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MessageSujet: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyMer 28 Fév 2018 - 16:19

et quand vient le soir,
pour qu'un ciel flamboie
le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ?

Planté devant l'immeuble, les mains dans les poches de ma veste, mes prunelles captent les fenêtres allumées et je m'exhorte au courage. En guettant des bribes de silhouette derrière les rideaux, en me remémorant sa voix, en imaginant son expression, mon esprit tout entier se réhabitue à l'idée de Simone, à sa réalité dans la mienne après des années de vide. Je ne l'ai jamais oubliée, bien sûr, elle est la meilleure amie que j'ai jamais eue, mais la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était pour des adieux présumés, pour un dernier regard avant que nous ne retournions chacun à nos vies. Toujours la même pour moi, une totalement nouvelle pour elle. J'ai souvent imaginé ce qu'elle était devenue. Si elle avait des amies, un mec, un boulot, un sourire timide sur son visage de poupée. Et silencieusement, je le lui souhaitais chaque jour. J'aurais pu espérer qu'elle se souvienne de moi, qu'elle s'arrête aussi, parfois, pour penser à moi, à nos moments ensemble, à tout ce qu'on a appris tous les deux, j'aurais pu être jaloux des nouveaux venus dans une vie à laquelle je n'appartiens pas, du temps passé avec eux, mais je n'ai jamais pu être égoïste, lorsqu'il s'agit de Simone. C'est bien, j'imagine. C'est différent aussi. Je n'ai jamais été quelqu'un de jaloux, car je n'ai jamais eu besoin de l'être, ni même été suffisamment et sincèrement proche de qui que ce soit pour en arriver à ce stade. Puis elle est arrivée, et c'était tellement pur et tellement vivant que j'en ai tout simplement été incapable. Tout ça, les souvenirs d'une période de ma vie où j'étais, paradoxalement, tant incroyablement libre qu'inexorablement prisonnier, me paralysent devant la porte d'entrée, les membres raides et l'esprit lourd. J'ignore ce qui me fait peur. La perspective de la revoir aujourd'hui, que tout ait changé ou, pire, que rien n'ait changé ou les nouvelles que j'apporte et qui, en plus de jeter un froid sur nos retrouvailles, auront sur elle un état cataclysmique. Et je sais que c'est moi qui ai insisté pour venir moi-même, pour être le messager alors que nos avocats auraient pu s'en charger directement, alors que j'aurais pu moi-même laisser un message vocal ou un email pour éviter la confrontation, mais je sais aussi qu'elle aura besoin de soutien, qu'elle aura besoin d'un ami. Un temps. Je souffle un panache de fumée blanc qui disparaît au soleil. Je ne peux plus faire demi-tour, à présent. Cela fait déjà deux jours que je suis à Brighton, deux jours que j'aurais dû venir sonner chez elle, deux longs jours que je m'occupe, faignant d'avoir des choses à faire, alors même que mon être tout entier ne tend que pour cette rencontre. Et mes doigts, animés par l'image de son visage qui se fond sous mes prunelles pour la millième fois, grimpent d'eux-mêmes jusqu'à la sonnette. Une nouvelle fenêtre s'allume à l'étage, mes oreilles bourdonnent et le son étouffé et électronique du boitier vocal est tout ce qui me raccroche à la rue. - Simone. et mon palpitant se serre, mes tripes s'écrasent, mes doigts frissonnent. Si ma voix, après plus de deux ans, n'est plus qu'un abîme oublié dans des souvenirs confus, l'usage du prénom, en revanche, ne pourra la tromper sur mon identité. Pourtant, pour me donner contenance, parce qu'une partie de moi a besoin de se personnifier dans sa vie, je m'entends ajouter : - c'est moi. Moi. Moi, moi, moi, moi. Et toi. Et je ne dis plus rien, j'attends qu'elle m'ouvre, le cœur battant, la tête en vrac.
