Il a passé presque deux mois à l’hôpital avant que les médecins affirment qu'il était hors d'état de nuire. Ça a été long, trop long même. Mais au fond, c'était reposant, Kam n'avait plus besoin de penser à l'école, ni même à son père qui n'est pas venu une seule fois. Mad, Max et Jade se sont relayés à son chevet et il n'est pas resté seul une seule journée. Leur présence lui faisait du bien et finalement, c'est avec la boule au ventre qu'il est rentré à la maison. Kam, il avait de la réaction de papa. Mais ce dernier fait l'autruche, comme si rien n'était arrivé, il continue de se moquer de lui, fidèle à lui-même, même si Kamil a l'impression qu'il le fuit. Finalement, il a dû retourné à l'école. Il ne s'attendait cependant pas à ce que toute l'école soit au courant de la situation. Le directeur a cru bien faire, en prévenant les élèves pour qu'ils soient gentils avec Kamil. Raté. Le lycée, c'est un monde sauvage, tu bouffes ou tu te fais bouffer. Et Kamil, c'est une gazelle égarée sur la terre des lions. D'abord, il y a eu des messes basses sur son passage, des tags, sur son casier.  Et des insultes, enfin. Il n'était plus seulement le pédé bizarre. Il était le névrosé, le taré, le suicidaire, celui qui a raté son coup. Et s'il pensait que le pire était passé, que la douleur allait s'arrêter, il s'est retrouvé dans un véritable cercle vicieux.

Ce matin là, il n'avait pas envie d'aller au lycée. Il aurait pu rester au lit, mais Maxime aurait trouvé cela étrange, et il ne voulait surtout pas l’inquiéter, même si elle voyait bien ce qu'il se passait, au lycée. Depuis qu'il a essayé de se tuer, sa sœur, elle n'est plus aussi douce, dans son regard, il peut voir des fantômes. Et il s'en veut, de lui avoir voler son innocence, même s'il ne lui dit pas. Alors ouais, ce matin là, il se lève malgré tout, il s'habille et il part au lycée, à pieds, parce qu'il fait tout à pieds, Kamil, depuis toujours. La mâtiné se passe étonnement bien. Le mardi, il a deux heures pour manger, et il préfère rester à l'écart, à la bibliothèque. Une fois son repas avalé -en moins de deux- il rejoint son casier pour prendre le livre qu'il vient de finir, et qu'il doit ramener. Il n'a pas remarqué les membres de l'équipe de basket qui le suivent, le rire gras. En moins de temps qu'il le faut pour le dire, il l'encercle. « Pas alors la tafiole, t'as raté ton coup ? Faut croire que même pour crever, t'es une merde. » Il tremble, Kamil, il ne sait jamais quoi faire dans ce genre de situation. Alors il ne dit rien, il regarde le sol. Il sursaute quand l'un des types attrape son bras, avec violence, pour relever sa manche et ainsi découvrir sa cicatrice longue de dix centimètres, prenant tout l'avant-bras. Elle est encore rosée, et plutôt vilaine. « T'es pathétique, la tafiole. » qu'il dit. « Regarde moi. Regarde moi je te dis ! » et il prends peur Karmil, alors il lève la tête et ses yeux s'agrandissent. Parce que derrière la tête du basketteur décérébré, il y a ton frère, Mad, et ses yeux à lui brillent de colère. Tu ne sais pas ce qu'il fait là, tu ne sais pas ce qu'il a entendu, mais tu te doutes déjà qu'il va y avoir un problème.

