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 the battle of evermore. (peter)
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MessageSujet: the battle of evermore. (peter)   the battle of evermore. (peter) EmptyDim 25 Fév 2018 - 16:10

all the lonely people, where do they all come from ?
all the lonely people, where do they all belong ?

Ça fait quelques nuits maintenant que je crèche dans l'une des chambres (toujours la même, à croire qu'elle m'est à tout jamais réservée parce qu'ils savent, là-bas, que ce n'est qu'une question de temps avant que je revienne frapper à leur porte) du Hostelpoint, en face de la jetée. Ses couleurs néons, qui pétillent, qui explosent au travers de mes stores oranges, me donnent chaque soir la sensation d'avoir intégré un cirque, une maison close ou une rave. Dans la rue, à l'entrée de l'auberge, les âmes en transit découvrent ensemble la beauté du front de mer, s'exclament, rient, puis s'élancent dans les escaliers, dans un bourdonnement incessant qui m'est devenu si familier, après tout ce temps, qu'il me berce. Cet endroit, c'était mon premier point de chute en débarquant la bouche en cœur à Brighton. J'avais pas les moyens pour un véritable hôtel et pas encore de logement à moi. Alors j'ai échoué ici, d'abord dans un dortoir de dix dans lequel j'ai rencontré parmi les gens les plus cinglés qui puisse exister. J'avais tout juste migré dans ma chambre perso (celle-ci), que j'ai rencontré Peter. Je me démerdais, j'avançais, je créais de toute pièce une nouvelle vie pour m'accueillir et dans laquelle j'allais pouvoir me glisser comme un enfant glisse à l'intérieur du monde - lui a décidé que c'était pas assez. Comment j'en suis arrivé à emménager chez lui pour de bon, je n'en sais foutre rien. C'est simple, c'est avoir quelqu'un de mon côté à chaque pas mais c'est aussi vivre en parasite, en hôte, dans une situation pas vraiment différente de lorsque j'étais à l'auberge. Je lui paie un loyer, j'y ai tenu malgré que ça le fasse chier. Parce que j'ai besoin de sentir que je m'inscris dans un cadre, dans une norme, peu importe laquelle, parce que je veux être un citoyen à part entière. Le genre qui ne se fera pas virer, comme c'est le cas aujourd'hui. Comme d'habitude, le ton est monté pour une raison qui n'en était pas vraiment une, au départ. Il a mauvais caractère, j'ai mauvais caractère, et ça a suffit à transformer une journée normale en un front de guérilla familiale ou presque. Il a gueulé, j'ai gueulé plus fort et il m'a balancé mes affaires à la figure en me hurlant de déguerpir chez lui avant qu'il n'appelle les flics. Pragmatique et fin psychologue, je ne m'en suis pas formalisé, je l'ai même trouvé plus relax comparé aux précédents divorces qu'on a vécus. Entre nous, ça finit toujours par s'apaiser, parce que je le soupçonne d'exécrer sa maison vide et que ma présence le rassure. La perspective d'avoir quelqu'un sur qui passer ses nerfs après une dure journée lui donne la sensation de ne pas être totalement seul. Moi, je ne dis rien. Je le laisse cultiver puis ruminer sa rancœur en faisant pareil de mon côté, partagé entre l'hosto, la cabine de mon ambulance dans laquelle je m'enferme et le front de mer qui absorbe la plupart de mes pensées. Le reste du temps, je vagabonde dans une ville que je commence à connaître sur le bout des doigts mais dont je ne me lasse pas. Comme un passeur, au cœur du monde, j'attends un signe. - Un CTS. je souffle au barman d'un air distrait, en finissant mon premier verre. J'ai laissé Sophie face au pier avant de déambuler jusqu'au Blue Crab. Il est tôt, j'ai le temps, je suis bien, j'oublie l'auberge, le boulot, les gosses sous ma fenêtre, j'oublie Peter, jusqu'à ce que je capte son regard dans la vitrine des alcools. Immobile, je le jauge un instant, captant dans ses prunelles la trace d'une émotion particulière, d'une envie potentielle de m'arracher la tête ou de l'indifférence absolue d'un homme qui n'a besoin de personne. - Et un J&B sur glace. j'ajoute au barman sans lâcher Peter des yeux.


Dernière édition par Tommy Bronson le Mer 28 Fév 2018 - 2:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: the battle of evermore. (peter)   the battle of evermore. (peter) EmptyMar 27 Fév 2018 - 19:27

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all the lonely people, where do they all belong ?

Planté devant la porte du Blue Crab, je soupire sans discrétion et secoue la tête. Je vais encore passer pour le mec faible, terrifié par la solitude et par l’idée de crever sans que personne ne le sache. J’aimerais pouvoir affirmer que l’absence de Tommy ne me fait ni chaud ni froid, mais c’est totalement faux et il le sait aussi bien que moi. Ca fait des jours qu’il est parti, ou plutôt que je l’ai foutu à la porte. Ca arrive souvent, c’est presque devenu une habitude. Mais il a le don de m’énerver, ce type, et en plus il me tient tête. Si seulement il pouvait se la fermer de temps en temps… on n’en serait pas là. D’un geste habitué, j’ouvre la porte du bar et aperçois mon colocataire à sa place habituelle, là où je le retrouve à chaque fois que ça explose. Même position, même attitude, même boisson. Rien n’a changé, à part les clients du bar et le temps qu’il fait dehors.

Je n’ai pas mis plus longtemps que d’habitude à venir le chercher. J’ai compté les jours, essayé de tenir plus longtemps pour faire le gros dur, mais le silence de la maison me rendait dingue. Alors j’ai craqué, comme toujours. C’est énervant, parce qu’il a fallu que je tombe sur un emmerdeur pareil alors que j’aurais tout aussi bien pu tomber sur une charmante demoiselle au caractère bien trempé. Mais non. Tommy. C’est mieux que rien.