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MessageSujet: Re: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyLun 12 Mar 2018 - 2:35

Il était encore tôt, ce jour-là, mais ça importait peu la jeune femme. Posée au centre de son lit, coincée entre une multitude de coussins de différentes grosseurs, textures, couleurs, et blottit sous une couette réconfortante, Dawn se permettait enfin de relaxer, de respirer plus librement. Elle était en sécurité dans cet appartement. Maple veillait sur elle, son fidèle canin somnolant à ses pieds, sur l’extrémité du matelas. Sur sa table de chevet, son téléphone portable, un vieux modèle dont elle se servait à peine, ne serait-ce que pour les urgences. À peine pour texter, possédant un de ces téléphones au clavier à numéro qui en faisait grincer plus d’un des dents. Puis, le bloc en lui-même, qui était sa propriété, et qu’elle avait équipé des meilleures technologies en guise de protection résidentielle. Pour se rassurer, pour dormir tranquille, sur ses deux oreilles. Pour ne plus jamais se faire surprendre comme dans son minable appartement du Queens, alors qu’elle vivait encore à New York. Un flash d’images, encore trop vive à sa mémoire, passa devant ses yeux et elle les ferma aussitôt, cherchant à les faire disparaitre, à les chasser en secouant légèrement la tête. Mais son passé ne l’abandonnait jamais bien longtemps, il rodait toujours dans son sillage, les mauvais souvenirs plus nombreux que les bons. Elle préférait ne pas trop y penser. Ne pas trop s’attarder sur son autre vie. Sur la vie de Simone. Attrapant le livre qui trainait sur le petit bureau d’appoint au côté du lit, elle se plongea dans sa lecture d’un bouquin qu’elle relisait pour la dixième fois, possiblement. Un classique de la littérature anglaise : Pride and Prejudice. Jane Austen, une auteure qu’elle avait apprit à aimer, depuis qu’elle s’était posée en sol anglais. La plume de cette écrivaine lui permettrait de se transporter dans une autre époque, un autre univers, et d’oublier, un tant soit peu, son quotidien pour vivre au rythme de celui des Bennet. La sonnerie stridente de la porte d’entrée la fit sursauter bien plus qu’un être normalement constituer. Mais Dawn n’avait rien en commun avec ces autres. Sa vive réaction avait suscité un certain intérêt de la part de son canin protecteur, et elle le rassura d’un léger geste apaisant en le grattant derrière les oreilles avant de sortir de son cocon douillet afin d’aller rejoindre le salon, où l’intercom de l’entrée se trouvait. Un grésillement se fait entendre, lorsqu’elle active le bouton pour s’enquérir de l’identité de son visiteur. – Qui-est-ce? – qu’elle demande de sa voix claire, mais toujours aussi douce, où transperce les échos de son inquiétude. La voix que lui renvoi l’appareil électronique, et ce nom prononcé la transperce de toute part. Sa main, tremblante, délaisse sa position pour rejoindre le bras tombant de l’effarouchée. Elle peine à se convaincre qu’elle n’a pas halluciné, que son esprit tourmenté ne lui a pas jouer un vilain tour, pour se moquer d’elle, pour la martyriser, comme il a seul le moyen de le faire. Elle résonne à nouveau entre les quatre murs blancs de son appartement, et son corps s’active sans même qu’elle y réfléchisse, alors qu’elle se met à déambuler en vitesse la quinzaine de marche qui sépare son logis de la porte derrière laquelle se trouve un véritable fantôme de son passé. Mais pas de ceux qu’elle craint, non. Une certaine appréhension s’empare d’elle alors qu’elle tourne la poignée, et la tire vers elle, laissant apparaitre, sur le pas de son entrée, comme une apparition divine, celui qui l’a sauvé. Les larmes perlent à ses yeux tant l’émotion la submerge face à Lui. – Hugo ? – énonce-t-elle à mi-voix, à la manière d’une question qu’elle laisse en suspens. La Simone qui sommeille toujours en son for intérieur rend les battements de son cœur incohérent, et elle a besoin de le sentir sous ses doigts pour se convaincre qu’il est bien là, devant elle. Qu’il n’est pas qu’un mirage, que le fruit de son imagination. L’extrémité de ses doigts frôlent la carrure creuse de sa joue, la courbe de son menton. Ils frémissent au contact de la peau de l’autre. – C’est toi.