Il se souvient Mad. L'image est gravé dans le fond de son crâne à jamais. Tout ce sang. Ce corps livide inerte. Les hurlements qu'il a poussé. Mais surtout, la détresse qu'il n'a pas perçu. C'est arrivé sans qu'il se doute de quoi que ce soit. Emprisonné dans sa propre existence merdique, il n'avait pas saisi que son frère était au bord du gouffre. Que son âme discrète et paisible était en réalité tourmentée. Assez torturée pour qu'il veuille mettre fin à ses jours. La culpabilité. La peur des représailles. Il se montre sans doutes oppressant avec Kamil depuis que c'est arrivé. Parce qu'il peut pas perdre quelqu'un d'autre Maddox. Il le supporterait pas. La goutte d'eau. Mais il craquera pas, il a pas l'droit. Il doit être fort pour eux. Assez pour tenir le fort hors de l'eau en tout cas. Et ce matin, tandis qu'il voit le sac en papier contenant le repas de son frère, il décide de le lui rapporter. Il errer quelques minutes avant de le trouver. Des lieux qu'il connait pourtant bien, il les a fréquenté lui aussi il n'y a pas si longtemps. Lui non plus n'était d'ailleurs pas le plus apprécié à l'époque mais à la différence de Kamil, il n'était pas seul. Tarés mais à plusieurs. T'es pathétique la tafiole. qu'il entend en comprenant qu'au centre de ce petit cercle de crétins se trouve peut être son frangin. Bingo. Ca aurait pas été lui, il leur aurait filé une petite correction. Mais là, ça disjoncte dans son cerveau. Il voit Kamil. Tête baissé. A subir. A souffrir. Son coeur s'emballe. Son poing se serre. C'est des branleurs. qu'il se dit à lui même pour tenter de se calmer. Son regard devient sombre, comme s'il était possédé. Il tremble de rage. Excuse toi. qu'il lance de sa voix rocailleuse à celui qui semble être le petit chef de bande. Et avec son air de con, il joue au plus malin : sinon quoi ? Il bouillonne. Et tandis qu'il vient de laisser passez sa chance de rédemption, Maddox lui prend le bras et le train derrière son dos avant d'obliger sa tête à toucher l'sol. Il essaye bien de se débattre mais en vain. Il est plus fort, plus expérimenter Maddox. Excuse toi. Il tire un peu plus sur son bras, histoire d'infliger assez de douleur pour qu'il saisisse l’opportunité sans lui cassez le bras pour autant. Désolé. Il relâche l’étreinte et le prend cette fois par le col. Maintenant, tu vas être un brave toutou et tu n'approches plus jamais de mon frère sinon j'te jure que je te fais bouffer le trottoir la prochaine fois. Il a l'air d'un fou quand il est comme ça, en transe. Il fait carrément flipper et le gamin hoche la tête sans rechigner. La folie dévastatrice qu'il contient à l'intérieur de lui pour ne pas lui briser les os. Lui qui est sans en partie responsable du fait que son frère ai souhaité mettre fin à ses jours.

Il a l'habitude maintenant, d'être traité ainsi, au lycée. Il est un peu comme Dobby chez les Malefoy, celui qu'on aime malmené, pour le plaisir, sans même penser à ses sentiments. Il devrait l'accepter depuis le temps. Mais ça fait toujours aussi mal. Il a toujours l'espoir de voir ces manchots décérébrés changer, se rendre compte de leur bêtise. Il ne veut pas d'excuse, il ne peut faire se faire de nouveau copain, non, il veut simplement qu'on le laisse vivre sa vie tranquillement. C'est sûrement trop demandé. il est tellement perturbé, en ce moment, tellement à l'ouest, qu'il en oublie son déjeuner ce matin. C'est pourtant Max qui lui a gentiment préparé. Quand il s'en rend compte, il décide d'aller à la bibliothèque, plutôt que faire la queue au self, Kamil a retenu la leçon, la dernière fois, il a fini la tête la première dans la purée dégueulasse qui leur est servie. Il a un devoir de chimie dans trois jour, autant le préparer un maximum. Il est loin d'être aussi malin que sa sœur, bien au contraire. Les études, ce n'est pas son truc, mais il s'accroche car c'est important d'avoir un diplôme, enfin, c'est ce qu'il imagine. La bibliothèque, ce sera visiblement pour un autre jour puisqu'à peine cherche-t-il à s'éclipser qu'un groupe de gros naze lui tombe dessus. À croire que tout les stéréotypes qu'on voit dans les films américains sont vrais...Au