- congratulations, you're going to be a dilf -
mina goldwater x bash fraser
La petite boîte en carton fit un vol plané dans le salon, jusqu’à se frapper contre le mur le plus proche, effrayant les deux chats qui dormaient non loin de là, qui fuirent en direction de la chambre de leur maitresse, pour se mettre à l’abri. Les mains de Mina se serrèrent, si fort qu’elle sentit ses oncles s’ancrés dans la paume de ses mains. Sur la table base, trois petits batônnets affichant tous les mêmes résultats étaient alignés les uns à côté des autres. Enceinte, qu’ils lui crachaient ces tests de grossesses au visage. Comment avait-elle pu ne pas reconnaître les symptômes ? Comment n’avait-elle pas perçu les changements qui s’opéraient en elle, depuis les derniers mois. Dire qu’elle avait mit ces coups de fatigue et ces absences de règles sur l’énorme stress qui reposait désormais sur ses épaules, au travail. Quant aux nausées matinales, que des petits virus passagers, qu’elle avait sans douter attraper de ses patients. Elle avait naïve. Terriblement naïve. Elle, dont c’était le métier de traiter les grossesses et le système reproductif féminin. Enceinte. Elle était enceinte, et pas que de quelques semaines, non. Le cap du troisième trimestre avait été franchi et ce n’est que maintenant qu’elle le réalisait. Maintenant qu’il était trop tard pour reculer. Une de ses mains se posa sur son ventre, d’habitude si ferme. Le petit renflement, il était bel et bien là. Tout petit, à peine visible à l’œil nu, mais sous ses doigts, elle pouvait le sentir. Et cette nouvelle réalité la frappa de plein fouet. Elle portait la vie. Elle allait être mère. Comment avait-elle pu laisser une telle chose se produire? N’avait-elle pas toujours fait ce qui avait été nécessaire pour éviter ce genre de situation, justement? Il y avait eu une faille, quelque part. Et maintenant qu’elle y pensait, et que son esprit travaillait à toute vitesse pour se remémorer sa vie, près de quatre mois auparavant, elle pouvait voir l’origine de cet embryon qui avait fait son nid dans le creux de son ventre. Attrapant en vitesse son portable, elle envoya à Bash un message qui n’avait pas intérêt à ignorer. Il devait se voir. Tout de suite. Elle n’aurait pas la patience d’attendre plus longtemps. Elle n’avait plus de patience du tout, à vrai dire, depuis un moment. Les hormones, assurément.

Son portable avait retenti deux fois, alors qu’il venait à peine d’arriver chez lui après le boulot. Deux messages, que Bash s’empressa d’ouvrir et de lire. Ils venaient de Mina et, lorsqu’il vit son nom sur l’écran, c’est un léger sourire qui s’afficha sur ses lèvres. Pourtant, il le perdit rapidement en lisant les messages. Elle semblait troublée, elle voulait le voir, de suite. Le brun n’hésita pas une minute. Renfilant sa veste, il répondit à la jolie brune avant de se remettre en route, arpentant les ruelles de la ville jusqu’à la première supérette qu’il croiserait. Les messages de Mina étaient bien plus fermes que d’ordinaire. Elle semblait bien plus sérieuse, peut-être même inquiète, ce qui ne manqua pas de faire accélérer le pas à Bash. Il s’en faisait pour elle, l’idiot. Il s’attachait, sans même s’en rendre réellement compte. Ils avaient dépassé la relation purement physique depuis longtemps maintenant, partageant un peu plus à chaque fois qu’ils se voyaient, à commencer par le compte Netflix de la jeune femme. Attrapant le premier pot de glace qu’il trouva dans les réfrigérateurs du magasin, avant de faire un détour dans les rayons pour récupérer de la sauce au chocolat. Il ne savait pas vraiment ce qu’elle aimait, ce qu’elle voulait vraiment, son message n’ayant pas été précis au point de ressembler à une vraie liste de courses. Bash ressorti du magasin une minute plus tard, repartant en route de la maison de la jolie brune. Il était loin de se douter de quoi que ce soit, et même s’il ne cessait de se demander ce qui pouvait lui arriver pour avoir si immédiatement besoin de lui, la réalité ne vint pas frôler ses pensées une seule seconde. Il était loin de ça, bien loin. Arrivant devant la porte, il frappa trois coups, avant d’attendre que la belle vienne lui ouvrir, et que toutes les questions qu’il se posait soient enfin résolues, persuadé que tout cela ne devait pas être si grave, et encore moins le concerner.