Dernière édition par Dawn Whittaker le Mer 25 Avr 2018 - 1:31, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyMar 13 Mar 2018 - 0:59

Sa voix, bien que légèrement grésillante et déformée par l’interphone, me parvient à la manière d’un unique nuage lors d’une journée ensoleillée : elle est belle, elle est douce, elle a ce quelque chose de mélancolique et on ne voit qu’elle, malgré immensité du ciel bleu maya. Sa voix nuage, elle articule tout juste quelques mots, un souffle depuis sa tour d’ivoire, et cela suffit, en l’espace d’une seconde, à faire vaciller mon esprit. De nuage à vague, brûlante et féroce, elle balaie toutes mes craintes et c’est mon corps tout entier qui se dresse contre une marée joueuse mais ravageuse, qui ignore tout de sa puissance. Qui est-ce, murmure son écho, comme ressuscité de mes souvenirs. Qui est-ce, et j’ai envie de lui rire au visage, d’éclater d’un joyeux et doux rire de soulagement, de toucher, à travers la minuscule grille la séparant de moi, sa peau veloutée. Qui est-ce - rien que moi, l’ami que tu avais autrefois, dans une autre vie. Littéralement une autre vie. Je dois m’efforcer de garder en tête qu’elle est à présent Dawn. Que Simone appartient au passé, même si, en ce qui me concerne, elle est tant passé, présent que futur. Parce que si sa présence physique doit un jour disparaître pour de bon dans l’orbe délicieux que ma mémoire lui concède, j’ai sans arrêt la sensation de ses doigts contre les miens. Ce qu’on a appris ensemble tient de l’indicible, de ces leçons de vie qui n’ont pas de prix, que tu dois aller puiser au plus profond de toi. Simone - ou Dawn, je ne m’arrêterai guère à quelque chose d’aussi futile qu’un prénom - a rejoint, accompagné, guidé mes pas timides sur un chemin aussi nouveau qu’effrayant. Celui de la vie. De l’équilibre. Tiens, c’est drôle, comme dans le mot “équilibre”, il y a aussi “libre” et cette simple idée me rend plus léger, plus serein, comme si je venais de comprendre quelque chose sur la vie, comme si j’avais percé un nouveau secret que j’étais jusqu’alors trop ou pas assez pour saisir. J’esquisse un sourire fugace, me promets de lui glisser cette curieuse découverte plus tard et murmure à mon tour. C’est moi, et à cette simple assomption se succède un silence assourdissant. Un silence qui bourdonne dans mes oreilles plus qu’une agora entière. Parce que j’ai le réflexe viscéral de lever les yeux pour en grappiller plus que ce gazouillement inespéré, je capte le mouvement furtif de son ombre sur le mur qui virevolte puis disparaît. Et je n’ai guère le temps de m’interroger - déjà, la porte d’entrée s’efface pour découvrir la silhouette gracile, la crinière dorée, le regard expressif, la poitrine secouée d’un souffle erratique, les doigts fins serrés autour du bois. On reste planté là un instant, comme deux extraterrestres tombés dans la mauvaise dimension et il n’y a que ses yeux humides qui rappellent que le temps s’écoule. De sa voix nuage, elle m’évoque et je hoche bêtement la tête. Un espace encore fonctionnel de mon cerveau note qu’elle avait les cheveux noués de la même manière, un jour où l’on avait décidé de manger à même l’herbe de Central Park, ou cet autre jour encore où elle avait insisté pour aller voir ce film au cinéma et qui s’était révélé être un navet. A la seconde où son visage m’apparaît, une infinité d’instants volés reviennent avec elle et alors, j’ai la sensation que le monde se remet à tourner à l’endroit. Autour de son axe : cet appartement. Le seuil de cette porte. Ses doigts contre ma joue. J’ai envie de la serrer contre moi comme un gamin serrerait son doudou contre lui. Depuis quand suis-je devenu si sentimental ? Depuis elle, sans doute. Je souris. Mû par le bonheur pur et limpide d’être ensemble, je souris. Elle a toujours eu cet effet sur moi, dès lors qu’on s’est saisis, qu’on s’est apprivoisés, qu’on a commencé à guérir pas à pas, côte à côte. - J’ai du mal à croire que tu sois vraiment là, je confesse doucement. Que je sois vraiment là, plutôt. J’ai souvent voulu lui rendre visite, l’appeler, lui envoyer une lettre ou une belle carte postale depuis l’autre côté de l’océan. Puis je m’exhortais à la raison : c’est une nouvelle vie pour elle, une nouvelle chance et on s’était déjà fait nos adieux. Inutile de se faire du mal pour rien. Pour tout faire foirer. Aujourd’hui, c’est différent et si la revoir me donne envie de vivre, comme un élixir, un remède magique, elle ignore encore que je suis un oiseau de mauvais augure. Je refuse d’y penser tout de suite, je préfère savourer et sans un mot de plus, mon corps glisse le long de son bras tendu vers moi pour passer les miens autour de ses épaules et l’attirer plus près. - Tu m'as manqué. Je ne suis d’ordinaire pas particulièrement tactile, même si ce genre de préoccupation n’a cure dans mes milieux puisque je n’y suis jamais complètement moi-même, mais j’aime sentir son contact contre moi. J’aime sentir son coeur battre contre ma poitrine, j’aime recueillir son souffle et deviner le voyage du sang qui parcoure ses veines, j'aime ses cheveux qui me chatouillent le visage et leur odeur unique que je capte aussitôt. J’aime profondément la sentir vivante, même si, parfois, c’est une vie comateuse ou absente, ou trop effrénée d’angoisse. Capter ses signes vitaux, sa peau immaculée, la fermeté de son corps sain, m’apaise. Déformation professionnelle et sentimentale en même temps. Au début, j’avais peur qu’elle réagisse mal, qu’elle se braque, que le contact imposé et peut-être non consenti l’oppresse, l’effraie, lui rappelle la sensation d’une intrusion violente dans son intimité. Puis j’ai compris que je n’avais pas à la considérer comme une victime, parce qu'elle est infiniment plus que ça. Pour moi, elle est Simone, avec son histoire et son passé, mais avant tout Simone. Un être fait de bonté, de douceur, d’amour, de rire clochette et de regards scrutateurs. Et j’ai arrêté de m’inquiéter. - Comment tu vas ? C’est tout ce qui m’importe, pour l’instant. Et même en général. Elle semble en forme. Autant que se peut, en tout cas. - Je ne t’obligerai pas à me raconter deux ans de vie ici, ne t’inquiète pas, j’ajoute avec un sourire complice. Quoi qu’elle finira probablement par le faire d’elle-même, petit à petit, un jour après l’autre.