final, il se laisse faire, Kamil. Il n'a pas la force de se battre contre eux, pas le courage non plus. Avec son corps chétif, il ne peut pas rivaliser avec ce groupe de sportif. C'est perdu d'avance. En plus, mis à part dans mortal kombat, il ne sait pas se battre. Il sent qu'il va se faire frapper. Il s'en que ça va arriver. Ça commence toujours par des mots, avec eux, mais ils sont un peu stupides, et c'est plus facile, à leur niveau, de faire parler les points. C'est ce que ils pensait seulement. Puis qu’avant même que le coup tombe, il croise le regard de son frère. son frère qui ne devrait absolument pas être là. Son frère qui est en colère, très en colère. Et pour l'avoir déjà vu s'énerver, Kamil sait que c'est une très mauvaise chose. Il couine quand son frère parle. Il a peur. Pas de Mad, mais de ce qu'il pourrait lui arriver s'il ne se contient pas. Alors quand il attrape Jake par le bras, tu t'approches. « Mad, non. » tu dis, il ne t'entends pas, il ne te voit pas. Il est trop en colère, et finalement, le capitaine de l'épique de basket s'excuse. Ce n'est pas sincère, évidement, il est mort de trouille et part bientôt, la queue entre les jambes. Toi, tu t'approches de Mad, il faut que tu le calmes, sinon, il va casser quelque chose, et ce serait mauvais. Il s'est déjà un peu fait remarqué et bientôt, un surveillant va débarquer. Il faut partir. « Calme toi, Mad, je suis désolé. Il faut qu'on sorte. Mad, s'il te plait, je suis désolé, vient, on doit y aller, si on te choppe ici. Mad, tu m'entends ? » il semble complètement ailleurs, et ça l'effraie, Kamil.

Dire que la situation aurait pu être permanente. Il a voulu mettre fin à ses jours le gamin. Il a fait les choses en grand. Une entaille immense. Il savait pas que son frère repasserait par la maison pour le trouver. Il savait pas. Et il se rappelle les mots de l'ambulancier : quelques minutes plus tard et c'était fini. Sa vie n’avait tenu qu'à un fil. Faut pas lui en vouloir de jouer au monstre, de littéralement péter un plomb quand il entend le petit crétin insulter son frère. Faut pas lui en vouloir d'avoir envie d'écraser son crâne contre le bitume. Faut pas non plus lui en vouloir de tenir ce genre de propos. Il se tient Maddox. Il aurait pu se montrer bien plus hargneux. Plus sournois. Seulement, s'il fini en taule, il ne pourra plus les protéger. Surtout lui. L'âme fragile. Kamil. Il sort de sa transe quand la main vient se poser sur son épaule. Les mots sont flous. Il ne les perçoit qu'à moitié mais il voit dans les iris paniqués de Kamil qu'il est temps de sa casser. Assez loin et assez vite pour que cet incident ne prenne pas des proportions démesurés. Alors il se redresse et suit son petit frère dans un endroit plus calme, à l'extérieur de l'établissement scolaire. Il baisse finalement la tête. Tu peux pas les laisser t'maltraiter comme ça putain. Il est un peu dur. Pour son propre bien. C'est qu'un gamin bordel. Comment peuvent ils être si méchants entre eux. Lui ne s'est pas fait malmener à l'époque, ou peut être que si mais ça lui coulait dessus comme de l'eau. Ca ne le touchait pas. Kamil vit les choses trop à fond. Il prend chaque remarque pour lui. Sauf que pour déjouer la fatalité, il faudrait qu'il se réveille le gamin et qu'il apprenne à rendre les coups d'une façon ou d'une autre. Y'a que ça qui marche en ce bas monde. Marche ou crève. Il ne sortira pas du piège qu'est la vie tant qu'il ne l'aura pas compris. Ca arrive souvent ? Pourquoi tu m'en a pas parlé ? Avant... C'est avant qu'il aurait du venir voir Maddox. Il aurait pu l'aider. Essayer en tout cas. Il est pas parfait le plus âgés des Bowles mais il essaie de faire au mieux pour sa famille. Le sentiment d'échec est encore tapis dans un coin de son crâne. Parce qu'il a rien vu venir et que ça le bouffe. Il aurait du le voir. Seulement sa vie est déjà un tel merdier qu'il a pas pris le temps. Peut être même qu'il a essayé de lui dire Kamil et qu'il a pas écouté Maddox. La véritable question qu'il se pose en fait, c'est pourquoi ? A quel moment de son existence il s'est dit que ça valait plus la peine d'être parmi les vivants.