TENUE | Heureusement qu’il se montra coopératif, et qu’il ne posa pas trop de question, acceptant de venir à sa rencontre dans les minutes qui suivirent. Mina, en quelques mots à peine, avait su se montrer convainquant. Il faut dire que son ton et ses propos laissait sous-entendre que quelque chose clochait, et ce sous-entendu, Bash l’avait immédiatement ressenti. Cinq minutes, c’est tout ce qu’il lui prendrait pour apparaitre sur le seuil de sa maison. Cinq minutes où la mexicaine tournait en rond, telle une lionne en cache, prête à bondir à la première occasion. Elle avait récupéré la boîte du test qui trainait dans un coin, avant de la balancer dans le bac de recyclage, tout comme les deux autres juste avant elle. Les trois bâtonnets, eux, reposaient toujours sur la table basse, et la brune n’osait même pas les regarder d’avantages. La simple présence de ses deux petites lignes roses, aussi claires et opaques, ne pouvait tromper personne. Encore mois elle, une professionnelle du milieu.  Un médecin incapable de voir la vérité en face, et de détecter les symptômes avant qu’il ne soit trop tard. Ce n’est pas qu’elle ne désirait pas d’enfant, Mina. Un jour, elle en aurait surement. Mais pas ici, pas maintenant. Pas comme ça. Trois coups furent frapper contre sa porte d’entrée, et la belle se retint de ne pas foncer sur elle, pour l’ouvrir dans un geste dramatique. Elle prit une, deux, puis trois grandes respirations avant d’aller ouvrir à Bash, tâchant de reprendre son calme, ne serait-ce que temporairement. L’homme ne semblait pas perturbé le moins du monde, et elle l’invita à entrer en le dirigeant vers la cuisine, où il pourrait déposer les quelques courses qu’il avait fait pour elle. Refermant derrière eux, Mina s’adossa contre la porte, gardant son regard rivé vers celui qui avait tant de fois partager ses nuits et son lit. Où avaient-ils faussés pour en arriver à ce résultat? Avaient-ils baissés la garde, en se croyant intouchables? Elle l’ignorait, et elle ne voulait pas savoir, car ça n’y changerait rien. – Je suis enceinte. – balança-t-elle, incapable de retenir cette information plus longtemps. Elle aurait dû le prévenir, lui demander de s’asseoir, se montrer plus douce, plus délicate, mais elle n’avait jamais été comme ça.

Bash s'accorda un léger sourire lorsqu'elle ouvrit enfin la porte. Malgré son air désappointé, il ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu plus léger à chaque fois que l'un des deux ouvrait la porte à l'autre. Cela n'allait pas duré, il s'en doutait, alors il profita de cet instant avant la tempête pour simplement l'observer, quelques secondes, avant d'entrer dans la maison. Il connaissait les lieux, maintenant. La chambre plus que le reste de la maison, certes, mais il trouva rapidement le comptoir de la cuisine où il déposa le sachet qui contenait les quelques achats qu'il avait fait pour la brune. Lorsqu'il se retourna finalement vers elle, son expression n'avait pas changé le moins du monde. Mina semblait toujours inquiète, bouleversé. Bash s'apprêtait à lui demander ce qu'il lui arrivait avant que la nouvelle ne tombe. Enceinte. Mina était enceinte. Il continua à l'observer, attendant un instant, pas certain de tout comprendre. — Ok. — finit-il par répondre dans la plus grande des simplicités, détournant un instant le regard. Il n'était pas sûr de ce que cela voulait dire, de ce que cela venait faire là. Devait-il se réjouir pour elle ? Avait-elle trouvé quelqu'un avec qui se poser ? Aux dernières nouvelles, non. Mais Bash était loin de connaitre l'emploi du temps de la jolie jeune femme. Lorsqu'ils n'étaient pas dans le même lit, elle était libre de faire tout ce qu'elle voulait. Pourtant, une petite sensation en lui lui faisait bien sentir qu'il était plus concerné qu'il ne semblait le croire. — Il va falloir me donner plus de détails pour que je sache comment je suis censé réagir à ça, Mina. — qu'il ajouta, lui servant un doux sourire un peu gêné. Bash était incapable de comprendre réellement ce qui se passait, pourquoi il était là. Incapable de faire le liens entre les différents points de l'histoire qui se déroulait devant ses yeux.

Il souriait, l’idiot. Il la regardait et tout ce qu’il trouvait à faire, c’est de sourire. Et même si elle aimait voir ses lèvres s’étirer de la sorte, quand il la regardait, l’occasion ne s’y prêtait pas. Mais alors, pas du tout. À l’aise dans cette maison qu’il connaissait presque autant qu’elle se repérait dans son appartement, elle le laissa filer jusqu’à la cuisine, où il déposa ses derniers achats, qui lui était entièrement dédiée. Enfin, elles partageraient sans doute avec lui, s’il y tenait. Encore fallait-il qu’il ait toujours de l’appétit, après qu’elle l’ait mis devant le fait accompli. Enceinte. Ce mot, elle l’avait mille fois prononcés. Il ne lui était pas étranger. Cette fois-ci, cependant, elle ne s’adressait pas à une de ses patientes, qui rêvait surement de ce moment depuis très longtemps. C’était d’elle, dont il était question. Le manque de réaction, de la part de Bash, faillit lui faire complètement perdre patience, mais elle se retint. Chacun avait sa propre façon de réagir face à un choc. Elle du pourtant se résigner, quand il la questionna davantage sur la question, visiblement loin de comprendre le message qu’elle venait de lui passer. Sa naïveté était presque touchante à voir. Elle allait pourtant faire éclater cette petite bulle d’ignorance qui l’entourait encore. – Ce… ce truc, qui pousse dans mon ventre, ça fait presque quatre mois qu’il y est. Et tu sais avec qui j’ai couché, il y a quatre mois? Plus d’une fois, même? Petit indice : cette personne se trouve dans cette pièce. – C’était peu de temps après son arrivée à Brighton, à peine quelques semaines, tout au plus. Elle ne connaissait que peu de personnes dans les parages, mais Bash faisait partie de ceux avec qui ça avait cliquer tout de suite. Ils s’entendaient bien, mais c’était du côté physique qu’il y avait des étincelles, entre eux. Pendant un moment, il fut même le seul homme avec qui elle acceptait de partager ses nuits. Il y avait bien eu une ou deux filles, aussi, mais il était peu probable que lui d’elle soit responsable de l’existence de cet embryon en son sein. – Tu aurais peut-être voulu que je te l’annonce avec des ballons et une bannière, où il aurait été inscrit : félicitation, tu vas être papa? – ironisa-t-elle, alors qu’elle sentait un tremolo naître au fond de sa gorge. Non, non, pas ça. Elle n’allait pas se mettre à pleurer comme une idiote. Délaissant le hall d’entrée, où elle se trouvait toujours, elle alla se poser sur son canapé, non sans avoir envie de balancer les tests qui la narguait toujours, sur la table basse.