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MessageSujet: Re: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyMer 21 Mar 2018 - 3:17

Simone. Dawn. Deux identités, et pourtant, une seule et unique personne. Deux mondes qui s’opposent, qui se heurtent. Et son esprit vogue continuellement de l’une à l’autre, au point où la maigre nuance entre les deux s’effacent pour ne devenir qu’un flou artistique. Elle n’est pas plus l’une qu’elle est l’autre. Elle est devenue un heureux mélange des deux, des craintes et des souvenirs de Simone, et de ce renouveau et cette liberté que Dawn lui offrait. Et si Dawn a refait sa vie sur ce nouveau continent, ce nouveau pays, Simone, elle, n’a jamais oublié les êtres qui ont marqués son autre vie, sa vie d’avant. Ses parents, sa sœur, Adam. Ils n’éveillent que de l’amertume, de la colère, de l’incompréhension au plus profond d’elle-même. Chaque parole, chaque geste, chaque souvenir la transperce comme la lame d’un couteau qu’on lui enfoncerait dans la chair, encore, et encore, sans se soucier du sang qui perle sur la peau opaline qu’ils ont tant souillés. Des cicatrices qu’il fut le seul à tenter de panser. Des maux qu’il fut le seul à vouloir lui arracher. Hugo avait été cette lueur d’espoir dans la noirceur de sa nuit. Il avait été le phare au bout du quai, cette bouée de sauvetage auquel elle s’était tant accrochée pour ne pas se noyer. Il avait été sa force, et elle était devenue sa faiblesse. Et c’est ensemble qu’ils avaient parcouru ce chemin sinueux qui la mènerait sur le chemin de la libération, de l’absolution. Puis vinent les adieux prononcés sur ce quai d’embarquement d’un aéroport new yorkaise. Puis le néant. Jusqu’ici. Jusqu’à maintenant. Car cette voix, à l’autre bout de cette ligne grésillante, ne pouvait être que la sienne. Si familière, que le temps n’avait su arracher à ses pensées, comme les paroles d’une chanson dont on se rappelle, même après des années. Ses pas galopants l’avaient mené jusqu’à la chute de ses escaliers, et les envolés de son cœur soulevait sa poitrine d’un souffle irrégulier, incontrôlé. Hugo. Elle ne l’avait pas rêvé. Sur le pas de sa porte, le fantôme de son passé la considérait dans un silence cérémonieux qu’elle vint briser. Hugo. Nul besoin qu’il lui confirme son identité. Elle avait tant de fois chercher son visage, sa silhouette longiforme dans une foule sans jamais le retrouver. Son toucher le redécouvre sous ce contact de ses doigts contre sa peau fraichement rasé. Sa main épouse la forme de ce visage qu’elle connait pourtant par cœur. Il sourit, son ange gardien, et elle ne peut que sourire aussi, même si de fines perles s’égouttent de ses prunelles brillantes. Un rire cristallin s’échappe d’entre ses lèvres rosées. Hugo semblait avoir lu dans ses pensées pour en arracher ces quelques mots qui façonnent leur premier échange depuis des années. De trop longues années. – C’est plutôt moi qui devrait te le dire. –Elle le laisse s’approcher, entrer dans cette espace vitale qu’elle milite tant pour protéger, conserver, telle une chasse gardée, un territoire interdit d’accès, d’approche. Elle accepte volontiers ses bras qui l’enserrent tout contre lui, et elle s’y réfugie en ayant cette douce impression de rentrer à la maison. De renouer avec une part d’elle-même dont elle avait dû se séparer. Son doux parfum, son cœur qui palpite à un rythme régulier, sa respiration lente et contrôlée. – À moi aussi, Hugo, à moi aussi. – Il ignore à quel point, et elle se garde bien de le lui avouer. Rebrousser chemin, retourner là d’où elle était venue, reprendre sa vie où elle s’était arrêtée. Elle y avait songé, tant de fois qu’elle avait cessé de les compter. Pour le retrouver, lui, et cette sensation de sécurité qu’elle ressentait, à ses côtés. Elle met un temps avant de répondre à son interrogation, ne souhaitant l’alarmer de rien, sans toutefois lui mentir. Ils se sont toujours dit la vérité, rien que la vérité. – Je vais mieux. – admit-elle finalement, de sa voix lumineuse teintés d’un soupçon d’hésitation. Comment lui expliquer que cette ville regorgeait aussi de monstres tapis dans la nuit et de preux chevalier pour la sauver. Comment lui dire que les