Il ne peut pas comprendre, Maddox. Et Kamil ne lui en veut pas. C'est comme ça, les deux frères sont très différent. L'ainé est obligé d'être fort, pour sa famille, pour lui même aussi. Il est comme ça. Mais Kamil, Kamil c'est différent. Il est doux, il est simple et effacé. Il a peur de tout. C'est comme ça, il est comme ça, et on ne peut pas le changer. Il est comme un oisillon qui a perdu sa maman trop tôt, qui n'a pas pu apprendre à voler. Et un oiseau sans ailes, il ne peut rien faire, il ne peut que survivre. Il a essayé, Kam. Il a essayé très fort, de sourire, de faire entendre sa voix, même s'il n'a jamais trop sû comment parler. C'est tellement compliqué, le langage. Et finalement, il a voulu se taire, faire taire le monde, que tout disparaisse. Quand on lui demande pourquoi il a fait ça, il a dû mal à s'expliquer. Pour que la douleur cesse serait sûrement la meilleure réponse. Il n'a pas pensé à sa famille, à son avenir, aux 'si' quand il a voulu mettre fin à sa vie. Il n'a pensé qu'à la douleur, qu'à la peur. Et il était si malheureux que même la grosse entaille, sur son bras, ne lui faisait pas aussi mal. Il essaie de calmer son frère, Kam, empercher de faire une bêtise comme lui l'a empêcher de commettre l'irréparable. Parce qu'il connaît Maddox, il a le sang chaud, et il pourrait agir, puis regreter ses actes. Alors finalement, ensemble, ils sortent du lycée, marchent en silence, un instant et finalement, Maddox et Kam en tremble presque. « Je...Désolé. » qu'il dit, finalement. Il ne sait pas quoi faire, face à eux, face au monde. « J'peux pas, je...désolé. » Il n'a que ce mot là à la bouche, Kamil. Pardon. Il s'excuserait presque d'être en vie. Finalement, son frère s'adoucit et Kamil hausse les épaules, y'a ses yeux qui brûlent, il se contient cependant. « Je sais pas...ouais, assez. Mais c'est pas grave...c'est pas juste moi... » Il regarde ses pieds Kamil, les trouve soudainement si intéressant. « Je voulais pas t’embêter, ou t’inquiéter...je t'ai entendu dire à Jade que tu ne savais plus quoi faire...Je voulais juste...pas t’embêter. » Il est gentil, Kamil, trop gentil, finalement.

Ca l'a détruit un peu plus cette histoire de suicide. Il le sait pas Kamil. Il le saura jamais parce qu'il peut pas lui infliger cette foutu culpabilité en plus. Mais putain ce qu'il peut lui en avoir voulu. Il sait bien que c'était plus fort que lui. Il sait bien que c'était son seul recours, sa solution ultime face à un combat perdu d'avance. Il sait mais il comprend pas. Il comprendra jamais. Il peut pas s'mettre dans le crâne du petit. Ils sont trop différents tous les deux. Puis il est pas franchement doué avec les mots Maddox. Il sait pas les utiliser, c'est plus le truc de Jade ça. Elle sait les manier à la perfection pour redonner du baume au coeur à toute la famille, un optimisme à toutes épreuves. Il s'excuse le gamin. Trop de fois. Ça fait souffler Mad. T'excuses pas. T'as rien fait. qu'il dit avant de le tirer à lui, froissant ses cheveux bouclés à l'aide de sa main. C'est un geste affectueux. Maladroit mais affectueux. Les épanchements, c'est pas son truc non plus. En fait, il est un peu nul en ce qui concerne les interactions sociales, un poil autiste sur les bords, il est trop souvent dans sa bulle pour tout saisir. Puis il a sans doutes trop souvent entendu son père lui dire qu'il était qu'un foutu looser pour réussir à avoir confiance