Mina s'énerva rapidement, et elle utilisa ce petit ton sarcastique pour lui répondre. Quatre mois. Quelqu'un dans cette pièce. Bash fronça les sourcils en écoutant attentivement son petit pitch, avant de relever le regard sur elle. Cet air surpris au visage, il n'était pas prêt de le perdre, maintenant que l'information commençait à se faire comprendre par le brun. — Tu veux dire que c'est moi le père ? — C'était la phrase la plus incroyable qu'il avait prononcé depuis bien longtemps. Pourtant, c'était bien ce que Mina venait de lui faire comprendre. Un bébé, à eux. Eux qui n'étaient même pas en couple. Oui, ils partageait un compte Netflix, et leurs draps de temps à autres. Mais un enfant ? Ça n'avait jamais été dans le contrat. À vrai dire, malgré ses vingt-neuf années bien passées, Bash n'avait jamais vraiment songé à être père. Il était loin d'être prêt. Il était trop immature, trop naïf. Probablement trop égoïste, même, pour s'occuper d'un autre être humain que lui-même. — Mina, j'peux pas être père. Je suis à peine un adulte, t'as vu comment j'me comporte avec un chat, tu m'imagines avec un gosse ? — Car le seul autre être dont il avait jamais eu à s'occuper, c'était son chaton, Hamilton, qui squattait son appartement depuis quelques mois maintenant. Et le nombre de fois où il avait oublié l'existence même du chaton ne se comptait malheureusement pas sur seulement une main. S'occuper d'un enfant ? Il oublierait probablement de le nourrir une fois sur trois. — T'es sûre ? Parce que... C'est pas rien comme nouvelle. — C'était une question des plus idiotes, mais il avait encore du mal à réaliser. La voyant quitter la pièce, Bash se posa une demi-minute. Il prit cet instant pour inspirer profondément, puis souffler. Père. Elle était enceinte, de lui. Il laissa l'annonce faire son chemin jusqu'à son cerveau, avant de nerveusement passer une main dans ses cheveux un peu trop longs. Jamais il n'aurait pu imaginer une telle nouvelle. Mais ses pensées se reconcentrèrent rapidement sur la jolie brune qui venait de bousculer toute sa vie. Elle était paniquée, ça se voyait à son regard, à sa façon de lui répondre, et il pouvait la comprendre. La rejoignant finalement dans le salon, il resta debout, non loin du sofa, la fixant un instant avant de parler doucement. — Comment tu te sens ? Est-ce que... est-ce que ça va ? — Ça n'avait pas l'air, et il voulait être là pour elle. Il devait l'être. Après tout, c'était en grande partie de sa faute. Il était hors de question qu'il ne soit pas là pour elle, quoi qu'il se passe.

Les hommes. Franchement, quand il y avait quelque chose à comprendre, ils avaient toujours deux ou trois minutes de retard. Bash, malheureusement, ne faisait pas exception, et elle se demanda si elle n’aurait pas dû lui faire un dessin ou une présentation PowerPoint pour faire passer son message de la bonne manière. Car il n’avait pas compris. Mais alors, pas du tout. Il fallut qu’elle se laisse emporter par son sarcasme et cette insolence qu’elle maniait toujours avec autant d’aisance pour lui faire comprendre ce qu’il avait à comprendre. L’air surpris sur son visage confirma enfin à la brune qu’il venait de faire un plus un dans sa tête, comme s’il avait ignoré, depuis le début, que la réponse était deux. Elle ne prit même pas la peine de répondre à sa question, qui d’ailleurs, ne méritait pas de réponses. Il ne faisait que répéter ce qu’elle venait de lui dire, comme s’il tentait de l’assimiler. Elle avait eu une bonne partie de l’avant-midi pour le faire de son côté, mais en parler de la sorte rendait cette situation bien réelle. Plus concrète. Ce bébé n’avait jamais été dans les plans. Il n’y avait toujours eu qu’eux deux : Bash et Mina. Et un compte Netflix, mais c’était bien la seule chose qu’ils partageaient en dehors de leur lit respectif. Désormais, cette petite chose qui poussait dans son ventre ferait aussi partie du lot et l’anglaise sentit la panique l’envahir. Un bébé. Ils allaient avoir un bébé. –  Et tu crois que je voulais être mère? Je viens d’avoir une promotion, mon job occupe presque toutes mes journées, et parfois même mes nuits. Je ne veux pas avoir quelqu’un qui dépendra de moi… je… je… c’est insensé, tout ça.  – Quand il lui demanda si elle était sûre, elle failli l’envoyer balader. Mais elle préféra plutôt s’éloigner et rejoindre son salon, où elle s’effondra sur le sofa, fulminante. Elle ne s’attendait pas à ce que Bash vienne la rejoindre. Il aurait quitté sa maison en claquant la porte qu’elle n’en aurait même pas été surprise. Enfin, si. On parlait tout de même de Bash, et elle ne l’imaginait pas agir ainsi. Surtout pas avec elle. Il confirma ses pensées en venant finalement à sa rencontre, se posant non loin d’elle, début, son regard posé sur elle. Sa voix était douce, troublée. Tout comme elle, il ne savait pas quoi faire de cette situation dans laquelle ils se retrouvaient tous les deux, désormais. – Bien sûr que ça va. Tout va très bien. Vraiment. –  Ça sonnait si faux, sortit de sa bouche. Parce que c’était le mensonge le plus ridicule qu’elle ait jamais fait. Et ce trémolo au fond de la gorge qui se pointait ne faisait que contredire ses propres paroles. Elle tenta de parler, d’ajouter quelque chose, mais les mots furent incapables de sortir d’entre ses lèvres. De sa bouche entrouverte s’échappa ce qui semblait être un sanglot. – Merde. – Les hormones jouaient avec ses nerfs, et elle comprenait maintenant pourquoi elle avait tant eu la mèche courte, ces dernières semaines. Elle avait l’impression de perdre le contrôle de son propre cœur, et ça la rendait folle. Levant les yeux vers l’homme, à la fois amant et ami, Mina soupira. – Je ne sais pas ce que je vais faire, Bash. – admit-elle finalement. –  Je ne peux pas tout simplement avorter. Il est trop tard pour ça. – Ça aurait été tellement plus simple. Mais rien n’était jamais simple, dans la vie. Et même si elle était pro-choix, la belle n’aurait jamais accepter de se faire subir ça.

