu'agacer Jazz un peu plus.
Venue de nulle part, Lily assène ses derniers coups. Ceux qui font mal – ceux qu'elle ne comprend toujours pas. Je ne veux plus te voir. On ne veut plus te voir. Il faut quelques secondes pour Jazz pour réaliser.
Réaliser l'absurdité. Pour qui elle se prenait, maintenant ? Une collégienne ? En quelques enjambées, elle la rattrape, et la colle sans ménagement contre le mur, comme Lily l'avait fait plus tôt, mauvaise. Quand t'en auras marre de jouer à la gamine de douze ans prétentieuse, jalouse et égoïste, tu verras peut-être que t'es pas la reine d'Angleterre. Si t'es venue à la fac rien que pour m'insulter, franchement, fallait pas se donner la peine de se déplacer. Sur ce, elle la laissa plantée là.
C'est elle qui partait, la tête haute. Pas l'inverse.

Prête à partir, sur le chemin et puis contre le mur. Lily ne se rendit compte que trop tard du vol qu'elle avait fait. Quand elle se redressa, décidée à riposter, Jasmine avait fini de planter ses coups et était déjà en train de s'en aller.
Elle soupira et se laissa aller contre le mur. Sa colère ne s'était qu'à peine effacée. Avant que la silhouette de Jazz ne disparaisse, elle hurla. Ne reviens pas Jasmine. Ne remets pas les pieds chez nous. Tu serais mal accueillie.
Lily soupira de nouveau. Une chose était réglée.
Merde.