en lui. Parce qu'il faut pas se leurrer, on fini toujours par devenir ce que les autres pensent de nous. Une chance, Kamil le regarde toujours avec ces grand yeux admiratifs. C'est en grande partie grace à lui qu'il parvient non sans mal à survivre. Il le sait pas mais il l'aide autant que lui le fait. Il relâche l'étreinte et s'écarte de son frère soudainement absorber par ses pieds. La prochaine fois tu viens m'voir ok ? Parce qu'à part casser la gueule de tout ceux qui en veulent à sa dignité, il sait pas trop quoi foutre putain. Il est paumé dans cette affaire. Il veut juste qu'il tienne assez à la vie pour rester avec eux. Pour s'accrocher. Il veut pas dire adieu. Pas encore. Il le supporterait pas. Je... Il trouve pas ses mots pour rassurer. Il voudrait passer un coup de fil à Jade mais c'est un joker qu'il n'a pas en poche alors il se contente de dire : je t'aime. Tu le sais ça ? Il le dit pas souvent. Jamais même mais le contexte lui semble opportun. Laisse moi t'aider d'accord. Il est pas obligé d'le porter seul son fardeau. C'est à cause de ses types ? sous entendu, qu'il a voulu mettre fin à ses jours. Parce que finalement, il a besoin de savoir. Vraiment.

Kamil, il essaie de ne plus trop penser à cette période sombre de sa vie. À l'hopital, c'était dur, et il préférait parler d'autre chose, oubliant cmplètement son geste. Il n'en a jamais vraiment parlé, ni avec Mad, ni avec personne, sauf la psy, évidement. Kamil, il ne veut pas penser au mal qu'il a fait à sa famille. Parce que ça risquerait de le détruire plus encore. C'est le genre de gamin un peu maladroit qui pense toujours aux autres, qui veut faire le bien, autour de lui. Blesser les gens, ses proches plus encore, ce n'est pas son genre. Il mord sa joue, Kamil. Pas assez pour arriver jusqu'au sang mais suffisamment pour sentir la douleur irradier ses lèvres. Il baisse la tête, il s'excuse. Comme toujours. Mais son frère souffle avant de passer une main dans ses cheveux. Ils ne sont pas très tactile dans la famille, alors il sait, Kam, que ce geste est important. Quand son frère veut lui montrer qu'il est là, pour lui. Kamil, il sait que son frère et ses sœurs seront toujours là pour li, il ne sait jamais posé de question là dessus et c'est sûrement la seule constante, dans sa vie. Ils sont soudé, et quand l'un est en difficulté, les autres sont là. Même si généralement, c'est Kamil qui a des problèmes. Mad est coriace, Jade est forte, Max est intelligente. Et lui ? Lui il est fragile, il est paumé. Il est là cinquième roue d'un carrosse déjà branlant. Maddox lui demande de le prévenir, en qu'à de soucis comme celui ci, mais Kamil ne le fera jamais. Parce qu'il ne veut pas mettre en péril la vie de Mad. Mad et son sang chaud, Mad et son poing facile. Il relève les yeux quand son frère parle de nouveau, les yeux qui brillent, les larmes qu'il retient difficilement. Il a besoin de marque d'affection Kamil, il est comme ça. « Moi aussi je t'aime. » qu'il dit, sans buter sur les mots, parce qu'il en est certain, de cela. Maddox, c'est son super-héros, son modèle, son piller et peut importe ce qu'il peut se passer, il l'aimera toute sa vie. Et puis, il se referme de nouveau, bras croisés sur la poitrine, regard baissé, dents serrées. Il hausse les épaules. « Non. Oui. Entre autre. » il n'aime pas parler de ça. Il a honte, un peu. D'avoir été assez faible pour commettre l'impensable.