Bash comprenait la réaction de Mina. Elle semblait perdue, bouleversé par cette nouvelle qui allait changer leur vie à jamais. Il la comprenait, entièrement. Lui n'avait pas encore eu le temps d'ingérer vraiment l'information, de la comprendre, de se faire un millier de scénario. Il était simplement devant le fait accompli: Mina était enceinte, et il était le père. Se posant près d'elle, mais pas trop quand même, il l'observa pour savoir quoi faire. Comment la soutenir, comment la rassurer. C'était bien la première fois qu'il se retrouvait dans une telle situation. Même si Bash avait bien profité de sa vie et des relations qu'il pouvait avoir, il avait toujours su faire attention, se protéger autant que possible, pour éviter ce genre d'accident. Toujours, sauf il y a quatre mois, et bien qu'il ne se rappelait vraiment pas du moment de l'erreur, c'était un fait, sans quoi ils n'en seraient pas là. Elle ironisa, ou du moins c'est ce qu'il pensa, alors qu'elle répétait que tout allait bien. Tout n'allait pas bien, et ils le savaient l'un comme l'autre. Lorsqu'il entendit un sanglot s'échapper des lèvres de la jolie brune, qu'il avait plus souvent l'habitude de voir s'étirer en un large sourire, il sentit son coeur se serrer peu à peu. La voir si malheureuse lui faisait plus mal que la nouvelle, et il ne tarda pas à s'approcher délicatement d'elle, venant passer ses bras lentement autour de sa silhouette, alors qu'il la rapprocha de lui. — Mina, ça va aller. — commença-t-il, alors qu'il tentait de trouver quoi dire pour le lui prouver. Elle avait raison, aucun choix ne s'offrait à elle. Il était trop tard pour songer à un avortement, et il doutait qu'une gynécologue puisse se tromper sur sa propre grossesse. Il soupira légèrement, reprenant finalement la parole, improvisant au fur et à mesure ce qu'il allait lui dire, lui-même perdu dans ces nouvelles. — Je sais que c'est dur, mais t'es pas seule, Mina. Je vais pas te laisser seule, tu le sais, pas vrai ? — Le brun s'écarta légèrement, assez pour que son regard trouve celui de la demoiselle, qu'il observa un instant avant de reprendre, toujours le plus honnête possible. — Je sais pas ce qu'on va faire non plus, mais dans tous les cas, je resterais à tes côtés pour t'épauler, si tu veux de moi. — Car connaissant le fort caractère de Mina, il n'excluait pas l'hypothèse qu'elle décide de vivre cette aventure sans le peu de soutient que Bash pouvait lui apporter.

Vagues souvenirs d’une nuit remplie de soupirs et de baisers, de caresses et de tendresses. Un rare moment d’égarement, un sérieux manque de jugement, et une erreur de trop, une seule. L’unique responsable de ce fiasco. Ce bébé qui envahissait peu à peu son espace vitale ne disparaitrait pas du jour au lendemain. Elle le couverait pendant neuf mois, et le maternerait pour le reste de ses jours. Car même si elle si elle doutait, même si elle remettait constamment cette décision en question, Mina était consciente des impacts de cet enfant dans sa vie. Un enfant qu’elle ne parviendrait pas à donner en adoption. Un enfant qu’elle ne pouvait pas se permettre d’abandonner. C’est dans son ventre que ce petit grain de vie avait décidé de s’implanter. Qu’il germait doucement, lentement. La seule existence de ce petit embryon aurait été digne de célébrations pour d’autres. Des parents qui avaient espérés, rêvés, planifiés ce moment si précieux, si particulier. Ce bébé, pourtant, n’avait jamais fait partie de ces plans à elle. À eux. Des amis, des amants. Mais des parents?  Cette simple idée n’avait même jamais traversé son esprit. Parce qu’elle n’en était pas là. Parce que ce n’était pas le moment. Parce que ce n’est ainsi qu’elle se voyait devenir mère. Elle était dépassée par les évènements, Mina, et c’est un torrent d’émotions contradictoires qui l’envahissait par vagues, certaines la frappant avec plus de force que d’autres, comme un raz de marée qui ramenait tout à la surface. Une larme furtive perla le long de sa joue, et elle l’essuya d’un geste écœuré, se détestant d’être ainsi manipulée par ses émotions. La présence de Bash à ses côtés aurait dû la rassurer. Les mots qui s’échappaient avec lenteur d’entre ses lèvres aussi.  Mais c’est un sentiment réfractaire qui s’imposa au fond de ses tripes. Des flashs de souvenirs d’un autre temps, d’une autre époque, passèrent derrière son regard. Son père, le grand absent au chapitre de sa vie. Son père et ses nombreuses promesses qu’il fut incapable de respecter. Son père et ses excuses bidons pour se justifier. Il l’avait couvert de cadeaux, de vêtements griffés et d’argent, donnant sans ménagement pour tenter de se faire, pour l’amadouer. Mais elle avait compris, en vieillissant. Elle avait cessé de l’espérer, de l’attendre. Elle s’était résignée, lasse de se laisser charmer par de faux espoirs. Et maintenant, elle craignait. Craignait que son propre enfant ne connaisse le même sort qu’elle. Craignant que les belles paroles de Bash ne soient que ça, et rien d’autres. Des promesses faites pour la rassurer, des vœux pieux qu’il ne saurait pas respecter. Elle ne put s’empêcher de le dévisager. Elle aurait tant voulu lui faire aveuglément confiance, comme ses autres filles naïves qui se laissait si facilement embobiner.  