gestes déplacés d’un homme éméché avaient su effriter trois années de thérapies en l’espèce d’une seule nuit. – Trois ans, trois ans et cinq mois. – corrigea-t-elle avec un ricanement aussi léger qu’une plume au vent. Mais qu’importe. Elle lui raconterait tout ce qu’il voudrait savoir. Elle lui parlerait de ces gens qui meublaient désormais sa nouvelle vie. Elle lui parlerait de son travail, de son atelier-boutique, des clients qui le fréquentait. Elle lui dirait, si c’est ce qu’il lui demandait. À contre-cœur, elle se dégage lentement de l’étau de ses bras, s'éloignant pourtant à peine son bienfaiteur. – Tu veux monter? – Elle connait la réponse, elle sait qu’ils ne passeront pas cette soirée sur le seuil de sa porte d’entrée. Attrapant sa main, dans laquelle elle calle la sienne, y retrouvant cette chaleur si apaisante, elle l’invite à le suivre en haut de l’escalier, là où, par curiosité, son chien s’est posé. La brave bête qui jamais n’a failli à son devoir de la protéger, et qui reluque avec grand intérêt le gringalet qui talonne sa maitresse désignée. – C’est Maple. Mon chien d’assistance. – L’une de ses mains se perd dans son pelage, alors qu’elle le contourne pour atteindre le palier. Geste pour le rassurer, le calmer. L’appartement n’est pas très grand, mais il est simple, douillet et coquet, à l’image même de la propriétaire des lieux.
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MessageSujet: Re: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyMar 3 Avr 2018 - 1:29

Elle est sortie de mon monde voilà quelques années déjà, deux ou trois, peut-être plus, peut-être moins. Peu importe : cela suffit pour dépasser le temps que l'on a passé ensemble. Nous avons été inconnus, en confrontation autour de nos univers trop différents, jusqu'à les fondre l’un dans l’autre en nous riant de tout ce qui nous poussait dans deux directions opposées. Nous avons alors été amis ou meilleurs amis, confidents, partenaires, tous ces mots qui me paraissent si étrangers, si incongrus et en décalage par rapport à une réalité ineffable. La seule réalité, en fait, c’est qu’il n’existe que des superlatifs, pour Simone. Des emphases, des hyperboles, des exagérations affolantes. Parce qu’il n’y a pas d’autre façon de décrire le vacarme qu’elle fait dans ma vie et l’affection quasiment providentielle que je lui porte, mais aussi parce que j’ai eu le sentiment, pour la première fois, de ressentir quelque chose de bien et de réel. Jusque-là, tout paraissait désuet avant même d’exister, anesthésié, décalqué sur une émotion vive, comme si mes réactions physiques n’étaient pas reliées à mes réponses émotionnelles. Tout était tellement calculé, joué, initié pour une raison ou l’autre que peu importe la situation, j’avais toujours l’espace suffisant, en parallèle, pour totalement autre chose. Je ne suis pas de ces personnes organisées ou juste très multi-tâches qui parviennent à faire plusieurs choses à la fois - non, c’est simplement que les émotions, pas vraiment les miennes, juste les émotions, ne prennent jamais le dessus sur le reste. J’ai pourtant lu mille passages de bouquins décrivant le phénomène si dévorant d’une émotion. C’est intense, c’est fort, suffisamment que pour te paralyser ou annihiler tout le reste. Moi, ça ne m’a jamais fait cette impression-là. Mon corps réagissait machinalement, parce qu’il a bien intégré les différents sentiments et leur réponse, mais ma tête n’était pas connectée. Ça n’atteignait jamais mon esprit et, paradoxalement, tout était rationalisé à l’extrême. Je riais lorsque je savais l’événement drôle, je pleurais lorsque je me sentais devoir être triste - que des automatismes. Rien de vrai. Même lorsque j’avais des relations sexuelles, j’avais souvent l’esprit ailleurs, à un moment ou à un autre. Les seuls moments où j’étais pleinement conscient et bouffé par mes émotions, c’était les moments d’angoisse. Ces moments où le cœur se serre, comme avalé par sa propre peau, où la cage thoracique explose, où les tripes se déchirent, et où on a la sensation d’étouffer dans l’eau noire et lourde de tout ce qui est trop à supporter. J’ai toujours cru que quelque chose débloquait chez moi. Puis j’ai pété un plomb. Puis