Je m’approche du bar, les mains dans les poches et pose mon regard sur la vitrine des alcools. Non pas pour choisir ma prochaine consommation, parce que même le barman connaît mes habitudes, mais bien pour pouvoir regarder Tommy de façon moins directe. Parce que j’ai honte, quelque part. Honte de revenir vers lui pour le supplier de rentrer. Les supplications, c’est plutôt pour la forme. Je sais qu’il reviendra. Il me remarque rapidement et, lorsqu’il commande ma boisson à ma place, un léger sourire en coin m’étire les lèvres. Qu’il est con.

Raté, je comptais prendre un whisky-coca”, je lui lance d’un air détaché en m’asseyant sur le tabouret à côté de lui. Je me tais un instant, le regarde puis ajoute : “Non, c’est faux. Tu m’énerves.” Je soupire et pose mon coude sur le bar, passant ma main sur mon visage. J’ai besoin de dormir. “Alors, le Hostelpoint? Toujours aussi pourri?” je demande, sans réellement attendre de réponse. C’est ma façon à moi de lui demander de rentrer, sans pour autant devoir ravaler cette fierté qui me crie de ne pas le reprendre chez moi. Je remercie brièvement le barman et avale une gorgée de mon J&B, mon alliance heurtant le verre dans un bruit métallique. “Le chat a miaulé toute la nuit. Je compte sur toi pour le faire taire.
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MessageSujet: Re: the battle of evermore. (peter)   the battle of evermore. (peter) EmptyMer 28 Fév 2018 - 3:02

L'ironie dans l'histoire, c'est que je commence à le connaître, Peter, à très bien le connaître. Je sais comment il fonctionne, je sais comment il pense ou presque. J'ai saisi l'étendue de ses habitudes alimentaires (sous-entendu la boisson) comme j'ai saisi qu'il peut me détester autant qu'il le veut, ça ne sera jamais que ponctuel. Du moins, ça le sera jusqu'à ce qu'il trouve quelqu'un d'autre à laisser entrer dans sa vie. Actuellement, solitaire dans sa villa trop grande et trop vide de brillant médecin, il trouve dans ma présence évanescente une demi-mesure acceptable entre sa vie de célibataire et l'implication officielle que nécessite une véritable vie à deux, parce que bon, je l'aime, mais il ne faut pas déconner non plus. M'avoir dans le coin, ça l'empêche de trop ressasser, et bouder pour je ne sais quelle raison idiote il trouve parfois, ça l'occupe. Moi aussi. Parce que sous bien des aspects, on se ressemble beaucoup. Avant de le rencontrer, je vivais à l'auberge et, si je savais que c'était temporaire, je n'avais pas non plus d'autre plan futur. Je n'avais pas non plus de réelles connaissances, ou de boulot. Je ne l'admettrai jamais - sauf si je suis bourré - mais je lui dois beaucoup et pour ça, j'aurai toujours pour lui une loyauté et une amitié indéfectibles. - Merci, pour le compliment, bien sûr. Je me targue de parvenir à l'emmerder comme personne, alors ce genre d'affirmation, je le prends comme la reconnaissance de mes talents, voire comme des félicitations. Je souris mais m'empêche de rire en attrapant ma bière pour en boire une gorgée. C'est aussi ma façon à moi de me taire et de voir ce qu'il va faire. Ce qu'il va dire. Ce n'est pas la première fois que cette situation se présente, on connait tous les deux notre rôle, nos répliques et, étrangement, ça n'a jamais été bizarre. Même pas la première fois, la seule où j'ai réellement cru qu'il me foutait à la porte pour de bon. J'étais là et il a débarqué. On a parlé comme si rien n'était puis on est rentré tous les deux. J'aime à croire que c'est simplement une question d'amitié, peu importe à quoi on ressemble, vu de l'extérieur. D'amitié sincère, bien que rustre, qui n'a pas besoin d'étalage d'affection pour fonctionner. - Pas vu passer de souris, cette fois, mais la réceptionniste bien foutue n'est plus là, va falloir que je change de QG. je fais mine de répondre, en haussant les épaules avec désinvolture. Je ne le montre pas, mais je suis dévasté. Elle était là à chacun de mes séjours, à me sourire comme si elle voyait débarquer un ami de longue date de retour au bercail. Quelle tristesse. Quel gâchis. Quelle mascarade grotesque. Une vieille blague entre nous, la réceptionniste. Une raison pour moi de débarrasser le plancher de la villa une bonne fois pour toute et partir au bout du monde avec elle, comme il se plait à me le répéter à chaque fois qu'on fait la paix autour d'un verre. Mais c'est pas bien grave, car en voilà vite une autre d'excuse : le chat. C'est vrai qu'on a un chat, ou plutôt qu'il a un chat. - Tu sais, ça se nourrit, ces bêtes-là, je réponds l'air de rien, vaguement sarcastique, avant de décider d'être diplomate et d'ajouter avec quiétude : - je tâcherai de faire quelque chose. Promis, Peter. Je finis par tourner la tête dans sa direction, pour la première fois depuis qu'il a débarqué. Il a l'air fatigué. Enfin, il a toujours l'air fatigué. - T'as passé un bon samedi ? je demande, sans la moindre trace d'humour, cette fois. S'il y a bien quelque chose que j'ai intégré après tout ce temps, c'est qu'on ne déconne pas avec le samedi. Ici bas, du côté de Brighton, c'est plus important encore que le jour du seigneur, parce que c'est le jour de la fille. Et samedi, c'était avant-hier.
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