Mais Mina n’était pas l’une d’elle. Elle ne l’était plus. – Et qu’est-ce qui me dit qu’une fois cet enfant là au monde, tu ne disparaitras pas dans la nature? Que tu ne trouveras pas constamment des prétextes pour éviter d’avoir à t’en occuper? Que tu ne seras pas trop pris par ton travail, par tes amis, par ta petite vie pour n’avoir ne serait-ce qu’un minimum de temps à consacrer à cet enfant ? – C’est une sombre image de son paternel qu’elle projetait sur le pauvre homme à ses côtés. Bash, qui ignorait tout de ce cœur meurtri par ce vide que son géniteur avait laissé dans son cœur. L’abandonnant sur le sofa, alors qu’elle s’en extirpait pour rejoindre la cuisine, Mina évita de croiser son regard. Un regard rougit par les larmes. S’emparant du contenant de glace, elle l’ouvrit, et y plongea une cuillère. Cuillère qui trouva bientôt refuge dans sa bouche, étouffant au passage les sanglots qui tentait de s’y immiscer. Mais avec qu’elle n’ait vraiment le temps de le réaliser, son corps l’entraina vers le sol, et son dos glissant le long de l’ilot, c’est sur elle-même qu’elle se replia, en proie à une crise de panique qu’elle ne contrôlait pas. Et alors qu’un torrent de larmes déferlait sur ses joues, c’est un rire tristement entonné qui résonna dans la pièce.

Ce n’était pas comme s’il avait pu réfléchir, Bash, à ce qu’il allait dire ou faire. Cette nouvelle l’avait frappé en pleine face, sans la moindre douceur, et le voilà qui improvisait. Il tentait de réconforter Mina, alors qu’il était dans cette même situation. Il n’avait jamais su comment réagir face à ce genre de confrontation à des situations délicates. Ce n’était pas son genre. Non, lui, il prenait le bon côté des choses, le bon côté de la vie. Toujours. Mais après une telle nouvelle, il ne se voyait pas sauter de joie ou trouver une situation miracle. Il était prit au piège, incapable de savoir réellement comment agir, que dire, sans savoir même comment il se sentait au fond. L’idée d’être père lui avait parfois effleuré l’esprit, au Fraser. Il se disait toujours que ça arriverait, un jour, plus tard. Pas maintenant. Il était loin d’être prêt à s’occuper d’un enfant pour le reste de ses jours, et pourtant. Il lui restait quelques semaines, quelques mois pour s’y faire, à cette idée, avant que ça ne devienne sa réalité. La situation dans laquelle ils se trouvaient, il n’aurait pas pu l’imaginer. Ils n’avaient rien de parents. Il n’avait rien d’un couple. Coup d’un soir qui avait fini par devenir plusieurs soirs, ce n’était pas pour autant qu’ils avaient ne serait-ce que penser à devenir plus que ça. Des amis qui couchent ensemble, de temps en temps. Bash le savait bien, avoir un enfant dans leur situation allait être incroyablement compliqué. On ne partage pas un bébé comme on partage un compte Netflix. Et pourtant, ce n’était plus un choix ou une question, mais une vérité. Ils allaient devoir faire avec, peu importe ce qu’ils décideraient de devenir. Une part de lui avait peur que Mina s’éloigne, avec ce bébé entre eux. Et s’ils n’étaient pourtant pas un couple, Bash avait tout sauf envie de voir cette femme s’éloigner de lui, quitter sa vie petit à petit. Il s’était habitué à ses conversations, à son rire qui perçait parfois ses soirées. Il ne voulait pas la laisser filer malgré tout. La réaction qu’elle eut à ses mots l’étonna, et il resta planté là, sur le sofa, à la regarder sans rien comprendre. Il écoutait ses remarques, toutes ces peurs, ces choses auxquels il n’avait même pas pensé. Parce que c’était une évidence pour Bash, les amis, le travail, la petite vie tranquille qu’il menait aujourd’hui passerait toujours après son enfant. Leur enfant. Il continua de la regarder, alors qu’elle quitta la pièce le laissant là, avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit. Le brun décida d’attendre son retour pour lui répondre, mais c’est en entendant ses sanglots qu’il décida finalement de l’y rejoindre. Assise au sol, recroquevillée contre l’îlot central, Mina semblait bien loin de l’image de la femme fatale qu’elle s’était toujours donnée, lorsqu’ils étaient ensemble. Elle semblait fragile, vulnérable. Assez pour que Bash sente son coeur se serrer légèrement, marquant une un court instant, avant qu’il ne s’approche finalement, s’accroupissant à son niveau avant de passer lentement ses doigts dans ses longs cheveux bruns. — Mina… Calme-toi, Mina… S’il te plait, respire. — Il chuchotait, tendant de garder son calme, d’être maitre d’une situation qui le dépassait considérablement. Il continua de glisser ses doigts dans ses cheveux, lui répétant de se calmer, de respirer, répétant ces mêmes phrases encore et encore en attendant qu’elles agissent finalement, avec un peu d’espoir.