j’ai rencontré Simone. À croire que tout était écrit à l’avance. Elle n’est pas magicienne, Simone, il n’a pas suffit de deux jours pour que, d’un seul coup, un monde nouveau de liberté, de palpitant habité et de cerveau qui s'enflamme me fassent voir la vie autrement. Il a fallu du temps, des dizaines, des centaines d’heures à parler de nous, des choses, de la vie, des choses de la vie, avant de m’apercevoir, étonné, candide, d’un changement. D’une sensation timide dans ma poitrine, comme un bruit contre une porte dont j’ignorais l’existence. Et depuis, une progressive découverte de tout ce que je n’avais jamais réellement goûté du monde. Je comprends le plaisir de rire de bon coeur, le soulagement de voir quelqu’un que l’on aime, la fatigue drainante lorsque l’on pleure. Je comprends le bonheur simple et pourtant infini d’avoir, face à moi, à portée de main, un ange. C’est moi qui débarque chez elle, c’est vrai, mais c’est moi qui lui ait couru après pour la retrouver, enfin. Après une brève et pourtant intense année de guérison, tous les deux, elle a disparu avec mon aide. Depuis, elle est comme un fantôme, une idée dont je ne suis plus vraiment sûre qu’elle a réellement existé ou si c’est mon esprit tordu et désespéré qui l’a créée de toute pièce, douce rédemption dans son regard océan. Il m’a manqué. Elle m’a manqué. Elle m’a terriblement manqué. Sa compagnie, son rire, sa voix et son effet sur moi, le chemin doux-amer de la résilience sur lequel on se pousse mutuellement. Guérir m’a manqué et lorsqu’elle est loin, ma raison semble l’être aussi. - Tu m’expliqueras, je souffle simplement. Mieux. Elle va mieux. Mieux par rapport à quand ? Au moment où l’on s’est dit adieu ? Ou par rapport à un moment autre dont je n’ai pas connaissance ? Peu importe : elle va mieux. Elle avance. Elle panse ses blessures, elle cicatrise, si tant est qu’elle puisse complètement cicatriser un jour. Je crois que c’est devenu ma priorité absolue, aujourd’hui. Au point d’avoir besoin d’entendre chaque étape franchie, chaque marche ratée et chaque pas en arrière. - Excuse-moi, j'ai une drôle de condition qui fait que je ne distingue plus vraiment les jours, depuis... environ trois ans et cinq mois, je rétorque avec un sourire malicieux. Ça aussi, ça faisait partie de nous : la sécurité que confère la confiance et l’opportunité d’être pleinement soi-même, ironie comprise. Doucement, elle s’extirpe de l’étreinte de mes bras avides pour m’observer une seconde, m’inviter - parce qu’elle sait bien que je ne vais pas réfuter sa proposition - à monter et m’attraper la main. Sans protester, je me contente de la suivre docilement dans les escaliers, le regard instable car perdu entre le souhait de ne pas la quitter une seconde des yeux et celui de détailler plus son nouvel environnement. J’aimerais me dire que j’aurai tout le temps me me gorger de sa présence et de son image, mais je n’en suis pas si sûr et je ne préfère pas me nourrir d’espoirs peut-être vains. Ce n’est qu’à cet instant que je remarque la présence du labrador assis au sommet de l’escalier. - Salut toi, je souffle instinctivement au chien en m’accroupissant devant lui. J’avais oublié cette partie du programme de réinsertion en douceur dont était bénéficiaire Simone. Je souris, m’efforce d’avoir l’air le moins menaçant possible - comme si j’avais la moindre envie de faire quoi que ce soit à Simone - mais je ne songe pas une seconde à le caresser en témoignage de bonne foi. Je connais les chiens d’assistance. Ce n’est rendre service à personne de se laisser aller à ce genre de gestes. Ça les distrait ou risque de les distraire. - Tu acceptes que je passe un peu de temps avec ta maîtresse ? comme s’il était capable de comprendre quelque chose. Pourtant, la bête détourne paresseusement la tête en direction de Simone et, machinalement, je fais de même. Tous les deux, depuis son pallier, nous la regardons avec intérêt et avec amour. - Tu l'aimes beaucoup, pas vrai ? ça nous fait quelque chose en commun, je termine avec un sourire plein d’affection avant de me redresser et de rejoindre la maîtresse en question au milieu de la pièce principale. Je prends une seconde, enfin, pour lever le nez et