A peine quinze ans et déjà sa vie lui avait semblé trop déraisonnable. A tel point qu'il avait choisi d'y mettre fin. Les cicatrices de cet acte terrifiants sont bien présentes, autant physiquement que dans les cœurs. Les Bowles avec un accroc de plus. C'est pas vraiment d'sa faute à Kamil si c'était trop dur de resté. Lui au moins, il a eu le courage de tenter de mettre fin à ses jours. Lui au moins, il a fait autre chose que subir. Puis même s'il comprend pas du tout son acte, il se doutes qu'il devait être au plus mal. Se sentir terriblement seul. Sauf que tout ça, il arrive pas à l'exprimer. Il sait pas parler. Il sait pas soutenir. Il s'est en effet un peu confié sur le sujet auprès de Jade qui lui avait simplement dit de laisser couler. Ouais. Facile. Il y arrive pas. Il peut pas laisser couler. Il a trop peur de la suite. Il a trop peur qu'il recommence. Surtout si à cause de crétin dans le genre de ce joueur de basket, sa vie est encore plus merdique qu'avant. C'est terrible d'être démuni à ce point. Vous n'imaginez pas le sentiment de culpabilité quand un proche fait une TS. La remise en question. Et tout ça, il ne lui dit pas à Kamil. Pour ne pas l'accabler d'avantage. Elle est bancale cette famille, ils sont d'ailleurs pas toujours d'accord, mais y'a une chose qu'ils ont tous en commun et c'est l'amour bordel. Ils s'aiment. Alors peut être que ça devrait les satisfaire, c'est pas mal dans le fond. C'est pas le cas de toutes les familles qu'il a pu croiser. Il sent le fossé se creuser entre eux. Plus les années passent et plus Kamil se renferme, incapable de se livrer à celui qui autrefois était son confident favori. Et ça lui fait un peu mal à Mad. Viens, j'te ferais un mot, on va bouffer un truc. Il imite la signature du paternel à la perfection. De toutes façons, c'est un peu lui qui a ce rôle depuis trop longtemps. Et si Maddox a plutôt tendance à les pourrir s'ils sèchent les cours, il a envie de passer un peu de temps avec lui. Juste quelques minutes, une heure tout au plus. Ailleurs que sur un lit d’hôpital. Sur ce, il s'allume une cigarette. Il sent bien que le sujet est à éviter, qu'il doivent parler d'autre chose. Très bien.

Quand il y pense maintenant, il se rends bien compte qu'il est allé trop loin, Kamil. Il n'a pas pensé à Mad, Jade mais surtout Max. Il a un lien spécial, avec sa sœur jumelle, ce qui est normal. Et l'avoir vu pleurer, quand il était à l’hôpital, ça lui a prisé le cœur. Mad, il est plus fort, il garde tout pour lui, alors ça ne lui est pas venu à l'esprit, au dernier des Bowles, que son grand frère est, lui aussi, très touché par ce qu'il s'est passé, il y a quelque mois seulement. C'est Jade, la seule qui lui a vraiment parlé de l'accident. Elle ne mâche pas ses mots, sa sœur, c'est ça qu'il aime chez elle, même si pour le coup, il aurait préféré qu'elle s'abstienne. Parce qu'il n'aime pas parler de lui, Kamil, il préfère tout garder dans son cœur, et finir par faire une bêtise. C'est peut être parce qu'il n'a jamais eu de maman, pour lui dire, ça va aller. Mad est là, il le sait ; gamin, il pouvait lui parler pendant des heures, mais aujourd'hui, c'est différent, il n'ose plus. Il ne veut pas parler de son homosexualité, de toutes ses questions qui lui embrouillent le cerveau, c'est trop dur. Mais surtout, il veut que Mad reste près de lui, il a besoin de sa présence, et parler risque de l'éloigner. Il a trop de chose à dire, Kamil, des choses qu'on ne veut pas forcément entendre. Il relève la tête quand Maddox parle, surpris. C'est rare qu'il le laisse sécher les cours. Et encore plus rare si c'est pour aller manger quelque part. ils sont pauvres, les Bowles, ils l'ont toujours été, et Mad, il compte les sous depuis que Kamil est gamin ; Au tant dire que les mcdo, il n'en a pas eu souvent. Pour les occasions spéciales, seulement, et aujourd'hui, à part l'aspect pathétique de sa personne, il n'y a rien à fêter. Pourtant, en regardant son frère ainé, il sourit, vraiment ; « Merci. Je suis content, je passer du temps avec toi. » et c'est vrai, même s'il ne le montre pas, même s'il ne sait pas le montrer, surtout. Il le suit, sans vraiment savoir où ils vont, Kamil. Il a envie d'un tacos, il ne le dit pas, évidement, il n'aime pas réclamer. Gamin, il se prenait des roustes par son père quand il le faisait. Alors il garde le silence, mais y'a quand même un putain de sourire qui déforme son visage. Ça faisait longtemps.