Des enfants, elle en avait toujours voulu. Une fois sa carrière bien lancée, et lorsqu’elle serait engagée dans une relation sérieuse. Pas alors qu’elle venait tout juste de décrocher son job de rêve. Pas alors que tout ce qu’elle partageait, avec le père de cet enfant, se résumait à un lit, de temps en temps, ainsi qu’un compte Netflix, mensuellement. Ils n’avaient rien d’un couple. Mina n’avait même jamais songé un seul instant à cette éventualité. Sa mère, elle l’avait pratiquement élevée seule. Son père, grand absent de sa vie, elle ne croissait qu’à de rares occasions. Les maigres souvenirs qu’elle avait de lui, elle les associait plus à l’argent et aux extravagants présents qu’il lui faisait qu’aux rares moments qu’ils avaient partagés ensemble. Il n’était qu’un étranger, pour elle. Un étranger avec qui elle ne partageait qu’une part de sa génétique et un nom de famille. Elle s’en fichait de l’argent, Mina. Elle en avait suffisamment pour subvenir au besoin de cet enfant-là. Mais pour avoir souffert de ce manque pendant une grande partie de sa vie, et encore aujourd’hui, elle ne pouvait tolérer que son propre enfant vive avec un père absent. Pourtant, Bash semblait lui promettre de ne pas être de ces hommes-là. Il affirmait ne pas vouloir la laisser seule dans ce merdier qu’était le leur, qu’il serait là pour l’épauler, quoiqu’il arrive. Mais elle n’entendait rien, Mina. Elle ne revoyait que ses deux parents qui n’avaient de cesse de se quereller à ce sujet, à sa mère qui suppliait son paternel d’être plus présent pour son seul enfant, à ce dernier qui promettait et qui répétait toujours les mêmes rengaines sans jamais les respecter. Elle voyait rouge, et même si cette rage au cœur n’avait rien de personnel contre l’homme à ses côtés, il fut celui qui écopa de ses remarques acides et de ses remontrances. Elle avait l’impression d’étouffer, la belle anglaise, et c’est en direction de la cuisine qu’elle prit la fuite pour y trouver refuge, cherchant de quoi y étouffer les sanglots. Mais ils eurent raison d’elle. Mina s’écroula sous le poids de cette nouvelle qui avait ébranlé tout ce qu’elle avait de stable dans sa vie. Son travail, sa liberté, sa relation avec Bash. Tout ça allait drastiquement changer, qu’elle le veuille ou pas. Elle avait beau s’entêter à être forte, à jouer les indépendantes, les intouchables, elle restait, malgré tout, terriblement humaine et ça, elle n’osait jamais se l’avouer. Le simple fait que Bash la voit ainsi, dans toute cette vulnérabilité, la mettait d’autant plus dans tous ses états, et la belle peinait à reprendre le dessus, à contrôler ce tourbillon d’émotions trop forte, trop présente dans son cœur. Une véritable tourmente. L’une de ses mains vint caresser sa longue crinière entremêlée, et sa voix tenta de l’apaiser, lui intimant de respirer, calmement. Inspire. Expire. Elle s’accrocha à ses quelques mots comme à un mantra pour tenter de faire le vide autour d’elle, et de ne songer qu’à ça. Pour l’aider à focusser sur autre chose. Pour parvenir à s’apaiser.  Elle s’en voulut, Mina, de ne pas avoir été tendre à son égard. De ne pas avoir mâcher ses mots qu’elle lui avait cracher à la figure. Il n’avait rien fait pour mériter un tel traitement de sa part. Et elle, elle ne le méritait pas. Elle ne méritait pas d’un tel homme dans sa vie. La seule crainte que cet enfant les éloigne l’effrayait, mais elle avait du mal à se l’admettre. À mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Il fallut qu’elle s’accroche un peu plus à lui pour comprendre qu’il était bel et bien là, et qu’il ne comptait pas partir. Pas tout de suite. Pas maintenant. Elle se lova un peu plus dans ses bras avant d’attraper ses lèvres, de les capturer dans un baiser qui n’avait pas de raisons, mais nul besoin d’explications. Il était ce quelque chose de solide auquel elle pouvoir se raccrocher, encore fallait-il qu’elle daigne tendre la main afin qu’il puisse l’attraper.