découvrir le foyer. - C’est toi qui a décoré ? c’est exactement comme ça que j’avais imaginé que ça serait, je m’émerveille. Petit, cosy, agréable et chaleureux. Presque éthéré. A l'image de sa peau d'ivoire, de ses cheveux de blé. Souvent, je me suis perdu à imaginer sa vie, son travail, son appartement, ses vêtements, ses amis. En trois ans et cinq mois, aux jours indissociables, j'ai eu le temps de me faire une idée assez précise. Elle était toujours floue et changeante, au départ, mon cerveau étant bien trop agité, retourné, perdu suite à son départ. Puis le temps a passé, l'habitude s'est réinstallée, le manque est devenu une simple constante dans ma vie plutôt qu'une douleur. - Je voulais venir, tu sais, je finis par dire, presque abruptement, le regard toujours tourné vers des meubles quelconques que j'ai choisis comme repaire. Comme si ça avait besoin de sortir. - Tous les jours, je voulais venir te voir, mais j'avais peur de tout foutre en l'air. Mes lèvres se serrent. On s'est dit adieu. On s'est juré de ne jamais s'oublier. Jamais on ne s'était dit qu'on ne se reverrait jamais et pourtant, c'était comme tacitement convenu dans les aux revoir. Parce qu'elle avait besoin de ça. Parce que j'ai tout donné pour ça. Parce que je ne voulais pas que mon égoïsme bousille tout ce qu'elle parvenait à construire.
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MessageSujet: Re: sometimes we run for cover. (dawn)   sometimes we run for cover. (dawn) EmptyMer 25 Avr 2018 - 0:56

Leurs deux réalités s’étaient entrechoquées au détour d’une rencontre fortuite qui n’aurait pas dû avoir de suite. Deux univers aux antipodes, deux personnalités hétérogènes qui s’amalgamèrent malgré toutes leurs différences, malgré tout ce qui les opposaient. Dawn n’était jamais parvenu à mettre un mot sur la relation qu’ils partageaient, sur cette affection si particulière qu’ils se portaient mutuellement. Il avait été fort, là où elle était faible. Elle s’était montrée tendre, alors qu’il n’était que froideur. Ensemble, ils auraient pu refaire le monde. Du moins, le leur. Mais les adieux sur ce terminal marquèrent la fin de ce chapitre commun, mettant un point final, ou presque, à cette histoire qu’ils venaient à peine de commencer à écrire. Ils évitèrent de se faire de fausses promesses, de se donner de faux espoirs, de rêver à des lendemains où leurs chemins se croiseraient de nouveau, ramenés l’un vers l’autre dans ce parcours sinueux et imprédictibles qu’était la vie. Son silence, ses regards, ses phalanges qui refusaient de relâcher la pression autour de ses doigts délicats. Ses larmes, les siennes, et sa main qui les avaient balayés d’un geste délicat. Puis son sourire, se voulant rassurant, posé doucement sur ses lèvres. D’infimes moments que son esprit avait consignés dans les méandres de ses pensées, et qu’elle n’avait eu de cesse de se remémorer jusqu’à ce qu’ils ne deviennent plus qu’un flou souvenir, des songes d’une autre époque, d’un autre temps. Elle craignit de l’oublier, d’être incapable de rappeler à sa mémoire son visage, d’oublier le timbre de sa voix et l’effet réconfortant de son corps callé contre le sien. Il se tenait pourtant là, aujourd’hui, devant elle, telle une apparition céleste, un miracle que le destin avait daigné lui accorder. Cette impression de pouvoir respirer à nouveau qui l’habitait, ce sentiment d’un manque que sa seule présence venait combler, telle la pièce manquante d’un puzzle en mille morceaux. Revivre. Elle se sentait revivre. Comme si le temps s’était figé durant ses trois années, comme si sa vie n’avait eu d’autres destinations que ce moment inattendu. – C'est promis. – ajoute-t-elle tout naturellement. Il y a tant à dire, tant à raconter. Des jours, des mois, des années se sont écoulés entre ce hier qui parait si lointain et l’aujourd’hui. Mais elle est prête à tout lui dire, tout lui raconter. Elle n’a jamais eu besoin de se censurer avec Hugo. Il le remarquerait. Il lirait en elle ce que son silence refuserait de lui dire. Il s’imaginerait les scénarios des scènes qui se sont joués devant ses yeux à elle. Parce qu’il sait. Il sait tout d’elle. De ce qu’elle est. De ce qu’elle a vécu. Mais il ignore encore