C'est la merde chez eux. Constament. Parce que même si les quatre gamins essaient de faire tourner la maison, y'a le vieux qui vient tout foutre en l'air. Et Mad, il lui trouve toujours des putains d'excuses. Mad, il sait que son père est douloureusement pathétique, qu'il claque les tunes de la famille pour ses paris à la con ou son alcool qu'il cuve sur le canapé mais s'il est comme ça, c'est parce qu'il est malheureux. Ouais, parce que Mad l'a connu avant. Avant que maman se casse. Avant que tout se barre en couille. Il a vu comment il était quand son monde était éclairé, alors il sait qu'il n'est pas vraiment lui même. Foutue innocence qui refuse de s'échapper. Il l'embarque son frère, juste parce qu'il a besoin de resserrer ce lien qui lui semble rompu. S'il ne l'était pas, peut être qu'il aurait pu empêcher les évènements de ces derniers jours. C'est pas le plus observateur faut dire Mad. Il saurait pas dire si un type est en train de crever à côté de lui. C'est plutôt le genre passif. Pas bien bavard. Il sait écouter par contre, parce que contrairement à ce que l'on peut penser. Il écoute. Il est pas constamment dans sa bulle. Qu'est ce qu'on bouffe. J'ai pas la tune pour un quatre étoile mais j'te laisse décider. Il s'en fout lui. Il veut juste faire plaisir à son frangin. Surtout que j'connais pas trop ce coin. qu'il ajoute comme excuse. Foutaises. Ça commence à dater certes, mais c'est là qu'il était à l'école l'ainé. Ses pas l'ont déjà mené sur cette route. Il regarde une seconde Kamil. C'est fou ce qu'aimer peut rendre faible putain. Maddox, c'est une faiblesse sa famille. Parce que les morpions qui ont suivi sa naissance, il les a pratiquement élevés. Il a changé les couches de Kam. Il a retirer les nœuds de Jade après chaque shampoing. Il a été acheté des tampons à Max la première fois qu'elle a eu ses règles. Merci d'm'avoir arrêté tout à l'heure. Parce que Kamil, c'est un peu le fourreau de l'épée, il empêche Mad de faire des conneries plus souvent qu'on ne le croit. Il n'a même pas besoin d'être là. Quand il est prêt à faire une belle merde, il songe à son p'tit frère et ça l'empêche de commettre l'irréparable. Comme se barrer à l'autre bout du monde pour une meuf qui n'en vaut pas la peine. Parce que si il avait pas été là, il serait sans doutes parti. Ou alors peut être qu'il se trouve juste des excuses pour masquer sa peur. Son angoisse. Ils continuent d'avancer les frangins. Au fait, j'ai retrouvé ça... il hausse les épaules et sort un truc de sa poche, une photo de sa mère et lui. Ca trainait sous le canapé, j'me suis dit que tu la voudrais p't'être.