Elle lui montrait une autre facette d’elle, Mina. La femme fragile, vulnérable, celle qui ressentait, qui ne gérait par forcément tout son petit monde du bout de sa baguette. Elle était différente, touchante, peut-être même plus attachante qu’elle l’était déjà, aux yeux de Bash. Mais il n’avait aucune idée de comment la rassurer, comment la soutenir, comment la calmer. Là, dans cette cuisine, il tenta de se montrer le plus calme possible, alors que son intérieur bouillonnait, prêt à craquer à son tour sous la panique. Mais il ne devait pas. L’un d’eux devait garder le contrôle, et si elle voulait que ce soit là, ce serait lui. Il aurait fait à peu de choses près n’importe quoi pour la rassurer, à cette instant. Lui remonter le moral, un petit peu. Après tout, ce n’était pas la pire des nouvelles. Certes, c’était bien loin de ce qu’ils avaient tous les deux imaginés pour leur avenir. Mina n’avait certainement pas prévu de passer sa vie coincer avec un type comme Bash dans les parages, des gardes à partager pour les dix-huit prochaines années de leur vie, un enfant à élever, ensemble, le mieux possible. Lui non plus, ne l’avait pas prévu. Mais regretter n’était pas une solution, il l’avait toujours su. Il fallait faire face, maintenant, car aller de l’avant était bien la seule chose qu’ils pouvaient faire. Mina sembla se calmer, lentement, sûrement, s’agrippant un peu plus à l’homme qui la laissa volontiers faire, s’approchant même légèrement d’elle avant de se laisser s’asseoir à ses côtés. S’il voulait être là pour elle, ça commencer maintenant. Prenant place dans ses bras, le brun ne tarda pas à la serrer doucement contre lui, avant que leurs lèvres ne se retrouvent, geste que, pour une fois, l’homme n’avait pas vu venir. Sa main trouva rapidement la joue de la demoiselle entre ses bras, qu’il caressa doucement, répondant à son baiser un instant, avant de s’écarter assez pour la regarder. — Tu vas mieux ? — Il chuchotait, ne voulait surtout pas la brusquer. Son autre bras la maintenait toujours contre lui, au cas où elle décide de s’énerver à nouveau et de le fuir, comme la première fois. Si elle voulait le repousser, il l’aurait laisser faire. Mais Bash était persuadé dans son fond intérieur qu’elle avait besoin de lui, qu’il pouvait être là pour elle, sans être un poids ou un handicap. — Je sais que t’as aucune raison de me croire sur parole … — reprit-il doucement, répondant simplement à ses mots d’un peu plus tôt, cette réponse qu’il n’avait pas eu le temps de formuler avant son départ du salon pour venir se cacher dans la cuisine. — Tu me connais quasiment pas, au final. Je le sais. Mais je pense avoir été un mec bien, avec toi. Assez pour que tu me laisses une chance dans toute cette histoire. Parce que je laisserais tomber boulot et amis pour m’assurer que toi et le bébé, vous alliez bien. — Les mots qu’il prononçait, ils n’avaient rien de réalistes, aux yeux de Bash. Parler de bébé, de son bébé, lui semblait encore totalement impossible. Pourtant, ils étaient honnêtes, et il pensait chacun d’eux.

Elle détestait qu’il la voie ainsi. Elle détestait la simple idée d’être dans cet état d’esprit, d’être aussi vulnérable et à la merci de ses propres émotions, de ses propres tourments. L’orgueilleuse gamine qui vivait toujours en son for intérieure avait terriblement envie de gifler l’adulte qu’elle était devenue, question de la résonner, de la ramener à la raison, de la secouer avant qu’elle reprenne ses esprits. Mais elle n’avait pas le contrôle sur la situation, Mina, et cette crise de panique qui la secoua tel une décharge soudaine mit KO la moindre de ses réserves. Affalée sur le sol de sa cuisine, des coulés de larmes ruisselaient sur ses joues rougies alors que son souffle, secoué de sanglots, rendait sa respiration des plus erratiques. La présence rassurante de Bash près d’elle, malgré tout ce qu’elle avait bien pu lui dire, quelques instants plus tôt, semblait être la seule chose capable de la tirer de sa tourmente. Elle focussa sur sa voix, sur son intonation et sur les quelques mots qu’il lui susurrait en douceur, et elle parvint à se calmer d’un cran, ne serait-ce que pour être apte à respirer sans difficulté. Des perles humides coulaient toujours le long de la courbe de son visage, et elle en chassa quelques-unes du revers de la main, reniflant à deux ou trois reprises pour tenter de se redonner une certaine contenance. La belle ne se sentait toutefois toujours pas en pleine possession de ses mouvements, et elle s’accrocha à la seule personne pouvait lui procurer cette épaule sur laquelle se blottir, en cette période troublée. Le seul qui pouvait vraiment la comprendre, puisque qu’il était directement impliqué dans le même calvaire qu’elle. Il aurait pu fuir, il aurait pu l’abandonner, tourner les talons et partir après la façon dont elle l’avait traitée. Mais il était toujours là. Pour l’instant. Et ça lui suffisait, dans l’immédiat. Elle avait envie de s’accrocher à cet espoir-là, aussi maigre pouvait-il être. Certes, elle se savait forte et capable de surmonter n’importe quoi seule, comme elle l’avait toujours fait par le passé. Aujourd’hui, la situation était différente. Elle n’était plus seule, dans l’équation. Elle, lui, et ce petit être qui poussait dans le creux de son ventre. Trouver refuge dans ses lèvres, poser sa bouche tout contre la sienne, lui semblait à la fois un geste logique et insensé. Qu’un mécanisme de défense, un simple automatisme qu’elle avait associé à l’homme, qu’elle avait de nombreuses fois embrasser au cours des derniers mois. Bash se raidit sous le coup, mais la surprise ne l’empêcha pas de prolonger l’échange avant de se détacher d’elle pour s’enquérir de son état, d’une voix tendre et murmurée. Elle soupira, et son front se colla un instant à celui