le chemin qu’elle a parcouru pour atteindre le stade suivant : ce qu’elle est devenue. Un parcours jonglés d’obstacles et d’épreuves, d’échecs, mais aussi, et surtout, de réussites. Car il y en a eu, aussi. Elle sourit lorsqu’il se contente de lui donner une raison loufoque pour son erronément momentané. Il s’exprime comme si elle avait été son soleil, et que la terre avait arrêté de tourner quand elle l’avait abandonné, à l’image du ciel sans lune que son absence avait représenté dans son monde à elle. Docilement, Hugo se laisse conduire jusqu’à atteindre sa tour dorée, gardée précieusement par la bête qui veille aussi, et surtout, sur la maitresse des lieux. Le labrador semble calme, mais à l’affut des moindres gestes de la blonde poupée, guettait le moment où il serait appelé en renfort pour l’épauler. Le visage serein, le corps détendu et ce fin sourire qui orne ses lèvres semble toutefois le rassurer; la présence de cet étranger ne représente ni une menace, ni un danger. Les deux protecteurs se familiarisent doucement l’un à l’autre, et les paroles tendres échangés, captés par une oreille attentive, illuminent un peu plus sa soirée. L’homme se pose un moment pour observer les lieux, les détailler de son regard aiguisé. – Oui, c’est la première chose que j’ai fait, dès que je me suis installée ici. Il fallait que je me crée un endroit où je me sentirais… chez moi. – Au côté d’Hugo, ce lieu aurait pu être à n’importe quel endroit dans le monde. Mais en son absence, il avait fallu combler ce vide immense et retrouver ce sentiment de sécurité que seule sa présence avait su lui procurer. Il s’agissait du premier endroit qu’elle considérait réellement de cette façon : son chez-soi. La maison de ses parents, en Louisiane, n’avait jamais représenté ce confort et cette assurance recherchée. Elle l’avait toujours considérée comme une prison dorée, une cage sans barreau où elle s’était elle-même condamnée à perpétuité. Puis, il y avait eu ce petit appartement dans lequel elle avait fondé tous ses espoirs, des rêves brisés par ce destin qui s’acharnait sur son sort. Par cet être infâme qui portait le nom d’Adam. Sa voix la rappela à lui, et son cœur se serra, en l’entendant ainsi lui avouer son désir de venir la retrouver, et ses craintes de tout bousiller en réapparaissant dans sa vie, porteur des ombres de son passé. – J'ai arrêté de compter le du nombre de fois où j’ai eu envie de rentrer. – admit-elle à son tour, même en sachant les possibles conséquences qu’un tel geste aurait pu entrainer. Et même s’il avait fallu qu’elle affronte ses démons, et qu’elle apprivoise ses craintes, elle n’aurait pas été seule pour le faire. Seule, comme elle s’était sentit, en atterrissant de l’autre côté de l’océan. – J’étais totalement déboussolé, l’unique repère qu’il me restait, je l’avais laissé sur le quai d’embarquement d’un aéroport new yorkais... – Brighton lui avait offert de repartir à zéro, de se construire une nouvelle existence loin des sombres nuages qui avaient teintés de gris une grande partie de sa vie. Ce qu’elle tenta, de son mieux, d’accomplir, dans les années qui suivirent son arrivée en ces lieux. Une réussite partielle, incomplète et que le moindre incident venait fragiliser, secouant son être tout entier. – Je… je ne sais pas comment j’y suis parvenue, sans toi. – Elle s’était entêtée à croire que ça avait été la chose à faire. Qu’il fallait désormais qu’ils poursuivent chacun leur route sans l’autre. Un mal nécessaire, une douleur temporaire. Une véritable torture, à ses yeux. Un cauchemar éveillé. Il n’y avait plus personne pour venir la sauver. Ses mains se serraient l’une dans l’autre, geste nerveux, tic anxieux, alors que son regard, tout aussi vague que celui de l’autre, s’accrochait aux détails sans importance de la pièce, comme ce coin abimé d’un meuble qu’elle devrait rafistoler, où cette tâche sur le mur qu’il fallait nettoyer. – Je me suis même mise à croire que tu m’avais peut-être oublié… – ajouta-t-elle, sa voix teintée d’une fragilité déconcertante et d’une crainte réelle, convaincue qu’elle n’avait jamais vraiment eu de place dans sa vie, et dans son monde.
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