Kamil, il aime son père. C'est peut être le seul de la fratrie. Malgré les mots, malgré les maux. Il n'arrive pas à lui en vouloir. Il est amoureux de l'humanité, même s'il a essayé de la quitter. Il ne sait pas haïr, c'est dans sa nature, il pense aux autres, avant de penser à lui. Donc ouais, papa, il l'aime. C'est son père, après tout. Lui, il est resté, même s'il s'est perdu. Alors que Maman est partie. C'est comme ça, tu ne lui en veux pas non plus. Mais, ouais, papa est resté. Et Madd aussi. C'est peut être lui, qu'il devrait considéré comme un père, finalement. Il ne lui a jamais fait de mal, il ne le rabaisse pas, et il lui a sauvé la vie. C'est Mad, la figure paternelle, il sera toujours là. Ou peut être pas. Kamil, il flippe à l'idée que Mad apprenne son homosexualité. Leur père répète sans cesse que c'est une tapette, mais c'est des mots en l'air, ils ne savent pas vraiment que c'est la vérité. Qu'il aime vraiment les garçons, même s'il n'a jamais eu d'histoire avec un garçon, ou avec une fille d'ailleurs. Il marche, tout les deux, et Mad le laisse choisir le restaurant du jour. Il sourit et tourne à dans un rue. « Il y a un Tacos, ici » il dit, en montrant du doigt le bout de la rue. « C'est bon. » il y est allé une fois avec Maxime et ses amies. Il hausse les épaules. « Merci d'être venu...je..j'arrive pas à dire stop, c'est trop dur...j'ai peur, et je fais pas le poids, ils sont tellement fort, et je suis juste...moi. » Il n'a pas franchement confiance en lui, Kamil. Pire, il a finit par se mettre dans la tête qu'il ne valait rien. Que personne ne s’intéresserait jamais à lui. Il n'ose pas franchement regarder son frère car il sait déjà ce qu'il va répondre. Finalement, quand il arrive devant le fast food, Mad se met à fouiller dans sa poche pour sortir une vielle photo froissée et abimée. Dessus, un bébé rond, aux joies roses, aux yeux givrés. C'est lui. Dans les bras de sa mère. Juste lui, pas de Maxime. C'est étrange. En plus, il pensait que son père avait bruler toute les photos. Il sourit, plus que nécessaire avant de dire. « J'étais un bébé bibendum ! » et puis, touché, il rajoute. « Merci Mad. Pour tout... » Il n'ajoute rien, espérant que ça suffise, et après avoir rangé la photo dans son porte feuille -bien maigre- il entre dans le Tacos et son ventre grogne.

Mad il avance difficilement dans la vie. Il peine. Il se prend des trottoirs, il bute en chemin. Il essaye pourtant d'aller au bout de cette route imprenable. C'est pas l'seul à galérer visiblement. Kamil en chie tout autant. Maddox a toujours naïvement pensé que tant qu'il aurait Maxine, tout irait bien. Ces débile se mettent en troupeau contre lui, un peu comme s'il était une brebis égarée et eux les loups. Il peut pas faire le poids le gosse, il est trop fragile. Maddox espère seulement que ce petit crétin qui se croit tout permis aura retenu la leçon et ne s'en prendra plus à lui si facilement. C'est des lâches. Prend le tout seul et on verra s'il fait autant le malin. sa rage qui revient, qui gronde à l'intérieur et qu'il apaise d'un simple regard sur Kamil. Il est fort pour ça Kam. Il arrive à taire sa colère en un clin d'oeil. Dis leur que tu m'le dira s'ils recommence ! Ca a peut être l'air enfantin comme ça mais l’aîné semble persuadé de la réussite de ces mots. Il a failli chier dans son froc l'autre tout à l'heure. Le seul hic dans l'affaire en réalité, c'est que Maddox pourrait réellement lui péter les dents contre le trottoir. Il serait prêt à absolument tout pour protéger les siens, quitte à aller en prison ou crever.  Il se remémore souvent l'avant, rêveur, il a la tête dans les nuages, comment c'était quand ses parents s'aimaient et qu'il était là, comblé d’innocence. Il n'y en a pas beaucoup des comme ça mais Mad, il sourit à chaque fois qu'il y pense. T'étais moche ouais. répond Mad en riant. Mais si tu te trouves gros, t'as pas vu Maxine, elle te piquait toujours ta bouffe. Des souvenirs. Amusants. Parce que l'avantage d'avoir des parents merdiques, c'est qu'on se sert les coudes et que l'on s'aime, coûte que coûte. Des remerciements qui n'ont pas lieu d'être. C'est normal non, de tout faire pour sa fratrie et d'aimer les siens, de les protéger. Pour lui, c'est une évidence. Ils entrent et passent commande. Il a pas vraiment faim Mad mais bon si c'est pour être avec Kam, son appétit viendra...