de son opposé, alors que sa tête se faisait doucement aller de droite à gauche. La tempête était passé, mais les dommages ne s’effaceraient pas d’un simple claquement de doigts. Demain était un autre jour. Demain, elle irait mieux. Une journée de faiblesse, c’est tout ce qu’elle était prête à s’accorder. Parce qu’elle était humaine. Parce qu’elle avait, elle aussi, le droit de laisser ses émotions prendre le contrôle sur sa pudeur sentimentale habituelle. Bash reprit doucement la parole, et plus il parlait, plus une profonde culpabilité l’envahissait. Elle lui laissa à peine le temps de conclure ses propos avant de poser ses doigts sur ses lèvres afin de le faire taire. – Tu n’as rien à me prouver, ok? – Elle était plus que conscience que l’homme contre qui elle était blottit, et qui la serait tout contre lui était à des lieux de celui qu’avait été son père. Ils n’avaient, pour ainsi, rien en commun, et Mina se sentit presque idiote d’avoir associer l’un à l’autre, reflétant dans ses craintes pour son futur enfant ses manquements dont elle avait souffert, durant la majeure partie de sa vie. – … le jour où je te parlerai de mon père… tu comprendras. – Pas maintenant, pas tout de suite. Elle ne se sentait pas la force de replonger dans les histoires de son passé et songer à toutes les fois où son père avait failli à sa tâche, où il avait trahi sa confiance. Elle ne lui avait pourtant jamais rien demander d’extravagant, mais pour lui, ça avait été toujours de trop. Elle était de trop dans sa vie, et ça lui faisait encore du mal à l’admettre, même après tant d’années. – Je te fais confiance, Bash. T’es probablement l’une des rares personnes en qui j’ai réellement confiance dans cette ville. – lui avoua-t-elle en guise de réponse à ses propos. Elle pouvait aisément les compter sur les doigts d’une seule de ses mains, tant ils étaient peu nombreux. – Et je ne te demanderai jamais de tout abandonner pour… cet enfant-là. Ça serait égoïste et je le suis déjà assez pour deux, inutile d’en rajouter. – Un maigre sourire peina à frayer un chemin sur ses lèvres, mais il apparut tout de même, faiblard, mais bel et bien présent. – Tout ce que je te demande, c’est d’être là. De faire ta part. Et à deux, on y parviendra. – Du moins, elle l’espérait. Ils étaient des amis, des amants, et bientôt s’ajouterait à cette liste le rôle d’être parents. Et Mina songeait à quel point elle avait eu de la chance que ça tombe sur lui. Sur Bash, et pas un autre. Ce bébé aurait une mère, un père, et c’était là bien plus que ce que elle-même avait pu avoir.

Cette nouvelle facette de Mina créait chez Bash une sensation qu’il ne se connaissait pas, du moins qu’il n’avait pas eu l’habitude de ressentir lorsqu’il était avec elle. Cette tendresse qui lui donnait simplement l’envie de la prendre dans ses bras et de la bercer jusqu’à ce qu’elle se calme. L’envie de la protéger, d’être là pour elle. Elle qui était d’ordinaire si forte se voulait fragile, touchant Bash au plus profond de son être par cette réaction qu’il n’aurait pu imaginer. Il tenta de s’en sortir comme il le pouvait, l’assurant qu’il serait là. Il était honnête, franc, peut-être un peu trop. Mais il ne voyait pas comment faire face à cette situation qu’avec une honnêteté déroutante. C’était trop complexe pour cacher ses sentiments sous des formules, pour faire attention à ne pas être ce gars un peu trop attaché qu’il se refusait d’être depuis longtemps. Qu’il le veuille ou non, les choses étaient différentes, maintenant. Plus besoin de mentir, de se mentir à lui même, sur l’attachement qu’il portait à la jolie Mina. Cet enfant allait partager leurs gênes, leur ADN respectifs. Il était un bout d’eux, preuve de leur lien, quel qu’il soit pour l’instant, une trace infaisable de leur relation actuelle. Les doigts fins de la brunette trouvèrent rapidement ses doigts, et il comprit sans un mot qu’il était tant de faire taire le bavard qu’il était. Il s’autorisa un sourire, léger, inquiet, ses yeux posés sur le visage de la belle. Il hocha la tête, lorsqu’elle lui parla de son père, pour peut-être la première fois depuis qu’ils se connaissaient. Les histoires de famille, ils les évitaient presque. Elles étaient complexes, pour chacun d’eux, assez pour que qui que ce soit trouve ça dingue qu’ils se lancent dans la création de leur propre petit cocon familial. — Il y a pas de soucis. — répondit-il, un léger sourire aux lèvres, tentant toujours de la rassurer, de la calmer à sa façon. Le Fraser écouta tout ce que Mina avait à dire, de la confiance qu’elle lui portait à sa part dans cette histoire. Il hocha la tête, à nouveau, approuvant. Il était prêt à faire tout ce qu’elle voudrait, rien de moins, rien de plus. — Je serais là, dès que t’en auras besoin. Rendez-vous au médecin, courses pour de la glace, même en plein milieu de la nuit. Tu m’appelles, et j’accoure, d’accord ? — Il était sérieux, parfaitement sérieux. Elle pouvait l’appeler à n’importe quelle heure, il serait là pour elle. Ça aurait été le cas avant ce bébé, mais ça, il se garda bien de lui dire. Se relevant finalement, il attrapa les mains de Mina pour la hisser sur ses pieds à son tour. — Tu sais quoi ? J’ai rien de prévu pour ma soirée. On peut se commander à manger et se caler devant un film, et continuer de parler. Ou ne pas parler, si t’en as pas envie. On peut juste resté calé et rien dire, c’est bien aussi. — Bash lui fit un nouveau sourire, attendant sa confirmation avant de l’attirer à nouveau dans le salon. Il prendrait soin d’elle, probablement bien trop maladroitement, comme il savait le faire, toute la soirée si elle en avait envie. Il voulait simplement être là pour elle dans cette épreuve qu’ils partageaient, persuadé dans son fort intérieur que ce n’était qu’un tour du destin pour les rapprocher.